Qui aurait cru ? Que ce soir tout aurait basculé ? Que ce jour si monotone aux tons atones aurait donné lieu aux plus grands tonnerres ?

Seule Hana avait pressenti l'orage. Tel un monstre la guettant de derrière son pot, elle l'avait vu arriver doucement, se fondant dans le paysage.

Il pleuvait ce jour là. Des trombes d'eaux. Le gris de la cité était inondé des larmes du ciel, pleurant en avance les drames qui accableraient ces jeunes.

Ce jour là Aya était partie en retard de la maison. Elle était revenue abattue. Désespérée.

− Conseil de discipline ma belle...Je sèche trop les cours apparemment. Ma mère va me tuer. Aaaaaaaaaaaaah, la seule chose que j'avais à faire : travailler. Je n'en suis même pas capable. Je suis peut-être une bonne à rien... En fait j'en suis une, c'est sûr. Mais je vais réussir Hana, tu vas voir ! On va partir d'ici, goûter les voyages,  et faire toutes les choses que je n'ai jamais pu... Avec Cass... Cass.

Hana aurait bien voulu lui parler de la tempête qu'elle sentait arriver à grandes chevauchées, mais comment quand de sa bouche giclait des pétales acidulés et que de ses yeux poussaient des boutons orangés.

Ce soir-là, une claque résonna dans l'appartement exiguë. Beaucoup de cris.

Mais ce fut aussi à partir de ce jour là que les jeunes gens n'eurent plus de nouvelles de Shakur.