Neige maculée
Astre
J'ai compris moins vite que Neige ce qui nous arrivait. Pour ma défense, les loups n'ont pas l'habitude de se questionner sur eux-mêmes. Ils vivent, c'est tout. Ils se laissent porter par leur instinct. Si je rêvais chaque nuit que je le trouvais dans les bois, que je le plaquais au sol, que je le dominais, l'embrassai et le dévorai – pour ensuite me réveiller en sueur, sous l'œil amusé de la Meute – je n'avais pas réellement compris ce que cela signifiait dans la vie réelle, ce qui se passerait lorsque nous nous reverrons... Peut-être parce qu'en dehors des rêves, Neige était encore à mes yeux un petit garçon. Ou peut-être parce que je suis un peu lent, comme il me le dit parfois en me taquinant.
Nous avions entamé la migration plus tôt, cette année. Je crois que Mère-de-tous avait pitié de moi, de mes regards frustrés et mes humeurs mélancoliques.
Quoique... Peut-être y avait-il une autre raison. Je n'ai pas pensé à le lui demander, sur le moment.
Au fur et à mesure que nous approchions des terres de Solana, mon impatience s'intensifia au point de devenir insupportable. Sans demander la permission, je finis par abandonner la Meute pour courir devant, au mépris de toute prudence. Je voulais tellement revoir Neige ! Chaque année, m'arracher à lui devenait plus difficile et le retrouver se transformait en joie plus grande.
Le retrouver... La simple pensée me brûlait tout entier. Je le sentais tout proche et chaque seconde de plus était une torture.
Enfin, le ruisseau... La clairière, la maison...
— Neige ! criai-je en l'apercevant.
Il était devant la porte, vêtu de son éternel chaperon rouge. Il tourna la tête quelques secondes avant que je le lui saute dessus.
— Astre ! s'exclama-t-il en riant alors que nous roulions ensemble dans les congères.
— Neige ! Neige ! hurlai-je dans son esprit en le serrant contre moi.
Il s'en fallut de peu pour que j'incline ma tête en arrière et me mette à hurler à la lune.
— Astre ! Oh, Astre, tu m'as tant manqué ! répondit-il en attrapant mon visage.
Et il m'embrassa.
Ses lèvres contre les miennes étaient chaudes, tendres et sucrées. Son odeur était douce, comme une fleur sauvage, mais bien plus capiteuse que celle dont je me souvenais. Ses doigts froids tenaient ma mâchoire comme s'ils ne comptaient plus jamais la lâcher.
Mon cœur dérapa complètement.
Avant de comprendre ce qui m'arrivait, mes mains avaient agrippé sa taille et l'arrière de sa tête pour le plaquer contre moi et l'embrasser plus fort, plus profondément, plus passionnément. Sa langue vint caresser la mienne. J'émis un grognement sourd, lui arrachant un rire que j'avalais aussitôt.
— Neige, balbutiai-je dans sa langue. Neige...
Il cessa de m'embrasser pour reprendre son souffle, ses yeux rouges, si beaux, faisant crépiter ma peau.
— Neige... répétai-je comme si je le voyais pour la première fois.
Et, quelque part, c'était un peu le cas. J'étais stupéfait de constater comme son corps avait changé durant ces six mois de séparation. Le mien aussi, certainement, si j'en croyais ce regard trainant qui m'inspectait de haut en bas...
— Hum, hum, intervint une voix.
Nous nous tournâmes pour apercevoir Solana sur le pas de la porte, l'air faussement sévère. Je crois qu'elle se retenait de rire.
— Bonjour, Astre, lança-t-elle sans commenter notre position. Tu arrives tôt cette année. Où est la Meute ?
D'habitude, elle me saluait plutôt dans le langage des loups, mais elle n'avait probablement pas envie de trop révéler le fond de sa pensée.
— En arrière, répondis-je, vaguement honteux d'avouer que j'avais été trop impatient pour les attendre.
— Je dois discuter avec Mère-de-tous, reprit-elle avec un sourire en coin. Je vais partir à sa rencontre. Vous voulez bien garder la maison jusqu'à ce soir, tous les deux ?
Ah, la maligne ! Je ne me rends compte qu'à présent qu'elle se doutait de ce qui allait arriver. Quoique, franchement, comme aime tant me le répéter Neige, il n'y avait que moi qui ne l'avais pas vu venir.
Nous n'entrâmes pas dans la chaumière, pas tout de suite. Neige savait qu'il me fallait toujours un temps d'acclimatation pour quitter le monde sauvage et aucun de nous deux ne voulait mettre une gêne dans nos retrouvailles.
Solana s'en alla avec un dernier signe de la main, nous laissant à notre solitude. Je me rendis compte que j'étais toujours allongé sur Neige. Nos corps brûlaient si fort aux endroits où ils se touchaient que je ne sentais rien du froid environnant. Sa main était toujours posée sur sa joue. Son pouce caressa doucement ma pommette.
— Je n'avais jamais songé auparavant, souffla-t-il en rougissant légèrement, que tu étais tout le temps nu sous ta fourrure.
Il n'y avait que Neige pour jouer si bien entre le langage des loups et des humains. Il avait prononcé le mot nu dans mon esprit, le parant de reflets sulfureux que je me surpris à trouver absolument délicieux.
Je posai ma main sur la sienne et tournai la tête pour embrasser le creux de sa paume. Il fut parcourut d'un frémissement magnifique.
— Pourtant, murmurai-je contre sa peau, tu m'as déjà vu nu des dizaines de fois...
— C'est vrai, acquiesça-t-il avec un petit sourire en coin. Alors cela ne te gênera probablement pas de l'enlever de nouveau...
J'embrassai une nouvelle fois sa paume, puis me redressai à genoux, à califourchon sur sa taille. Il se mordit l'intérieur de la lèvre, les yeux luisant d'expectation. Mon cœur tenta péniblement de ne pas cesser de battre.
Mes doigts se fermèrent sur la fourrure blanche qui enveloppait mes épaules. Je défis les pattes nouées sur ma poitrine et la laissait glisser en savourant la caresse du mouvement sur ma peau.
Neige poussa un drôle de soupir en sentant le poids de la fourrure s'amonceler sur ses jambes. Nous restâmes un instant immobiles, moi complètement nu, lui, tout habillé, allongé en travers de son chaperon rouge. Je le surplombais, le dominait de toute ma hauteur, mais me trouvait complètement à sa merci.
Je me penchai vers son visage. Il sourit.
— Que tu as de belles lèvres... murmura-t-il d'un ton malicieux.
Ses mots éveillèrent en moi des fragments de songes luxurieux. Un grondement sourd naquit au fond de ma gorge, trahissant mon désir intenable.
— Neige... laissai-je échapper comme un ultime avertissement.
Je sentais à travers notre lien qu'il était d'accord pour ce que nous allions entreprendre, mais je voulais en être certain.
— Que tu as de grands crocs... susurra-t-il en passant sa langue sur ses lèvres, me prouvant qu'il savait exactement ce qu'il faisait.
Beaucoup de gens, au fils des années, on prit mon Neige pour une personne douce et innocente. S'ils savaient...
— C'est pour mieux te dévorer, grondai-je en déchirant sa chemise alors qu'il explosait de rire.
Comme sa peau était blanche ! Le contraste entre son teint immaculé et le sang de son chaperon, étendue sous lui comme la corolle d'une fleur, me fit un peu plus perdre la tête. Ses mamelons durs, rosis par le désir, ressortaient comme deux friandises sur son torse pâle.
— Je veux te dévorer, soufflai-je en me penchant pour croquer ces deux boutons offerts. Neige, Neige...
Je mordais, suçais et titillait son téton droit tandis que mes doigts caressaient l'autre, savourant avec délice les soubresauts de son corps piégé sous le mien.
Son sexe dur, encore prisonnier de son pantalon, pressa contre ma cuisse.
Je perdis définitivement la raison.
Je me mis à l'embrasser partout, sur ses lèvres, dans son cou, sur ses épaules, sur sa poitrine et sur son ventre, mes mains s'insinuant frénétiquement dans le creux de ses reins, puis sous ce pantalon impie qui osait me séparer de lui. Il gémissait, haletait et prononçait mon nom tandis que je m'acharnais de manière brouillonne, désordonné, jusqu'à ce qu'il soit nu, complètement nu sous moi, si beau, si fragile, à ma merci !
Mon sexe dur se frotta contre le sien. Une vague de frissons me traversa violemment. Je l'embrassai désespérément en me serrant contre lui, mon bassin allant et venant contre le sien. Ses mains se crispèrent dans mes cheveux. Il prononça mon nom plusieurs fois au milieu du baiser, approchant inéluctablement l'instant où...
Oh, Neige, Neige !
Il m'écarta brusquement.
Ses lèvres roses étaient humides, gonflées par nos baisers, sa peau marquée par les endroits où je l'avais mordu, son sexe tendu luisant au bout.
Il était si désirable que je faillis m'abandonner au plaisir dans l'instant.
— Neige... grondai-je, suppliant.
— Plus... marmonna-t-il en faisant un geste vers moi.
Un liquide mielleux recouvra mon membre alors qu'il se laissait retombait en arrière.
— Je suis à toi, souffla-t-il en ouvrant légèrement les jambes.
— Tu es à moi ! criai-je en me jetant de nouveau sur lui, comprenant enfin ce qu'il voulait.
Et il avait raison, il était à moi, à moi seul, et je voulais le posséder, lui, tout entier, pour toujours. Je mordis profondément le creux de son épaule en insinuant mes genoux entre ses jambes. Il cria en serrant mes bras, mais pas de douleur, non...
Mes mains se refermèrent sur ses fesses rondes, tendres, que mes doigts malaxèrent sans pitié. Mon désir allait exploser, il me le fallait là, maintenant, Neige, Neige, mon Neige, si beau et vulnérable, complètement offert...
J'écartai ses cuisses. Dans le brouillard de plaisir qui parasitait mes pensées me vint la certitude que je ne voulais pas lui faire mal. Comment...
Il marmonna quelque chose. Un liquide semblable à celui qui avait recouvert mon membre coula hors de son intimité. Oh. Neige...
J'insinuai un doigt dans sa chair pour être sûr, pour l'écarter, le préparer, et faire durer encore ces quelques secondes de plaisir pur...
Un doigt, deux doigts, à l'intérieur de toi, Neige ! Tu gémis à ce moment-là, Neige, tu prononças mon nom et je n'en puis plus, j'enlevai mes doigts, j'agrippai tes hanches et je m'enfonçai en toi, dans ta chair tendre, chaude, offerte, vulnérable, je te pénétrai pour te posséder et m'abandonner en même temps, je t'embrassai comme un fou en exécutant des vas-et-viens rapides, brutaux, qui nous plaquaient l'un contre l'autre en nous enfonçant dans le sol mou, arrachant à nos gorges des grognements, des cris, des prénoms rauques qui résonnaient en même temps dans nos esprits, comme un écho du désir qui me poussait à m'enfoncer en toi encore, encore, encore...
Mais très vite, trop vite, le ravissement se fut trop fort et le plaisir vint, comme une immense vague blanche. Quelle autre couleur aurait-il pu avoir, Neige ? Je m'effondrai sur toi en hurlant comme le loup que je suis, en te serrant dans mes bras et en rêvant de te serrer pour toujours. Tu crias aussi et je vis dans ton esprit que la vague blanche t'avais atteinte à son tour, renversant les dernières barrières que tu lui opposais.
Nous restâmes longtemps là, haletant, enlacés, allongés sur le rouge du chaperon, dans la neige que nous avions maculée avec tant de plaisir.
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