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Un loup dans les ombres

Neige

La rumeur s'était répandu comme une trainée de poudre : les loups étaient revenus, on avait vu une meute, peut-être deux, aux abords du village.

L'hiver était plus froid cette année-là, plus précoce et plus féroce. Le soir, dans la grande salle, les vieilles s'amusaient à nous terrifier en nous racontant des histoires de bêtes dévorant les enfants qui n'obéissaient pas aux adultes. Je me souviens encore des jeux d'ombres sur leurs visages parcheminés, de leurs bras maigres battant l'air et de leur voix rocailleuses, écorchées par des années à boire, à crier et à fumer un mauvais tabac.

Tout le monde détestait l'hiver au village. Sauf moi.

L'hiver, c'était ma liberté. Je pouvais enfin sortir de la maison et échapper au regard haineux de Mère, qui pesait comme du plomb brûlant sur mon cœur d'enfant. Je pouvais courir dans la neige qui m'avait donné son nom, rire, dessiner sur le sol et construire de petits bonhommes auxquels je donnais des prénoms inventés. Bien sûr, les autres enfants passaient derrière moi pour les détruire, de peur qu'ils apportent le mauvais sort sur le village, mais cela ne me choquait pas, puisque c'était ainsi que j'avais grandi. Étant un monstre, je n'avais pas droit aux mêmes égards que les gens normaux.

À quoi s'était réduit mon enfance avant ce jour ? Au vide, à la solitude, à la peur et au froid. À rien.

Alors que je construisais de petites maisons dans la neige, la cheffe du village vint s'entretenir avec Mère. Leurs murmures agressifs crépitaient dans l'air du petit matin. Les regards qu'elles jetaient dans ma direction étaient durs, mais je ne m'en inquiétais pas outre-mesure, puisque je ne les avais jamais vu sourire.

À midi, on vint me dire que Mère m'appelait. Surpris, je la rejoignis devant la grande salle, où le village achevait son repas. On m'avait expliqué très tôt que je n'avais pas besoin de manger au milieu de la journée parce que j'étais moins utile à la communauté, qui était déjà très généreuse de me laisser survivre. Les choses avaient-elles changé ?

Mère m'attendait devant la porte. Elle portait dans une main un petit panier d'osier et dans l'autre une cape rouge.

— Neige, dit-elle d'une voix grâve, la cheffe est malade.

Je hochai la tête, attendant anxieusement la suite. Allait-on m'accuser, comme la dernière fois ? Au cas-où, je me préparai à fuir.

— Il lui faut un remède.

Elle me jeta la cape rouge et me tendit le panier.

— Mets la cape. Suis le chemin qui s'enfonce dans la forêt, vers la maison de la Sorcière. Échange-lui ces provisions contre le remède. Allez, ne traine pas !

Sous son regard insistant, j'enfilais la cape rouge et rabattit le capuchon sur ma tête. C'était si agréable de ne plus sentir la morsure du froid sur mes oreilles ! Je faillis la remercier, mais me retint de justesse, ne sachant comment elle le prendrait.

Alors que je ramassai le panier, je crus voir une étrange lueur passer dans son regard. J'étais trop petit pour comprendre qu'elle avait honte. Elle me tourna le dos et retourna dans la grande salle, me laissant seul avec mon panier d'osier.

Je regardai dedans. Il s'y trouvait une galette et un petit pot de beurre. Mon ventre émit un drôle de gargouillis. Un instant, je fus tenté de goûter la galette, qui sentait tellement bon... Juste un petit morceau, qui le verrait ? Mais il ne fallait pas, c'était trop risqué.

Attristé par ce cruel supplice, je traversai le village. Les gens que je croisai avaient dans le regard la même lueur que Mère. Ils détournaient les yeux en me voyant passer et je crois que le boulanger fut même vaguement tenté de me donner un morceau de pain.

Puis il y eut la forêt.

Je n'y étais jamais entré auparavant. Sa masse sombre grouillait de menaces indistinctes, illustrant dans chaque ombre les histoires terrifiantes que contaient les vieilles au coin du feu. Pourtant, il s'y trouvait quelque chose d'autre, quelque chose qui me fascinait. Un écho sauvage, indompté, et surtout indifférent. Les arbres ne se soucieraient pas de mon apparence, ils ne détourneraient pas leurs regards pour éviter le mien et ne chuchoteraient pas sur mon passage des protections contre le mauvais œil.

Je franchis le seuil.

Il ne me fallut pas longtemps pour perdre contact avec le monde des humains. Le bruit des conversations fut vite étouffé par la neige et les odeurs de feu, de nourriture, de boue et de déchet furent remplacées par des parfums de terre, de bois mouillé et d'animaux.

Au début, je courrai dans les congères, lançais mon panier pour le rattraper et chantais doucement des airs inventés. Le silence de la forêt était apaisant, tout comme la solitude qui l'accompagnait, et ce paysage blanc strié de noir m'émerveillait.

Mais au fur et à mesure que le temps s'étirait, mes jambes commençaient à se crisper, mes mains à geler sur l'anse d'osier et mon ventre à gargouiller douloureusement. J'étais frigorifié, mais n'osai pas m'arrêter pour me reposer, de peur de ne plus pouvoir repartir. Le soleil déclinait doucement, parant les bois d'ombre mouvante de plus en plus imposantes. Mère ne m'avait donné qu'une vague direction, je n'avais aucune idée du temps qu'il faudrait pour me rendre chez la Sorcière.

Le chaperon enfoncé sur ma tête, je marchai en regardant mes pieds, la gorge serrée d'angoisse, le cœur sursautnt à chaque craquement, chaque sifflement du vent. J'aurais voulu continuer à chanter, pour me donner du courage, mais ma voix restait bloqué au fond de ma gorge. Il me semblait voir des choses dans l'obscurité qui grandissait autour de moi, des silhouettes menaçante, des monstres prêts à me sauter dessus pour me dévorer, des...

Un bruit retentit sur ma droite. Je me figeai instantanément, comme un animal apeuré. Mon cœur battait si fort qu'il m'assourdissait presque.

Je tournai lentement la tête.

Une forme blanche était tapie derrière un arbre. Deux yeux me fixaient sans bouger.

Ma respiration s'accéléra encore. Une larme roula sur ma joue. J'aurais voulu crier pour appeler à l'aide, mais je savais que personne ne m'aiderait. J'allais mourir, la bête allait me manger tout cru...

Il fit un pas en avant, sortant de l'ombre.

Un loup. C'était un loup ! Un loup blanc !

En flash, tous les contes effrayant des vieilles de villages traversèrent ma mémoire – corps à moitié dévorés, des enfants retrouvés le cœur arraché, des crocs s'enfonçant dans la chair, des hurlements étouffés dans le sang...

Il fit encore un pas en avant tandis que je le fixais, incapable de bouger.

Une tache plus sombre attira mon regard au niveau de sa taille.

Une main ?

Ma frayeur recula légèrement, cédant quelques pouces à la curiosité. Je le regardai de nouveau. Ce n'était pas un loup ! C'était un petit garçon à la peau foncée, aux grands yeux noirs et aux pieds nus qui portait sur son dos la fourrure d'une bête blanche.

Il était à peine plus grand que moi. La tête de loup qui m'avait fait si peur était posé sur une abondante chevelure sombre qui tombait jusqu'à ses épaules en boucles désordonnées. Il avait des yeux immenses, presque noirs, et la façon dont il fronçait son nez épaté lui donnait un air sauvage, renforcé par la façon dont il avançait. Ses pas n'étaient pas tout à fait humains, en effet, ils ressemblaient plus à une danse, aussi fluide qu'un courant d'air, aussi indomptable que la forêt qui m'entourait.

Je laissai tomber mon panier, complètement fasciné.

L'instant d'après, il était debout devant moi, sa tête légèrement inclinée sur le côté, comme s'il écoutait.

— Qui es-tu ? demandai-je dans un souffle.

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