Chapitre 2 : Un dernier shot...
Un dernier strike dans mon cœur, avant que la nuit ne perde ses couleurs...
8 octobre 2021.
Affalée sur la table de l'amphithéâtre, j'écoutais pour la énième fois comment le latin avait écrit des œuvres les plus emblématiques de tous les temps immémoriaux, blablabli et blablabla.
Mes cheveux bruns en bazar retombaient sur mon visage. Mes yeux bleus les fixaient avec désespoir. Je soufflais dessus pour les chasser et tournai ma tête vers le prof et son micro mal câblé.
À mes côtés, une fille aux cheveux noirs maquillée d'un fard à paupière vert faisait son shopping sur internet. On dirait que le latin ne faisait pas l'unanimité, il faut dire que la langue morte n'intéressait plus personne aujourd'hui et encore moins dans notre amphi.
-On a qui après ? Disais je à Paola à mes côtés qui regardait les robes d'hiver sur Zara. Moi, j'avais toujours la tête collée à la table.
-Le prof de lettres.
Quelle idée de faire du 8 h-18 h avec 4 h de latin le matin et 3 h de lettres l'après-midi. Je passe mon regard fatigué sur mon ordinateur. Je n'avais même pas écrit une seule ligne sur le fichier Word.
-Allez, il est 10 h. Je vous accorde 10 minutes de pause.
N'en pouvant plus de sentir le bois du pupitre sur ma tête. J'entends mes bras devant moi pour m'étirer et je me lève lentement, étendant mes muscles pour sortir prendre un peu l'air. Je sors mon téléphone de la poche de ma veste noire et je me dirige vers la sortie ou au moins l'extérieur du campus. Sentir cette petite brise sur mon visage me fait du bien.
J'envoie ensuite un message à mon groupe d'amies qui était en économie.
"On mange ensemble à midi ?"
Tous les midis, je rejoignais trois filles que j'avais rencontrées lors d'un cours en commun. Elles étaient mes seules amies dans cette université. Je n'arrivais pas à nouer de lien avec les gens de ma classe. Alors, j'entretenais ceux que j'avais créés avec d'autres personnes.
Les 10 minutes passèrent trop rapidement et je retournais à contrecœur à mon pupitre.
Nous avions tout de suite une connexion très profonde entre nous. J'avais l'impression de voir des personnes regorgeant de vie dans une classe qui semblait morte. Depuis notre cours en commun, nous avions une facilité déconcertante de parler de nos vies, de nos passions et de nos secrets. C'était une bulle de respiration dans des cours où j'avais parfois l'impression d'être oppressée.
Nous avions trouvé une place dans un "amphi d'hobbit" comme j'aimais les appeler. C'étaient des amphithéâtres beaucoup plus petits pour les TD.
Plus tard, après avoir fait chauffer, nos tupperwares dans la salle aux micro-ondes. Nous avions posé nos paniers repas brutalement en discutant.
-Non, mais je ne comprends pas pourquoi il n'arrive pas à décrocher des jeux vidéo. Moi, j'ai cours le lendemain !
Abigaël soupira en levant les yeux aux ciels, la fille aux cheveux roux était en train de nous expliquer que son copain la fatiguait.
-Il joue tard dans la nuit et en plus, il hurle ! Non mais moi, je me bouche les oreilles. Je lui dis de faire doucement et il continue !
Abigaël semblait contrariée. Je trouvais aussi que son mec exagérait. Sa voisine, aux cheveux bruns attachés en une queue de cheval, approuvait avant de poser ses yeux verts sur moi.
-Tu as de la chance, Anya. Toi, tu n'as pas d'homme à la maison à t'occuper.
Durant la plainte d'Abigaël, j'avais eu le temps d'ouvrir mon tupperware en verre et de mettre une bonne cuillère de pâtes dans ma bouche. Les joues pleines, je lui répondis en mâchouillant.
-C'est normal. Je suis célibataire et toujours chez mon père.
-Profite. Tu en as de la chance. Affirma Marie en pointant son doigt parfaitement vernis vers moi.
-Ha moi, je ne pourrais plus vivre chez mes parents ! Continua Abigaël. Je suis bien contente d'avoir mon indépendance. D'ailleurs, il faudra que tu penses à déménager un jour.
Elle rigola en mangeant une salade qu'elle avait préparée et fait approuver par son coach de diététique.
-Boh pour l'instant, ce n'est pas prévu. Chaque chose en son temps. Disais-je en reprenant une nouvelle bouchée.
J'avais encore du mal à me projeter et j'étais encore trop attachée à ma famille pour partir. Et puis, je n'avais même pas l'argent pour habiter seule. J'ai encore le temps. Peut-être que je vivrai seule quand j'aurai fini mes études ? On verra. Je n'aime pas penser à l'avenir. Ça me stresse.
-La pauvre. Laisse la profiter de sa jeunesse.
Celle qui venait de s'exclamer était une petite femme aux cheveux marron brillant du nom de Manon. Elle était magnifiquement élégante dans sa robe rouge et son maquillage lui allait à merveille. Moi, je n'étais pas aussi belle. J'avais tendance à être plus garçon manqué que belle demoiselle bien habillée. Mais j'enviais cette élégance avec bienveillance.
Nous écoutons quelques plaintes d'Abigaël avant que Marie qui scrollait sur Instagram, s'exclame :
-GIRLZ GIRLZ ! ALERTE SOIRÉE ! Le Fruitz va nous proposer de la bonne musique ce soir !
-On n'est pas censé réviser ? Fit Manon naïvement.
-Au diable les révisions ! Place à la passion !
Marie disait ces mots avec une voix grave et tonitruante. Elle avait le poing fermé contre sa poitrine et regardait le plafond de l'amphithéâtre avec ardeur. Je pouffe de rire et mentionne :
-Redit ça pendant la période d'examen.
Marie me tire la langue. Je rigole de bon cœur.
-Moi je veux bien venir.
-Et bien parfait ! Tu sais déjà quoi mettre ? Fit avec passion mon amie.
-Wouaw, wouaw, wouaw. Non. Je n'ai même pas eu le temps d'y penser.
S'ensuivit des discussions sur notre tenue de ce soir. Une discussion purement féminine. 2 H, ça défile vite. Tandis que le trio avait un cours de sociologie, je suis partie terminer ma dernière heure de pause dans le café à côté de la FAC. Le campus était énorme, il comprenait plusieurs bâtiments avec diverses filières spécifiques. Il était réputé pour ses formations publiques et diplômantes, mais pas pour son chauffage et son administration. Il y avait un petit parc juste en face, près d'une rue qui entassait les cafés et les fast-foods. Le lieu que je préférais, c'était un petit café dans l'angle de l'avenue, qui favorisait les spécialités italiennes. En entrant, le décor du restaurant m'emmenait déjà en Italie. Une musique italienne murmurait à mon oreille, les effluves de crème et le décor un peu végétal avec des tableaux typiques du pays me firent voyager. Un homme à lunette, la quarantaine, en costume, m'accueillit avec élégance et m'amena à une table de deux près de la baie vitrée. C'était parfait. J'aurais une belle vue sur le paysage et les passants et une autre sur le café. Je sors un livre et au même moment, un jeune garçon aux cheveux noirs, habillé d'une chemise blanche et d'un pantalon noir, m'apporta la carte des boissons.
-Merci.
Il me sourit avenant.
-Avec plaisir, bonne lecture à vous.
J'ouvre la carte des boissons et me décide sur un café noisette avec un peu de crème, accompagné d'un gâteau au chocolat. Je commence mon chapitre et le serveur revient prendre ma commande. Je le remercie et continue mon roman, ce dernier racontait l'histoire de deux personnes qui se sont réveillées dans un parc, attaché par des menottes l'un à l'autre. Chacun avait ses secrets. J'adorais l'auteur, ces écrits m'emmenaient loin du monde et la vérité était insaisissable. Je dévorais ces livres comme un vampire avide de boire l'encre des pages. J'étais dans mon monde, dans ma bulle. Loin du poids de la vie réelle...
La voix d'un autre serveur aux cheveux blonds me ramène à la surface de ma rêverie. Il me sert ma commande. Je déguste mon café en gardant mon livre en main. Le temps passe... Il est temps de retourner en cours. Je laisse un pourboire sur la table et je repars.
Le cours suivant fut terrible. J'ai passé mon après-midi à prendre des notes. A la fin de la journée, dans les transports, je m'endormais. J'arrivais enfin dans mon quartier, mon chez-moi. C'était une petite ville aux abords du centre-ville. Elle avait la particularité d'être proche de la forêt de Brown qui arpentait plusieurs patelins un peu plus loin. J'habitais près d'une belle et petite église, proche de l'arrêt de bus. Je marche un peu et je me retrouve devant un immeuble blanc à quatre étages. J'ouvre la porte vitrée qui mène directement sur une rangée de boite aux lettres, je prends l'ascenseur et monte au deuxième étage.
Mon arrivée fut accueillie par les miaulements d'un chat blanc aux yeux verts. Luna se frottait à ma jambe, j'entre et ferme la porte en saluant mon père qui regardait les informations à la télé.
-Bonjour Papa !
-Salut ma puce.
Il portait un tee-shirt hawaïen et un pantalon beige. C'était assez drôle de voir ses couleurs avec ses cheveux grisonnants. Il portait ses lunettes noires, afin de mieux voir la télévision. Je m'approche de lui et le câline au grand dam de ma chatte un peu jalouse.
-Ce soir, je vais à une soirée avec mes amies de FAC.
Je préférais informer mon père pour qu'il ne s'inquiète pas.
-Ne rentre pas tard, demain, tu as cours.
Une remarque typique d'un parent. J'hoche de la tête et me dirige vers le couloir pour poser dans ma chambre. Avant d'entrer dans ma pièce personnelle, je regarde furtivement "la porte qu'il ne fallait pas ouvrir" et j'entre dans ma chambre. J'aimais cette pièce, plutôt grande, j'avais accroché des posters de mes mangas préférés et quelques dessins. Ma chambre paraissait enfantine alors que j'étais déjà à la FAC. Il y avait encore mes peluches d'enfance et une vieille maison de poupée. J'ouvre l'armoire en bois et je me prépare avec une belle robe noire à volants et à manches longues. Je me maquille devant le miroir alors que mes Petshops attendaient inlassablement que je joue avec eux. Je coiffe mes cheveux bouclés en chignon et je pars me préparer un croque monsieur.
Je m'assois devant la télé, regardant les informations avec mon père qui commenta de temps en temps en argumentant de sa propre opinion. Moi, les infos je trouvais ça barbant.
À 18H, je dis au revoir à mon paternel pour reprendre le bus direction le Fruitz qui ne se trouvait pas loin de l'école. J'en avais pour 20 min. Une fois descendue à l'arrêt, je marche armée de ma petite veste sombre. La nuit arrivait lentement sur notre petite ville et j'adorais la voir s'animer lentement.
Par un hasard subtil, au croisement de la rue, je reconnais ce jeune serveur qui passe juste devant moi. Assise, je ne m'en rendais pas compte, mais il est bien plus grand. Il avait une grosse doudoune noire au-dessus de sa chemise de travail, il me salua doucement d'un sourire avant de repartir.
Étonné par cette coïncidence, je continue ma route jusqu'au point de rendez-vous. Il y avait Marie, mais nos deux amies devaient être en retard.
-Anya ! Tu es là !
Elle me fait la bise. Je la trouvais magnifique dans sa robe citron avec un brin de paillettes sur son visage.
-Ta tenue est ravissante.
-La tienne aussi ! Me complimente-t-elle. Ho ! Elles sont là !
Nos deux compères arrivent sans courir.
-Salut les filles !
-J'adore vos tenues. Nous complimentions la plus petite qui avait mis une belle robe noire.
-J'adore les vôtres ici. Dis-je en souriant.
-On y va ? J'ai vraiment hâte ! S'écria Manon en s'agitant.
On hoche de la tête et je suivis mes amies à l'intérieur du bar. Il y avait un peu de monde et la musique battait déjà son plein. Nous allons près d'un comptoir en bois noir, je jette un œil aux boissons.
-Je vais prendre un Sex On the Beach. Demandais-je.
-Moi une Pina colada. Fit mon amie aux yeux verts.
-Je vais prendre la même chose que toi Anna. Sourit Abigaïl.
-Heu... Moi, je vais prendre un Mojito. Conclut la dernière.
Le serveur s'occupa de nos commandes. J'observais le bar, comme son nom, il était extravagant et coloré, on pouvait retrouver des néons aux slogans étonnants : "Biz", "Encore un dernier verre" ou "Bouge ton boule". Quelques guirlandes lumineuses pendaient au plafond et au fond de la salle, un DJ faisait danser la foule sur un parquet en bois.
-Et toi Anya ? Tu vas faire quoi ce week-end ?
Mince, je n'ai pas du tout suivi la conversation.
-Heu... Je ne sais pas trop. Sûrement lire et regarder une série.
-Tu as bien raison. Me dit Manon. Il faut savoir se reposer et ne rien faire parfois.
Les verres sont déposés près de nous. Abigaïl les rassemble en riant.
-Attendez ! Je vais faire une photo !
Manon l'accompagne, les deux amies prennent en photos les trois verres joliment décorés.
-On en fait une ensemble ? Proposa Manon.
-Carrément !
Marie se rapproche de nous. Et nous prenons une photo ensemble, en souriant, sous une grimace et en tapant la pose.
-Je vous notifie sur Instagram ! Fait Manon en postant nos photos en stories.
Nous récupérons nos verres et nous les cognons entre eux sans oublier de nous regarder dans les yeux.
-À la vôtre !
-À nos examens !
-À notre mort assurée.
On rit en buvant nos verres d'une traite.
-Et si on allait danser ? Proposa Marie.
-Graaaaveee ! S'écria Abigaïl.
Nous déposons nos verres et nous nous donnons rendez-vous sur la piste au milieu de la foule. Une nouvelle musique démarre, je me laisse emporter par le courant...
Car oui, dans ma tête, j'étais seule sur la piste.
Seule pour oublier mes soucis.
...
Toujours la dernière sur la piste...
À quoi bon ?
Efface les failles, sourire triste. Monte le son.
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