Le discours du dénommé Shakur avait eu de quoi bouleverser la petite fleur et voilà qu'elle s'interrogeait, se questionnait sur la vie du jeune homme, et qu'elle redoutait le quotidien des hommes. Shakur avait laissé son admiratrice secrète sur d'houleuses interrogations.
La pluie avait alors tristement abaissé ses pétales, pendant que le blues l'abattait, plus fatal qu'une faux.

− Oh petite fleur tu devrais faire attention ! Tu es si belle...

L'interpellée releva la tête, l'esprit en éveil. Qui pouvait bien la remarquer ? Elle, si souvent mélangée à la verdure du parterre, invisible malgré ses couleurs éclatantes.

− Viens-là ma belle.

La fleur sentit ses racines se détacher de la motte de terre, puis elle vit le lopin qu'elle avait toujours connu s'éloigner d'elle. Reconnaissante mais emplie de tristesse, de toute sa petite existence, la jeune fleur regardait attentivement la fille qui s'occupait d'elle.

− Je vais t'appeler Hana. Fleur en japonais. Je vais prendre soin de toi et ça va aller, okay ? Tu seras toute neuve après ! Moi c'est Aya. Et je suis ravie de t'avoir !

La dénommée Aya, rajouta pour elle-même :

– Je sais pas si c'est vrai ce qu'on dit sur le fait de parler aux fleurs mais en tout cas j'ai absolument rien à perdre.

La fleur, reconnaissante de ces paroles bienveillantes, observait le décor qui défilait. Si avide de ces nouveaux paysages, elle qui n'avait jamais rien connu, avait trop d'informations menaçant de la faire défaillir, de la faire tanguer, basculer, puis tomber. Mais elle tenait bon, regardait le gris, le terne, avec des orbites étoilés.

Son nouveau chez elle arrivait.