HANA, HANA, HANA.

Qui eût cru qu'un végétal, aux doux pétales, et aux larmes pâles, aurait pu se poser des questions d'existence ? La fleur qui connaissait des moments simples à regarder les passants, se voyait broyer du noir, et ses feuilles dépérir.

Sa maîtresse, perdue ne savait que faire pour revigorer sa fleur adorée. Et elle-même submergée par les problèmes familiaux n'avait même plus le temps de prendre du temps. Aya allait de gauche à droite, de droite à gauche, pendant qu'Hana se laissait pencher de gauche à droite et de droite à gauche.

C'est comme ça que petit à petit, elle a vu Aya parler à ses amis. Au départ, ce n'était que de lamentations interminables sur la petite fleur morose.

− Mais je comprends pas... Je l'arrose, lui parle, mais elle n'arrête pas de... faner ! Ça fait deux mois que je l'ai, et je comprends pas. Raah.

Deux mois ? Le temps n'avait pas d'essence pour la fleur. Mais qu'il passait vite. Alors qu'elle, ne se contentait que de vivre avec le soleil et se faire bercer par les étoiles.

− Et puis y a ma mère qui n'arrête pas de me dire, fais-ci et ça ! Elle veut que je reste ici, prendre soin de la famille, mais je veux pas ! Je veux partir ! Quitter ce bled pourri. Pourquoi est-ce qu'elle me refuse même ça ?

Ce bled pourri ? Hana aimait bien les fissures qui apparaissaient au plafond, le grincement des portes quand on les ouvrait ou même le gris morne que la ville revêtait comme pour se cacher.

− Je deviendrai riche. Là-bas. J'irai. Qu'ils le veuillent ou non.

La fleur se laissait bercer par ces douces promesses, lui faisant oublier ses propres peurs. Shakur et Cass écoutaient attentivement, regardant la nuit tomber. Leur amie semblait accablée, et ils n'avaient rien à lui offrir. À part de l'amitié.