3| Arène. [Épreuve 2]
Il s'avançait. Il était grand. Fort. Puissant. Tout ce que je n'étais pas. C'était un homme, un beau jeune homme fier et sûr de lui et de ses pouvoirs, alors que je n'étais qu'une fille sans force qui ne voulait qu'une chose: s'en aller d'ici au plus vite. Courir, s'enfuir loin, très loin, où on ne m'exploiterait pas. Quelque part où je pourrais utiliser mon don comme bon me semblerait, pour faire le bien. Pas pour combattre dans une arène illégale, être considérée comme une bête de foire, et être la proie de désirs et paris malsains. Mais là n'était pas ma vie.
Ils m'avaient capturée lorsque j'avais 15 ans, après m'avoir surveillée durant une année. Et ils avaient décidé de m'attraper alors que je chassais pour nourrir ma famille. Ma famille... Je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Je ne sais pas si ils réussissent à survivre sans mon pouvoir, ou bien si ils se sont faits massacrés par ces barbares qui m'ont enchaînée. Durant cinq ans, j'ai exécuté les ordres de mes « maîtres », évitant les coups de fouet, espérant ma liberté, rêvant de tous les tuer dans mon sommeil. Cinq ans, jusqu'à ce jour. Mon premier combat. Je n'étais pas en veine, car je combattais contre le plus fort de cette arène. Le plus expérimenté. Pour son dernier combat. Je me souviens qu'il était arrivé peu de temps après moi. Je ne l'avais aperçu que de loin, de dos. Il m'avait fait penser à mon frère, que j'avais laissé derrière moi. Il avait du mal à maîtriser son pouvoir. Sans doute était-ce nouveau pour lui. Mais il avait très vite appris, à coups de fouet répétitifs, de cours intensifs, et de multiples cicatrices sur le visage. Si bien qu'il était devenu brutal, presque animal. Il ne ressemblait en rien au garçon apeuré que j'avais vu arriver. Il était méconnaissable, aussi bien à cause de ses multiples blessures sur le visage et le corps, que pour le changement radical de sa personnalité. Ils avaient fait de lui un monstre, avide de meurtre et de vengeance, pour retrouver sa liberté. Tous les prisonniers de l'arène n'avaient qu'un seul et même but: revenir à leur vie d'avant.
C'est alors que je me suis avancée aussi, vers lui, ma tête pleine de ces pensées nostalgiques. J'ai fais le vide, pour ne pas me laisser influencer par mes sentiments ou mes souvenirs. Tout ce qui comptait à présent, c'était le combat. Mon premier combat, et j'espérais qu'il ne serait pas le dernier. L'enjeu était colossal: tuer, ou se faire tuer. Telle était la mentalité qui traversait ce garçon à chaque duel. Sa vie et donc sa liberté était en jeu, mais pour son adversaire aussi. J'affronterais le champion, et c'était sa liberté contre ma vie; ou ma vie contre sa liberté. Le choix était cruel. Je détruisais mon rêve, ou le sien. Alors je me battrais. Je me battrais, pour ma vie, pour gagner. Et si je perdais... il se chargerait de passer un message à ma famille.
Soudain, l'arbitre donna un signal pour que l'on se salue. Nous nous avançâmes, nous serrâmes la main, et mon opposant en profita pour me glisser quelques mots à l'oreille, en chuchotant pour que personne n'entende:
« - Désolé d'avance pour ce que tu vas subir, je vais essayer de faire vite, pour ne pas te faire souffrir. C'est la liberté qui m'attend, et pour cela je dois te tuer.
- Ne sois pas si sûr de ta victoire... mais si jamais je perds, trouve ma famille, et dis-leur que je les aime de tout mon coeur. Trouve mon grand frère aussi. Et raconte-leur mon histoire.
- Je le ferais. Et toi, trouve ma petite sœur, et dis-lui que son pouvoir est une grande force, et qu'il ne faut pas qu'elle en ait peur. Mais pour ça, il faudrait que tu te révoltes pour sortir plus tôt et libérer tous ces innocents.
- Je te le promets.
- Bonne chance. »
Nous nous séparâmes, et nous mîmes à nos places pour débuter ce combat. Puis le sifflet retentit.
Ce fut lui qui commença. Il lança un premier sort puissant, que j'évitais en me baissant. Je ressenti l'air chaud de son feu ardent. J'enchaînai avec une boule de feu que je lui envoyai sur le torse. Il la prit de plein fouet, mais c'était comme si mon sort ne l'atteignait même pas, tant il avait la rage de vaincre. Il lança une suite de petites attaques rapides. Une seule me toucha, à l'épaule droite. Je hurlai. Je répliquais avec un souffle brûlant, puis une sorte de cascade de feu, tandis qu'il visait mes jambes avec une continuité de flammes. Il reçu mon attaque comme s'il ne sentait rien, car ses croûtes étaient trop épaisses pour que cela ne le brûle, contrairement à moi qui recevait ses attaques en souffrances. Son but était de me rendre incapable de me déplacer, pour pouvoir m'achever ensuite. Mais je surpassais ma douleur, et me relevais toujours. Je lui lançais des flammes incessantes pour briser sa carapace de peau brûlée, et attaquer la chaire. Je venais juste d'y parvenir lorsqu'il me cloua au sol avec un souffle de flammes. Il continuait de me lancer son feu, et je n'arrivais plus à bouger mes membres brûlés.
Tentant le tout pour le tout, je soufflait sur lui ses propres flammes, lui renvoyant son attaque avec plus de puissance encore. Il hurla, essaya de me frapper avec un poing enflammé, mais je fût plus rapide. Ni une, ni deux, voyant qu'il avait faibli, je me levai péniblement en lui assénant un coup sur la tête, accompagnée de mes fidèles flammèches.
Cela acheva de le terrasser. Il avait perdu beaucoup d'énergie, et était très affaibli. Il restait cloué au sol, les yeux mi-clos, tandis que j'étais pétrifiée. Qu'avais-je fait? Je me ruai sur lui, en lui hurlant de se relever. La foule avait déjà entamé le décompte.
« - 4,5...
- Allez. Allez relève toi...
- 6,7...
- Relève toi.
- 8,9...
- RELÈVE TOI!!! »
Ses yeux s'ouvrirent d'un coup. Il se releva, et la foule déçue le hua.
« - Ouuuuh!
- T'AS PAS LE DROIT DE TE LAISSER MOURIR COMME ÇA! T'ES UN COMBATTANT! C'EST TON DERNIER COMBAT, ALORS BATS-TOI POUR TA LIBERTÉ! »
Écoutant mes paroles, il fonça sur moi, le corps entièrement enflammé, et entama une lutte au corps à corps. L'imitant, je me rendis braise et le rejoignis dans son idée. Nous nous battîmes loyalement, se renvoyant coups sur coups, flammes sur flammes. Mais il était très épuisé, beaucoup plus que moi, et il faiblissait de plus en plus. Ses flammes s'éteignaient petit à petit, et ses coups étaient désespérés. Je sentais la vie s'en aller de son corps, dans beaucoup de souffrances. Soudain, il me murmura quelque chose.
« - Achèves moi... »
Ses paroles me glacèrent d'effroi. Il tomba, en sueur, haletant, et, manifestement, souffrant.
« - Vas-y. Fais-le. »
Je me suis arrêtée. Je ne voulais pas le tuer. Je ne pouvais pas le tuer.
« - VAS-Y! T'ES UNE COMBATTANTE OU PAS?! »
Les yeux embués de larmes, je préparai une boule de feu, et la lançai sur lui. Il l'accueilli avec le sourire, et me dit:
« - Merci... Retrouve ma sœur... Elle s'appelle Louve. Louve Clark. Et je m'appelle Orage... »
Et Orage rendit son dernier souffle, après m'avoir souri.
L'arbitre vint alors à ma rencontre, pris mon bras, et le leva en hurlant:
« - EEET VOICI NOTRE NOUVELLE CHAMPIONNE! Elle s'appelle Espoir, elle a 20 ans, et pour son premier combat, elle a vaincu notre ancien champion, Orage! Applaudissez-la, mesdames et messieurs! »
La foule en délire acclama mon nom, mais je n'écoutais pas. Je venais de tuer un homme qui voulait juste sa liberté. Un homme qui n'avait rien demandé, et qu'on avait arraché à sa famille. Tout comme moi, et tous ceux enfermés ici. Me rappelant les paroles d'Orage, je cherchai du regard quelque chose de coupant. Quand soudain je vis luire une lame, cachée dans sa ceinture. Il avait tout prévu. Alors qu'on me renvoyait dans ma cellule, je saisis au passage le couteau, le cachait dans mes vêtements.
J'attendis la tombée de la nuit, décidant de mon plan.
Lorsque tout le monde avait cessé toute activité, que les gardes étaient insouciants, je sortis de ma cage, tuai les gardes un par un, puis finis par crier:
« - Sortez tous! Rejoignez moi, captifs! »
Tous sortirent timidement, et je déclarai:
« - Ceci est le début de la rébellion. Saisissons cet espoir, et les armes, pour aller tuer tous ceux qui nous ont nui. Vengeons-nous, et faisons-les souffrir comme ils nous ont fait souffrir. Ensemble, échappons-nous de cette prison! Place... à l'orage de notre colère. »
Achevé le 29/07/18
[Épreuve 2]
« Arène »
(1443 mots)
Histoire préférée de Aranel_Laindessiel
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