Coup d'État
Coucou! Désolée d'avoir mis tant de temps à poster ce chapitre ^^'
Je vais proposer cette histoire à MxMBookmark, la maison d'édition qui publie déjà Les Contes des Royaumes Oubliés et Les Amants de Baker Street ^^ Qu'en pensez-vous? Même s'ils l'acceptent, la publication ne se fera probablement pas avant un an ou deux, donc vous aurez quand même le temps de lire la suite ici, si ça peut vous rassurer ^^
Croisez-les doigts pour moi!
Merci de me lire et de me soutenir!! <3 Plein de chocolat sur vous!
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Astre
Quelques minutes plus tôt
Tasha ouvrit brusquement la porte et fit un bond sur le côté.
Joan, qui était en train de frapper dessus, s'immobilisa et fixa son regard vide sur moi. Elle souriait toujours, les traits immobiles et froids.
Son bras se tendit lentement dans ma direction. Ses quatre acolytes, alignés dans son dos, l'imitèrent.
Je me figeai, interloqué. Que cherchait-elle à faire ?
Un bourdonnement se fit entendre. D'abord sourd et lent, puis de plus en plus rapide, comme un insecte prisonnier.
Horrifié, je vis une ligne noire se dessiner autour du poignet de Joan, directement dans sa peau.
Le trait s'élargit. Le bourdonnement cessa.
Il y eut un minuscule déclic.
Et sa main bascula en avant, comme le membre d'une poupée en bois, à peine retenue par deux fils d'acier.
Dans le tronçon de son poignet, je vis six petits trous former un cercle dans une plaque métallique.
— Astre, baisse-toi ! hurla Tasha.
Je lui obéis par pur instinct, mon esprit encore figé d'horreur.
Six petites explosions percèrent l'air. Quelque chose siffla au-dessus de ma tête.
— Qu'est-ce qu'il lui a fait ?! m'exclamai-je en plongeant sur le côté.
Joan se tourna vers moi, son bras monstrueux pointé sur mon visage. Tentant le tout pour le tout, je me jetai dans ses jambes.
Elle bascula sans crier. Les six petites explosions retentirent de nouveaux et six projectiles heurtèrent le plafond, d'où s'échappa un nuage de poussière.
En la bousculant, je fis tomber l'un de ses autres esclaves, dont le bras commençait aussi à bourdonner. Son crâne résonna en heurtant le sol, ses yeux devinrent vitreux, son bras retomba et son abominable sourire, enfin, s'estompa. Pourvu qu'il ne soit pas...
Je n'eus pas le temps de penser plus loin : Tasha s'était jeté sur mon voisin, qui me visait de son poignet monstrueux. Au lieu d'essayer de l'immobiliser, comme moi, elle sortit son épée, sauta et fit décrire à sa lame un arc-de-cercle impressionnant. L'épée s'enfonça dans le bas sectionné avec un bruit métallique qui se changea aussitôt en grésillement. Des étincelles vertes jaillirent du point d'impact pour remonter jusqu'à son épaule.
L'esclave hurla lorsque son collier se mit aussi à grésiller. Une lumière verte s'alluma sur le devant, puis rouge, alors qu'une sorte de fumée noire en sortait. Il tomba sur le sol en se convulsant, les doigts serrés autour du collier qui ne voulait pas s'enlever.
J'allais me précipiter pour l'aider lorsqu'un bourdonnement de mauvaise augure résonna de nouveau dans mon dos. Je m'écartai instinctivement, mais pas assez vite. Une douleur blanche explosa dans mon épaule gauche.
Un projectile avait traversé la fourrure pour s'enfoncer dans ma peau.
— Hey ! protestai-je en me retournant. C'est un cadeau de Neige !
Je me concentrai sur l'adrénaline pour ne pas flancher. Il était hors de question que je meure ici et maintenant. Neige ne me le pardonnerait jamais.
Ignorant la douleur qui irradiait en vague de ma blessure et la sensation du sang chaud sur mon torse et dans mon dos, j'attrapai son bras monstrueux et le tordit violemment dans le sens inverse des articulations. Normalement, j'aurais dû entendre un « crac » sourd suivit d'un cri de douleur, mais le membre était anormalement solide sous ma poigne.
Il commença à se débattre. Sans réfléchir, sans lui laisser le temps de s'échapper, je remontai violemment mon genou en baissant son bras. Cette fois, son coude craqua bel et bien, même s'il s'agissait plus du grincement d'un objet métallique que d'os brisés.
Je le lâchai alors qu'il commençait à vibrer et sautait en arrière pour éviter les étincelles qui jaillirent sous sa peau. Il me jeta un regard surpris, perdant enfin son sourire, et tomba au sol en se convulsant, les mains serrées autour de son collier fumant.
Pris de nausée, je m'adossai au mur le plus proche. Tasha, qui venait d'assommer le dernier esclave, se précipita vers moi.
— Astre, elle... Bon sang de bordel de merde, tu es blessé ?!
Je grognais pour seule réponse. Le monde tournait un peu.
— Ne bouge pas ! m'ordonna-t-elle en déchirant la tunique d'un des esclaves inanimés.
Je clignai de nouveau des yeux, tentant de chasser les points noirs qui dansaient devant mon regard. Quelques secondes durent m'échapper, car l'instant d'après, j'étais assis au sol tandis qu'elle bandait ma plaie.
— Arrête de te jeter en permanence dans le tas, grommelait-elle en serrant le tissu sur ma blessure.
Je grognai de douleur en me mordant les lèvres.
— Tu ne prends jamais compte de la situation dans son ensemble, continua-t-elle sur le ton d'un sévère professeur. Tu t'occupes de tes ennemis un par un. Pas étonnant que tu te fasses tirer dessus ! Bon, ça ne m'a pas l'air trop grave. Le projectile est passé à travers la peau et le gras. Tu peux te lever ?
J'acquiesçai et poussai sur mes jambes. Le couloir tangua légèrement sous mes pieds, puis le vertige s'effaça alors que je faisais des efforts pour me concentrer. La douleur était supportable.
Tasha m'abandonna pour se pencher sur Joan, qui fixait le plafond d'un air éteint.
Je vis les mains de la guerrière trembler alors qu'elles s'approchaient du visage de son amie.
— Est-ce qu'elle est... murmurai-je en avançant.
— Non, soupira Tasha en posant ses doigts sur ses lèvres. Elle respire.
Je me penchai à mon tour pour l'examiner. Son bras modifié était toujours ouvert. Son cou, autour du collier, était marqué de brûlure noire qui grimpaient vers son menton et sa poitrine en dessinant dans la chair de minuscules éclairs.
— Regarde, soufflai-je en tendant un doigt.
En la poussant, je l'avais fait tomber sur la petite marche qui marquait le seuil du couloir et son collier s'était brisé. Tasha s'en saisit prudemment et tira un coup pour en séparer définitivement les morceaux, libérant quelques étincelles vertes.
La chair était boursouflée en dessous, striée de rouge et de noir, comme après une brûlure sévère.
Tasha respira bruyamment, étouffant un sanglot.
— Ramenons-la en sécurité, proposai-je, en envoyons des secours pour les autres.
Elle acquiesça, s'essuya les yeux et souleva sans effort le corps de Joan, qui parut infiniment fragile dans ses bras.
J'alignai les esclaves blessés pour leur offrir un brin de dignité et nous nous dirigeâmes vers l'ascenseur.
— Monte directement dans nos appartements, lançai-je à Tasha. Je vais retrouver les autres et nous te rejoindrons là-bas.
— Tu as besoin de soins avant, protesta-t-elle.
— Après, la contredis-je en appuyant sur le bouton. Je ne veux pas laisser Neige seul avec la personne qui a fait... Ça.
Je désignai le bras de Joan, dont la main pendait toujours au bout, comme une macabre décoration.
Je refusai de réfléchir à toutes les implications de cette découverte pour le moment. Je voulais juste retrouver Neige, m'assurer qu'il allait bien et quitter Solaris – en tuant Sekoff de mes mains avant, si l'occasion se présentait.
J'étais si perturbé que le trajet en ascenseur ne me dérangea pas. Je mis même plusieurs secondes à m'apercevoir que les portes venaient de s'ouvrir au rez-de-chaussé.
Sur une armée d'esclaves au collier noir.
Ils nous tournaient le dos, immobiles, les yeux fixés vers la porte donnant sur clairière du bal. Ils étaient au moins cinquante, parfaitement alignés. Prêt à se battre.
Je pressai de nouveau le bouton. Les portes se refermèrent.
— Putain, jura Tasha alors que nous grimpions à l'étage du dessus.
J'acquiesçai grave.
— Neige ? appelai-je. Où es-tu ?
— Toujours avec Sekoff, me répondit-il, un peu plus loin dans les jardins.
Il semblait particulièrement nerveux.
— Ne bouge pas, l'enjoignais-je, j'arrive. Nous avons un problème.
— Tu vas bien ?
— Ça va... Mais Sekoff a fait entrer toute une armée d'esclaves dans le palais. Je crois qu'il veut prendre le pouvoir par la force. Ce soir.
Je sentis la frayeur s'infiltrer dans son esprit, si forte qu'il s'accrocha instinctivement à notre lien pour se rassurer. Je captais ainsi quelques éclats de ce qui l'entourait : des parfums lourds de nourriture, une table, une clairière, des lumières, et un visage souriant dont les proportions, déformés par sa vision, paraissaient monstrueuses. Je n'eus pas besoin de précision pour comprendre qui était ce charmant personnage.
— Mets Joan à l'abri, proposai-je à Tasha, et rejoins-moi en bas. Si je trouve Khany et les jumeaux, je les envoie dans ta chambre. D'accord ?
Elle acquiesça gravement.
— Fais attention à toi, m'ordonna-t-elle. Je n'ai pas envie de perdre mon élève avant d'avoir vraiment commencé son entrainement.
J'acquiesçai avec un sourire crispé. Les portes s'ouvrirent sur le premier étage, heureusement vide. Tous les domestiques avaient-ils été réquisitionnés pour le bal, ou Sekoff s'était-il arrangé pour les maitriser ?
J'abandonnai Tasha et m'élançait dans le couloir, à la recherche d'une fenêtre donnant du bon côté des jardins. La chance me sourie : j'en trouvais une avec un balcon en fer forgé. En me penchant un peu, je pouvais apercevoir les arbres blancs qui entouraient la clairière du bal.
La douleur dans mon bras commençait à s'engourdir. Je savais que ce n'était pas une bonne nouvelle, mais je ne pouvais pas m'en préoccuper tout de suite.
Priant pour ne pas me rompre le cou, j'arrachai de lourds rideaux de velours, manquait de m'assommer avec le bâton qui les maintenait en place, et les accrochait à la vas-vite sur la rambarde du balcon.
Le sol n'était qu'à quelques mètres. Pour quelqu'un qui avait passé sa vie à escalader les arbres et les rochers, rien de bien effrayant.
Je passai mes jambes par-dessus la rambarde, respirai un bon coup et me laissai tomber sur quelques centimètres, le rideau enroulé autour de mon bras valide.
Le choc me fit serrer les dents, mais la douleur passa rapidement.
Les pieds contre le mur, je me laissai descendre par petits bonds. Il n'en fallut que trois pour rencontrer de nouveau la terre ferme.
Une violente poussée de colère traversa mes pensées.
— Neige ? m'inquiétai-je.
Il ne répondit pas, concentré sur autre chose. Je sentis le fourmillement familier de la magie dans son esprit et me mit à courir vers lui, paniqué à l'idée de ne pas arriver à temps pour le protéger.
Dans la clairière du bal, je trouvais le sol couvert de nobles inanimés. Des bouteilles étaient renversées un peu partout entre les restes de nourriture. Quelques domestiques au teint pâle, dépassés par les évènements, tentaient de réanimer leurs maîtres.
Je laissai trainer mon regard à la ronde, à la recherche de...
— Tom ! Ned !
Un peu en retrait, les jumeaux secouaient frénétiquement les épaules de Khany, inanimée au sol. Je me précipitai vers eux.
— Astre ! s'exclamèrent-ils en même temps, leurs voix vibrant de soulagement.
Repousser leur étreinte me fendit le cœur, mais nous n'avions pas le temps. J'ébouriffai leurs cheveux, déposait un rapide baiser sur leur front et plaçai ma main devant les lèvres de Khany. Elle respirait.
— Elle est seulement endormi, leur expliquai-je.
— C'est pas notre faute, sanglota Ned en essuyant les larmes qui dévalaient ses joues. On a rien fait !
— Je sais, le rassurai-je ne lui serrant l'épaule. Je sais. Ne t'inquiète pas, ça va aller.
Ils hochèrent la tête, plaçant toute leur confiance en moi. Je n'étais pas digne d'une telle responsabilité, mais avais-je le choix ? Ils avaient l'air perdus et fragiles à cet instant, comme les enfants traumatisés qu'ils étaient vraiment, et non les farceurs auxquels ils jouaient la plupart du temps.
— Écoutez-moi, tous les deux, d'accord ?
Ils firent « oui » silencieusement.
— Je vais vous confier une mission. Il faudra que vous soyez très fort et très courageux, mais je sais que vous pouvez le faire. Prenez Khany, portez-la ou tirez-la vers le château... Mais faites le tour. C'est très, très important, vous m'avez compris ? Ne passez pas par la porte qui donne sur la clairière. Prenez l'ascenseur et allez directement dans votre chambre. Tasha et Joan vous attendent là-bas.
— Joan est là ?! s'exclama Tom, dont le visage s'illumina.
Je n'osai lui avouer qu'elle était inconsciente et blessée. Une chose à la fois.
— Oui, elle est là-haut. Vous avez compris ce que vous devez faire ?
Ils séchèrent leurs larmes, pincèrent les lèvres et serrèrent leurs jambes dans une parodie de soldats.
— Parfait, soufflai-je en les attirant dans mes bras. Faites attention à vous.
Je les serrais une seconde, très fort, avant de les lâcher.
— Et toi ? s'inquiéta Ned.
— Tu vas sauver Neige ? s'informa Tom.
— Exactement ! lançai-je en me redressant pour courir.
Un chemin partait en direction de Neige, dont je pouvais sentir la proximité, mais je décidais de l'ignorer. Si les loups n'avaient pas besoin de sentiers tracés dans la forêt, ce n'était pas trois pauvres arbres prisonniers d'un jardin qui allaient m'arrêter.
Je mis moins de cinq minutes à atteindre la deuxième clairière. Une grande table était dressé au milieu. Une vingtaine de nobles se groupaient d'un côté, visiblement effrayés. Neige, Calendre et Jédima se tenait debout de l'autre, à côté de leurs chaises renversées.
Une vingtaine d'esclaves entièrement vêtus de noir pointaient sur eux leur bras modifié.
Neige avait les poings serrés à s'en blanchir les jointures et ses cheveux flottaient légèrement autour de son visage. Il se retenait d'utiliser sa magie. Pourquoi ?
Un regard sur le côté me l'apprit immédiatement. Sekoff se tenait entre les deux groupes. L'un de ses bras était passé autour du cou de Dana, l'autre posé contre la tempe de la jeune femme. Il lui manquait une main et des étincelles vertes courraient sur sa peau. Il s'était lui-même donné un membre métallique.
— Lâchez-la ! ordonna Jédima.
Sa voix vibrait de rage et de menace, mais je pouvais sentir sa peur.
— Pauvre petite seigneuresse, se moqua le vieil homme. Tu pensais que tu étais discrète ? Que mes espions n'apprendraient jamais le type de... relation, que tu entretiens avec ta ministre et son bon à rien de mari ? Vous me dégoutez toutes les deux à mêler votre sang si pur au premier pouilleux venu... C'est bien la preuve que vous n'êtes pas digne de régner.
Son sourire s'agrandit. Ses yeux brillaient d'un éclat dément. Je me décalais silencieusement entre les arbres pour me rapprocher de Neige.
— Mais ton pathétique règne sur cette ville est terminé ! ricana Sekoff. En ce moment même, mes esclaves sont en train d'envahir les points névralgiques de la citée, le port, le marché, les commerces que je ne contrôle pas déjà et tous les bâtiments administratifs que je n'ai pas réussi à corrompre ces dernières années. Il est largement temps que les Descendants instaurent un nouvel âge d'or à Solaris !
— Je suis là, soufflai-je dans l'esprit. Juste derrière toi.
— Astre !
Sa joie et son soulagement me renversèrent comme une vague, si fort que je l'entendis presque penser « maintenant qu'il est là, tout va s'arranger ».
Je n'étais certainement pas digne de cette confiance, mais mon cœur se gonfla d'amour et de fierté. J'étais son champion et j'allais faire payer à tous ceux qui osaient le menacer.
— Le bras bizarre des esclaves est en métal, lui appris-je en lui transmettant le souvenir de mes derniers combat. Ils peuvent lancer des projectiles avec. Ça désactive leur collier quand on les abîme, mais ça les blesse aussi. Ce sont des sortes de machines, je crois, même si je ne sais pas comment ça fonctionne.
Il se mit à réfléchir intensément, rassemblant rapidement ses connaissances en mécanique. Je vis la figure de Carol passer dans sa mémoire, superposée à des bribes de livres qu'il avait lu à ce sujet. Les schémas et les informations défilèrent si vite dans ses pensées que je n'en saisis qu'une suite d'images décousues émaillées de réflexions rapides.
Je retins un petit sourire énamouré. Ce n'était pas le moment de tomber en admiration devant l'intelligence de mon sorcier.
Sekoff continuait de parler à Jédima, mais ni Neige, ni moi n'écoutions, concentré sur notre conversation privée.
— D'après ce que tu m'as montré, me transmit-il au bout de quelques minutes, je pense qu'ils utilisent une sorte d'énergie que Carol nommait « l'éclairité », quelque chose qui ressemble à de la foudre et qui est assez difficile à contrôler. Beaucoup d'eau pourrait les mettre hors-service, mais cela risquerait de les blesser. Je vais plutôt tenter d'utiliser la magie sur le métal qui constitue leurs membres artificiels. Mais ça va être délicat et je suis déjà assez fatigué, je ne sais pas...
— Concentre-toi, lui soufflai-je, et ne t'occupes de rien d'autre. Je te protège.
Je sentis son sourire glisser contre mon esprit.
— Merci.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro