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Chapitre 41


Lorsqu'il se réveilla, Gabriel se trouvait dans un endroit vaste, sombre et désertique. Un peu plus loin, des flammes bleues, jaunes, rouges, vertes, flamboyaient comme autant de torches lumineuses. Il se releva lentement, essayant de comprendre où il se trouvait, et la réponse lui vint presque aussitôt.

Gabriel ferma les yeux et essaya de se concentrer. Oui, c'était bien cela : il pouvait sentir la présence des cerfs dans sa poitrine, comme autant de flammèches multicolores qui constituaient le brasier qui brûlait devant lui. C'était le même phénomène qui se produisait lorsqu'il se trouvait près d'un cerf : c'était comme cela qu'il arrivait à retrouver leur trace.

— Ne faire plus qu'un avec les cerfs, murmura-t-il.

Sa respiration s'accéléra. Jusqu'à présent, il n'avait fait que se mentir à lui-même. Ne faire plus qu'un avec les cerfs, il savait ce que cela signifiait sans pouvoir se résoudre à l'accepter consciemment. Aujourd'hui, sa vie était en danger, et le sens cette phrase se révélait enfin. Cela signifiait de se sacrifier soi-même. Sacrifier Gabriel Prodel, jeune lycéen de quinze ans, pour donner naissance au gardien des cerfs, totalement dévoué à son espèce. Etre un gardien, cela signifiait se sacrifier pour son espèce, et non pas l'utiliser comme moyen d'obtenir le pouvoir ou la puissance.

Suivant son instinct, il rouvrit les yeux et se précipita vers les flammes. Arrivé à leur portée, il se jeta au milieu du brasier et sentit les langues de feu lui lécher le corps. Bizarrement, il ne ressentit aucune douleur. Au contraire, la chaleur agréable dégagée par le brasier le réconfortait. Les flammes l'enveloppèrent comme un cocon, et il ferma à nouveau les yeux.

Lorsqu'il les rouvrit, Gabriel était couché dans l'herbe, et il sentit un filet de sang qui coulait de son nez et de ses yeux. Bel l'observait de l'autre côté de la clairière, l'air surpris. Apparemment, Gabriel ne s'était évanoui que pendant quelques secondes. Il se releva avec difficulté. Sa tête était beaucoup plus lourde qu'avant, et il vacilla légèrement avant de retrouver son équilibre.

Il leva les yeux et s'aperçut avec stupeur qu'une ramure de cerf avait poussée sur son front. Une ramure brune, grande et puissante, aux andouillers aussi longs que ceux de Bel. Son odorat était également plus développé : il parvenait à sentir l'odeur de l'écorce des hêtres, les feuilles d'érable. Il pouvait également sentir la sueur de Bel sur son corps fauve.

Un sentiment de puissance l'envahit, comme si on avait injecté du feu dans ses veines. Il n'avait plus du tout mal et sa respiration avait retrouvé un rythme normal. Il avait réussi à se métamorphoser partiellement en se jetant dans les flammes, en s'abandonnant au milieu des cerfs. Il devait continuer dans cette voie. Il se tourna vers son adversaire et lui adressa un regard dénué d'expression.

— Allons-y Bel, lança-t-il, une deuxième fois.

Les traits du cerf se durcirent et il se rua en avant, tête baissée. Cette fois-ci, Gabriel était prêt. Il baissa également la tête et reçut la charge de Bel de plein fouet. Encore une fois, plusieurs cerfs laissèrent échapper des cris d'horreur. Leurs ramures s'entrechoquèrent violemment, et les pieds de Gabriel glissèrent sur le sol.

Bel était beaucoup plus lourd que lui. Tandis qu'il essayait de résister à la charge de son adversaire, Gabriel eut une vision fugitive des pensées et des souvenirs de Bel, mais il les chassa aussitôt. Peu à peu, ce dernier perdit de son élan. Gabriel fit pivoter sa ramure et la tête de Bel alla s'écraser contre un arbre un peu plus loin.

Les cerfs tapèrent le sol de leurs pattes pour saluer Gabriel. Bel se releva en s'ébrouant et chargea à nouveau. Cette fois, Gabriel fut plus rapide. Il évita le cerf avec souplesse et enfonça sa ramure dans le flanc de son adversaire. Sous la force du coup et de sa propre vitesse, Bel fut à nouveau projeté au sol. Cette fois-ci, il ne se releva pas.

— Je ne veux pas te faire de mal, dit Gabriel en s'approchant de son adversaire, tu as longtemps veillé sur ton clan, je l'ai vu lorsque nos ramures se sont touchées. Je sais que tu te méfies des gardiens, mais je ne veux que votre bien. Regarde-moi, j'ai la même ramure que toi. Je suis l'un des vôtres. Est-ce que ça ne te suffit pas ?

Bel essaya de se remettre debout mais il s'était foulé une patte. Gabriel se pencha sur lui et posa sa main sur la blessure. Aussitôt, celle-ci disparut.

— Tu vois, dit-il en se redressant, je peux vous venir en aide.

Le cerf se releva lentement et regarda autour de lui. Son regard s'attarda sur Koga, puis Cèz, avant de revenir sur Gabriel. Ils échangèrent un long regard, puis Bel fléchit les pattes et s'inclina légèrement.

— Maître.

Les cerfs qui observaient la scène imitèrent Bel. Comme une réaction en chaîne, Gabriel vit l'onde se propager. Les cerfs baissaient la tête et le reconnaissaient, lui, Gabriel, comme leur gardien.

L'émotion lui serra la gorge. Il ne s'attendait pas à cela. À cet instant, une étrange sensation lui parcourut le corps. Comme une brûlure. Gabriel baissa les yeux et s'aperçut que la métamorphose se répandait à d'autres parties de son corps. Ses jambes s'affinèrent et ses pieds rétrécirent. Ses bras s'allongèrent en pattes et tout son corps se recouvrit d'un pelage blanc et soyeux. Ses oreilles humaines laissèrent place à des oreilles de cerf. Son cou s'allongea, son torse se compressa. Lorsque la métamorphose s'interrompit, il avait pris la forme d'un cerf au pelage immaculé.

— Gloire à toi ! s'exclama un cerf en se relevant, Akanak, fils de la terre et des forêts !

Surpris, Gabriel se tourna vers lui. Le cerf était de taille moyenne, et son bois gauche était brisé. Son pelage de couleur gris et terne laissait deviner qu'il s'agissait d'un cerf relativement âgé.

Gabriel l'observa avec attention. Apparemment, la métamorphose lui permettait à nouveau de lire dans les pensées des cerfs sans contact physique.

— Tu t'appelles Anz, devina-t-il, c'est bien ça ?

Le cerf hocha la tête et lui adressa un sourire.

— Je te remercie de cet accueil, dit Gabriel. Tu m'as appelé Akanak ? Qu'est-ce que cela signifie ?

— « Celui dont les bois ne tombent pas », répondit Anz en s'avançant vers lui, le cerf couronné d'une forêt éternelle. Les cerfs sont les animaux les plus proches de la nature. Nous assurons la transition entre le monde animal et le monde végétal. Notre ramure, semblable aux branches d'un arbre, est la preuve de ce lien particulier, de notre double nature. Et vous êtes notre gardien, dont les bois sont éternels. Vous êtes Akanak, celui dont la ramure ne tombe pas.

— Akanak, répéta Gabriel, flatté. J'accepte ce titre, et je te remercie.

Le cerf le salua en inclinant légèrement la tête.

— C'est un plaisir de savoir qu'Akanak est de nouveau parmi nous, après tant d'hivers.

Gabriel lui sourit et scruta les esprits des autres cerfs, dont certains partageaient la joie d'Anz, et d'autres qui doutaient toujours du fait que Gabriel soit leur gardien, notamment en raison de son jeune âge.

Mais soudain la vision de Gabriel se brouilla, comme si un voile venait de tomber devant ses yeux. Il avait de plus en plus de mal à suivre le fil de ses pensées. C'était donc cela, le phénomène dont parlait Hermann. Sa conscience était sur le point d'être submergée par son double animal. C'était comme sombrer dans la nuit, ou plutôt comme si son visage était au bord de l'eau et qu'il menaçait à tout instant de se noyer.

Gabriel resta immobile quelques instants en essayant de rester conscient. C'était comme lutter contre une très forte envie de dormir. Ses paupières se fermaient inexorablement et il devait user de toute sa volonté pour ne pas perdre connaissance.

Les cerfs attendaient, sans comprendre. Au bout d'un moment, la sensation de sommeil se dissipa et il se sentit mieux. Son esprit se stabilisa, il n'avait plus l'impression de se noyer, sa vision s'éclaira à nouveau.

Lorsqu'il retrouva complètement ses esprits, Gabriel se contempla longuement, examinant chaque détail de son corps de cerf. Il marcha un peu afin de se familiariser avec son nouveau corps et sentit de puissants muscles rouler sous son pelage blanc.

Il se sentait léger comme une plume. Ses sens étaient plus développés. Il entendait mieux, sa vision portait beaucoup plus loin. Il se sentait également plus éveillé, plus vif, comme si on lui avait injecté de l'adrénaline dans le cerveau.

— Je suis un cerf, dit-il dans un souffle, j'ai réussi.

Pris d'un élan soudain, il se cabra puis s'élança vers la forêt. Tout le clan le suivit, et les chefs des clans rivaux se joignirent également au mouvement. La harde se répandait dans la forêt au son des pattes frappant le sol, tel un feu grondant. Le pelage blanc de Gabriel scintillait comme la foudre. Il volait librement, bifurquait soudainement à gauche, et entendait le vent siffler à ses oreilles.

Lorsqu'il s'arrêta, ils étaient arrivés à la lisière de la forêt. Avec sa nouvelle vision, il apercevait Felestor qui s'étendait en bas de la colline, à plusieurs kilomètres de là. Hermann devait l'y attendre, anxieux.

— Bah, se dit-il en retournant dans la forêt, il pouvait bien attendre. Pour le moment, il voulait profiter de sa métamorphose, profiter de cette nouvelle famille qui l'avait accepté. Il était l'un des leurs. Cette fois-ci, c'était pour de bon. Il était le gardien des cerfs.

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