Chapitre 51
Chers amis :)
J'ai décidé de publier ce chapitre aux alentours de minuit, en ce 10 août 2016, car il répond à de nombreuses interrogations que vous vous posiez depuis un certain temps. Oui, j'ai un petit côté dramatique, et donc...Tadaaaaah, voici le nouveau chapitre environ 12 heures en avance.
Parce que, sachez le : je trépigne d'impatience à l'idée de vous révéler l'identité du gardien des loups. Je suis peut-être même plus impatient que vous, qui souhaitez découvrir son identité.
Ce chapitre est donc spécial. Si je le publie en avance, c'est parce que je veux vous faire plaisir, à vous mes lecteurs adorés. Je suis tellement content de recevoir vos étoiles et vos commentaires, vous n'imaginez pas à quel point. Je ne réponds pas toujours tout de suite, mais je finis toujours par le faire lorsque je peux me poser chez moi.
Enfin bref, trêve de blabla. Voici le chapitre que vous attendiez tous depuis si longtemps (maintenant, c'est moi qui est impatient de lire vos réactions :D ).
Je vous aime.
Luc.
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Gabriel retourna le papier, mais rien de plus n'était inscrit. L'écriture était brusque, brouillonne, comme si le message avait été écrit dans la précipitation. C'était probablement le cas : le gardien des loups avait dû venir ici pendant la bataille, alors que les rebelles envahissaient Felestor. Peut-être qu'en voyant son armée battre en retraite, il avait eu l'idée de lui laisser ce mot.
Est-ce que le gardien des loups s'attendait réellement à ce qu'il le rejoigne dans le port ? Cela ressemblait fortement à un piège. Il voulait éloigner Gabriel de Felestor pour pouvoir le tuer en toute tranquillité une fois qu'ils seraient seuls. D'ailleurs, le gardien des loups ne serait certainement pas seul, mais accompagné d'une meute de loups prête à l'écorcher vif.
D'un autre côté, quelque chose d'étrange l'intriguait dans ce message. Le gardien des loups le tutoyait, l'appelait Gabriel et lui parlait familièrement, comme s'ils se connaissaient. C'était également l'impression qu'il avait eue lorsqu'il avait surpris la conversation de Schultz et Raphaël. Peut-être était-ce pour le faire tomber dans le piège, mais cette phrase, « tu comprendras tout », attisait également sa curiosité.
Après tout, Fabre venait de le trahir. Il s'apprêtait à brûler la forêt et à tuer vingt mille cerfs uniquement pour assurer sa sécurité. Et puis, il y avait la façon dont l'Ordre traitait les railles, les rivalités exacerbées entre les clans, les combats de gardiens, tout ce luxe indécent... Trop de choses n'allaient pas dans le fonctionnement de l'Ordre. Trop de choses clochaient.
D'après Raphaël, il se trouvait dans le mauvais camp. Le gardien des loups avait utilisé la même expression dans son message. Peut-être était-ce le cas ? En tout cas, il ne pouvait pas chasser le doute de son esprit. Il devait savoir ce que les rebelles souhaitaient lui dire.
— Et si c'est un piège ? dit une voix dans sa tête.
— Je prends le risque, répondit-il. Je ne peux pas rester là à rien faire alors que Fabre s'apprête à brûler la forêt sacrée.
La petite voix se tut et Gabriel prit sa décision. Il irait voir le gardien des loups, et tant pis pour la prudence. Mais des gardes surveillaient sa porte et il n'avait pas envie d'user de violence contre eux après la soirée qu'il venait de passer. Il ne pouvait pas sortir par là.
Gabriel ouvrit la fenêtre de sa chambre et passa la tête à travers l'embrasure. S'il arrivait à descendre le long de la gouttière, les gardes ne le verraient pas s'enfuir. Il se changea, sortit par la fenêtre en faisant le moins de bruit possible, et descendit jusque dans la rue.
Le quartier des cerfs était désert. Après les évènements de la soirée, les gardiens devaient tous se trouver sur la Place des Sept. Gabriel ne rencontra personne sur son chemin. Le gardien des loups était intelligent, il savait que port était le dernier endroit où l'on comptait le chercher alors que l'armée des rebelles s'était dirigée vers le nord. Gabriel passa la porte d'enceinte sud, d'où il était arrivé la première fois, et gravit la colline qui donnait sur le port.
Le phare brûlait au loin, comme à son habitude, et la vision de cette lueur rassura légèrement Gabriel. S'il devait voir le gardien des loups, autant que cela se fasse en pleine lumière. Toutefois, même s'il faisait preuve d'imprudence, il n'avait pas peur. Il y a quelques heures encore, il avait rencontré le gardien des loups sur le champ de bataille et avait facilement pris le dessus sur lui. Si cela dégénérait, il pourrait toujours se défendre.
Gabriel s'arrêta un moment pour se métamorphoser. Cela lui permettrait de mieux se défendre en cas de guet-apens. Ses jambes s'arquèrent, ses bras s'allongèrent et son pelage immaculé refit surface. Inquiet, il regarda sa ramure pousser, et poussa un soupir de soulagement en s'apercevant qu'elle n'était plus endommagée. Il était donc bien Akanak.
Il poursuivit son chemin en suivant le sentier et arriva bientôt aux pieds des statues d'or. Il examina les alentours, le cœur battant, mais ne vit personne. Le gardien des loups attendait probablement quelque part, pour vérifier s'il était bien seul. Ou alors il n'était pas encore arrivé.
Les sept statues s'alignaient près de la berge, tournées vers l'océan. Deux femmes et cinq hommes qui tendaient un poing vers les eaux ténébreuses. Gabriel reconnut l'homme très vieux qu'il avait observé lorsqu'il était arrivé pour la première fois, et qui arborait une longue barbe. En regardant attentivement, il avait l'air d'être originaire d'Inde. Gabriel s'approcha et se pencha sur la plaque gravée aux pieds du vieillard.
— Lakshan, lut-il, guardian of turtles.
C'était donc lui, le premier gardien des tortues. Il se rappelait sa devise : sage et immortel. Maintenant, elle prenait tout son sens : avec cet air vénérable, il devait être considéré comme un sage par les autres fondateurs. De plus, malgré la longue vie des gardiens, il paraissait si vieux qu'on aurait pu supposer qu'il était immortel.
Ce vieillard se tenait à côté d'un jeune homme d'environ quinze ans qui avait des yeux en forme d'amande. En regardant bien, Gabriel lui trouvait un petit air de François. La plaque indiquait qu'il s'agissait d'Ahmok, le gardien des calmars. Ses traits et ses vêtements laissaient deviner qu'il venait d'Amérique du Sud, mais Gabriel n'en était pas sûr.
La troisième statue représentait une femme africaine, frêle, au nez épaté, aux cheveux frisés, et dont la douceur des traits laissa aussitôt deviner à Gabriel qu'il s'agissait de la première gardienne des tourterelles. En se penchant sur l'écriteau, il constata qu'il ne s'était pas trompé, et qu'elle s'appelait Néhésy.
Avant de regarder la quatrième statue, Gabriel regarda autour de lui afin de s'assurer qu'il était bien seul. Le gardien des loups n'était toujours pas là, et il leva la tête pour examiner la statue. Cette fois, il s'agissait d'un homme bien bâti et aux traits durs, qui paraissait inébranlable. Ses yeux étaient bridés et sa bouche était fine. Il devait être chinois. Gabriel regarda la plaque et lut le nom...d'Attila, gardien des chevaux.
— Attila ? dit-il à haute voix, incrédule. Le chef des Huns ?
C'était impossible. D'après ce qu'il se savait, il n'avait pas vécu à la même période que Cervus Sylbee, qui avait vécu il y a plus de deux mille ans. Il aurait dû lire plus de livres sur l'histoire de l'Ordre. Peut-être y aurait-il trouvé une explication. En tout cas, cela paraissait fou : un indien, un aztec, une africaine, et maintenant un hun.
Gabriel s'approcha de la cinquième statue, qui représentait un homme arabe aux traits ciselés. Il s'appelait Shahin et avait été le gardien des aigles impériaux. C'était tout de même incroyable. Si chaque gardien venait d'un coin du monde différent, cela signifiait que Cervus Sylbee avait dû voyager durant toute sa vie pour les rassembler. Il comprenait mieux le surnom de « gardiens des sept horizons ».
La sixième statue représentait un homme grand, fin mais musculeux, aux larges épaules. Ses cheveux raides lui descendaient jusqu'à la taille. La statue avait beau être en or, Gabriel était sûr que ses yeux avaient été noirs. Il arborait également une barbe broussailleuse qui lui mangeait les joues. Il portait une torque au cou, et avait un bâton de pèlerin dans la main droite. Des bois –que Gabriel n'avait pas vu lors de son arrivée sur l'île– lui sortaient du front pour former une majestueuse ramure au-dessus de sa tête, bien plus développée que celle de Gabriel. Malgré la pauvreté de sa tenue, une certaine sagesse se dégageait de ses traits.
Ainsi donc, c'était à cela que ressemblait Cervus Sylbee. Aussi étrange que cela puisse paraître, il correspondait parfaitement à l'image que s'en était fait Gabriel. La plaque gravée à ses pieds indiquait les mots suivants : « Cervus Sylbee – Original Founder. Secrecy is safety, for always envy will poison men's hearts ».
— Ils ont tronqué la dernière partie de la citation sur le drapeau du clan des cerfs, pensa Gabriel. C'était bête, parce que cela donnait un vrai sens à cette devise. Au lieu de passer pour une personne secrète ou lâche, Cervus serait apparu comme l'homme noble et sage qu'il semblait avoir été.
Cette devise signifiait probablement qu'il fallait protéger le secret de leurs pouvoirs afin d'éviter que l'incompréhension et l'envie des hommes ne les mènent à tuer inutilement les animaux ou les gardiens.
À côté de Cervus, la seconde femme fondatrice se tenait droite, fière et puissante. Ses cheveux raides tombaient jusqu'à ses mollets, et elle tenait un arc dans la main gauche. Ses pommettes hautes, son port de tête altier, ses traits durs, son air hautain, laissaient deviner une femme exceptionnelle. Gabriel se souvenait de son nom, il l'avait lu dans un livre : il s'agissait d'Amaroki, l'amérindienne gardienne des loups. Elle était devenue l'épouse de Cervus lorsqu'il était allé la chercher en Amérique du Nord.
— Elle était belle, n'est-ce pas ? dit une voix derrière lui.
Gabriel sursauta et se retourna aussitôt, les muscles bandés, prêt à l'attaque. Le loup noir se tenait à quelques mètres de lui mais ne paraissait pas hostile. Il portait toujours quelques stigmates de la bataille ; son œil droit était fermé et de longues griffures brillaient sur son museau.
Le loup et le cerf échangèrent un regard pendant de longues secondes. Une haine violente bouillonnait dans les entrailles de Gabriel. Il repensait aux nombreux cerfs qui avaient été tués par ce loup lors de la bataille, à peine quelques heures auparavant. S'il s'était écouté, il se serait jeté sur lui et l'aurait réduit en charpie.
Le gardien des loups sembla deviner ses pensées, parce qu'il recula lentement et dit d'une voix douce :
— Je sais que tu m'en veux, Gabriel, mais écoute ce que j'ai à te dire avant de me sauter dessus. Après, tu pourras tenter ce que tu voudras contre moi.
Gabriel ressentit une étrange sensation au fond de l'estomac. La voix du loup lui était familière, mais il n'arrivait pas à se rappeler où il l'avait entendu. Il jeta de rapides coups d'œil autour de lui, afin de vérifier qu'ils étaient seuls.
— Ne t'inquiète pas, rassura le loup en s'approchant lentement, nous sommes seuls.
— Restez où vous êtes, ordonna Gabriel en le menaçant de sa ramure.
Le loup s'immobilisa et le fixa de se son œil valide.
— Il n'y a qu'une seule façon de te faire baisser ta garde, constata le gardien des loups, je vais reprendre une forme humaine. S'il te plait, ne m'attaque pas pendant ma métamorphose.
Gabriel hocha lentement la tête et attendit. Le loup ferma les yeux et se transforma peu à peu. Il se redressa sur deux pattes et se ratatina pour retrouver une taille humaine. Ses griffes laissèrent place à des ongles, et ses crocs à des dents blanches et lisses. Ses pattes prirent la forme de pieds et de mains, sa fourrure se rétracta dans une peau douce et blanche comme de la porcelaine. Des vêtements sortirent de sa chair. Le museau devint un nez ; les moustaches se rétractèrent, laissant place à des joues roses et délicates ; de lourdes boucles brunes poussèrent sur son crâne.
Lorsque la métamorphose s'acheva, Charlotte se tenait devant lui.
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