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Les Écuries

Astre

Comment avais-je pu lui dire ça ? Les mots tournaient et retournaient dans ma tête sans faire plus de sens. Le souvenir de son visage blême, choqué, comme si je l'avais frappé. Le goût amer de la culpabilité débordant de ses pensées...

Je savais qu'il se sentait coupable de tout ce qui nous était arrivé. Comment avais-je pu le lui reprocher ? Comment avais-je pu lui faire si mal, moi qui étais censé le protéger ? Y avait-il un moyen de réparer mon erreur ? Devant l'irrévocabilité des paroles prononcées, je me sentais complètement démuni.

Je resserrai ma prise sur ses jambes, croisées autour de ma taille, en me concentrant pour ne pas tomber dans la ruelle que nous enjambions. Il ne pesait pas grand-chose sur mon dos. S'il n'y avait pas la pression de son menton sur mon épaule et le souffle de sa respiration dans mon cou, je me serai retourné en permanence pour vérifier qu'il était bien là.

Riza et Calendre menaient la marche jusqu'au palais. Je crois qu'ils faisaient la course, mais je n'étais pas d'humeur à participer.

Arrête de ruminer, mon loup, souffla Neige dans mes pensées.

Je lui répondis par un pathétique gémissement de chien battu.

Astre, arrête. Je vais bien.

Ce n'est pas vrai. Tu t'en veux. Et je t'ai blessé.

Il laissa passer un silence avant de soupirer.

Oui, admit-il. Mais je m'en remettrai. Et je sais que tu ne l'as pas voulu.

Jamais !

Eh bien voilà. Nous faisons tous des erreurs, mon loup. Je ne t'ai jamais demandé d'être parfait...

Je cessai de lui parler pour négocier un toit un peu plus compliqué et sautai au-dessus d'une ruelle striée de corde à linge.

Astre ? insista-t-il, sentant que je ne lui disais pas tout.

Je n'arrive pas à accepter l'idée que j'ai pu perdre le contrôle de moi-même au point de te blesser, avouai-je enfin. Je pensais que c'était impossible. J'ai l'impression de m'être trahi moi-même.

Oh, réalisa-t-il. Eh bien... Tu es peut-être capable de me blesser, mais je suis certain que tu es aussi capable de faire tout autre chose... La prochaine fois que nous aurons un peu d'intimité, je te le prouverai.

Quelques images passèrent dans mon esprit. Je souris malgré moi devant cette très évidente tentative pour dévier mon attention et l'idée que j'avais eu un peu plus tôt rejailli au-devant de mes pensées.

Qu'y a-t-il ? s'étonna Neige, sentant que mon humeur avait brusquement changé.

Je me faisais simplement la remarque que tu étais puissant et très autoritaire quand tu le voulais. La prochaine fois que nous avons l'opportunité de nous amuser, nous pourrions peut-être... Inverser nos rôles.

Il faillit s'étouffer dans mon cou.

— Astre !

Mon sourire s'agrandit en sentant quelque chose appuyer légèrement dans le creux de mon dos. Ses mains me serraient un peu plus fort.

— Je prends ça pour un oui, lançai-je joyeusement.

— Espèce de... ! Tu vas voir, je te dévorerai tout cru !

Je ris en traversant les derniers toits.

Le soleil, déjà haut dans le ciel, recouvrait la citée d'un voile dorée. Les murs blancs du palais réfléchissait sa lumière de manière aveuglante. Il faisait chaud, plus que je ne l'avais jamais expérimenté, et Neige avait rentré ses mains dans ses manches pour ne pas sentir la morsure de l'astre diurne sur sa peau.

Nous évitâmes les gardes et retrouvâmes sans difficulté l'endroit ou mon sorcier avait créé un passage, la dernière fois.

— Je ne voudrais pas te vexer, lui lança Riza alors qu'il descendait de mon dos, mais tu comptes vraiment porter du rouge lors d'une mission d'infiltration ?

Neige baissa les yeux sur son chaperon, l'air embêté, puis souris. Il ferma les paupières et frotta lentement le tissu entre ses doigts. La lumière sembla frémir autour de lui, comme une vague éthérée, avant de s'apaiser.

Son chaperon était désormais si noir qu'on l'aurait cru découpé dans la nuit. Cela lui donnait un certain panache, même si je le préférai évidemment en rouge.

— Parfait ! approuva la chatte balafrée. Allons-y.

— Pourquoi c'est elle qui donne les ordres ? grommela Calendre en la regardant se faufiler dans le passage.

Nous levâmes les yeux au ciel en même temps. Il nous ignora superbement en passant à son tour sous la muraille.

Je déposai un baiser sur la joue de Neige et m'allongeait pour m'y glisser aussi, conscient qu'il me suivait de près.

Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvâmes pour la deuxième fois en trop peu de temps dans les détestables jardins du palais. Les arbres étaient toujours aussi bien taillés, l'herbe aussi régulièrement coupée et les fleurs parfaitement alignées que la dernière fois. Pouah.

Neige inspecta les alentours. Je l'imitai. J'étais si nerveux lors de notre première venue que je n'avais pas prêté grande attention à ce qui m'entourait.

Face à nous, au bout d'une longue allée, une douzaine de grands bâtiments blancs s'élevaient en arc-de-cercle, rivalisant de colonnes, de sculptures, de dorures et d'autres décorations de mauvais goût. Les fenêtres étaient immenses, mais presque entièrement obstruées par de lourds rideaux de velours noirs – ce qui était tout de même bien stupide. La plupart montaient sur trois ou quatre étages, décorés en balcons ou de verrières. Le château, évidemment, les dépassaient tous. Sa tour en flèche, au sommet d'un toit déjà pointu, ressemblaient au fer d'une lance aiguisée. Je fus amusée de constater que le nombre de gardes qui patrouillait sur son seuil avaient doublé depuis la dernière fois. Ils se demandaient probablement encore comment nous étions entrés.

Je tournais la tête à droite et à gauche, inspectant les jardins. Les murs s'élargissaient sur les côtés, trahissant l'existence d'un terrain encore plus grand à l'arrière des manoirs. Le château de Carol et Antoine auraient probablement pu entrer trois ou quatre fois à l'intérieur de cette enceinte.

— Où va-t-on, maintenant ? murmura Neige.

— Je vous ai dit que je n'y connaissais rien ! rétorqua Riza. Figurez-vous que Jédima ne m'a jamais donné la carte du palais. Dingue, non ?

— L'aile des domestiques doit se trouver derrière, intervint Calendre. Je n'arrive pas à croire que vous vous soyez lancé dans cette histoire sans même vous poser cette question. Heureusement qu'il reste une personne civilisé dans ce groupe. Enfin, suivez-moi...

— Il est toujours comme ça ? se plaignit Riza.

— Toujours, répondit Neige, amusé, en s'accroupissant pour avancer derrière lui.

Je hochai la tête en direction de la chatte pour lui signifier qu'elle n'était pas seule à trouver le matou roux horripilant.

Si je trouve un moyen de le zigouiller discrètement, souffla-t-elle directement dans mon esprit, tu me couvres ?

Marché conclu.

— Qu'est-ce que vous avez à ricaner, vous deux ? lança Neige par-dessus son épaule d'un ton suspicieux.

Je le rejoignis à petits pas en tentant vainement de ne pas arborer l'air coupable d'un enfant pris en faute.

Contourner l'arc des bâtiments s'avéra plus difficile que prévu. Les buissons étaient bas, les arbres trop près des murailles pour qu'on se faufile derrière et les chemins s'obstinaient à ne pas aller droit. Heureusement, les jardins étaient complètement déserts, si on ignorait les gardes qui patrouillaient aux portes des bâtiments. Pas un seul bruit de pas ou de conversations ne résonnait dans l'air, pas même les rumeurs de la citée. Seul quelques oiseaux timides pépiaient ici et là, soulignant l'inquiétant silence qui pesait sur les lieux.

— Pourquoi n'y a-t-il personne ? murmura Neige alors que nous nous aplatissions derrière un kiosque couvert de lierre.

— Ce que j'en sais, moi... répliqua Riza. Les aristos n'aiment peut-être pas se lever avant midi.

Calendre fit une moue peu convaincue, mais ne releva pas. Nous longeâmes une haie en fleurs, dépassâmes une fontaine et arrivâmes près d'un petit bosquet.

— Là ! triompha Calendre en tendant une patte. Les écuries !

Je tournais mon regard dans la direction qu'il indiquait. Une sorte de grand hangar longeait la muraille, à moitié dissimulé par le bosquet. Il possédait une dizaine de larges portes métalliques toutes fermées. Un chemin pavé s'en extirpait. Je m'étais attendu à sentir l'odeur de chevaux, du crottin et de la paille, mais l'air empuait le charbon, l'huile et le métal chaud.

Des écuries mécaniques, compris-je en m'approchant. Comme à Terdhome. Tant mieux, au fond, je préférai largement que les humains réduisent les machines en servitude que les animaux.

Nous nous infiltrâmes dans le bosquet, dont les herbes folles, la mousse et les champignons avaient tristement été amputés.

Le silence commençait à m'étouffer. Qu'est-ce qui n'allait pas ici ? Tout le monde était-il mort ? Les jumeaux étaient-ils réellement dans cet endroit malsain ? Et si nous ne trouvions rien ?

Neige s'arrêta brusquement devant moi, me forçant à l'imiter.

— Regarde ! s'exclama-t-il à voix basse en désignant le sol.

Les pavés étaient gravés d'étranges symboles. En regardant bien, j'en distinguai de semblables entre les racines du bosquet. Un cercle magique semblait entourer le hangar.

— Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? grommela Riza en jetant un regard noir aux dessins ésotériques.

Nos regards convergèrent sur Neige. Accroupi, les yeux plissés par la concentration, mon sorcier réfléchissait.

Soudain, il sourit, se releva et avança de trois pas.

— Neige ! glapis-je en le rejoignant de l'autre côté des symboles.

Je n'avais pas posé le pied dessus qu'un énorme capharnaüm me heurtait les oreilles, mélange de cris, d'appel, de tôles froissées, de métal frappé et de sifflement de vapeur.

— Ce ne sont que des protections contre le son, expliqua Neige d'un air amusé. Ceux qui vivent au château ne doivent pas apprécier le bruit des écuries. Il y a les mêmes à l'intérieur de la muraille. Tu n'as pas remarqué qu'on n'entendait plus la ville après les avoir franchis ?

Je hochai la tête, crispé, et m'approchai du bâtiment en tendant les oreilles au maximum, des fois que la voix des jumeaux se fasse entendre au milieu du vacarme ambiant. Dans quel état allai-je les retrouver ? M'en voudraient-ils de les avoir abandonnés ? Et si quelqu'un leur avait fait du mal ?

J'essayai de ne pas imaginer les bouilles piquetées de taches de rousseur en train de pleurer ou d'appeler à l'aide.

Par pitié...

La main de Neige se posa sur mon épaule. Solide. Rassurante. Je respirai un grand coup. Ce n'était pas le moment de se dégonfler.

Les grandes portes devaient être réservées aux véhicules. Une autre se trouvait sur le côté, plus petite. J'échangeai un regard avec Neige, hochai la tête et m'en approchai lentement.

Ma main se posa sur la poignée. Je l'enclenchai d'un coup sec et poussait le battant, libérant instantanément une énorme bouffée de chaleur.

À l'intérieur régnait un véritable chaos. Des gens allaient et venaient en courant entre des automobiles dorées deux fois plus grandes que moi, transportant des sceaux de charbon, des outils, des tuyaux, des paquets ou des bidons. La plupart ne devaient pas avoir plus de treize ans. Leurs cheveux, coupés très courts, laissaient apercevoir des visages exténués, marqué par le manque de sommeil et de nourriture. Des cercles métalliques entouraient leurs poignets et des marques roses ou violacés tapissaient parfois leurs bras.

L'air était moite, désagréable, saturée par des odeurs de métal, de charbon, d'huile et de sueur.

Alors que j'avançais d'un pas, quelqu'un poussa un levier sur la droite et un immense jet de vapeur trancha l'air au niveau du plafond. Des aiguilles se mirent à danser sur les cadrans qui parsemaient le mur. Les nerfs tendus au maximum, je tournais frénétiquement les yeux autour de moi, passant d'un humain à l'autre, cherchant désespérément deux visages familiers. Allez... Allez...

— Tu les vois ? souffla Neige, m'arrachant un sursaut.

Je ne répondis rien, me contentant de continuer à chercher. Ils étaient forcément là... Forcément...

— Eh, vous ! Qu'êtes-ce que vous fichez ici ?! Qui êtes-vous ?!

Une femme aux larges épaules marchait dans notre direction, le regard sombre et l'air décidé. Sa tête rasée était couverte d'un large tatouage en forme de croix rouge. L'une de ses mains se posa sur sa ceinture, où pendait une matraque et un mousquet. J'avais déjà croisé ce type d'arme à Terdhome, j'en connaissais les dangers.

Je me décalai pour me placer devant Neige, décidé à trucider tous ceux qui voudraient ne serait-ce que suggérer une action violente à son égard. Je n'étais vraiment pas d'humeur.

La femme brandit sa matraque.

— Intrus ! rugit-elle, faisant se tourner tous les regards vers nous. Intrus !

— Mais quand est-ce que vous allez apprendre à élaborer des plans avant d'agir ? gémit Calendre en faisant le dos rond.

Deux autres gardes firent leur apparition, à droite et à gauche, deux hommes à l'air tout aussi peu aimable que leur collègue. Chacun tenait en laisse un gros chien à l'air féroce, dont la bave coulait goutte à goutte entre leurs crocs sortis.

La femme fit encore un pas dans notre direction. Neige tendit la main par-dessus mon épaule. Je sentis sa magie pétiller dans son esprit, quelques secondes avant que la matraque n'échappe à sa propriétaire, saute jusqu'au plafond et retombe directement sur sa tête.

Elle tituba, sonnée. Je ne lui laissai pas le temps de se reprendre : avant qu'elle ait pu esquisser le moindre geste, je lui sautais dessus, la renversai et l'assommai définitivement en frappant son crâne contre le sol.

J'entendis un feulement ponctué d'une suite de gémissements canins dans mon dos, mais n'y prêtai pas attention. Neige tendit le bras vers l'un des deux gardes restant et le projeta violemment vers moi. Je l'accueillis d'un coup de poing dans la mâchoire qui l'envoya valser sur quelques mètres avant de heurter un mur et retomber inanimé.

— Tu m'envoies l'autre ? lançai-je à Neige en me retournant.

Il leva les yeux au ciel et se tourna vers le dernier, qui courrait vers la sortie. Le pauvre glapit lorsque ses pieds quittèrent le sol et se mit à crier une suite de menaces et d'obscénités. J'avalais en trois bonds la distance qui nous séparait et l'assommait proprement.

Son corps mou retomba comme une masse.

— Merci, lançai-je en me tournant vers Neige, que je trouvais légèrement essoufflé.

— Toujours un plaisir, mon loup, me répondit-il avec un sourire en coin.

Me souvenant brusquement de la présence de deux chiens, je tournais la tête pour les localiser.

Calendre et Riza discutaient à voix basse, perchées sur leurs deux carcasses inanimées. Entre un ancien roi de Terdhome et un solitaire de Solaris, les pauvres bêtes n'avaient visiblement aucune chance.

Un silence profond s'était installé dans le hangar. Les enfants nous dévisageaient, les yeux ronds, certains fascinés, d'autres terrifiés. Même les machines n'osaient plus siffler.

Comme personne ne semblait vouloir parler, j'avançai et me raclais la gorge.

— Savez-vous où...

— AAAAAAAAAAASTRE ! hurla une voix.

Le temps que je me tourne dans sa direction, je me trouvai percuté par un bolide roux au visage éclaboussé de taches de rousseur. Une demie seconde plus tard, un autre, identique, suivait la même trajectoire.

Je me laissai tomber sur le dos en riant et en les serrant contre moi.

— Ned ! Tom !

— Astre ! Tu en as mis du temps ! se plaignit Ned.

— Je t'avais dit qu'il viendrait ! triompha Tom.

— Moi aussi je le savais !

— N'importe quoi ! Tu disais qu'il s'était fait mangé par les autres loups !

— Même pas vrai !

— Si !

— Non !

Je les repoussai en riant pour me mettre à genoux devant eux. J'étais si heureux de les retrouver que je ne pouvais m'empêcher de sourire à pleines dents et les bords de ma vision se brouillaient légèrement. Ned ne protesta pas quand je l'embrassai sur le front et Tom, accroché à mon bras, semblait décidé à ne plus jamais me lâcher. Mon cœur était gonflé d'un soulagement si grand qu'il me faisait presque mal.

Ils souriaient eux aussi, mais leurs yeux étaient humides et des bleus énormes décoraient leurs bras. Ned boitait, la joue de Tom était profondément griffée et leurs cheveux avaient été coupés si courts qu'on devinait à peine leur couleur.

Malgré ma joie, je me sentais d'humeur à commettre un meurtre. Ou plus.

Puis Tom attrapa brusquement l'épaule de son frère et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Ils me lâchèrent et leurs regards se tournèrent de manière parfaitement synchronisée en direction de Neige, qui regardait la scène d'un air attendri.

L'espace d'une seconde, je considérai l'idée de le prévenir, puis renonçait, beaucoup trop amusé.

— Le sorciiiiiiieeeeeeeeer ! rugirent les jumeaux en m'abandonnant instantanément pour lui sauter dessus.

Neige lâcha un petit cri surpris lorsque les deux enfants percutèrent ses jambes pour l'enlacer – ou le secouer, je n'en étais pas certain.

— C'est toi l'amoureux d'Astre ?

— Tu es venu nous sauver aussi ?

— Tu peux faire pleuvoir du jus de pomme ?

— Tu peux toucher ton coude avec ta langue ?

— Heu... bafouilla mon pauvre Neige, déstabilisé. Eh bien... Je n'ai jamais considéré la question...

— Pourquoi tu nous considères ?

— Mais non, patate, la question !

— Mais il a pas répondu !

Neige déglutit lorsque deux regards accusateurs se braquèrent sur lui.

— Alors ? insista Tom. Tu peux faire pleuvoir du jus de pomme ?

— Peut-être ? bafouilla-t-il.

C'est à cet instant-là que je me rendis compte que Neige était absolument terrible avec les enfants. Après tout, si j'avais passé ma petite enfance avec des louveteaux, lui avait toujours été isolé. À part moi, il n'avait probablement jamais parlé à un gamin. Sa confusion était adorable.

Je me promis de réfléchir au meilleur moyen d'exploiter cette situation – mais plus tard. Ce n'était ni l'endroit, ni le moment de jouer.

Je sautai sur mes pieds pour observer le reste des enfants, dont les regards oscillait entre la peur, l'envie et l'espoir.

— Qu'allez-vous faire de nous ? demanda une jeune adolescente en avançant d'un pas.

Ses grands yeux bleus se détachaient de façon fascinante sur sa peau sombre. Elle tremblait légèrement, quoique visiblement décidé à faire preuve de courage. J'en fus surpris : avais-je l'air si effrayant ?

Tu viens de te débarrasser des trois gardes devant leurs yeux, me rappela silencieusement Neige en tentant d'empêcher Ned de lui retirer son chaperon.

Ah, oui. Effectivement.

— Je m'appelle Astre, répondis-je du ton le plus rassurant que je pus convoquer. Et voici Neige. Nous sommes venus sauver nos amis. Nous pouvons vous aider aussi, si vous le désirez.

— Elle s'appelle Khany ! intervint Tom à l'instant où elle allait ouvrir la bouche.

— Elle est gentille ! souligna Ned en s'approchant.

J'essayai de ne pas rire en voyant Neige récupérer d'un air soulagé les bouts de son chaperon.

— Laissez-moi parler ! grommela-t-elle, toute peur envolée.

Ils piquèrent du nez, honteux. C'était bien la première fois que je les voyais accepter les réprimandes de qui que ce soit.

— Je veux partir d'ici, lança-t-elle dans ma direction.

— Bien sûr, approuvai-je, un peu perplexe, qui voudrait rester là ?!

Il y eut un blanc, puis une petite voix dans la foule répondit :

— Moi...

— Et moi aussi... renchérit son voisin. Ne nous jetez pas dehors...

— Moi, je veux revoir ma maman, insista quelqu'un d'autre.

— Moi je veux partir et devenir pirate !

— Moi je préfère ici...

J'en fus si stupéfait que je laissai passer quelques secondes, bouche bée.

— Mais... Nous n'allons pas vous laisser pourrir dans cette prison ! Vous devez être libre !

Un enfant se mit à pleurer. Je me sentis affreusement mal.

— Astre, intervint Riza, à mes pieds, les enfants ne seront pas forcément plus heureux dehors. Ici, ils sont nourris, logés, et à l'abri des coupes-gorges. Que feront-ils dans la rue ? Mendier ?

— Mais... protestai-je, incapable de concevoir qu'on puisse préférer sa sécurité à sa liberté.

La main de Neige se posa sur mon épaule.

— La véritable liberté, mon loup, c'est de leur laisser le choix.

Je me mordis la lèvre en promenant mon regard sur les esclaves. Tous le monde attendait visiblement que je parle. Je ne savais pas à quel moment on m'avait désigné maître de la situation, mais j'avais la distincte impression de ne pas être à la hauteur. Je n'aimai pas les grosses responsabilités – à part protéger Neige – et je détestai me casser la tête sur des situations compliquées. Quelle catastrophe allais-je provoquer ?

— Le problème, commençai-je prudemment, c'est que si nous les laissons là, ils ne pourront plus jamais partir...

Je plissai les yeux. Une idée venait de naitre dans mon esprit.

Neige, pourrais-tu leur façonner un passage à travers la muraille ? Un tunnel qu'ils seraient les seuls à pouvoir utiliser ?

Mon sorcier réfléchit une seconde avant de hocher la tête.

Je souris de tous mes crocs.

— Voilà ce qu'on va faire... lançai-je en m'accroupissant.

Les enfants se rassemblèrent autour de moi pour boire mes paroles.

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