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I. Le Vagabond




L'aurore faisait fuir les ténèbres de la nuit. Peu à peu les étoiles disparaissaient et la couleur sombre du ciel s'éclairait au fur et à mesure, ce qui était au départ qu'une ligne blanche et flamboyante dans l'horizon, découvrait son manteau de clarté et chassait l'obscurité. Le soleil timide commençait à peine à réchauffer le pavé froid et humide de Londinium.


« ESPECE DE PETIT ENFOIRE !!! »


La porte de la vieille grange s'ouvre à grande volée, suivit du bruit sourd d'un objet lourd qu'on lance contre cette même porte, le tranchant d'une lame qui se plante dans le bois. D'instinct je baisse ma tête alors que je continue de courir, mon pantalon dans mes mains, ma chemise usée autrefois blanche ouverte sur mon torse imberbe.

Je me retourne continuant de courir en arrière, une petite tête brune apparait derrière le paysan aux cheveux grisonnant et au tablier sale, je lance un baiser à mon amante de cette nuit qui arque un sourire radieux très vite effacé par le regard courroucé de son mari bafoué. Les lèvres pincées, tremblantes, fou de rage l'homme arrache littéralement l'épée qu'il a planté dans la porte pour se lancer à ma poursuite, sans se soucier une seconde des passants qui regardent le spectacle, incrédules, et qui crient presque effrayer à l'idée de devenir le dommage collatéral.

Je laisse échapper de mes lèvres rosée un rire sournois, je continue de courir dans la grande rue évitant la foule. Je bifurque aisément sur une petite ruelle étroite, n'ayant aucune difficulté à se semer ce gros lourdaud de mari cocufié, et me revêts de mes effets tranquillement.

Un pantalon noir, rentré dans des bottes en cuir, mité par le temps et la crasse. Je referme ma chemise rapidement, cela doit bien faire un mois que je n'ai plus de bouton sur la première partie, je n'y fais même plus attention. Je resserre ma ceinture jusqu'au dernier cran, je vérifie que ma dague est toujours dans son fourreau et je la replace dans mon dos. Il ne reste plus que la veste marron, lourde et épaisse, pesant sur mes frêles épaules comme un sac de brique et qui me descend jusqu'aux genoux.

Les automnes à Londinium sont souvent pluvieux et froids mais exceptionnellement, aujourd'hui, le ciel est parfaitement dégagé et un grand soleil brille déjà au sommet et réchauffe doucement le pavé. Je me frotte néanmoins les mains, sensible à la moindre brise marine qui entoure la ville, surtout depuis que ma chemise laisse passer le vent sur ma peau. Je regarde de chaque côté de la ruelle avant de décider de rejoindre la grande place. Lorsque je croise mon reflet dans une fenêtre brisée, mon sourire narquois disparait. En allant chez cette paysanne j'ai pu me laver dans leur salle d'eau mais ces foutues cernes ne disparaissent jamais, elles sont là, fortes de leur autorité, elles me rappellent sans cesse mes nuits d'insomnies. Mes cauchemars incessants.

Le sang. Les cris. Les pleurs.


« Il est là ! Arrêtez-le !! »


L'homme de tout à l'heure parle à un soldat de la garde royale, mon sourire sarcastique apparait à nouveau. Décidemment, j'ai dû vraiment le vexer celui-là. Deux gardes se tournent d'un même élan vers moi, l'un tirant son épée alors que l'autre prépare son arc. Je leur fais un clin d'œil avant de courir à nouveau, m'engouffrant plus profondément dans la misère de la ville basse. Mon agilité contraste avec les armures lourdes et brillantes qui peine à me suivre. Un sifflement me parvient jusqu'aux oreilles, une flèche lancée au milieu de la foule c'est plutôt risquer mais il ne faut pas trop en demander à ses imbéciles sans cervelles. Jouer à chat avec les gardes royaux est devenue un vrai passe-temps, ils ont beaux être à mes trousses, je sais par expérience qu'ils ne sont pas très endurants. Je passe devant des orphelins, des chiens errants, je tourne à droite à la prochaine ruelle, je continue de courir et grimpe le mur fait de planches, aisément. Une fois sur le bord du toit, je m'assois, les jambes pendues dans le vide et je les nargue d'un rire moqueur alors qu'ils me regardent comme des animaux désorganisés.


« Un peu de courage messieurs ! Vous y êtes presque ! »


Je peux sentir toute leur frustration, elle ne me donne que plus de plaisir mais chaque bonne chose à une fin. Je me jette littéralement en arrière sur le petit toit terrasse que je traverse calmement, ils sifflent à nouveau pour alerter d'autres patrouilles. Une fois de l'autre côté, je saute sur le balcon de la bâtisse opposée, j'atterris comme un félin sur mes jambes puis glisse le long de la barrière avant de revenir sur la rue. Je vois les gardes courir dans tous les sens tandis que je tire un grand drap de toile posée sur des tonneaux et m'enroule dedans comme une cape. Dos penché et clopinant comme un vieillard, je reprends la route.

Ils ne sont pas près de me rattraper et fort de leur crédulité, mon vieillard convaincant passe inaperçu. Je souris derrière mon tissu, regagne la foule grandissante du marché. Les mains agiles et plutôt discret, je dérobe les bourses des passants sans qu'ils puissent s'en rendre compte, quelques pièces d'or pour gagner mon pain de la journée. Il était prévu que j'en vole à ce vieux paysan mais il m'a remarqué plus tôt que prévu. Tant pis.

Ce n'est qu'après avoir récupéré assez de monnaie que je décide de me débarrasser de cette lourde toile, le soleil commence lentement à me cuire là dessous et je transpire à grosse goutte lorsque je jette le tissu sur la tête d'un sans-abri avec une petite pièce.

Je reviens sur mes pas, sifflotant, affamé. Je joue avec la monnaie dans ma poche et me balade jusqu'au stand du boulanger. En arrivant, un petit sourire se peint lentement sur mon visage en reconnaissant le fils cadet devant l'étale. Ses boucles blondes sur le sommet de son crâne caressent son regard émeraude d'une petite lueur innocente. Il est portant d'une taille imposante, large par le travail au four, dans les champs pour cultiver le blé et l'avoine mais plus jeune de quelques années, à peine adulte, ce qui justifie de son inexpérience et qu'un simple sourire suffise à le déstabiliser. Et cela m'amuse de le voir chercher du regard un moyen de se donner du courage pour me saluer sans manquer de défaillir. Je le sens presque tressauter en me voyant et tandis qu'il essuie maladroitement ses mains sur le tissu de sa chemise écrue. Je m'arrête devant les pains déposés, farinés dont l'odeur me chatouille les narines, je me penche pour humer le pain chaud laissant à dessein le tissu de ma chemise donner une vue imprenable sur mon buste finement dessiné.


« Il sont tout chaud », je lui dis en le regardant.

Le boulanger manque littéralement de s'étouffer. Son visage devient si rouge et ses yeux si écarquillés que je m'en voudrai presque de l'avoir taquiner.

« Ils viennent de..., il ravale sa salive. De sortir du four... »


Il a bien du mal à arrêter de regarder ma poitrine, j'ai tellement envie de rire mais je me contente de me redresser vivement avant de lui tendre quelques pièces.

Le boulanger les accepte maladroitement et me donne la moitié d'un pain rond, il croise mon regard, passant nerveusement sa langue sur ses lèvres. Au moment de prendre le pain je laisse trainer mon pouce pour caresser son index, ses lèvres brillantes d'humidité s'écartent lentement en manque d'oxygène.


« A la prochaine, je murmure.

- A la...prochaine », dit il envoûté.


Je me rends bien compte de l'effet que je peux procurer. J'aime en jouer et je dois avouer que je suis plutôt doué pour ça. C'est un atout non négligeable pour quelqu'un de ma condition car il faut bien que je me lave et que je dorme à l'abri en hiver. A défaut d'un toit sur la tête, et puisque j'ai toujours détesté dormir à même le sol, je m'arrange toujours pour me trouver dans le lit d'une jeune demoiselle, d'une épouse aventureuse ou d'un charmant damoiseau qui sent le levain.

J'ai beau être assez sûr de moi, si je devais réellement me pencher sur les raisons d'un tel pouvoir de séduction, j'aurais bien du mal à l'expliquer. Je suis conscient que mon corps, mon visage, sont attrayant malgré la boue et les cicatrices. Peut-être est-ce dû à ces prunelles dorées semblables à des paillettes d'or qui décorent les fresques du Palais Royal ou à mon sourire espiègle qui me donne un air tantôt coquin, tantôt enfantin. Ou alors à ce corps mince, pour ne pas dire maigre, qui cache en vérité une force et une agilité bien utiles. Ou bien ma voix, grave et suave, jamais trop aigüe, jamais trop forte, bourdonnante, un véritable murmure. Une arme de séduction redoutable. Je me souviens avoir déjà fait jouir un homme en lui murmurant simplement des insanités à l'oreille, de l'argent vite fait gagner et sans me salir les mains.

Ou peut-être est-ce simplement le vide. Cette part mystérieuse qui ressurgit à tout moment dans mes yeux comme un secret ténébreux, soulignés par mes cernes et ma peau nacrée, tachetée de son. Ce petit moment de flottement où des souvenirs douloureux viennent transformer mon visage, mon comportement, le monde qui m'entoure, en un voile mélancolique. Elle révèle ce qu'il y a en moi de plus sombre et de plus fragile. Mon seul et unique point faible. La seule chose que je désire à tout prix faire disparaître ou alors comprendre. Qui s'efface aussi vite qu'elle est venue.

A Londinium, nombreuses sont les âmes perdues, au passé lourd et complexe qu'ils en deviennent ordinaires. C'est une époque où les identités n'existent pas, où le peuple n'est qu'une masse manipulable, sans nom, sans visage, où les morts au fond des caniveaux ne servent qu'à nourrir les rats. Un endroit idéal pour se fondre dans la masse et pourtant je rêverai de quitter ces grands remparts pour regagner ma terre natale, si seulement je savais où elle pouvait être.

Je continue de marcher, mordant dans la miche de pain, laissant l'embrun marin secoué mes cheveux azur salis par la terre humide. Attaché en un catogan tenu par un ruban rouge, des mèches éparses, fines, qui s'échappent pour me chatouiller front et les joues saillantes. Peu à peu je m'éloigne du centre grouillant et trouve une petite charrette en partance. D'un petit bond, je viens m'assoir à l'arrière sans un bruit, profitant d'un voyage gratuit.

Je laisse mes pensées s'envoler, je regarde le ciel plonger dans mes réflexions, couché à côté des sacs de pomme de terre, jambes ballantes dans le vide. Je me plais à m'imaginer à la place de ces oiseaux, libres, pour qui les frontières n'ont aucune utilité. Devant la quiétude du temps clément, je pourrai me laisser aller à quelques heures de sommeil car le vieux Garett ne s'arrêtera pas avant d'atteindre le port mais comme à chaque fois, si la fatigue ralentit le mouvement de mes paupières, elle ne réussit pas à m'emporter assez loin pour pouvoir dormir paisiblement.

Entre deux mondes, pas totalement éveillé, pas totalement endormi, j'entends à nouveaux leurs voix, leurs cris. Mon prénom, seul élément de mon identité qui n'a pas été totalement perdu dans mes souvenirs brumeux.


« Cache toi Felix ! Ne sors sous aucun prétexte ! Tu m'entends ?! »


Je me souviens de l'odeur du poisson, des calles moisies et du bois trempé sous mes mains rongées par le sel. Je me souviens des fins rayons de lumière du soleil qui traversaient les planches de ma cachette, qui collaient mes vêtements à ma peau alors que l'air était étouffant, que l'odeur commençait à me faire tourner la tête tout comme l'ensemble de mon environnement qui ballotait de droite à gauche. Le bruit des vagues, des mouettes. La voix rauque d'hommes et des mains qui m'extirpaient de ma caisse comme un vulgaire animal à moitié mort.


« Capitaine, nous avons un clandestin... »

« Tiens...Tiens. Quelle pauvre petite bestiole prise au piège... »


Un dernier cri de mouette me fait sursauter de la charrette. Nous sommes près du port, je me redresse douloureusement, me frottant les quelques mèches qui me chatouillent les cils avant de sauter hors du véhicule. Inutile de s'attarder, le vieux Garett est peut-être à moitié aveugle mais il peut encore me faire mal avec sa canne ornée de sa houlette en fer.

J'époussète mon pantalon et je regarde l'horizon des vagues scintillantes sous le soleil. Les innombrables bateaux amarrés sur le port et les hommes qui s'y affèrent pour récupérer les marchandises, les filets de pêche et les voix des marins, des dockers dans un mélange de brouhaha et tintements. De grand crochets suspendus à des grues font les navettes avec d'autres charrettes de transport, tirer par des chevaux de traits pour aller jusqu'à la ville où dans les régions plus reculer. C'est un capharnaüm différent de la ville mais tout aussi dense.

La brise froide de la mer fouette mon visage et me fait grimacer. Je déteste cette odeur, elle me donne envie de vomir et réveille le sentiment désagréable d'être face au plus grand obstacle, au plus grand adversaire de mon existence. Mais si je dois quitter cet endroit, cette île, il n'y a qu'une issue et elle passe par là. Faudrait-il encore que j'aie une idée de ma destination. Doucement je fais pivoter mon avant-bras couvert par la manche bouffante de ma chemise où j'aperçois la pointe d'un tracé d'un noir qui pigmente ma peau, près de mon poignet.

Je continue de regarder un instant ce petit bout de peau découvert, sachant parfaitement ce qui s'y cache sans avoir besoin de remonter le tissu. Je ferme les yeux une seconde.


« On t'a marqué comme du bétail gamin ? Qu'est-ce que c'est ? Un piaf ?»


Je tire nerveusement sur le tissu pour couvrir le petit bout de dessin puis rejoint le chemin qui descend au port. Plus je m'approche et plus le bruit ambiant me donne mal à la tête. Je fourre mes mains dans mes poches, habitués à joncher les quais comme je suis habitué à arpenter les rues de la ville. Je zig-zague entre les marins mais aussi les soldats qui inspectent les cargaisons, surveillent les brigands d'une autre trempe que la mienne. Certains me reconnaissent mais se contentent d'appuyer sur la garde de leur épée. Je ne suis pas leur cible ici, et c'est bien dommage pour eux, je peux presque sentir leur frustration et comme on se refait pas totalement, je fais mine de bouder et je hausse les épaules. La partie de cache-cache sera pour une autre fois. Le claquement de leur langue ne manque pas de m'amuser encore plus alors que je manque de me faire bousculer dans une bagarre de taverne.


« Sale fils de pute ! Je vais te trancher la tête !

- Approche seulement ! Raclure d'agorien ! »


Je n'entends que des grommellements mais très vite les épées sont tirées de leur fourreau et si le combat est brouillon, puisque les deux hommes sont ivres, ça n'en demeure pas moins dangereux. Nombreux sont les imprudents qui sont tués par mégarde dans ce genre de conflit idiot.

Rapidement une cohue se forme autour d'eux, les gardes commencent à s'approcher, je me faufile et j'en profite pour piquer quelques bourses au passage. Rien de telle qu'une petite diversion pour me faciliter la tâche mais c'est de la gourmandise, j'ai déjà assez de pièces pour tenir le reste de la semaine mais dans ma condition, on ne refuse pas un coup de pouce du destin. Je pourrai presque passer quelques nuits à l'auberge plutôt que d'attirer un manant ce soir.

Alors que je me dirige vers la silhouette d'un homme fringant, me délectant d'avance de ses poches garnies, je sens sa main m'attraper le poignet. Je relève aussi tôt les yeux, prêt à me servir de mes charmes pour ensuite mieux m'enfuir mais lorsque je croise le regard noir qui habille ses yeux en amende, que mon regard parcourt son visage lisse, princier dont la beauté me coupe littéralement le souffle, je peine à retenir une expiration admirative. Pourtant très vite, c'est un autre type de frisson qui me parcourt 'échine. Ses long cheveux noirs détachés, presque soyeux, ne font que témoigner d'une appartenance noble et si ce n'était que ça, je ne me sentirai pas aussi mal engagé, mais ses vêtements en velours bleu dont les surpiqures dorées et le blason en forme de lion ailée sur la poitrine éveillent en moi un mauvais pressentiment. Je connais ce blason, c'est exactement le même que sur la cuirasse de l'un des deux ivrognes qui se bat, et puis ces doubles épées fines, avec des gardes rondes et lacés de tissu.

Un agorien. Et à en juger par ses vêtements ce n'est pas n'importe quel agorien.


« Sire ? »


Oh merde.

Un homme en amure de cuir et d'obsidienne se tient derrière lui, main sur la garde de son épée à simple tranchant. Un sabre agorien. Il me toise du même regard sombre, légèrement plus petit que Son Altesse mais visiblement haut gradé dans sa garde personnel, à n'en pas douter. Putain Felix, t'es dans une merde noire. Sa main est toujours sur mon poignet et je sens bien que je n'ai aucune chance de simplement tirer pour m'enfuir comme un courant d'air. Va falloir la jouer fine.


« Tu as tenté ta chance sur la mauvaise personne sale voleur, tu sais ce qu'on leur fait chez nous au voleur ? » Cingle le noble.


Il a beau avoir un visage magnifique, lorsque la colère transparait par tous les pores de sa peau, il ressemble à un enfant trop gâté à qui on a tenté de voler son jouet. Comme toutes les personnes trop riches qui n'ont de réel que l'existence au sein de leur palais, inconscient du monde qui les entoure. Et pourquoi s'en soucieraient-ils ? Ils sont heureux en haut de leur tour.

Pourtant sa langue perfide a terni à mes yeux sa magnifique prestance. Beau, il le serait toujours, mais comme tous les bourges, il me donne envie de griffer. Au lieu de quoi j'hausse les sourcils, provocateur. Un sourire espiègle commence à naître sur mes lèvres que je lève le menton avant de tirer soudainement sur la prise, ce qui a pour effet un brusque rapprochement, jusqu'à presque sentir son souffle surpris sur ma bouche.


« Laissez-moi deviner, vous leur couper les mains ? Et puis ensuite vous vous torchez avec ? Ce serait un honneur Mon Seigneur, vraiment, mais j'ai des affaires plus urgentes, vous me pardonnerez.»


Brusquement je réduis à néant les derniers millimètres qui nous séparent et je plaque violemment mes lèvres sur les siennes. Si pendant quelques secondes, je l'ai senti se tétaniser, les yeux grands ouverts, je jurerai avoir senti ses lippes bouger l'instant d'après. Mais aussi éphémère que très certainement rêvé, cet instant disparaissait car d'un geste de pur réflexe, il m'a repoussé aussi tôt de toutes ses forces, se couvrant la bouche de sa main avec effroi.

J'ai bien du mal à sourire immédiatement mais très vite amusé et ravi, j'ose passer ma langue sur mes lèvres pour le pousser à bout et ça ne manque pas. Il tremble littéralement sous la colère qui s'apprête à exploser et tandis que je sais déjà que son chien de garde va venir m'attraper, je me faufile comme un serpent au milieu de la masse qui s'est agglutinée pour regarder le combat. Ils ne pourront jamais me rattraper maintenant, avec autant de monde et plus exciter que jamais à l'idée de se battre comme les sauvages qu'ils sont, ils devront se contenter du parfum d'échec que je laisse derrière moi.

Soudainement un cri de la foule me fait m'arrêter alors que je commence à remonter la colline, je regarde en contre-bas mais je ne vois plus les deux hommes qui ont bien failli m'étriper, à la place, je remarque le perdant, un marin ivre qui n'arrive même plus à se relever alors que l'autre remet son épée dans son fourreau.

« Voyez le bon côté des choses Mon Seigneur, je murmure. Dites-vous que vous avez eu la chance que les autres n'auront jamais.»

Je secouais la bourse tenue par un fil tressé, un grand sourire satisfait sur les lèvres.


***


« Je suis désolée Felix, avec la délégation d'Agora, je n'ai plus aucune chambre de disponible, se confond en excuse la fille du tenancier de l'Auberge des Trois Ours.

- Même pas une petite ? Je supplie en m'écroulant sur le comptoir. Tu vois comme je suis, je prends pas de place, aller ! Même la plus petite de tes chambres !

- Je suis désolée.

Je me redresse, plissant légèrement les paupières d'un petit regard en biais, je me penche d'un regard séducteur, tirant sur le petit lacet de son chemisier de la pointe de l'index.

- On peut pas s'arranger pour ce soir ma belle ?

La jeune femme fronce soudainement les sourcils, donnant une tape sur ma main, le regard sombre mais pas furieux, juste réprobateur.

- Hé ! Joue pas à ça avec moi sale petite traînée ! Je suis pas une de tes pucelles en chaleur moi, ni un de tes fourre-cul que tu visites quand t'as besoin d'une piaule !

- Mais Eileen ! J'ai de quoi payer !

- C'est pas le problème, je sais que t'as de quoi payer mais je te jure que j'ai pas de place.

- Même pas un petit placard ? Une cave ? Du moment que j'ai un plumard, je suis pas difficile. Eileen...Hum ? S'il te plaiiiit », je chouine encore un peu de mes yeux de biches.


La jeune femme pince les lèvres. La belle brune a l'habitude avec moi, nous avons un peu près le même âge et ce n'est pas la première nuit que je quémande à grand coup de pleurnicherie pour attirer sa compassion.

De toute façon je sais qu'elle va craquer, parce que je suis moi et qu'elle est elle. Eileen est ma plus vieille amie dans cette ville, ma plus vieille amie sur cette île. Depuis mon arrivée à l'âge de huit ans, jusqu'à aujourd'hui, la seule personne avec son père sur qui je n'ai jamais pu compter. Alors que je chapardais déjà pour survivre, lorsque les hivers sont trop rudes, que la population connaît des famines, des épidémies, j'ai toujours pu compter sur leur petite famille sans jamais demander plus que ce qu'ils peuvent me donner. Si au départ, son père avait essayé de me convaincre de vivre eux, je n'ai jamais réussi à m'y résoudre. Comme si je me savais sur le départ, chaque jour, car c'était le sentiment que j'avais. De ne pas être à ma place sur cette île et c'est bien pour ça que presque tous les jours, je me rends au port pour me donner de courage d'embarquer sur un navire et partir. Sans me retourner. Mais ma peur irrépressible de la mer me cloue au sol, comme un vieux traumatisme dont je me sens incapable de me défaire. Pour autant, je continue, chaque jour. Je regarde la mer et j'espère.

Voyant ma morosité me gagner peu à peu, j'entends le soupire à fendre l'âme d'Eileen, cette dernière me tend une clé que je saisis les yeux brillant de gratitude. Je n'hésite pas à me jeter sur elle pour lui embrasser sa joue ronde.


« C'est bien parce que je t'aime, elle me dit un petit sourire attendrit avant de dégager mon front de mes mèches de cheveux. Et parce que tu sens le foin et le crin de cheval.»


J'éclate de rire, me serrant un peu plus contre elle avant de filer vers les escaliers de bois dans la grande salle de l'auberge. Le bruit ambiant des clients qui boivent leur chope et jouent aux cartes me fait sourire. Je vais pouvoir profiter d'un peu de tranquillité ce soir. Je longe le couloir et je me dirige vers la petite porte de bois correspondante. Une minuscule petite pièce avec un simple lit, un nécessaire de toilette avec un peu d'eau pour me rafraichir. Le grand avantage de l'auberge des Trois Ours, ce sont ses bains chauds. Beaucoup de clients y viennent pour profiter des sources naturelles à l'arrière de la bâtisse et si l'intérieur parait rustique, ils ont parfois des invités de marques et je ne suis pas surpris de savoir une partie de la délégation d'Agora dans leur enceinte.

Agora est un Royaume voisin. Enfin, pas vraiment voisin, il faut traverser l'Océan d'Elios, contourner le continent désertique d'Insomia avant d'attendre les terres verdoyantes d'Agora. C'est l'une des plus grandes puissances du monde libre. Avec Pandore et Haendel, ils forment une trinité de puissance en entente pacifique depuis la fin de la Guerre des Cinq.

A côté de ces immenses Royaume, il y a des Cité Etat, principalement des îles ou des péninsules indépendante et Londinium en fait partie. Bien loin d'égaler les trois grandes nations mais son importance mercantile fait de cette île un point stratégique de négociation. Par ici, tout le monde passe et toutes les marchandises s'arrêtent à un moment ou à un autre à son port. Elle est ainsi protégée des attaques des clans autonomes qui cherchent simplement à la piller et ses soldats - même si limité sur le plan intellectuel – restent parmi les plus féroces.

Et comme tous les cinq ans, à la date anniversaire de la fin de la Guerre des Cinq, les délégations de l'Alliance se retrouvent au Palais du Roi de Londinium, comme pour consolider leur lien et prévenir d'éventuel nouveaux conflit. Cette année est une année particulière puisque le précédent Roi de Pandore est décédé il y a quelques semaines, son fils aîné a repris le trône. C'est donc sa première présentation au Monde et l'île sera très vite grouillante de nobles des quatre coins du pays, en plus de l'Alliance, des chefs de clans autonomes et alliés seront certainement invités, ainsi que les Rois des autres plus petits royaumes. La ville sera rapidement assiégée de nobles crédules.

Une aubaine pour moi, même si cela signifie aussi que la garde royale sera plus sur les dents. Il va falloir être plus rusé. J'aurai tout le temps d'y penser plus tard.

La seule chose qui me rassure c'est qu'en dehors de quelques soldats et des petites mains des délégations, les membres royaux et les nobles les plus hauts placés, seront surement logés au Palais. Je pense aussi tôt à celui que j'ai rencontré au port plus tôt. Au pire, il me suffirait de rester enfermer dans ma chambre mais je rêve de me prélasser dans les eaux chaudes des sources derrière l'auberge. Rien que d'y penser j'en frissonne.

Je ne tiens plus. Avant de décider d'aller prendre une assiette en cuisine, je retire rapidement mes effets pour ne prendre que ma serviette et descendre le deuxième escalier qui descend directement dans les sources à l'arrière. L'eau presque bleutée, d'un aspect laiteux me détend rien qu'à regarder sa surface parfaitement lisse. Une fine fragrance de fleur s'en échappe. Il n'y a pas un seul client pour le moment et c'est parfait. Je retire ma serviette et je plonge totalement nu dans d'eau dans un long soupire de bien-être.


« C'est le pied...», je murmure pour moi-même.


Je me penche en arrière, laissant mes longs cheveux bleus onduler dans l'eau avec aisance, entourer ma tête d'une couronne qui se font dans l'eau laiteuse. Je ferme les yeux, bougeant légèrement les bras pour rester immobile et lorsque le bruit du battant bois résonne, je me mords les lèvres à l'idée que je ne suis plus seul. Je me redresse, regardant de l'autre côté du bain et remarque un visage familier s'empourprer. Une serviette autour de la taille et une musculature des plus impressionnante sur une peau légèrement caramel par les journées à travailler dans les champs. Je remonte sans aucune pudeur sur toute sa silhouette pour ensuite décrocher un immense sourire. Si je me réjouissais de passer une soirée tranquille, sans avoir besoin de vendre mes services, je me dis que finalement, je pouvais peut-être faire une exception pour mon gentil boulanger. Et il avait de la chance, je me sentais d'humeur généreuse.


« Re-Bonjour.» Je ronronne.


.





ヾ(≧▽≦*)o

ET OUI JE N'AI PAS REUSSI A ME RETENIR ! 

Parce que j'écris sur cette fiction depuis des jours maintenant et que je suis excitée comme une puce à l'idée de vous la présenter ! 


L'histoire va se passer donc du point de vue de Felix vous l'aurez compris ! 

Les choses vont assez vite s'accélérer même si la véritable intrigue va mettre du temps à se mettre en place, on va surtout se pencher sur l'évolution du héro au départ. 


J'ai une playlist d'enfer en plus pour cette histoire ! Je vous l'ai mise dans l'AVANT-PROPOS si jamais. Et sinon, si vous préférez Youtube, je mettrai de temps en temps les vidéos dans les chapitres publiés, comme pour Titan. 

Tout comme je l'ai fait dans Goliath, il y aura souvent des descriptions de combats alors n'hésitez pas à me dire quand vous trouverez que c'est trop brouillon, si vous voulez des précisions. Vous savez que je réponds toujours à vos interrogations (du moment que je n'ai pas besoin de spoiler bande de petits filous !)


A bientôt !

D.

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