Hana avait bien cru que les deux garçons allaient s'étriper mais heureusement rien ne s'était passé. Au contraire, ils s'étaient  même montrés plutôt cordiaux. Aya, amusée, les avait regardés de biais, tandis qu'ils se faisaient des grimaces en attendant qu'elle soigne leurs petites blessures du jour.

Depuis, tous les jours ou presque, ils revenaient se faire chouchouter par Aya, qui les gâtait comme une bonne grand mère. Et peu à peu l'animosité sauvage écartant les deux garçons avait fait place à un certain respect, une certaine... tolérance.

− Mec...T'as acheté où ce bermuda ? Au marché d'à côté ?, lançait parfois Idriss.

− T'as trop cru ! Non je l'ai acheté à ta mère, elle faisait des réducs contre un plan Q.

− Oh sale connard... Au moins la mienne de mère, elle peut se permettre des plans Q, la tienne doit être trop fat.

Et ça se poursuivait en punchlines, sous les acclamations d'une Aya hilare.

Hana aimait ces petits moments de rigolade, elle voyait dans le regard de ces trois jeunes qu'ils en avaient besoin et la maison d'Aya devenait leur petit coin caché, à l'abri des mauvaises ondes du quartier.

Cependant, quand Hana voyait dehors Priya, toute seule à la recherche d'Idriss, elle sentait son coeur de plantes s'assécher. Pauvre Priya, s'inquiétant, alors que son ami s'amusait sans se soucier d'elle.

Cela n'aidait pas Hana à aimer Idriss malgré le fait qu'il fasse rire son Shakur.