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Chapitre 24


Ils se dirigèrent vers l'entrée de la Flèche et en franchirent le seuil, avant d'arriver dans un immense atrium. Il était décoré avec un luxe qui donnait le tournis. Trois rangées d'énormes lustres en cristal baignaient l'endroit dans une lumière dorée et des colonnes de granit s'alignaient le long des murs. Le sol était recouvert d'un marbre blanc somptueux, incrusté de rubis rougeoyants, d'émeraudes, de saphirs et de diamants. De temps en temps, quelques personnes traversaient l'endroit à la hâte, puis disparaissaient à travers une porte des nombreuses portes.

Gabriel contempla les alentours d'un air stupéfait. Leur groupe s'avança avec précaution, et l'écho de leurs pas résonna autour d'eux. À mesure qu'ils avançaient, Gabriel s'aperçut que les murs de gauche et de droite, ainsi que le plafond, étaient recouverts de gigantesques fresques dépeignant des animaux. Chacune d'entre elles semblait raconter une histoire.

La fresque sur le mur de gauche représentait une plaine où deux armées se faisaient face. La première armée était composée d'énormes ours noirs ; et la seconde de loups aux babines retroussées ainsi que -l'estomac de Gabriel fit un bond- de cerfs.

Dans l'espace qui séparait les deux armées, un cerf, un loup et un ours – probablement les chefs respectifs des armées – se livraient un combat sanglant. Apparemment, le loup et le cerf tentaient d'abattre l'ours. Les griffes du loup étaient faites de diamants. L'ours avait des yeux faits de rubis. Ceux du cerf étaient vert émeraude, et il enfonçait sa ramure dans le flanc de l'ours. La plaine était bordée par une forêt aux arbres calcinés. Une fumée s'élevait au loin, et la rivière passant en arrière-plan était rouge sang. Une impression de folie meurtrière se dégageait du tableau.

Sur le mur de droite, la même scène, à l'identique, exposait cette fois un nuage de criquets contre des abeilles. La même rivière de sang, mais la scène se déroulait désormais dans un village dévasté. Gabriel s'arrêta au milieu de la salle pour contempler successivement ces deux tableaux. Est-ce qu'ils racontaient des rivalités entre gardiens ?

Il jeta un regard vers le plafond. La troisième fresque, encore plus grande, représentait une armée de tigres opposée à des lions, au milieu de la savane. Les deux chefs étaient pris dans un féroce affrontement, se déchirant mutuellement des lambeaux de chair. Ces scènes d'horreur avaient un effet étrange au milieu du faste et de la tranquillité des lieux.

— Cet atrium est très connu au sein de l'Ordre, expliqua le contrôleur en voyant leurs mines ébahies, on l'appelle la Salle des Mémoires.

— La Salle des Mémoires ? répéta quelqu'un. Qu'est-ce que c'est que ces tableaux sur les murs ?

— Ils relatent des guerres, répondit le contrôleur. Des batailles sanglantes entre plusieurs espèces animales gouvernées par des gardiens avides de pouvoir.

Le contrôleur désigna la fresque de droite, et leur groupe se tourna vers elle pour l'observer plus en détail.

— Avant la naissance de l'Ordre, raconta-t-il, le gardien des criquets a mené une guerre sans merci contre le gardien des abeilles. À l'époque, le gardien des criquets était quelqu'un de très connu, qui est mentionné dans tous les livres d'histoires. Quelqu'un peut me dire de qui il s'agissait ?

Il y eut un silence durant lequel ils se regardèrent, jusqu'à ce qu'un homme blond d'une trentaine d'années et habillé en bleu se racle la gorge.

— Jules César ? proposa-t-il.

— C'est exact, confirma le contrôleur. Jules César, le fameux stratège, qui envoyait des nuages de criquets sur les villes qu'il voulait conquérir avant d'envoyer les armées romaines. Pour plus de détails sur sa vie, je vous invite à consulter les livres de la bibliothèque. CervusSylbee a mis un terme à ses agissements en fondant l'Ordre et en rassemblant des gardiens capables de maintenir la paix. C'est lui qui a envoyé le gardien des abeilles affronter l'empereur romain.

— Quand on pense que son héritier est un meurtrier, lança l'homme blond, ça fait froid dans le dos.

Gabriel sursauta et se tourna vers l'homme. Ce dernier le toisait d'un regard féroce.

— Nous savons tous ce que tu as fait, reprit le blond. Des gens t'ont vu passer sur la Place des Sept couvert de sang. Quelques minutes plus tard, on sortait le cadavre de Stanislas de chez toi.

Les autres gardiens le dévisageaient à présent, sans détourner le regard. Certains avaient l'air curieux ou sceptiques, mais d'autres affichaient une franche hostilité.

— Je ne l'ai pas tué, répondit calmement Gabriel. Quand je suis rentré chez moi, il était déjà là. J'ai essayé de le ranimer, mais il était mort.

— C'est ça oui, s'énerva le blond. Tout le monde pensait que tu allais rapidement monter les échelons dans l'Ordre, alors ça t'a mis la pression. Tu t'es dit que tuer quelqu'un te permettrait de faire tes preuves, d'imposer ton autorité ? Ici, les preuves se font en gérant bien son espèce, en lui permettant de se développer et en s'entendant bien avec les autres gardiens.

— Tu es un imbécile si tu penses réellement que j'ai fait ça, rétorqua Gabriel. Je croyais que le clan des tortues n'acceptait que les personnes sages dans leurs rangs ? « Wise and immortal » ? On ne dirait pas quand on t'entend parler.

— Ne t'en prends pas à notre clan, gronda le blond en serrant le poing. C'est toi le meurtrier, qui n'arrive même pas à se métamorphoser en cerf. Si ça se trouve, tu n'es même pas un gardien.

— Ça suffit ! intervint le contrôleur en se tournant vers le blond. Monsieur, sachez que l'Ordre fait très attention lors de son recrutement. Ce jeune homme est le gardien des cerfs, il n'y a pas de doute là-dessus. Et à son âge, vous n'étiez probablement pas capable de vous métamorphoser non plus.

Le blond ne répondit pas, et se contenta de fourrer ses mains dans ses poches. Gabriel, qui avait réussi à sortir Stanislas de ses pensées, vit ses humeurs noires revenir aussitôt.

— Comme je le disais, reprit le contrôleur, Cervus Sylbee a combattu Jules César avec l'aide de l'Ordre, et notamment du gardien des abeilles. Il y a de nombreuses guerres de gardiens qui ont semé la mort et la destruction dans le monde. Un autre exemple se trouve dans la guerre des coqs contre les renards.

— La destruction ? s'étonna une jeune femme du clan des tourterelles, d'un air à la fois sceptique et amusé. Par des coqs et des renards ?

— Ne sous-estimez pas le pouvoir de ces animaux ! avertit le contrôleur. Leur puissance ne se mesure pas à leur force physique, mais à leur nombre. Les gardiens les plus puissants ne sont pas des personnes qui contrôlent des prédateurs comme les aigles ou les loups. Non, ce sont les gardiens des espèces les plus insignifiantes. Les gardiens des fourmis, des abeilles, des chiens, des pigeons, des vaches. Voilà des gardiens puissants. Leurs populations sont si nombreuses que, du jour au lendemain, ces gardiens peuvent plonger le monde dans le chaos d'un simple signe de la main.

— Et ça ? demanda la même femme en pointant un index vers le plafond et la fresque aux lions.

— La guerre entre les tigres et les lions a été l'une des plus horribles et des plus sanglantes de l'histoire des gardiens, répondit le contrôleur. À l'époque, l'Ordre existait mais était encore très jeune, et n'a presque rien pu faire. Ces peintures symbolisent le fait que chaque guerre entre animaux bouleverse l'écosystème et se répercute également sur les autres espèces.

— Que s'est-il passé entre les gardiens du tigre et du lion ? demanda un homme brun du clan des loups.

— Les tigres et les lions étaient les prédateurs les plus féroces qui soient, expliqua le contrôleur. Ces deux espèces étaient répandues à travers toute l'Asie et l'Afrique, en passant par l'Inde, l'Afghanistan, l'Iraq, l'Égypte et l'Afrique subsaharienne. Mais le hasard a voulu que deux gardiens apparaissent en même temps pour ces deux espèces. Jusqu'alors, les tigres et les lions vivaient plus ou moins en harmonie. Mais l'orgueil des deux gardiens s'en est mêlé, chacun voulant savoir si son espèce pouvait dominer l'autre, être la plus forte.

Le contrôleur croisa les bras contre sa poitrine.

— Cela a donné lieu à des batailles spectaculaires. Imaginez des milliers de tigres et de lions disciplinés qui se battent de toutes leurs forces pour obtenir le titre de prédateur suprême. Finalement, les tigres et les lions se sont tellement entretués qu'il ne reste désormais que très peu d'animaux de ces deux espèces. À la fin de la guerre, les deux camps étaient décimés. Les deux gardiens, qui ne voulaient pas voir leurs espèces disparaître, ont fini par passer un accord de séparation.

— Un accord de séparation ? répéta la jeune femme du clan des tourterelles.

— Oui. Les lions conserveraient l'Afrique tandis que les tigres auraient l'Inde et ses environs. Ces deux espèces ont migré sur des milliers de kilomètres, et cela a complètement altéré l'écosystème. C'est pour cela que, de nos jours, on trouve principalement les lions en Afrique et les tigres en Inde. Ces deux espèces, qui autrefois vivaient en symbiose, doivent désormais s'éviter. D'ailleurs, c'est après ce drame que l'Ordre a mis en place un évènement qui n'a pas eu lieu depuis longtemps : le combat de gardiens, au cours duquel nous nous rappelons tous des ravages de la guerre, et de notre devoir de conserver la paix interespèce.

Gabriel regarda à nouveau la fresque. Des larmes coulaient de l'œil du lion. Le ciel derrière lui était rouge, comme si le sang emplissait les cieux.

— Mais je ne voudrais pas vous déprimer avec ces histoires, ajouta le contrôleur en esquissant un sourire. Ces peintures ne sont là que pour nous rappeler notre responsabilité de gardiens. Venez, je vais vous montrer le reste des locaux.

Ils empruntèrent l'une des nombreuses portes qui s'alignaient le long des murs, et passèrent le reste de l'après-midi à visiter la Flèche. La tour abritait notamment un parlement, que le contrôleur tenait à leur montrer. C'était une vaste salle circulaire, où les gardiens siégeaient une fois par mois à des tables en demi-cercle, pour des réunions diplomatiques interespèces.

— De grandes choses se sont déroulées ici, affirmait le contrôleur en leur faisant visiter les lieux. Les gardiens ont été impliqués dans tous les évènements importants de notre époque et de celles de nos ancêtres.

Le contrôleur leur donna plus de détails. La plus célèbre de ces réunions était celle que l'on appelait « la conférence des oiseaux ». Elle se tenait une fois par an, et réunissait les gardiens des airs venus des quatre coins du monde. Durant toute une semaine, on y discutait de partage de territoires entre espèces, de couloirs aériens pour les flux migratoires de l'automne, ou des conflits existants entre gardiens rouges et jaunes.

Ils visitèrent également le niveau réservé au service de surveillance de l'Ordre, qui repérait les gardiens et veillait au respect du secret de leur existence. Cet espace se trouvait juste au-dessous de celui réservé aux oxcellors.

Le contrôleur leur indiqua également que la bibliothèque occupait cinq étages, mais il préféra les emmener voir quelques-unes des trente-sept salles d'entraînement où les gardiens apprenaient à maîtriser leurs pouvoirs. On y accédait en passant les portes de la Salle des Mémoires et en suivant de longs corridors s'enfonçant sous terre, ou en prenant des ascenseurs qui filaient comme des ombres à travers le bâtiment.

Aucune des salles d'entraînement ne se ressemblait : certaines étaient immenses, aussi vastes que la Salle des Mémoires, et d'autres plus étroites qu'un placard à balais. Dans l'une des salles qu'ils visitèrent, une nuée de moineaux voletait avec grâce en répétant ce qui semblait être un ballet aérien.

Dans une autre salle, un labyrinthe aux murs de fers séparait un gardien de son animal : une belette. Ils tentaient de se retrouver l'un l'autre dans le labyrinthe. Dans les dernières salles, d'énormes bassins de verre remplis d'eau étaient installés, et des hommes se jetaient dans ces piscines transparentes pour se métamorphoser en poissons, en hippocampe ou en loutre.

La visite s'acheva en fin d'après-midi, et ils retournèrent dans la Salle des Mémoires.

— Bien, dit le contrôleur. Maintenant que vous avez tout vu, votre formation peut débuter. Il est trop tard pour ce soir, mais vous commencerez demain. Voici une fiche avec un programme spécifique en fonction de votre degré de maîtrise de vos pouvoirs.

Le contrôleur distribua les fiches, et Gabriel fourra la sienne dans sa poche sans la regarder.

— Merci à tous, dit le contrôleur, vous pouvez partir.

Sur le chemin du retour, Gabriel se sentait tiraillé entre deux sentiments contradictoires. D'un côté, il voulait plus que tout faire partie de l'Ordre, dont l'histoire l'impressionnait. Ce nouveau monde rempli de merveilles, de légendes et de mystères lui tendait les bras.

D'un autre côté, il était évident que l'Ordre n'était plus que l'ombre de ce qu'il avait été. Le contrôleur avait passé beaucoup de temps à parler de l'histoire de l'Ordre, comme pour se rattacher à une époque perdue. L'âge d'or de l'Ordre était révolu, cela ne faisait aucun doute.

Par ailleurs, le sort réservé aux railles le tourmentait toujours. Ces hommes et ces femmes, par milliers, étaient retenus captifs sur l'île parce que l'Ordre craignait qu'ils ne révèlent leur secret. Et en dépit de cela, on ne leur accordait ni respect ni foyer. On exploitait certains d'entre eux afin de rendre Felestor plus agréable à vivre, et les autres n'avaient qu'à mourir à l'extérieur de l'enceinte.

Si être l'hériter de Cervus Sylbee pouvait l'aider à changer cela, il était obligé de rester. Mais après la scène de ce matin avec le gardien blond, il doutait que cela soit encore possible très longtemps.

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