
Chapitre 5
La suite s'organisa assez rapidement, Elen insista pour diriger le premier groupe pour Ketj, Briag et Ed se mirent aussitôt à rédiger des ordres pour les navires et les résistants. Je partis retrouver les filles de Lucie dans la salle d'entraînement et attendit qu'elles aient terminés de martyriser nos soldats avant de leur faire signe de me rejoindre.
Elles me connaissaient suffisamment pour reconnaître la tête que je tirais quand je m'apprêtais à les plonger dans mes magouilles obscures. La bouteille de vin que je débouchais et leur servis ne fit qu'augmenter leur suspicion. Je pris mon sourire le plus charmant, j'avais plus que jamais besoin d'elles.
- Amélie, entamais-je d'un ton affable. Tu te souviens quand tu disais que tu aurais aimé revoir Ketj avant la guerre ?
- Ne t'avise pas de tourner mes paroles à ton avantage, me prévint-elle avec un regard noir. Oui, je m'en souviens.
- C'est un avis partagé ? Demandais-je aux huit autres survivantes.
Elles échangèrent un rapide regard et hochèrent la tête, toujours méfiantes.
- On pourra y retourner une fois que tu seras au pouvoir, fit l'une d'elle en haussant les épaules. On pourrait y devenir de riches marchandes.
- Que diriez-vous d'y retourner maintenant ? Lançais d'un ton faussement innocent.
- Si on sort de cette grotte on se fait capturer par Judicaël, me rappela Amélie. Et je préfère ne pas imaginer ce qui survient ensuite.
- Tu nous demandes de partir Alec ? S'inquiéta l'une d'elles qui n'était pas prête de quitter le navire. On ne s'enfuira pas de cette guerre, même si on doit y laisser la peau.
Je le regardais, elle avait le même éclat sauvage et indomptable dans les yeux qu'Amélie. La même flamme d'espoir et de rage qui dansaient avec une détermination qui n'aurait jamais pu l'arrêter. Elles avaient toutes ce regard.
- Je sais, soupirais-je. Et c'est pour ça que je vais vous demander une telle chose. Je comprend si vous refusez.
- Qu'est-ce que tu veux ? Demanda Amélie.
- Je veux que vous alliez à Ketj préparer notre arrivée, répondis-je.
- L'arrivée de qui ?
- De notre armée, répondis-je. Et de celle de Judicaël. Nous allons l'affronter à Ketj, parce qu'il n'aura aucune chance de gagner si nous sommes chez nous.
Le silence accueillit mes paroles et je vis un sourire impatient étirer leurs lèvres tandis qu'une flamme d'excitation brillaient dans leurs jolis yeux.
- On rentre à la maison pour gagner, résuma Amélie.
- J'ai besoin de vous pour préparer les chambres, répondis-je avec le même sourire. Je peux compter sur vous ?
- Tu pourras toujours compter sur nous Alec, répondirent-elles.
Nos verres s'entrechoquèrent pour célébrer notre victoire à venir et je vidais mon verre d'un trait en espérant apaiser mon nœud d'angoisse. Ed leur expliqua précisément ce qu'elles devaient préparer pour l'attaque : des cachettes, des armes, des provisions. Elles allaient servir de points relais pour les informations des navires, des espions et des autres recrues.
Les huit filles qui avaient survécus à l'attaque de Lokki, qui avaient vu le bordel de Lucie brûler et leurs sœurs assassinées, partirent le soir même. Elle n'avaient rien, juste leur cape et de la nourriture pour le trajet. Je les regardais partir à pieds, s'enfonçant dans la forêt blanche illuminées par les éclairs sans pluie. Je n'étais même pas sûr qu'elles allaient arriver vivantes à Ketj et pourtant toute la réussite de notre plan dépendait d'elles.
La silhouette fine et menaçant de Sunia se matérialisa à mes côtés sans un bruit et elle observa le groupe qui s'éloignait pendant un moment. Je reportais mon attention sur elle et elle leva ses yeux verts glacials vers moi. Son visage indéchiffrable ne me disait rien qui vaille.
- Tu penses vraiment pouvoir gagner contre Judicaël ? Demanda-t-elle sans cacher son manque de confiance.
- Pourquoi tu ne m'en crois pas capable ? Répliquais-je.
- Parce que tu es un bâtard qui a grandi dans un bordel, fit-elle simplement.
- Pourquoi t'es-tu engagée dans la résistance ? M'agaçais-je.
- Parce qu'on m'a parlé d'un demi-elfe Roi-Dragon élevé par l'un des plus grands chefs de guerre de l'Histoire, répliqua-t-elle. Et parce que si je ne m'engageais pas, Judicaël allait me tuer.
Aucun doute que la seconde raison était bien plus vraie que la seconde. Je m'apprêtais à lui répondre que sa sécurité n'était pas garantie avec moi quand Charlie nous rejoignit en courant. Sa main se referma sur la mienne et elle adressa un sourire lumineux à Sunia. Ma demi-sœur lui répondit par un sourire écœurant de douceur avant des'éloigner.
- Où partent-elles ? Me demanda Charlie en cherchant nos éclaireuses du regard.
- Elles rentrent chez elles, répondis-je pensivement. Tu aimes bien Sunia, Charlie ?
- Ça va, répondit-elle sans hésitation. Elle est très belle et elle sait plein de choses sur les hauts-elfes comme nous. Elle m'a appris à tirer à l'arc et pleins de légendes elfiques.
- Et tu crois qu'elle t'aime bien ? Demandais-je en baissant les yeux vers elle.
Charlie fronça lessourcils et observa un instant l'entrée de la grotte où Sunia avaitdisparu.
- Je crois qu'elle n'aime personne, répondit ma petite sœur avec son étonnante sagesse. Et surtout pas toi. Toi elle ne t'aime pas du tout.
- Elle te l'a dit ? M'étonnais-je.
- Non, répondit Charlie. Mais ça se voit dans ses yeux et son sourire.
- Et pourtant tu l'aimes bien ? Fis-je avec une pointe de jalousie.
- J'aime bien ce qu'elle m'apprend, répondit Charlie. Mais ce n'est pas une bonne idée d'aimer les gens qui n'aiment personne. Et si elle ne t'aime pas, alors je ne l'aime pas. Mais si je lui dis, elle va se fâcher et je ne pourrais pas la surveiller.
- Tu la surveilles ? Relevais-je.
- Bien sûr que oui, répondit Charlie. Hector et moi, on surveille tout le monde. C'est notre jeu préféré.
Je fronçais les sourcils et m'assis dans la neige pour être à sa hauteur. Il n'en fallait pas plus pour Charlie qui commença à me raconter tout ce qu'elle avait vu et retenu. Elle avait vu des couples, des groupes, des rivalités.
Elle avait vu Sunia qui passait et repassait devant le bureau de Briag. Elle avait vu Ed qui parlait régulièrement avec Llyn et Llyn qui écoutait régulièrement les arbres. Elle avait vu Briag qui s'enfonçait dans la forêt à minuit, Hector l'avait suivi et l'avait vu échanger des mots avec un homme très grand. Elle avait vu des résistants chercher la tente des mages pendant des heures alors qu'elle allait souvent prendre du thé avec eux.
Mon cœur battait à tout rompre devant le tableau que me dressait mon petit espion. Des relations, des secrets, des scandales, tout à l'échelle d'une caverne. Je ne cessais de me demander ce que fichais Briag à aller dans la forêt au fin fond de la forêt au milieu de la nuit, et ma décision fut prise à l'instant où Charlie m'expliqua qu'il devait y aller ce soir-même.
Je rentrais dans la caverne et en profitait pour régler les derniers détails. Nous devions attendre les nouvelles des filles avant de commencer à déménager, mais les groupes de voyage et la répartition des mages était déjà programmée. Je passais la soirée à discuter dans la caverne, évitant les questions sur le départ des filles en répondant qu'elles nous servaient de messagers.
J'étais occupé à ne surtout pas tomber endormi en bouquinant, la tête d'Ayaan posée sur ma poitrine. La fonte de la bougie m'indiqua qu'il était bientôt minuit et je sortis du lit le plus discrètement possible ce qui ne manqua pas de réveiller Ayaan.
- Qu'est-ce que tu fiches ? Me demanda-t-elle d'une voix ensommeillée.
- Je vais vérifier quelque chose. Rendors-toi, répondis-je.
- Tu vas faire une connerie, comprit-elle.
- Alec, m'avertit Elen d'une voix parfaitement réveillée. Si jamais tu disparais pendant six jours, je demande à Judicaël de venir te chercher.
- Tout ira bien, répondis-je. Je vais avec Briag.
Si Ayaan goba le demi-mensonge, je devinais aussitôt qu'Elen n'en croyait pas une miette. Elle m'emboîta le pas et je lui expliquais rapidement la situation dans le couloir. À ma grande surprise, elle alla se recoucher en me promettant de surveiller Ayaan, à condition que je lui raconte ce que j'avais découvert le lendemain.
Je m'aventurais dehors et m'accroupis derrière un rocher, emmitouflé dans ma cape, guettant la sortie de Briag. Je faillis le manquer et aperçus sa silhouette qui sortait par une sortie secrète, dissimulée en amont du torrent. Je bondis sur mes pieds gelés et lui emboîtait le pas, la neige craquant sous mes pas, un nuage glacial sortant de ma bouche.
Briag marcha un moment sans se douter que je le suivais dans cette forêt que je connaissais aussi bien que lui. Il s'arrêta près du sapin que m'avait décris Charlie et une silhouette encapuchonnée vint bientôt à sa rencontre. Je tentais de plisser les yeux mais personne n'avait apporté de lampe, tout ce que je voyais était l'homme était plus grand que Briag et les nuages de vapeur qui s'élevaient quand ils discutaient.
L'inconnu tandis une sacoche à Briag et je me décidais à sortir de ma cachette après avoir vérifié que ma dague était bien à ma ceinture. Ils firent volte-face et dégainèrent leurs armes en m'entendant m'approcher mais je ne m'arrêtais pas pour autant. Mon père adoptif grogna un juron étouffé en me reconnaissant et rangea son arme mais l'autre demeura sur ses gardes.
- Tu m'expliques ? Fis-je en guise de présentation.
- Que fais-tu ici Alec ? Me demanda Briag d'un ton exaspéré.
- Tu pensais vraiment échapper à l'attention de Charlie ? Répliquais-je.
- Et Charlie te dit tout, se souvint-il. Je n'avais pas l'intention de te cacher quoique ce soit, mais si cela vient à se savoir, Judicaël nous balaiera d'un revers de la main.
- Des mensonges bien intentionnés, comme toujours, fis-je sèchement. Qu'est-ce qu'il y a dans ce sac ? Et qui est sous cette cape ?
Je tentais de deviner le visage mais la cape et l'écharpe enroulée pour se protéger du froid et de la neige me masquait l'entièreté du visage. Briag tourna la tête vers lui et finit par hocher la tête et lui faire signe de baisser son arme.
- Alec, céda-t-il, je te présente Keyr. Keyr, voici Alec le Roi-Dragon.
L'autre rangea son arme sans se départir de son attitude méfiante. Il n'avait l'air aucunement impressionné ou surpris et demeura immobile. Je me résolus à retirer mon écharpe qui protégeait mon nez du froid et repoussait ma capuche en lui tendant ma main. Il fit de même et je me retrouvais à le fixer pendant que mon cœur ratait des battements.
Je ne sais pas ce qu'il se passa à cet instant, et je ne compris que des années plus tard que l'on nommait cela le coup de foudre. Je me retrouvais à fixer son visage fin, aux pommettes hautes recouvertes d'une barbe brune de quelques jours, et ses yeux verts clairs qui me fixaient d'un regard perçant. Sa poigne se referma sur la mienne pour me serrer la main, et tout disparut. La neige, le froid, Briag, les Dragons, la magie. Tout s'effaça brutalement et je me retrouvais absorbé par sa personne inconsciente de mon trouble.
La main de Keyr se retira et me ramena à la réalité. Je battit des cils pour me concentrer, le cœur encore battant, tandis que le monde se réinstallait autour de moi.
- Et vous êtes dans la forêt au milieu de la nuit, parce que ? Parvins-je à articuler.
- Parce que Keyr est notre espion, répondit Briag.
- Un autre espion ? Fis-je un peu déçu. Tu surveilles quoi ? Le sens du vent ?
- Judicaël et de Lokki, compléta Briag.
Je restais un moment coi et silencieux, contemplant le visage impassible de Keyr qui me fixait d'un air étrange, avant de réagir et de me tourner vers Briag.
- Plaît-il ? Arituclais-je.
- Keyr est notre espion le plus proche de Judicaël et de Grael, expliqua Briag.
Je vis que la lueur dans ses yeux verts étaient un mélange de moquerie et une autre flamme que je ne saurais décrire mais que j'avais déjà vu ailleurs. Dans les yeux d'Elliot. Je lâchais sa main et tentais de me donner une contenance.
- Tu espionnes Judicaël en personne ? Répétais-je estomaqué.
- En quelque sorte, répondit-il d'une voix grave et douce. Plutôt la cour et le trône.
- Développe, je t'en prie, fis-je en croisant les bras soudainement intéressé. Comment se fait-il qu'il ne t'ai pas encore percé à jour ?
- Parce qu'il ne me connaît pas, répondit Keyr avec un sourire amusé qui creusa une fossette dans sa barbe. Personne ne me connaît.
Je l'observais un instant tentant de comprendre de quel genre d'espion il s'agissait. Je jetais un coup d'œil à la sacoche que tenait Briag et me rappelait la carte tracée par Ed dans le bureau. Il n'y avait aucun pion sur la carte à l'emplacement de Grael.
- Comment peux-tu vivre au château de Grael sans que Judicaël te connaisse ? Relevais-je. Je l'ai vu, je sais de quoi il est capable. C'est impossible de se cacher de lui.
Le silence accueilli mes paroles. Je commençais à en avoir marre. J'avais froid, j'étais fatigué, je n'arrivais pas à me concentrer parce que ses yeux trop verts me dévisageaient et je sentais que Briag accueillait mes paroles.
- Je vais compter jusqu'à trois, m'énervais-je. Si à trois je n'ai pas ma réponse, je lâche un putain de Dragon sur cette forêt. Un. Deux. Tr...
- Keyr est un agent double, céda Briag.
Seul mon père avait parlé et nos regards se posèrent sur l'inconnu qui attendait patiemment. Il regarda Briag d'un air surpris avant de me désigner du menton.
- On est à proximité de la caverne, expliqua-t-il. Il n'allait pas lâcher un Dragon, notre position aurait été signalée !
- C'est risqué d'avoir un agent double plus malin que soi, commentais-je.
Briag me fusilla du regard pendant qu'un rire léger mais rapidement étouffé secouait les épaules de Keyr. J'échangeais un regard amusé avec lui avant de revenir aux choses sérieuses.
- Qu'entends-tu par agent double ? Répliquais-je.
- Je suis un espion de Briag depuis des années, répondit-il. Mais j'ai fini par être attrapé il y a cinq ans. Alors j'ai conclu un pacte, je reste en vie si je leur donne des informations.
- Et tu as averti Briag de ce pacte ? Devinais-je.
- Oui, répondit-il. Nous décidons ensemble des informations que je leur donne, et je continue d'espionner les activités de Judicaël quand je suis à Grael.
- Je ne te crois pas, conclus-je.
Keyr leva unsourcil surpris mais ne parut nullement froissé de mon manque deconfiance.
- Alec, intervint Briag.
- Je te crois encore moins que lui, répliquais-je avant de reporter mon attention sur l'espion. Judicaël n'est pas du genre à laisser les gens s'en sortir vivant. Comment tu as survécu ?
- J'ai été torturé, répondit-il simplement. Et ensuite j'ai accepté d'espionner Briag. Une autre question ?
- Tu ne rentres pas à Grael, répliquais-je. On ne rentre pas à Grael quand on est accusé d'espionnage et qu'on a été torturé. On ne te laisse pas faire. Je ne sais pas à qui tu donnes tes infos mais ce n'est pas Judicaël, ni Lokki, sinon tu n'aurais servi qu'une seule fois. Et tu ne rencontres pas cette personne à Grael, tu la rencontres ailleurs, dans son château privé je parie. Alors qui est cette personne et comment tu trouves les infos sur les activités de Judicaël ?
Keyr ne répondit rien mais un sourire en coin étira sa barbe et creusa de nouveau sa fossette. Il se tourna vers Briag, ses yeux verts brillants d'excitation.
- Je croyais qu'il était débile ? S'extasia-t-il. Ce type est génial, pas étonnant qu'il soit Roi-Dragon !
- Débile ? M'écriais-je à l'intention de Briag. Tu lui as dit que j'étais débile ?
- Je n'ai jamais employé ce mot, temporisa Briag.
- Et comment m'as-tu décrit ? Répliquais-je scandalisé de la réputation que me faisait mon père.
- Comme un mec un peu immature qui se fichait de ce qu'il se passait, ne voulait rien savoir, passait son temps à se mettre dans les problèmes et ne pouvait pas comprendre tout ce que l'espionnage et la résistance impliquaient, résuma Keyr sans le moindre état d'âme.
Briag ferma les yeux, sentant ma colère monter et se préparant sans doute à m'entendre hurler à travers toute la forêt. Je n'allais pas lui faire ce plaisir, pas avant d'avoir mes réponses à mes questions.
- Tu es un enfoiré, lui lançais-je. Et toi, répond à mes questions, fis-je à l'intention de l'espion.
- D'abord, je tiens à préciser que je ne suis pas tout à fait d'accord avec la description de Briag, fit-il poliment. En tout cas pour une partie.
- Merveilleux, répliquais-je sarcastique. Je passe bel et bien mon temps à me créer des problèmes, tu peux rayer le reste.
- Parfait, répondit-il. Vous voulez ma description ?
- Si je veux savoir ton caractère, je t'invite à prendre le thé, répliquais-je énervé. Pour qui tu bosses ? Et comment obtiens-tu les informations de Judicaël ?
- Ah oui ces questions, répondit-il. Je suis un voleur. Je parviens à m'infiltrer à Grael au lieu de rejoindre Briag comme je suis censé le faire. Je recopie des documents, écoute des conversations, et je les rapporte à Briag.
C'était possible et c'était sans aucun doute le boulot qu'avait fait Maël pendant un temps. Mais il manquait une question qu'il évitait volontairement.
- Pour. Qui. Tu. Bosses ? Fis-je en détachant chaque mot.
- Le maître-espion de Judicaël, répondit-il. Elénore.
- C'est une fille ? Relevais-je.
Keyr hocha simplement la tête et je compris qu'il y avait quelque chose en-dessous. Je l'encourageais à continuer d'un simple signe de tête.
- C'est sa femme. Elénore est quelqu'un de redoutablement intelligente, expliqua-t-il. Je l'ai rencontré une seule fois. Elle ne me fait jamais faire mon rapport à la même personne dans des endroits différents et pourtant cela fait un moment que je bosse pour elle. Elle emploie de très nombreux humains, dans les endroits où on s'y attend le moins. Elle a manipulé mon frère toute sa vie, il y a laissé sa peau et pourtant il n'a jamais su qu'il bossait pour elle.
- Comment c'est possible ? Fis-je en fronçant les sourcils.
- Parce qu'elle contrôle tout, répondit-il. Voilà cinq ans que j'essaye de comprendre sa toile, mais je suis incapable de voir autre chose que ce qu'elle me dévoile. Ou ce qu'elle me fait croire.
- Tu vas y laisser ta peau, remarquais-je.
- Probablement, répondit-il en haussant les épaules d'un ton fataliste. Sauf si tu nous tires d'affaire avant.
Je restais songeur un moment, réfléchissant à tout ce mic-mac qui s'étendait devant moi. Je en contrôlais rien. Mais je vis une opportunité qui s'étendait devant moi.
- Que vas-tu dire quand tu vas rentrer ? Demandais-je.
- Je vais dire que de nombreuses personnes ont désertées les villes et que Briag est désemparé, fit-il après avoir échangé un regard d'approbation avec lui.
- Non, répliquais-je en sentant mon sang bouillonner d'excitation. Tu vas rentrer et lui dire que des gens ont désertés les rangs parce que le Roi-Dragon ne veut pas les guider. N'hésite pas à utiliser les adjectifs de Briag à mon sujet. Tu vas lui dire qu'il s'est enfui et que Briag et Rhys le cherchent partout, dis-lui que je me suis enfuie avec Elen.
- C'est ta copine ? Demanda-t-il.
- C'est ma meilleure amie, répondis-je. Lokki sait qu'elle ne m'aurait jamais laissé partir sans elle. Mais Rhys a une femme et un gosse, donc le fait qu'il ne nous ai pas suivi prouverait que je suis parti précipitamment pour fuir mes responsabilités.
- Autre chose ? Demanda-t-il les yeux brillants d'excitation.
- Dis-leur que Briag tente d'étouffer la rumeur pour ne pas céder la panique, répondis-je. Dans trois jours, le monde sera convaincu que j'ai disparu.
- Et qu'est-ce que tu en tires ? Demanda Keyr.
- Aucune idée ! Répliquais-je satisfait de mon coup.
Je lui serrais de nouveau la main en lui souhaitant bon voyage et tournais les talons sans un regard pour Briag. Je le sentais qui m'observais quand il m'interpella.
- Alec ! Fit-il signe que j'étais son nouvel ami. Cette invitation à prendre le thé ? Tu comptes la réaliser ?
- J'ai une copine, répliquais-je en songeant à Ayaan.
Et malheureusement pour moi, j'étais fidèle.
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