Ylena aurait aimé revoir Maple après avoir passé la nuit à la tenir dans ses bras. Elles ne s'étaient pas dit grand-chose, elles ne s'étaient même pas embrassées, mais cette nuit chaste lui semblait particulièrement intime. Maple lui avait envoyé un message assez flou pour lui dire qu'elle ne serait pas joignable au cours des prochains jours, qu'elle partait à la mer avec sa fratrie. C'était une bonne chose, pensait Ylena, mais elle aurait aimé savoir où elles en étaient avant ce nouveau silence radio.

Elle en profita pour travailler son dossier sur l'étripeur, lisant plusieurs articles plus ou moins sérieux sur le sujet qui ne faisaient que se plagiaient les uns les autres tout en se contredisant. Ils étaient tous au moins d'accord sur une chose, l'étripeur était le tueur en série européen le plus prolifique du siècle. Elle lisait beaucoup, mais finalement il n'y avait pas beaucoup d'éléments qui en ressortaient.

Samedi soir, sachant qu'elle n'aurait pas de nouvelle de Maple, Ylena sortit avec ses amis. Ils dinèrent dans un fast-food, puis allèrent dans un escape game. Ils s'étaient montrés assez curieux de l'évolution des choses entre Maple et elle, lui posant plein de questions et s'enthousiasmant en apprenant qu'elles avaient passé une nuit ensemble.

— Calmez-vous, il ne s'est rien passé, commenta Ylena.

— Comment ça, rien passé ? intervint Amir, tu rigoles ? T'as quand même passé la nuit avec elle, ça se fête !

— Depuis le temps que tu radotes sur la belle Maple, dit Emilie.

— Il s'est vraiment rien passé, on a juste dormi.

— Mais elle était dans tes bras ? demanda son amie.

Ylena acquiesça d'un signe de tête.

— Que c'est mignon, se moqua Amir. Et tu la revois quand la belle Maple ? ajouta-t-il après avoir bien ri.

— Sûrement mardi, en même temps que vous.

— Vous passez la nuit ensemble et tu ne la vois pas du weekend ?

— Elle est partie en weekend avec sa famille.

Le lendemain matin, Ylena dormais encore quand quelqu'un sonna à son interphone. Elle jeta un coup d'œil à son portable, il était déjà onze heure passé. Elle déverrouilla la porte de l'immeuble, enfila un gilet et sortit dans la cage d'escalier et fut surprise de voir Maple arrivant déjà sur son palier. Son invitée surprise lui sauta au cou manquant de la faire chuter.

— Je suis contente de te voir, dit Maple avant d'écraser ses lèvres sur celle de Ylena.

— Je suis contente aussi, dit-elle en reprenant son souffle.

Maple l'embrassa avec un peu plus de passion, glissa ses mains sous son gilet en la collant contre le mur. Ylena était plus que ravie par cette nouvelle témérité, mais elle avait peur que son voisin sorte sur le palier pour les surprendre.

— On devrait peut-être rentrer, proposa-t-elle.

Maple la suivit à l'intérieur de son appartement et s'excusa, elle ne faisait pas ce genre de choses habituellement, mais elle était tellement heureuse de la revoir. Elle semblait particulièrement enthousiaste et si Ylena ne connaissait pas ses valeurs concernant les substances récréatives, elle jurerait qu'elle était défoncée.

— C'est dommage, je pourrais m'habituer très facilement à ce genre de retrouvailles.

— Je ne sais pas si c'est une bonne idée, dit Maple en l'embrassant de nouveau.

— Pourquoi ? demanda-t-elle en ôtant son gilet.

— Avec tout ce qui vient se passer ces derniers jours, je suis peut-être encore un peu bouleversée.

— Je vois, dit Ylena en cessant de l'embrasser tout en mordant l'intérieur de sa joue. Raconte-moi, suggéra-t-elle en invitant Maple à s'asseoir dans le canapé.

Maple regrettait d'avoir parlé, elle aurait dû se laisser porter par l'instant au lieu de vouloir être honnête. Elle se blottit dans les bras d'Ylena et accepta de lui en dire un peu plus sur la semaine qui venait de s'écouler.

— Je t'ai dit que mon frère s'est fait arrêter, il n'a pas été inculpé, mais Wila pense que le flic qui l'a arrêté en a après lui.

— Pourquoi ?

— Je sais pas vraiment, mon frère peut être un peu grande gueule, dit-elle pour noyer le poisson.

Elle n'était toujours pas décidée à lui donner la raison de son arrestation.

— Et pour arranger tout ça, continua-t-elle, mon petit frère, Kase, est tombé dans les pommes jeudi matin.

— Qu'est ce qui lui est arrivé ? s'intéressa sincèrement Ylena.

— Il a une maladie, en vrai on l'a tous les quatre, précisa-t-elle, la voix incertaine, mais c'est plus grave pour lui. Avec tout ce qui s'est passé avec Cimeon, il n'a pas pris son traitement et ne s'est pas bien nourri.

— En effet, ça n'a pas été une semaine tranquille pour toi et ta famille. Qu'est-ce que c'est comme maladie ? C'est grave ?

— Une hémopathie, rien de vraiment très grave, je n'ai pas vraiment de symptôme du moment que je me nourrit convenablement. Et mon frère est plutôt stable quand il suit son traitement. Heureusement que Wila était là pour tout gérer, je ne sais pas ce qu'on aurai fait sans elle.

— Vous avez l'air d'être toujours là les uns pour les autres, même si tu me dis que tu te disputes souvent avec ta sœur.

— C'est pas censé être comme ça une fratrie, des gens qui se disputent, mais qui sont toujours prêts à se battre les uns pour les autres ?

— Je crois que bien que si, confirma Ylena.

Elle interrogea Maple sur ce départ soudain à la plage qui n'était pas la porte à côté et s'étonna que Wila, qu'elle voyait comme quelqu'un de très rigide qui ne savait pas s'amuser, les ai accompagnés sur un coup de tête.

— On avait besoin de se retrouver rien que nous quatre, loin de tout ça, expliqua-t-elle.

— Plus j'apprends à te connaitre, plus je me rends compte que tu es quelqu'un d'impulsif.

— Moi ? Pas du tout. Il parait même que je réfléchis trop, s'étonna Maple.

— Pourtant tu es partie en weekend sur un coup de tête à plus de trois heures de route.

— Je n'ai fait que suivre mes frères.

— Et, par deux fois cette semaine, tu as débarqué par surprise chez moi. Et lelendemain de ta première soirée étudiante, tu m'as rendu une visite surprise.

— Je suis peut-être plus impulsive que je le croyais. Mais je peux cesser de l'être si tu veux.

— Non, s'il te plait, j'adorerai que tu débarques tous les jours chez moi, surtout si tu m'embrasses comme tout à l'heure.

— Vraiment ? demanda Maple en se redressant pour lui faire face.

Ylena acquiesça d'un signe de tête et Maple l'embrassa. Elle passa ses doigts dans ses cheveux, s'agrippa à sa nuque et colla son corps contre le sien pour rendre le baiser plus profond. Ses lèvres quittèrent celles d'Ylena pour glisser le long de son menton jusqu'à son cou. Malgré son souffle court et la conviction de ce qui pouvait suivre, Ylena la repoussa doucement.

— On ne devrait pas, tu l'as dit toi-même, tu es encore bouleversée.

— Mon honnêteté me perdra, dit Maple entre ses dents en réajustant son t-shirt.

— Et puis, je suis désolée, je dois retrouver mon groupe de société moderne pour le déjeuner, on doit travailler sur notre dossier. Il est à rendre au prochain cours.

— Ne t'excuse pas. En même temps je débarque chez toi sans m'annoncer.

— Mais tu peux venir avec moi, si tu veux.

— Non, je ne préfère pas. Vous devez travailler, je ne ferai que vous gêner.

— Comme tu veux.

Ylena passa par la salle de bain pour se préparer, Maple lui ayant proposée de l'accompagner jusqu'au lieu de son rendez-vous. En revenant dans le salon, elle lui proposa qu'elles dînent ensemble le soir même, la métisse accepta avec plaisir, elle appréciait vraiment passer du temps avec elle.