Chapitre 17
« C'est super gentil, merci beaucoup.
— Je peux t'apporter des glaçons de temps en temps, en attendant, histoire que tu finisses pas avec un chiffon détrempé et de la flotte partout sur le lit.
— Ça m'arrangerait beaucoup, je pense pas pouvoir aller les chercher moi-même.
— Je vais envoyer un message à mon ami, attends. »
Il tira son smartphone de sa poche et tapa un bref message avant de se concentrer de nouveau sur son cadet. Il afficha une mine ennuyée puis se rendit à la salle de bains. Yoongi resta muet et le vit ressortir quelques secondes plus tard, une serviette entre les mains.
« Tiens, dit-il en la lui tendant, ça doit pas être agréable de transpirer autant.
— Je confirme. Encore merci.
— Je t'en prie, à ton service. Je vais y retourner, le boulot m'attend. Si le chiffon commence à goutter, pose-le sur la table de chevet et appelle-moi. J'essaierai de venir toutes les vingt minutes. T'as besoin d'autre chose ?
— Je pourrais avoir un peu d'eau, s'il te plaît ?
— Je trouve que tu prends tes aises, Yoongi-ssi. »
Pourtant, son rictus malicieux au visage, il s'éloignait déjà pour aller chercher la bouteille, dans le mini-réfrigérateur. Il la tendit à son ami qui l'en remercia et sembla se détendre.
« Encore merci pour tout.
— Essaie de te rendormir, je rentrerai sans frapper pour t'apporter les glaçons, et si je vois que tu dors, j'arrêterai de te déranger.
— Tu me déranges jamais.
— C'est presque mignon, comme déclaration.
— Je cache bien mon jeu, rétorqua Yoongi avec ce même sourire en coin.
— Allez, repose-toi. À tout à l'heure. »
Son ami le salua dans un dernier remerciement, et l'employé s'en alla. Yoongi tenta de calmer son cœur qui s'emballait et de se concentrer sur sa blessure qu'il devait garder au froid. Il s'appliqua à se masser en douceur la cheville avec le torchon rempli de glaçons, et il passa une main dans ses cheveux qu'il devinait ébouriffés par la nuit – qu'est-ce que Seokjin avait bien pu penser de lui en le voyant ainsi alors que lui devait sans doute s'avérer aussi éblouissant au réveil qu'à n'importe quel autre moment de la journée ? Du moins, lui le trouverait éblouissant.
Un sourire candide aux lèvres, il songea qu'il avait rencontré un véritable prince charmant, prêt à voler à son secours dès que besoin, et il se sentit soulagé au point qu'il jura que sa jambe le tirait moins. Assis, il s'appuya contre la tête de lit et ferma les paupières dans l'espoir de retrouver rapidement le sommeil.
Quand, une vingtaine de minutes plus tard, la porte de sa chambre s'ouvrit sans bruit, il était de nouveau assoupi. Seokjin se glissa à l'intérieur et, en s'apercevant que son cadet s'était endormi en peu de temps, esquissa un rictus attendri. Yoongi avait reposé le chiffon à côté de lui, sur la table de chevet, de sorte à ne pas mouiller les draps déjà humides autour de sa cheville.
Entré avec un nouveau tissu rempli de glaçons, Seokjin attrapa celui qu'il avait laissé plus tôt et, avant de repartir, griffonna un mot qu'il posa en évidence.
Yoongi se réveilla un peu après sept heures du matin. Il émergea avec difficulté de son sommeil, et si la douleur s'était calmée, elle n'en demeurait pas moins présente malgré tout. Elle n'irradiait plus, mais elle ne s'était pas volatilisée. Dans un soupir, il tourna la tête vers sa table de chevet où il avait abandonné la glace, et il s'aperçut qu'elle avait disparu, remplacée par un papier sur lequel figurait une élégante écriture.
Salut, Yoongi-ssi ! Quand je suis revenu, tu dormais déjà, alors j'ai repris le chiffon. Si t'en as de nouveau besoin, contacte la réception et demande-moi. Mon ami a confirmé, il viendra t'examiner ici à sept heures et demie. Je l'accompagnerai. À toute !
Rassuré, Yoongi jeta un nouveau coup d'œil à l'heure. Sept heures dix-huit. Il pouvait attendre l'arrivée des deux garçons, pas besoin de froid. Décidé à faire défiler ces douze minutes au plus vite, il attrapa son portable pour redonner un peu de clarté à sa coupe de cheveux qui ne ressemblait à rien à son réveil, et il se promena un court instant sur YouTube, de crainte que sur ses réseaux sociaux il ne lise des choses qui ne lui plairaient pas. Il fuyait Twitter comme la peste, surtout depuis l'incident de son dernier concert.
Il terminait à peine la vidéo qu'il avait choisie que déjà la porte de sa chambre s'ouvrait en douceur. Seokjin parut le premier, accompagné d'un jeune homme que Yoongi ne connaissait pas mais qui, d'emblée, lui tira un sourire du fait de l'air avenant qu'il arborait. Ses cheveux en bataille et sa tenue mal assortie laissaient deviner qu'il s'était hâté de se préparer pour venir ici avant de se rendre à son cabinet, ce dont Yoongi se sentait reconnaissant. Pourtant, peu importait sa coiffure et ses habits : son visage exprimait sa bonté, et il semblait doué du calme olympien que requérait sa profession.
« Yoongi-ssi, je te présente Hoseok, mon ami et médecin. Il a terminé ses études il y a peu et se lance tout juste dans le métier !
— Enchanté, lança d'une voix faible ledit Hoseok afin de ne pas déranger les voisins.
— Moi aussi, affirma Yoongi.
— Tu pourras bien sûr compter sur ma discrétion. Seokjin m'a un peu expliqué ce qui s'était passé. Secret professionnel, promis.
— Merci beaucoup. »
Hoseok demanda à voir la cheville de son patient qui écarta sa couverture de son pied droit. Le médecin s'installa à côté de lui et l'examina tandis que Seokjin, qui préférait rester jusqu'au diagnostic, prit place sur une chaise près de la table de chevet.
Yoongi tenta de cacher la douleur qu'il éprouva à plusieurs reprises lorsque le docteur manipula sa cheville, et il répondit de façon honnête à toutes ses questions.
« C'est pas cassé c'est certain, et j'ai pas non plus l'impression que ce soit foulé, déclara Hoseok une fois qu'il eut terminé. Je pense surtout que ça fait des semaines que t'en fais trop avec tes répétitions, ta tournée, et maintenant ces milliers de marches franchies. Une attelle ne servirait pas à grand-chose, le mieux serait que tu restes bien sagement en place pendant deux semaines. D'ici quelques jours tu remarcheras sans que ça soit trop dérangeant, et dans quinze jours ça devrait être parti. Mais même après ça, évite les efforts physiques : après une blessure comme celle que t'as eue y a pas si longtemps, on devrait pas reprendre aussi vite la danse. Certes, c'est ton boulot, mais c'est aussi ta santé.
— Je comprends, ouais, opina Yoongi.
— Si jamais de fortes douleurs persistent après cinq jours, appelle-moi. Et si ça a l'air grave, faudra qu'on fasse une radio, on aura pas le choix.
— D'accord... »
Hoseok s'en alla après les dernières salutations, et Seokjin demeura dans la chambre de son ami.
« Je suis rassuré, j'avais peur que ce soit grave. Quelques jours de repos, c'est finalement ce que t'es venu chercher ici, hein ?
— Ouais, répondit Yoongi dans un haussement d'épaules distrait.
— J'en connais un pour qui c'est pas une bonne nouvelle...
— T'avais dit qu'on verrait un tunnel de lave unique au monde. »
C'était juste. Seokjin lui en avait parlé pendant qu'ils se promenaient sur le Songpanak quelques jours plus tôt. Et voilà que Yoongi était cloué au lit pour deux semaines. Il repartirait avant d'avoir pu observer cette merveille.
Son aîné se rappela et comprit aussitôt sa déception.
« C'est rien, on le fera pendant tes prochaines vacances.
— Donc a priori, dans quatre ans – ou avant, si je craque plus tôt.
— Ce qui n'est pas souhaitable. Mais là, ça va pas être possible. Déjà, le tunnel est à l'autre bout de l'île, au nord-est, alors rien que s'y rendre ça va prendre du temps, et dans la voiture, difficile de trouver une position très confortable. Si tu veux rentrer chez toi en pleine forme, on ne quitte plus Seogwipo.
— C'est vraiment des vacances de merde, souffla Yoongi – pas assez bas pour que son aîné ne l'entende pas – en s'allongeant.
— Eh, Yoongi, c'est rien du tout. Tu reviendras un jour, tenta-t-il avec douceur.
— Justement, j'en suis pas sûr... et puis c'était maintenant que je voulais profiter de tout ça, maintenant et avec toi.
— Moi non plus je compte pas m'envoler, t'en fais pas. Dès que t'auras un weekend de libre, tu viendras et on ira le visiter, ce tunnel, promis !
— C'est vrai ?
— Ouais, ça me fera super plaisir de te faire visiter, je t'assure ! »
Consolé par l'habituel enthousiasme de son ami, Yoongi opina.
« Aujourd'hui, je finis à midi, déclara Seokjin alors qu'il quittait sa chaise, tu voudras que je passe un peu ? On pourrait déjeuner ensemble.
— Dans ma chambre ?
— Bah ouais, tu peux pas la quitter.
— J'avoue : à question débile, réponse débile. »
L'aîné afficha un rictus malicieux.
« Exactement. Bon, alors ça te va ? J'avais mon sandwich avec moi, de toute façon.
— Ouais, ça marche.
— Non, c'est bien ça tout le problème. »
Il fallut quelques instants à Yoongi pour comprendre pourquoi son ami s'esclaffait tout à coup, et quand à son tour il pouffa, ce fut plus à cause du rire contagieux de Seokjin que de son jeu de mots discutable.
Seokjin lui souhaita une bonne journée et promit de faire vite une fois midi venu.
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