Votre... mariage ? répéta-t-elle, incrédule.

Oui ! confirma Anna d'une voix suraiguë.

- Excusez-moi, je ne suis pas sûre de bien vous suivre, continua Elsa, déboussolée."

Son pauvre cerveau peinait à réaliser. Un mariage ? Mais elle avait vu Anna au début de la soirée, et il lui avait semblé qu'elle ne connaissait encore personne. A part elle, plus ou moins. Avait-elle été si peu présente au point de ne pas s'apercevoir que sa petite soeur voyait quelqu'un ?

Puis elle se fit la remarque que les portes avaient toujours été fermées, et qu'elle en aurait été informée si un prince s'était présenté au château. D'autant plus qu'Anna avait dit "des Îles du Sud". Ce n'était pas la porte à côté. Elle ne pouvait qu'en conclure qu'Anna avait rencontré cet homme aujourd'hui.

Plongée dans sa réflexion, elle ne s'était pas rendue compte que la jeune fille en question avait commencé à débiter un flot de paroles ininterrompues :

"- Nous ne savons pas encore où, quand ni comment. La cérémonie pourra se faire dans une semaine, je suppose. Bien sûr ce sera potage et crème glacée- Oh ! s'exclama-t-elle. Pensez-vous que nous vivrons ici ? demanda-t-elle à Hans.

- Ici ? répéta encore Elsa, qui commençait à réagir.

- Oh, mais Anna, ce serait merveilleux ! s'enthousiasma Hans.

- Et nous pourrions inviter vos douze frères à vivre avec nous ! continua Anna. Ca va être incroyable-

- Anna. Anna ! dit Elsa, dans une tentative d'attirer l'attention de sa cadette.

- Nous inviterons tout Arendelle au château pour le mariage, et-

- ANNA !"

La rousse daigna enfin se tourner vers son aînée, qui la calma :

"- Personne n'invitera personne à venir vivre ici, et personne ne se mariera, dit fermement Elsa."

Désillusionnée, réalisant avec peine ce que sa soeur venait de lui annoncer, Anna demanda doucement :

"- Mais... Pourquoi ?

- Puis-je te parler un instant ? demanda Elsa, se tordant les mains. En privé, précisa-t-elle."

Sa soeur eut un instant d'hésitation, avant de déclarer :

"- Non. Désormais, tu pourras parler devant Hans.

- Très bien, se résigna Elsa. On n'épouse pas un homme que l'on connaît à peine, asséna-t-elle.

- Mais si cette homme est votre grand amour ? insista Anna.

- Anna, soupira Elsa dans une tentative de la raisonner, que sais-tu vraiment du grand amour ?

- J'en sais sûrement plus que toi. Toi tu ne sais que tourner le dos au monde entier, cracha Anna."

Profondément blessée, Elsa dévisagea sa soeur. Il fallait mettre fin à cette conversation au plus vite :

"- Vous demandez ma bénédiction, ma réponse est non, souffla-t-elle. Maintenant, je vais vous laisser.

- Majesté, essaya Hans, permettez-moi de tenter-

- Non, le coupa vivement la Reine, je ne vous permets pas, et je vous demande de quitter les lieux."

Pour terminer, elle s'adressa sèchement au garde :

"La fête est finie. Refermez les portes."

Et elle tourna les talons sans un regard pour sa soeur.

C'était sans compter cette dernière, qui se précipita vers Elsa et la força à se tourner vers elle en lui agrippant le bras, arrachant son gant au passage :

"- Elsa, non ! Non attends.

- Rends-moi mon gant ! s'exclama Elsa, paniquée.

- Elsa je t'en prie, je t'en supplie, je ne peux pas continuer à vivre de cette façon, l'implora Anna, les larmes aux yeux."

En colère, paniquée, dépassée par la situation et débordée par ses violentes émotions, Elsa répondit sans réfléchir :

"Dans ce cas, va-t-en."

Anna eut un hoquet. Sentant qu'elle perdait tout contrôle, Elsa tenta une nouvelle fois d'en rester là. Elle poussa un soupir avant de tourner le dos à sa soeur, se dirigeant vers la sortie, sa main nue cachée par ses bras croisés sur sa poitrine.

Anna continuait de l'observer, hébétée et en colère. Elle ne pouvait plus se contenir. Qu'est-ce qui n'allait pas chez sa soeur ? Pourquoi se refermait-elle toujours ? C'était vrai ça, pourquoi ? Pourquoi ?

"- Pourquoi es-tu aussi injuste ? lâcha-t-elle d'un ton accusateur.

- Assez, Anna, grommela la Reine."

Cette conversation devait absolument s'arrêter. Sans pouvoir rien y faire, Elsa sentait le maelstrom de toutes ces émotions qu'elle avait refoulées depuis tant d'années remonter et bouillir dans son estomac. -"Pourquoi es-tu aussi injuste ?"- La rage, la tristesse, l'isolement, la peur, la détresse, le sentiment d'injustice, l'amertume, tout, absolument tout, se mélangeant pour ne plus former qu'une mixture acide, bouillonnante et haineuse au creux de son estomac. Elle avait envie de vomir. Son estomac se serrait, son esprit perdait tout contrôle et elle paniquait.

C'est ta faute. Anna te déteste et c'est tout ce que tu mérites. Tu es ignoble. Une erreur de la nature. Tu ne mérites même pas d'exister.

Sa respiration était devenue hachée, l'air dans ses poumons lui comprimait la poitrine.

"- Non, pourquoi ? Pourquoi as-tu décidé de m'ignorer ? continua sa soeur d'une voix forte, tandis que tous dans la salle observaient maintenant avec stupéfaction la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Pourquoi tournes-tu le dos au monde entier ? De quoi as-tu si peur ? cria-t-elle.

- J'ai dit, ASSEZ ! explosa Elsa en faisant volte-face."

Elle allait fusiller sa soeur du regard, avant de se rendre compte avec horreur de ce qu'elle avait fait. Face à elle, se trouvaient des pics de glace en demi-cercle, pointés sur les invités. Sur Anna.

Et c'était elle qui avait fait cela.

La glace se déployait autour d'elle, la protégeant et attaquant les autres.

Tu les as attaqués. Tu as attaqué Anna. Ta propre sœur, ton sang. Monstre.

Il semblait à Elsa que les regards apeurés dans la salle la pointaient du doigt et menaçaient de se refermer sur elle. Terrifiée par ce qu'elle avait fait, elle chercha la poignée de la porte derrière elle et s'enfuit en courant dans le couloir, dans un silence digne d'un film d'horreur. Dont elle était le monstre.

Dans le couloir, Elsa courait à en perdre haleine. Elle devait fuir cet endroit à tout prix, le château, les invités, cette salle de bal à l'atmosphère suffocante, sa sœur.

Les miroirs lui tendaient son reflet, celui d'une sorcière, d'une horreur. Elle détournait la tête à chaque fois. Elle ne pouvait même plus se regarder dans la glace. Sur la gauche, les portes qui donnaient sur la cour extérieure se dessinaient à la lueur des bougies. Elle s'y précipita.

C'est quand elle les ouvrit, qu'elle se rendit compte de son erreur. Le petit peuple d'Arendelle au grand complet était réunit ici, attendant l'apparition de leur nouvelle reine. Tous se tournèrent vers elle et l'acclamèrent.

« - La voilà !

- Notre Reine !

- Votre Majesté ! »

Elle s'apprêtait à faire demi-tour quand elle entendit derrière elle, plus loin dans les entrailles du château, Anna qui criait son nom. Elle était piégée. Sans autre choix, elle s'élança dans la foule. Étant le centre de l'attention, elle peinait à se frayer un chemin quand tous voulaient la voir.

S'ils savaient. Mais ils sauront bien assez tôt. Quand il y aura un blessé, ou même, un mort. N'est-ce pas Elsa ?

Elle voulait faire taire la petite voix, mais elle n'avait plus aucune prise, et cette dernière continuait à lui débiter des scénarios plus affreux les uns que les autres. Elle parvint à dépasser la fontaine au milieu de la cour, mais ne pouvait pas aller plus loin. Elle était définitivement bloquée

Une femme qui avait remarqué son air affolé lui demanda :

« Tout va bien, votre Majesté ? »

Elsa ne répondit pas, se contentant de lui jeter un regard apeuré en reculant. Un « Vive la Reine Elsa ! » la fit sursauter et elle se cogna contre la fontaine, s'y agrippant pour ne pas tomber.

C'est alors qu'elle se rendit compte d'avoir posé sa main nue sur la pierre. Elle la retira précipitamment, mais c'était trop tard. Sans qu'elle ne puisse rien y faire, elle vit l'eau de la fontaine geler en quelques secondes, créant une sculpture magnifique et dangereuse, menaçant de s'effondrer à tout moment sur la foule qui s'était réduite au silence face à ce spectacle surnaturel.

Cet instant irréel fut brisé par la voix stridente du Duc de Weselton :

« - La voilà ! cria-t-il en la pointant du doigt. Attrapez-la ! »

Non ! Elle allait blesser quelqu'un. Elle agita les mains devant elle :

« Je vous en prie, n'approchez pas, n'approchez pas- Ah ! hurla-t-elle. »

Un jet de magie était sorti de ses mains, envoyant de la glace sur le sol où se tenait le duc et ses deux hommes. À terre, le duc remit ses lunettes avant de déclamer :

« Un monstre, grommela-t-il. C'est un monstre ! cria-t-il à la populace. »

Tous poussèrent un cri d'horreur et s'écartaient, terrifiés. Les visages de la foule étaient livides. C'était elle qu'ils regardaient comme ça ? Leur faisait-elle désormais aussi peur qu'elle ne se faisait peur à elle-même ?

Un "Monstre !" retentit dans la cour.

Voilà qui ne faisait que confirmer ce qu'Elsa avait toujours su en son fort intérieur. Avec horreur, elle observa ses mains, ses cheveux, elle. Le combat qu'elle livrait était peine perdu. Son ennemi était tapi en elle. Ses pouvoirs. Sa malédiction. Comment pouvait-elle fuir son ombre ?

"Elsa ! appela Anna."

Elle sursauta. Elle devrait commencer par fuir sa soeur. Et vite. Sans une once d'hésitation, elle s'élança vers la sortie en courant, le coeur battant à tout rompre. Elle n'arrivait plus à réfléchir, la tête lui tournait, peinant à réaliser ce qu'il venait de se produire.

La foule s'écartait sur son passage, la regardant abandonner lâchement son royaume. Etait-ce bien ou mal ? Tous l'ignoraient, trop choqués pour réfléchir à quoi que ce soit. Ils se contentaient de répondre à leur instinct qui leur hurlait de fuir cette anomalie. Ce danger.

Elsa courait, haletait, mais ne s'arrêtait pas. Elle devait partir le plus vite possible. Fuir cet endroit qu'elle chérissait depuis toujours. Fuir le château où elle avait fait ses premiers pas, laissant derrière elle sa soeur et sa chambre givrée. Elle arriva au bord du fleuve qui entourait le château et se sentit paniquer encore plus qu'elle ne l'était déjà, si c'était possible. Comment allait-elle traverser ?

"Elsa ! criait inlassablement Anna, toujours à ses trousses."

Elsa fixa l'endroit d'où provenait la voix. Ça se rapprochait. Encore et encore. Inexorablement.

Elle recula, en proie à la panique, et vit la glace sous ses pieds. C'est alors qu'elle eut une illumination. Elle regarda ses mains. La glace. La glace...

Elle se retourna vers le fleuve et, doucement, y posa son pied. Comme elle l'espérait, l'eau sous son pied se changea en glace. Relevant la tête, elle courut vers l'autre rive, sans un regard en arrière. Elle ne vit pas alors, ni sa soeur effondrée, ni la neige qui s'abattait sur le royaume.

A des milliers de kilomètres de là, Jack Frost se redressa en sursaut.

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Hey vous !
Enfin, je suis de retour avec la deuxième partie du chapitre 4 ! Et l'entrée en scène de... *roulement de tambour* JACK FROST ! Alors, qui s'y attendait ? J'attends vos avis ;)
A+
Athésia ❤️

PS : J'ai changé de pseudo, vous en pensez quoi ?
PS2 : Mes contrôles communs sont cette semaine, je ne sais pas si j'aurai le temps d'écrire. Je ferai au plus vite pour vous le publier dans le courant de la semaine prochaine. Voili voilou :)