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Chapitre 50

La mort du gardien des ours eut un effet immédiat sur les troupes des rebelles. Les ours, qui n'avaient plus de gardien, redevinrent de simples bêtes sauvages et se mirent à attaquer également les loups et les chevaux, qui furent déstabilisés par ce retournement de situation.

Les cerfs se rassemblèrent avec les autres gardiens sur la Place des Sept, et menèrent une dernière offensive afin de repousser les rebelles hors de Felestor. Après une heure de bataille acharnée, l'armée rebelle battit en retraite et s'enfuit en direction de la forêt. Dans le ciel, Hermann et François faisaient également fuir leur adversaire.

En voyant cela, Gabriel s'élança à la poursuite des rebelles mais Bel lui barra le passage.

— Akanak ! s'exclama-t-il, nous allons les poursuivre, mais tu ferais mieux de rester à Felestor. Des cerfs blessés ont besoin de tes soins !

Bel avait raison. Il pouvait sentir qu'au moins deux-cents cerfs étaient blessés, et certains étaient dans un état critique. D'un autre côté, sa rage ne s'était pas calmée, elle bouillonnait toujours dans ses entrailles. Il voulait que les rebelles paient pour la mort de ses cerfs.

— Très bien ! répondit-il d'un ton ferme, tu prends la suite ! Mais une fois que tu les auras coincés, massacre-les ! Pas de quartier !

Bel hésita, puis hocha la tête, et Gabriel fit demi-tour. Après le vacarme de la bataille, un étrange calme régnait à présent sur Felestor. Sur son chemin, les cerfs s'écartaient pour le laisser passer. Certains d'entre eux avaient l'air mal en point, leurs ramures étaient brisées et ils arboraient de profondes plaies au cou et sur le dos.

Gabriel s'arrêta devant un miroir brisé et jeta un œil à son reflet. Il était couvert de sang. Ses andouillers droits étaient brisés, mais ils repousseraient dès qu'il se métamorphoserait à nouveau en cerf. Du moins, il l'espérait. Après tout, il était Akanak, celui dont la ramure ne tombait pas. Néanmoins, la dernière fois que sa ramure avait été brisée, ou plutôt sciée, cela avait inhibé ses pouvoirs durant quinze ans.

Il releva la tête et regarda autour de lui. Les fourmis s'activaient déjà pour nettoyer le champ de bataille. Elles emportaient les cadavres de rats sous la terre et engloutissaient même ceux des loups, des chevaux et des ours à une vitesse surprenante. Chaque dépouille était méthodiquement dépecée, ingurgitée, digérée.

Une telle puissance fit frissonner Gabriel. Finalement, les fourmis avaient été essentielles dans la bataille. Lui qui pensait être le seul à pouvoir déterminer l'issue du conflit, il se trompait lourdement. Maintenant, il comprenait pourquoi Fabre était le dirigeant de l'Ordre. Son pouvoir était potentiellement infini.

Gabriel leva la tête vers la Flèche et crut apercevoir la silhouette de Fabre à son bureau. Il avait dirigé ses fourmis depuis là-haut, probablement pour mieux voir les mouvements de troupes et agir en conséquence.

Un hurlement de douleur sortit Gabriel de ses pensées. À quelques mètres de lui, un cerf était couché sur le sol et avait un œil crevé. Cette vision lui donna un haut-le-cœur. Gabriel interrompit sa métamorphose, s'approcha du blessé et se pencha vers lui. Il ne connaissait pas ce cerf. Peut-être qu'il venait du sud.

En le voyant approcher, le cerf tourna son œil valide vers lui.

— Akanak, murmura-t-il en essayant de se relever, vous êtes là !

— Ne te lève pas, répondit Gabriel en posant une main apaisante sur son cou. Toré, c'est ça ? Je vais soigner ton œil.

Toré se calma et ferma les yeux. Gabriel posa sa main dessus et sentit sa paume devenir chaude. L'électricité lui vint à nouveau au bout des doigts. De la fumée s'échappait de la blessure à mesure que la plaie se résorbait. Au bout d'un certain temps, la plaie redevint froide et Gabriel retira sa main.

— Vas-y, dit-il à Toré, ouvre l'œil.

Le cerf s'exécuta et Gabriel sentit son cœur tomber dans sa poitrine. Il n'y avait plus de sang mais l'œil de Toré était devenu blanc, laiteux, aveugle, comme celui de Bel. Il n'avait pas réussi à le soigner.

— Non ! cria Gabriel en reposant sa main sur l'œil de Toré.

— Ça ne sert à rien, intervint une voix.

Gabriel se retourna et vit Hermann qui se tenait derrière lui. Il avait repris une forme humaine et paraissait mal en point. Des blessures profondes lui lacéraient le visage, mais son regard était toujours vif et alerte.

— Je...je ne comprends pas, balbutia Gabriel tandis qu'Hermann se penchait vers le cerf, d'habitude j'arrive à soigner toutes leurs blessures.

Hermann examina l'œil de Toré et fronça les sourcils.

— Tu peux guérir les blessures, mais les gardiens ne font pas de miracles. Si un organe est trop endommagé ou si une blessure est trop profonde, il peut être impossible de la soigner. Sauf si tes pouvoirs sont à leur optimum, bien entendu, ce qui ne peut pas être le cas pour toi. Tu es épuisé par la bataille, qui t'as pris la majorité de ton énergie. Et puis, tu es trop jeune. Mais ne sois pas trop dur envers toi-même, tu as quand même réussi à faire cicatriser son œil.

Gabriel se redressa, dépité, et s'éloigna à grands pas. Il ne voulait plus regarder Toré et son œil aveugle. Il voulait soigner les cerfs. D'autres avaient besoin de lui. Il passa le reste de la soirée à guérir les blessés et à rassembler les cadavres. Il y avait tellement de morts... C'était la première fois qu'il prenait véritablement conscience de ce que signifiait une guerre.

Les fresques qui se trouvaient dans la Salle des Mémoires prenaient tout leur sens. Jusqu'ici, il n'avait pas considéré sérieusement le message qu'elles essayaient de transmettre, mais la vision de ce désastre lui faisait prendre conscience de l'horreur qui l'entourait, de la cruauté dont il avait fait preuve au cours de la bataille. C'était comme s'il était lui-même devenu une bête sauvage, cruelle, sans pitié...

Sur le champ de bataille, d'autres gardiens s'occupaient également de leurs animaux. Les corbeaux et les aigles avaient disparu au loin, poursuivant l'armée des rebelles qui s'était enfoncée dans la forêt. Le calme était revenu à Felestor.

Une fois qu'il eut terminé de prodiguer ses soins, Gabriel se laissa glisser contre un mur de la Flèche, épuisé. Sur les deux-cents cerfs blessés, il en avait soigné une centaine dont les blessures étaient graves. Les autres avaient des blessures superficielles qui ne nécessitaient pas son intervention immédiate.

Il ne devait pas trop forcer sur ses pouvoirs, sinon il risquait de s'évanouir comme la fois où avait soigné tout le clan de Bel. D'ailleurs, à cause de la fatigue, les dernières blessures qu'il avait soignées n'avaient pas totalement disparu. Certaines s'étaient simplement résorbées, d'autres laisseraient des cicatrices. Tant pis, il ne devait pas mettre sa santé danger pour faire totalement disparaître ces plaies.

Au bout de quelques minutes, Gabriel se releva et se dirigea vers la porte dérobée qui menait au bureau de Fabre. Il souhaitait lui parler. En le voyant s'éloigner, Hermann le rejoignit et François également atterrit à côté d'eux, avant de reprendre forme humaine.

— Gabriel ! s'exclama-t-il avec inquiétude, ça va ?!

— Ça va, répondit Gabriel, et toi ? Pas trop de dégâts ?

François hocha légèrement la tête en signe de dépit. Il avait un œil gonflé et quelques entailles sur les joues.

— Pas mal de mes corneilles sont mortes dit-il d'un ton sinistre. Les aigles impériaux d'Hermann aussi. Mais bon, le principal, c'est qu'on ait sauvé Felestor.

— Pas pour très longtemps, fit remarquer Hermann. Allons, il faut entrer.

Ils montèrent au dernier étage et pénétrèrent dans le bureau de Fabre, qui était occupé à se servir un verre de jus d'orange. Ses mains tremblaient légèrement mais il vida son verre d'un trait. Il s'en versa un deuxième puis s'assit dans son fauteuil.

— Asseyez-vous tous les trois, ordonna-t-il.

Ils s'exécutèrent et Fabre déroula une carte sur son bureau. Elle représentait l'île, avec Felestor au sud-est, et la forêt qui occupait tout le nord-ouest jusqu'au sud-ouest.

— Tout d'abord, dit Fabre, je vous remercie de votre aide. La première offensive des rebelles a été repoussée avec succès. Surtout grâce à toi, Gabriel. En abattant le gardien des ours –ce qui est déjà un exploit en soi– tu as permis de limiter la casse.

Gabriel sentit sa fureur revenir. Il appelait ça « limiter la casse » ? Plusieurs centaines de blessés, autant de morts. Le bilan pour les corbeaux et les aigles devait être encore plus lourd. Il n'appelait pas ça limiter la casse.

— Toutefois, continua Fabre, nous ne pouvons pas nous arrêter là. Les rebelles se sont réfugiés dans la forêt. Les cerfs de Gabriel les poursuivent, ainsi que les corbeaux de François et les aigles d'Hermann, sans compter bien entendu les quelques membres isolés envoyés par d'autres gardiens. Nous devons profiter de notre avantage car nous n'aurons pas une autre chance comme celle-ci. Il faut abattre les rebelles jusqu'au dernier.

— Il a raison, se dit Gabriel en pensant aux cadavres des cerfs qui gisaient dans les rues de Felestor.

Hermann et François n'eurent aucune réaction.

— Cela dit, ajouta Fabre en se penchant au-dessus de la carte, la forêt est vaste et nos troupes ne pourront pas attaquer de front. Regardez.

Il posa son doigt sur la carte et désigna le nord de la forêt.

— Les loups et les chevaux occupent toute cette zone. C'est donc probablement là qu'ils vont se réfugier, et ils auront l'avantage du terrain. Ils connaissent parfaitement cette partie de la forêt. À mon avis, ils y habitent depuis plusieurs années. En tout cas, leur organisation, leurs bâtiments, le laissent penser. Cela signifie également que cela fait des années qu'ils nous espionnent.

— C'est probable, commenta Hermann en se servant également un verre de jus.

— Le conflit va s'éterniser, conclut Fabre. Aucun camp n'arrivera à prendre l'avantage tant qu'ils se cacheront dans la forêt. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire, surtout quand les tensions entre les clans sont déjà si importantes. Il faut en finir aussi vite que possible. Et pour cela, je ne vois qu'une seule solution. Il faut brûler la forêt.

— Quoi ?! s'exclama Gabriel, choqué. Vous voulez mettre le feu à la forêt des sept ?!

— C'est exact répondit Fabre avec calme. Les rebelles n'auront plus d'endroits où se cacher, une grande partie de leur armée brûlera ou mourra d'asphyxie. C'est le moyen le plus efficace pour nous débarrasser d'eux.

— Mais vous ne pouvez pas faire ça ! protesta François, c'est une forêt sacrée ! Un sanctuaire qui représente les rêves de l'Ordre ! Le symbole même de l'équilibre entre les espèces !

— L'équilibre a été rompu au moment où les rebelles nous ont attaqués, répliqua Fabre. Il n'y a pas d'autre choix. Et je précise qu'il faudra la brûler en entier, sinon les loups risqueraient de se réfugier dans d'autres parties de la forêt.

— Mes cerfs mourront également si vous faites cela !s'indigna Gabriel. Ils poursuivent les rebelles dans la forêt au moment même où nous parlons ! Ils font ça pour vous ! Pour l'Ordre !

Fabre fit le tour de son bureau et posa une main compatissante sur l'épaule de Gabriel, mais ce dernier la repoussa violemment.

— Je comprends que cela te révolte, murmura Fabre d'une voix douce, mais c'est pour le bien du plus grand nombre. Tu as d'autres cerfs, leur mort ne signera pas la fin de ton espèce. Si nous brûlons la forêt, les rebelles disparaîtront à tout jamais. Tu comprends ce que cela signifie ? Il faut le faire.

— Je ne suis pas d'accord, intervint Hermann, qui était resté silencieux pendant ces échanges. Si nous brûlons la forêt, nous perdrons tout. L'écosystème de cette île, mais également la foi des gardiens qui font partie l'Ordre. Par ailleurs, je ne pense pas qu'il faille absolument tuer les rebelles. Peut-être est-il plus sage de les capturer et de les interroger.

— Ma décision est prise, trancha Fabre d'un ton ferme. La forêt brûlera, un point c'est tout.

— Mais les biches et les faons y sont également ! hurla Gabriel en se levant d'un bond. Comment pouvez-vous être aussi cruel?! Mes cerfs viennent de sauver Felestor, et vous voulez les condamner à mort ?! Je ne vous laisserai pas faire !

Fabre lui adressa un regard froid, comme s'il avait affaire à un enfant capricieux. Gabriel avait l'impression de voir un autre visage du dirigeant de l'Ordre, comme si un masque venait de glisser de son visage. Il était dur, calculateur, comme une fourmi qui ne s'importune pas avec les morts individuelles tant que la colonie atteint son objectif.

— Oh si Gabriel, affirma Fabre, vous me laisserez faire. Et je vous conseille de ne pas me contrarier. Je pense avoir été assez indulgent avec vous, alors ne me forcez pas à devenir plus brutal que je ne le suis.

Il appuya sur un bouton et, presque aussitôt, cinq gardes entrèrent dans le bureau. Gabriel se retourna avec stupéfaction. Il ne savait pas qu'il y avait des gardes à Felestor.

— Escortez ces trois gardiens chez eux, ordonna Fabre, cette bataille les a fatigués. Demain, nous fêterons la victoire et vous serez célébrés en héros pour avoir sauvé la ville. Pour le moment, vous êtes sous couvre-feu. Allez.

Les gardes se saisirent d'Hermann, qui regardait Fabre avec stupeur, comme si lui aussi découvrait le vrai visage de Fabre. Il se dégagea de l'emprise des gardes et se dirigea lui-même vers la sortie d'un pas souple et silencieux, comme une panthère.

François, quant à lui, asséna un coup de tête à l'un des gardes avant de se faire immobiliser. Les autres gardes arrêtèrent Gabriel, qui se débattit comme un diable, mais leur emprise était trop forte.

On les fit descendre au rez-de-chaussée et ils sortirent de la Flèche. En quelques minutes, la majorité des cadavres avait disparu et les traces de la bataille s'estompaient rapidement. Là encore, l'efficacité des services de l'Ordre se manifestait dans toute son ampleur.

Les gardes escortèrent Gabriel jusqu'à chez lui. Ils le jetèrent à l'intérieur de sa maison sans ménagement, avant de claquer la porte derrière lui et de la fermer à clef. Gabriel resta immobile afin d'écouter leurs pas s'éloigner, mais n'entendit rien. Ils devaient probablement monter la garde devant la porte.

Gabriel monta dans sa chambre et se laissa tomber sur le lit, épuisé. Ses muscles étaient courbaturés. Maintenant qu'il était au calme, il prenait conscience des nombreuses blessures qui marquaient son corps. Il ferma les yeux et prit une profonde inspiration.

Il pensait aux cerfs. Sans même réfléchir, il les avait envoyés vers une mort certaine. S'il n'avait pas écouté sa rage, il n'aurait pas ordonné à Bel de poursuivre les rebelles. Hermann et François, de leur côté, pouvaient les faire revenir par la voie des airs, ils pouvaient toujours échapper aux flammes. Mais pas les cerfs...

Peut-être que s'il arrivait à les contacter par télépathie, il pourrait les prévenir ? Il se concentra et tenta de retrouver Bel, mais il devait être trop loin pour qu'il puisse entrer en contact avec lui.

Tandis qu'il remuait ces pensées, la fatigue s'insinuait dans son esprit. Il était sur le point de s'endormir lorsqu'il remua sur le lit et sentit quelque chose sous son ventre. Il passa la main et récupéra un morceau de papier plié en quatre. Il se redressa brusquement et déplia le papier.

« Gabriel, tu as choisi le mauvais camp. Nous devons absolument nous rencontrer. Tu comprendras tout. Rejoins-moi devant les statues d'or des sept fondateurs, près du port. »

Sous le message, l'empreinte d'une patte de loup faisait office de signature et brillait d'une couleur écarlate.

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