Chapitre 22
Elle l'avait promis à Ylena, mais elle était particulièrement anxieuse à l'idée d'aborder la possibilité qu'elle rencontre sa famille. Maple revenait de chez elle d'ailleurs lorsqu'elle remarqua une voiture à l'entrée de son quartier. Cette voiture, elle l'avait déjà croisée plusieurs fois près de chez elle, mais aussi à proximité de l'entreprise familiale. Elle l'observa avec attention et reconnu l'homme au volant. Elle se précipita chez elle pour avertir sa fratrie.
— Il nous surveille, dit elle en débarquant dans le salon où se trouvait Kase et sa sœur.
— Qui ça ? demanda le plus jeune des Sylvestres alors que Cimeon les rejoignait.
— Delaplace, dit Maple.
Wila et Cimeon échangèrent un long regard et Maple comprit qu'ils étaient déjà au courant.
— Vous le saviez ? attaqua-t-elle.
— Quoi ? s'insurgea Kase.
— Notre cher frère et notre chère sœur étaient au courant que le Lieutenant Delaplace nous surveillait, expliqua-t-elle avec dédain.
— C'est vrai ? interrogea-t-il.
— Pourquoi vous ne nous avez rien dit ?
— On ne voulait pas vous inquiéter, tenta Cimeon.
— C'est pour cela que tu nous as envoyé dans les alpes sans vous, releva Kase en pointant Wila du doigt.
— On ne voulait pas prendre de risques, expliqua-t-elle, il en a surtout après Cimeon.
— Et s'il s'était attaqué à vous ? demanda Maple sentant la colère bouillonnait sous sa peau.
— Il fallait que tu restes avec Kase pour le protéger, dit Cimeon.
— Je n'ai pas besoin d'une baby-sitter, se plaignit Kase. J'ai encore moins besoin de quelqu'un pour me défendre contre cet empoté de Delaplace.
— Et qu'est-ce que vous avez prévus de faire pour le Lieutenant ? demanda Maple sans porter attention à son plus jeune frère. Vous comptiez simplement attendre qu'il se lasse.
— Un peu, avoua Cimeon.
— Mais c'est n'importe quoi, releva-t-elle.
— Il ne peut rien contre nous, expliqua Wila, ce n'est qu'une écharde dans notre pied.
— Une écharde ça peut s'infecter, constata-t-elle.
— Il n'y a pas de quoi s'affoler, tenta Cimeon, tant qu'on agit comme une famille normale.
Maple prit une grande inspiration, elle n'en croyait pas ses oreilles, Wila qui prônait toujours la prudence semblait avoir oublié ses propres principes. Elle qui s'inquiétait de présenter sa petite amie, se sentait maintenant angoissée à l'idée que son frère se fasse de nouveau arrêter.
— Ce n'est pas la seule chose qui t'inquiète, dit Kase avant qu'elle ne quitte le salon.
— Qu'est ce qui se passe ? interrogea Wila.
— Non, ce n'est rien, tenta de se défiler Maple.
— Si, dit nous, insista-t-elle.
— Je voulais vous proposer d'inviter Ylena à diner à la maison, avoua-t-elle en leur faisant face de nouveau, voilà.
— C'est mignon, la première petite amie de ma petite sœur, dit Cimeon. On devrait faire ça ce weekend.
— Non, c'est trop dangereux, intervint Wila.
— Trop dangereux ? releva-t-elle. Pourtant, tu nous as caché qu'on était sous surveillance.
— Je ne sais pas si tu as remarqué, mais les médias ne font que parler du dernier meurtre de l'étripeur et ton frère est le principal suspect.
— C'est bien comme ça t'arrange.
— Tu voudrais qu'on invite ta copine à diner alors que l'autre taré nous surveille ? commença à s'agacer Wila.
Elle essayait de tout faire pour ne pas s'énerver, Maple s'en rendait compte, mais elle ne parvenait pas en faire autant. Elle se sentait trahis et incomprise.
— Non, je voudrais que tu sois honnête, expliqua-t-elle, et que tu avoues que tu ne veux pas rencontrer la femme que j'aime.
— Que tu aimes ?
— On devrait voter, intervint Cimeon.
— Je suis d'accord, dit Kase en levant la main, qui est pour un diner avec Ylena ?
— Non, pas de vote, coupa Maple. On n'est pas en réunion d'entreprise. Je ne veux forcer personne à faire sa connaissance, précisa-t-elle en foudroyant Wila du regard avant d'enfin quitter le salon.
L'atmosphère était de plus en plus lourde. Wila faisait de son mieux pour garder son calme, alors que le ciel se couvrait à l'extérieur, elle avait un tempérament colérique qui était mise à rude épreuve.
Le lendemain, Maple bouillonnait encore d'une colère sourde, elle préféra éviter sa fratrie dans les locaux de son entreprise et ne pas aller voir Ylena après son travail. Elle ne voulait pas lui mentir, ni qu'elle la voit dans cet état. Elle ne dinât même pas et s'enferma dans sa chambre dés qu'elle retrouva la maison familiale.
Il était presque vingt-deux heures lorsque quelqu'un frappa à la porte de sa chambre. Elle l'ouvrit sur Wila qui montrait un visage fermé. Elle commença par accuser Maple de se comporter comme une adolescente.
— Tu as raison, expliqua-t-elle, j'aurais dû te parler de Delaplace.
— Je croyais qu'on ne devait pas avoir de secret l'une pour l'autre, que j'étais ton bras droit, protesta Maple.
— C'est le cas. Je ne voulais pas t'inquiéter et je voulais protéger les garçons. Tu sais que tu es ma meilleure...
— Arme, coupa-t-elle.
Wila acquiesça avec une grimace, elle savait que sa sœur n'aimait pas qu'elle la qualifie ainsi. Ce n'était pas la meilleure façon de s'excuser, mais elle ne se dégonfla pas et continua.
— Ce n'est pas que je ne veux pas rencontrer Ylena, expliqua-t-elle, mais on ne sait pas de quoi est capable Delaplace.
— Pourquoi on ne fait rien contre lui ? interrogea Maple.
— Il n'y a pas grand-chose à faire. D'après ce qu'on m'a rapporté, il ne reprendra pas son poste avant longtemps. Mais si on l'accuse de nous harceler, cela attira l'attention sur nous, je ne sais pas si tu es d'accord, mais il y a déjà trop attention sur nous ces derniers temps.
— Je suis d'accord.
— J'ai pensé à me débarrasser de lui, mais Cimeon serait le premier suspect.
Maple digéra les informations. Malgré ce qu'elle pouvait reprocher à sa sœur et Cimeon, elle était d'avis que le Lieutenant Delaplace n'était pas une réelle menace. Il finirait bien par les laisser tranquille, ne pouvant rien faire contre eux, ou par devenir fou à force de se cogner à un mur.
— Cimeon m'a convaincu qu'une famille qui n'a rien à se reprocher reçoit des gens chez eux et rencontre les petites amies de leur sœur. Mais ça reste quand même dangereux pour nous...
— Elle ne représente pas un danger, coupa Maple.
— Et pour elle, continua-t-elle. Contrairement à ce que tu penses, je ne me moque pas des autres, même si je fais et je ferais toujours passer les intérêts de notre famille en premier.
— Tu penses qu'il pourrait s'en prendre à elle ? interrogea-t-elle après un silence.
— Je n'en sais rien. Le peu qu'on sait de lui, il semble inoffensif, mais il pourrait très bien vriller.
Maple ne savait pas quoi faire. Elle était de plus en plus réticente à l'idée de présenter Ylena à sa famille, mais quelle excuse pouvait-elle bien inventer pour ne pas la blesser. Elle ne pouvait clairement pas lui dire la vérité.
Elle en discuta à nouveau avec sa fratrie, mais de façon plus posée. Ils se décidèrent sur un jour et sur la marche à suivre pour s'assurer que le Lieutenant Delaplace ne soit pas présent dans le quartier lors de ce diner. Sans expliquer comment, Cimeon leur dit qu'il allait s'en occuper.
— Tu ne vas pas te mettre en danger ? demanda Maple.
— Non, je connais quelqu'un qui voudra bien nous aider, se contenta-t-il de dire.
Contre toutes attentes, Wila s'investissait énormément dans la préparation de ce diner formelle. Elle n'en disait rien, mais Maple comprit qu'elle était tout aussi anxieuse qu'elle et qu'elle cherchait un moyen de faire bonne impression face à sa petite amie. Elle sortit leur plus belle vaisselle et engagea un traiteur pour leur préparer un diner qu'elle ne voulait pas trop tape à l'œil.
— Ça fait quoi d'avoir un semblant de vie normale ? demanda Kase à Maple quelques heures avant l'arrivée d'Ylena.
— Ça fait peur, avoua-t-elle.
— Mais ça te rend heureuse ?
— Je crois que c'est Ylena qui me rend un peu plus heureuse, je n'ai pas vraiment une vie normale. C'est elle qui me donne envie de me battre pour avoir cette vie normale, pour être enfin libre.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Tu sais, dit-elle blasée, c'est la même discussion qu'on a toujours.
— Tu voudrais sortir de ce système qui nous maintient en vie, qui me maintient en vie, taquina Kase.
— Pas avant qu'on ait trouvé une solution, tenta-t-elle.
— Je te comprends, assura-t-il. Si on faisait cela juste pour survivre, certainement qu'on le vivrai mieux. Mais finalement nous ne sommes que des pions. Avec leur délire de mettre les choses en scènes pour intimider leurs soi-disants opposants. Alors qu'on pourrait si facilement se débarrasser des preuves.
— J'aimerai qu'on ait plus jamais à le faire, se plaignit Maple, mais c'est vrai que ce serait déjà un bon début.
— Tu es stressée pour ce soir ? demanda Kase pour changer de sujet.
— Beaucoup, mais je dois t'avouer que je suis souvent stressée quand je vois Ylena.
— Ah oui ? pourquoi ? à cause de Delaplace ?
— Un peu, mais c'est surtout mes réactions qui m'inquiètent.
— Développe.
— Je n'ai jamais été proche de quelqu'un comme je le suis d'Ylena. Je n'ai jamais ressenti ce que je ressens pour elle pour quelqu'un d'autre, expliqua-t-elle avec nervosité. Ça n'a jamais été aussi fort, aussi intense.
— Tu l'aimes vraiment.
— Oui, mais dès que ça devient un peu... un peu chaud entre nous, j'ai littéralement l'impression que je pourrais m'embraser. J'ai essayé tout ce que je pouvais pour rester calme, mais rien n'y fait. Et je crois bien qu'elle va finir par me quitter, surtout que je ne peux décemment pas lui expliquer pourquoi je ne veux pas coucher avec elle.
Kase grimaça, mais proposa une solution à sa sœur que ne l'enchantait pas du tout.
— Ce soir, je pourrais t'aider, dit-il en gardant ses yeux fermés.
— Non, c'est bon, tu ne vas pas faire ça, ça serait bizarre.
— Comme tu veux, dit-il sans vouloir insister.
Quand Ylena frappa à la porte, tous les Sylvestres étaient dans le salon. Cimeon s'était assuré que le Lieutenant Delaplace ne serait pas dans les parages, ce qui rassura le reste de la fratrie. Maple prit une grande inspiration avant d'ouvrir la porte sur sa copine qui était tout aussi stressée qu'elle.
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