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La violence du givre

Astre

Après cela, nous nous mîmes en devoir de découvrir tout ce que nos corps avaient à nous offrir. Nous nous étreignîmes un peu partout, dans notre chambre, sur les rives de la rivière gelée, sous l'ombre des arbres, en haut des grands rochers...

Je n'en finissais plus de désirer Neige, sa peau blanche, ses lèvres avides, son corps tendre, chaud, fragile et robuste à la fois. Je n'en finissais plus de le découvrir, encore et encore, comme la plus grande merveille du monde.

Nous nous aperçûmes très vite que les situations qui nous excitaient le plus impliquaient que je lui cours après et que je l'enferme dans mes griffes, comme s'il était une délicieuse proie. Il aimait lorsque je laissais sortir ma part plus animale lors de nos ébats et je m'en donnais à cœur joie, adorant le combler au-delà de toute mesure.

Neige disaient que nous « faisions l'amour », même si je ne comprenais pas très bien ce qu'il entendait par là. Il avait plusieurs fois tenté de traduire le terme en langage des loups, mais tout ce qu'il trouvait pour l'exprimer était une image de nous deux. Pour moi, nous exaltions simplement les désirs de notre chair. J'étais à lui, il était à moi, nous prenions énormément de plaisir ainsi et il n'y avait pas besoin de chercher plus loin.

Neige réfléchissait toujours beaucoup. J'aimai ce trait de sa personnalité bien sûr, comme tous les autres, mais cela nous éloignait parfois. Alors que je vivais dans un monde physique, un éternel présent qui m'emportait et m'exaltait dans sa course, Neige évoluait dans l'univers des rêves et des idées. Il pouvait rester assis des heures sur le perron, par exemple, à méditer sur un sujet qu'il avait lu dans un livre et qui m'échappait complètement. Solana m'avait strictement interdit de le déranger dans ces moments-là, alors je me contentai de m'allonger contre lui, la tête sur ses genoux, tandis qu'il me caressait distraitement les cheveux. Il avait plusieurs fois tenté de m'expliquer ce qu'était la physique, la philosophie, les mathématiques ou la magie, mais je dois avouer que je n'écoutais pas vraiment. Il lui arrivait aussi de me raconter des histoires, le soir, des récits d'humains héroïques terrassant des bêtes ou défaisant des malédictions. Ces choses étaient trop lointaines et intangibles pour retenir mon attention, mais je ne l'interrompais pas, car j'aimais écouter sa voix.

Une fois, il avait essayé de m'expliquer ce qu'était la poésie. Cela semblait important pour lui, mais impossible pour moi d'en saisir le principe. L'harmonie des sons et des rythmes, je pouvais comprendre, c'était comme chanter à la lune. Mais des mots « exprimant plus que ce qu'ils disent vraiment », des « suggestions plus fortes que de véritables paroles »... Pourquoi s'embarrasser de toutes ces ambiguïtés ? Le langage des loups est tellement plus simple. Je lui ai demandé si la poésie était la même chose que « faire l'amour », puisque les deux me paraissait assez obscurs, et ça l'a fait réfléchir tout l'après-midi. Un point pour moi.

J'étais aussi différent, évidemment, et possédais moi aussi quelques traits qui lui échappait. J'aimais courir, chasser, escalader les arbres et les rochers, sentir les muscles jouer sur ma peau et épuiser mon corps jusqu'au repos. Lui ne voyait pas l'intérêt d'accélérer le pas si sa vie n'était pas en danger. Heureusement, il y avait tout de même une activité physique sur laquelle nous nous entendions...

Bref, l'hiver de nos quinze ans, nous perdîmes tous les deux notre virginité.

Hélas, il nous restait encore à perdre notre innocence.

~

Cette après-midi était semblable à toutes celles qui l'avaient suivit. Le ciel était blanc dehors, comme le sol et les branches des arbres. Quelques oiseaux flirtaient avec les nuages. Une odeur de biscuits chaud flottaient dans l'air. Rien n'indiquait que pour Neige et moi, cette journée marquerait la fin de tout un monde.

Nous étions dans le salon, confortablement installés au milieu des coussins. Je ne portai pas ma fourrure, mais l'affreux pagne en tissu que Solana me demandait de porter chez elle depuis quelques hivers. Je n'ai jamais compris le problème des humains avec la nudité.

Un saladier sur les genoux, je dévorais tranquillement les gâteaux avec lesquels Solana avait acheté ma tranquillité pour l'après-midi. Mon regard trainait distraitement sur Neige et la sorcière, assis face à face au pied de la cheminée. Ils parlais de magie.

Comme d'habitude dans ces moments-là, Neige portait sur les traits le signe d'une intense concentration – qui ne le rendait que plus attirant, évidemment. Solana, par contre, semblait distraite, ce qui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps. Neige et moi l'avons plusieurs fois surprise en train de renouveler des sorts d'alerte et de protection autour de la clairière et elle venait tous les soirs vérifier que nous étions bien dans notre lit avant de verrouiller toutes les portes et d'aller se coucher. Il lui arrivait de partir quelques heures sans vouloir s'expliquer en nous ordonnant de ne jamais quitter la clairière sans la Meute. De ces périples mystérieux, elle revenait toujours pâle, fatiguée, avec sur ses vêtements l'odeur de la peur, de la fumée, et parfois du sang. Son attitude nous inquiétait énormément, mais elle refusait de répondre à nos questions, prétendant simplement qu'elle avait « à faire » et que ses précautions étaient tout à fait normales.

Nous aurions peut-être dû insister.

Sa dernière escapade remontait à la veille. Elle était revenue très tard, exténué, et avait annoncé à Neige, dès le matin suivant, qu'elle allait lui apprendre à se défendre.

Ce qui m'avait profondément vexé, pour être honnête. Neige n'avait pas besoin d'apprendre ce genre de chose, il m'avait moi. C'était mon travail. Solana m'avait pris dans ses bras pour m'expliquer ce que je ne comprends que trop bien aujourd'hui : nul ne sait de quoi la vie sera faite et on ne peut toujours compter sur les autres. Je pourrais même, un jour, avoir moi aussi besoin qu'un m'aide... Cette suggestion avait profondément blessé ma fierté. En désespoir de cause, elle avait sorti son arme fatale, l'argument qui mettait fin à toute négociation.

Était-ce ma faute si ses biscuits étaient si bons ?

Alors que j'entamai la deuxième moitié du saladier, Neige se leva et s'arrêta au milieu de la pièce. Je m'arrêtai momentanément de manger, curieux de voir ce qu'il allait faire.

— D'abord, mon chéri, ordonna doucement Solana en se plaçant devant lui, tu dois te concentrer sur toi-même. Cherche au plus profond de toi ce qu'il y a de fort, d'agressif et de sauvage. Nous avons tous une part animale à la source de notre âme. Cherche, Neige, cherche bien...

Je dois avouer avoir retenu un ricanement. Neige, agressif et dangereux ? Allons donc ! Il était vulnérable et fragile, et c'était bien pour ça que je devais le protéger.

Le tendre objet de mes pensées ferma les yeux. Son visage se détendit, comme s'il dormait. Ses mains pendaient le long de son corps en se balançant presque imperceptiblement, comme agitées par un courant d'eau invisible.

Je frissonnai. Le feu avait perdu en intensité et je commençai à regretter ma fourrure.

La tête de Neige se pencha légèrement sur le côté. Il semblait écouter quelque chose que je n'entendais pas. Ses lèvres s'entrouvrirent.

Le feu mourut, soufflé comme une bougie.

Solana sursauta. Un air apeuré passa sur ses traits.

— NON ! hurla-t-elle en tendant une main vers lui. Neige, réveille-toi !

Paniqué, je me levai à mon tour. La température chuta encore, changeant ma respiration en nuage pâle. Autour des pieds de Neige, une étoile blanche grignota le parquet. Du givre.

— Neige ! appelai-je, inquiet, en m'approchant. Neige !

Je n'avais pas fait deux pas que le givre commença à s'agiter, comme pris de vie. Il lança ses langues blanches à travers la pièce, franchissant en quelques secondes la distance qui le séparait des murs, où il grimpa en s'insinuant dans les fissures.

La peau de Neige s'était faite encore plus pâle, ce que je n'aurais pas cru possible, et ses cheveux flottaient légèrement autour de son visage.

— Neige ! criai-je en m'approchant encore, pris de panique.

Solana tendis la main pour secouer l'épaule de son protégée, mais à l'instant où ses doigts entrèrent en contact avec sa peau, elle poussa un cri de douleur et s'effondra.

— Solana ! hurlai-je, terrifié par son corps inerte. SOLANA !

Il faisait si froid... Mes pieds engourdis ne sentait plus rien. En baissant les yeux, je m'aperçus que mes jambes étaient couvertes d'un givre qui progressait en me mordant douloureusement la chair.

— Neige ! suppliais-je en me plantant devant lui, ma figure à quelque centimètre de la sienne. Neige ! Réponds !

Je n'osai le toucher, car c'était de lui que venait le froid. Mes lèvres gercées laissèrent échapper une goute de sang qui gela aussitôt, comme la larme qui voulut rouler sur ma joue. Des paillettes blanches s'étaient prises dans mes paupières. Le givre grimpait toujours le long de mes jambes. Je ne pouvais m'empêcher de trembler.

— NEIGE !

Je projetai mon esprit vers lui, tentant d'atteindre ses pensées. Son âme n'était jamais fermée pour moi.

Ce que je vis à l'intérieur glaça tout ce qu'il me restait de chaleur.

Une étendue immense, blanche, vide, balayée par des vent sans pitié. Tout était froid, mort. Rien n'existait ici, pas même le désespoir.

Je faillis me laisser happer par ce vide, ce néant abominable où plus rien n'avais de sens. Mais une autre couleur fit irruption dans mes pensées. Dans tout ce blanc me prit le désir désespéré de voir une tache rouge.

Neige... appelai-je dans le langage des loups.

Soudain, je sentis l'approche de quelqu'un. Mais ce n'était pas Neige, c'était une présence telle que je n'en avais jamais ressenti, ou alors si longtemps auparavant que je ne m'en souvenais pas. C'était de lui que venait tout ce vide, tout ce froid. C'était dans son esprit que j'étais perdu.

Ma terreur brisa le contact mental. J'étais de retour dans le salon, presque entièrement prisonnier d'une couche de givre. J'avais si froid que je ne parvenais plus à trembler.

Neige ouvrit ses yeux, d'habitude si tendres, mais aujourd'hui si froid.

— Comment réparer la faute ? demanda-t-il d'une voix rauque qui n'était pas tout à fait la sienne.

— Je ne sais pas, balbutiai-je. Je t'en pris, Neige, reviens...

Désespéré, je fis la seule chose qui me passa par la tête à ce moment-là : je le pris dans mes bras.

Un froid aussi coupant qu'une lame me traversa la poitrine. Je hurlai de douleur.

— ASTRE ! l'entendis-je hurler.

Puis tout devint blanc.

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