Chapitre 10
Les heures qui suivirent passèrent dans le flou le plus complet. Elsa se contentait de tourner en rond, toujours dans la même pièce, en se rappelant de respirer, s'intimant au calme.
"Reste sereine."
Certes, elle avait gelé un royaume entier. Et alors ? Ils l'avaient rejetée.
C'est ton peuple. Ta faute est irréparable. Monstre.
"Contrôle-toi."
Sa conscience disait vrai, et elle le savait. Mais elle ne pouvait pas l'admettre. Ce serait se rendre coupable. Ce serait laisser entrer le flot d'émotions négatives qui frappaient aux barrières qu'elle avait érigées dans ses pensées, si fort qu'elles lui donnaient la migraine. Ce serait leur ouvrir une brèche dans sa défense. Ce serait perdre le contrôle, encore une fois.
Mais qu'est-ce qu'elle avait fait ?
"Étouffe tes émotions."
Qu'est-ce qu'elle avait fait ? Elle avait déclenché une catastrophe !
"Étouffe tes émotions."
Ils allaient tous mourir par sa faute !
"Maîtrise tes sentiments !"
Son palais, du noir était passé au violet, puis au rouge. Les murs se déformaient, des pics dirigés vers le centre de la pièce poussaient comme pour la désigner du doigt, menaçants. Alors que la nuit était tombée, tel un voile sombre d'obscurité absorbant toute lumière, et que le palais d'Elsa se teintait désormais de doré, des bruits de lutte se firent entendre à l'extérieur. Que se passait-il ?
Le rugissement de l'énorme bonhomme de neige qu'Elsa avait créé plus tôt pour chasser sa sœur résonna dans la montagne. Elle se précipita au rez-de-chaussée et entrouvrit les portes. Ce qu'elle vit alors la fit frissonner d'effroi.
Hans des Îles du Sud, à la tête d'une centaine d'hommes armés qui se battaient contre sa création pour pouvoir accéder à l'entrée de son palais. Son garde, malgré son gabarit, ne tiendrait pas longtemps face au nombreux hommes présents. Elle aurait dû se douter que personne ne la laisserait s'en tirer comme ça.
Elle referma rapidement les portes et couru dans les escaliers pour aller se réfugier à l'étage. Alors qu'elle avait presque terminé son ascension, elle entendit les grandes portes s'ouvrir brusquement. Ils étaient entrés.
Son cœur battait à lui rompre les côtes. Elle tremblait de peur, et pour une fois, ses pouvoirs n'en étaient pas la cause. La cause, c'était qu'ils étaient là et qu'ils allaient se venger, sans aucun doute. Elsa n'était pas idiote. Ils étaient là pour la tuer.
Alors qu'elle arrivait dans la pièce centrale de l'étage, elle entendit des bruits de pas juste derrière elle. Elle fit volte-face. Deux hommes étaient présents, dont l'un avait son arbalète pointée sur la Reine.
"Non, s'il vous plaît, supplia Elsa les mains devant elle, comme pour se protéger."
Sans une hésitation, sans une once de remords dans le regard, l'homme visa et tira. La flèche siffla dans l'air. Se préparant à l'impact, Elsa ferma fort les yeux, la tête derrière ses bras en guise de protection. Elle attendit. Attendit. Rien ne vint.
Quand elle rouvrit un œil, la pointe de la flèche était à quelques millimètres de son front. Elle recula précipitamment, avant de s'apercevoir que la flèche était immobilisée, fichée dans dans la glace. Elle l'avait fait sans s'en rendre compte, par réflexe.
Et ça lui avait sauvé la vie.
Inconsciemment, cela lui rappelait la veille, au moment où elle s'était retrouvée bloquée par le fleuve, avant de le traverser et de fuir Arendelle grâce à la glace. C'était son seul échappatoire. La glace. Ses pouvoirs.
La dernière fois que tu as fait ça, tu as plongé ton royaume tout entier dans un hiver éternel.
Mais elle n'avait pas le choix. Autrement, elle le paierait de sa vie.
Une lueur nouvelle dans les yeux, Elsa se redressa, carra les épaules et mit ses mains devant elle en position de combat. Ils allaient voir de quoi La Reine des Neiges était capable.
Rapidement, elle contre-attaqua, faisant sortir des pics mortels du sol, que les deux hommes eurent du mal à esquiver. Elle envoya un jet de magie sur l'un des hommes. Puis sur l'autre. Et de nouveau. Et encore. Et encore.
De leur côté, les hommes esquivaient en attendant de trouver un angle pour tirer. Une fois qu'ils furent chacun de part et d'autre de la Reine, le combat ralentit.
Elsa, au centre de la pièce, avait ses mains sur les côtés, le visage concentré. Tous ses sens étaient en alerte. Son ouïe captait le moindre pas, le moindre froissement. Son épiderme était prêt à ressentir le moindre courant d'air. Son odorat captait les effluves de sueur au milieu de la bataille, ses yeux étaient prêts à déceler chaque mouvement. Aussi, quand l'un des hommes tenta de viser discrètement, il eut à peine le temps de lever son arme qu'il se retrouva immobilisé dos au mur, coincé par les piques plantés dans ses vêtements.
Le second, profitant de la distraction, tenta également sa chance, mais Elsa fut plus rapide. D'un mouvement de la main, elle envoya valser l'arbalète qui s'écrasa au sol dans un grand fracas. L'homme, désarmé, tenta alors de fuir en courant, ce que la Reine ne laissa pas passer. Elle lui bloqua le passage d'un mur de glace, et en fit de même lorsqu'il tenta de partir de l'autre côté. Et avant qu'il n'ait pu réagir, elle érigea un dernier mur qui se dressa entre eux, avant de le faire avancer droit sur lui.
Cet homme, c'était celui qui avait tiré la première flèche du combat, celle qui avait failli être fatale à Elsa. Il recula, recula, et une lueur d'effroi traversa ses prunelles lorsqu'il compris le stratagème de son adversaire. Derrière lui se trouvaient les portes qui menaient au balcon. Elsa allait le précipiter dans le vide.
Il tenta de repousser le mur mobile en prenant appui sur les portes derrière lui, mais les pouvoirs de la Reine étaient bien trop puissants, et rapidement, les portes se fissurèrent, avant de se briser sous la pression. En tombant, elles détruisirent la balustrade. Désormais, plus aucun obstacle ne se dressait entre l'homme et le vide, et il avait beau pousser, pousser, Elsa avait largement l'avantage, et n'en démordait pas.
Quand il ne fut plus qu'à quelques centimètres de basculer dans le vide, des bruits de pas sonores et désordonnés résonnèrent. Elsa fit volte-face pour découvrir près d'une centaine de nouveaux arrivants. Une centaine d'adversaires.
Sans réfléchir, elle attaqua. Son sang battait dans ses tempes au rythme du combat. Elle décima plusieurs rangs d'un grand geste du bras, avant d'en immobiliser certains en les clouant au sol par la simple force de sa magie. Elle déviait tous les projectiles en envoyant ses propres munitions de glace dessus.
Elle se battait avec hargne, avec une haine aveuglante. Elle était censée s'occuper d'un peuple qui l'avait laissée se morfondre pendant des années ? Ces gens avaient voulu la tuer. Ils allaient le payer.
Elle ressentait toute la puissance de ses pouvoirs fourmiller dans chaque centimètre carré de son épiderme, et ça ne lui faisait pas peur. Elle n'était pas faible, elle n'avait pas peur du pouvoir, plus maintenant. Aujourd'hui, c'était eux qui allaient avoir peur.
De nouveau elle attaqua, frappa d'un jet de magie, contra d'un souffle de glace et envoya une myriade de pointes acérées en direction de l'ennemi. Seule contre cent, et elle avait l'avantage dans la bataille. Au centre de la pièce, la Reine menait toutes ses attaques d'une main assurée, le regard froid. Le blizzard se déchaînait, déstabilisant les hommes d'Hans. Elsa ignorait combien de temps s'était écoulé. Elle se contentait d'attaquer, encore, et encore, et encore, sans relâche. Elle ne réfléchissait plus. Tout était fait à l'instinct. Un instinct primaire. Un instinct de haine et de vengeance.
Des dizaines d'hommes étaient à terre, assommés, inconscients.
Morts ? Certains, peut-être. C'était un véritable carnage, mais rien ne pouvait arrêter la tempête qu'était Elsa. Le sang qui pulsait à ses oreilles l'encourageait.
Ils ont voulu te tuer. Prouve-leur. Prouve-leur qui tu es. Il ne font pas le poids face au pouvoir du froid. Ils ne font pas le poids face à toi.
Et alors qu'elle était incapable de dire si une minute ou une heure s'était passée, Elsa s'aperçut que presque tous les hommes étaient à terre. Presque.
Elle se retourna pour voir Hans, juste derrière elle, épée à la main. Elle le désarma d'un geste de la main et se jeta sur lui pour le plaquer au mur.
Tout était de sa faute.
Dans sa main, elle fit apparaître une dague de glace, pointue, aiguisée. Prête à tuer. C'est alors qu'une voix paniquée retentit :
"Elsa ! fit une voix familière qui laissait transparaître sa panique. Elsa, ne fais pas ça. S'il te plaît. Regarde-toi."
Lentement, douloureusement, Elsa cligna plusieurs fois des yeux. Elle regarda autour d'elle. Le blizzard s'était arrêté, laissant apercevoir des dizaines de silhouettes inconscientes, à terre et blessées. Peut-être même... mortes ?
Elsa sentit sa respiration devenir irrégulière. Oh non. Non, non, non, non, non.
C'était... elle ? C'était elle qui avait fait ça ?
Elle lâcha son arme, qui tomba au sol dans un tintement qui résonna dans le silence. Lentement, chancelante, elle se dégagea, libérant Hans de sa poigne. Était-ce une tâche de sang là-bas, par terre ? Elle releva les yeux pour croiser le regard du nouvel arrivant, planté au milieu de la pièce. Jack. Il était témoin de ce qu'elle avait fait.
Mais il ne regardait pas les nombreux corps sur le sol gelé. Non, il la regardait dans les yeux, et lui tendit la main.
"Elsa, chuchota-t-il. Viens, s'il te plaît. Regarde-moi. Ça va aller, je te le promets."
Elsa lui lança un regard désespéré et sous le choc. Malgré ce qu'elle venait de faire, il voulait l'aider ?
Elle n'arrivait pas à réfléchir. Qu'avait-elle fait ?
Elle avait l'impression de se noyer, de battre des bras pour tenter de rester hors de l'eau, une force invisible l'entraînant vers le fond. La main tendue de Jack, quelques pas plus loin, lui semblait pareille à une bouée de sauvetage. Lentement, elle voulu se diriger vers lui. Mais avant qu'elle n'ait pu esquisser le moindre mouvement, Hans lui faucha les jambes. Dans sa chute, elle entendit Jack hurler, puis quelque chose d'énorme se briser au sol. Sa tête heurta la glace.
Puis tout devint noir.
*******************************************
Hey vous !
Voici mon chapitre 10 ! C'est la première fois que j'écris une scène de combat, et je ne sais pas trop quoi en penser. Quel est votre avis ?
A+
Athésia ❤️
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro