Cela faisait déjà environ quatre heures que mon père m'ai annoncé la disparition terrible de mon frère. J'avais donc dû suivre ses conseils à la lettre en fuyant cet habitacle où nous avions séjourné. Je m'étais aventuré avec ma petite sœur de 7 ans que je portais sur le dos à l'ouest dans cette forêt où nous pensions trouver une route qui menait à la ville.

Le ciel était nuageux mais cela n'empêchait pas la lune de s'affirmer clairement au-dessus de nos têtes. On entendait par moment le cri des loups et de certains animaux sauvages qui perturbaient le calme de ma petite sœur tremblante de peur. Les grands arbres qui nous entouraient renvoyaient vers nous leurs ombres au sol qui prenaient par moment des formes bizarres et parfois lugubres. Selon le peu d'informations qu'on avait eu de cette forêt, personne n'habitait en son sein. Néanmoins, en traversant des petits flaques d'eau on entendait la voix d'une petite fille qui pleurait non loin mais dont la silhouette et le corps n'était pas perceptible. On se demandait si ce n'était pas le vent qui sifflait par hasard. Et si c'était ça le monstre dont parlait papa ? Une petite fille, une simple voix, un simple cri, un monstre ? Non, ce devait être moi qui devenait paranoïaque.
– Mélanie… Grande sœur, j'ai peur ! s'exclama la petite Annie.

– Ne t'en fais pas. Je suis là. Tu ne risques rien, répondis-je d'un ton nerveux et soucieux.

–Mélanie… je ne veux pas rester ici. Je veux mon papa. Où est mon papa ? continua-t-elle en gémissant.

– Papa n'est pas là pour le moment. Il est allé chercher Alfredo. Ne t'en fais pas. Il a promis qu'il nous rejoindrait le plus tôt possible.

J'essayais tant bien que mal de la rassurer mais la vérité c'est que j'avais tout autant peur qu'elle.  Je fus interpellée par le fort bruit permanent de la mer et une lumière non loin de nous.
– Annie, Annie ! Reste près de moi et ne fais aucun bruit.
Elle l'avait aussi vue, cette lumière. Elle se contenta de me répondre par un signe de la tête.

Je marchai quelques secondes avant d'être en face de la mer qui apportait de l'air frais dans mes narines. À quelques mètres, au bord de cette source d'eau folle et enragée, je vis une petite maison en paille et un feu de bois juste à côté. C'était sûrement ça qui dégageait cette forte lumière. La plupart des fenêtres étaient fermées. J'entendais du bruit et je sentais comme une odeur de viande grillée venant de l'intérieur qui était légèrement sombre. J'ai pris Annie qui se cachait derrière moi par la main, me dirigeant vers cette maison pour demander de l'aide. Je montai le perron menant à un petit balcon en bois avant d'arriver devant la porte de cette demeure. Je constatai  que cette porte qui était aussi en bois était à moitié ouverte. Je la poussai délicatement avant de glisser à l'intérieur traînant la petite derrière moi.
– Heho il y a quelqu'un ? Répondez s'il vous plaît. On a besoin d'aide. On s'est perdues
Heho quelqu'un m'entend ?

A mon grand étonnement, personne n'avait répondu à mon appel et ça m'inquiétait.
– Annie reste ici. Je vais fouiller les chambres. Peut-être que je trouverais quelque chose ou quelqu'un.

Elle s'était laissé distraire par les quelques poupées mannequins posées sur la table dans le salon qu'elle scrutait.

J'entrai donc dans l'une des chambres vides où je vis de la viande grillée déposée dans une assiette et posée sur une table à côté d'une petite chaise. Mes soupçons venaient d'être confirmés. Il y avait quelqu'un dans cette maison qui s'apprêtait à déjeuner. Je m'empressai de sortir pour rejoindre Annie. De loin, je vis une silhouette qui se trouvait derrière elle. Elle s'amusait, insouciante, avec l'une des poupées et ne s'en était pas rendu compte. J'avais voulu crier pour la prévenir du danger mais c'était trop tard. Cette ombre l'avait pris soudainement par la tête et elle avait hurlé de toutes ses forces. J'avais l'impression de vivre un cauchemar. J'avais du mal à respirer. J'étouffais de peur. Je transpirais de partout. J'avais l'impression que les quelques secondes qui s'étaient écoulées étaient devenues une éternité. Je courus donc vers elle de toute mes forces mais j'avais l'impression de faire du surplace. Cette ombre commença par lui tourner la tête jusqu'à ce que j'entendisse un claquement. Est-ce que c'était ses os qui venaient d'éclater ? Qu'est ce qui se passait ? Je n'entendais plus ses hurlements.

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