Je l'ai su, ce matin-là.

Je l'ai su que ma vie basculerait...

Je l'ai compris en faisant rouler cet anneau d'or entre mes doigts. 

Cette alliance découverte sous le porte-savon. Dans la salle de bains.

Cette promesse brisée. Sans espoir de retour.

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J'avais remarqué ses sautes d'humeur. Ses nuits agitées. Et ses colères noires, lui que rien ne semblait atteindre. Détaché de tout. 

Vivant au jour le jour...

Pourtant, depuis six mois, il avait bien changé. Devenant irascible, s'emportant pour un rien. Capable de porter la main sur moi. 

J'ai eu pourtant souvenir de quelques gestes tendres, comme ce bouquet de roses, ou ce restaurant en amoureux...

Mais au final, tout cela sonnait faux. Comme s'il désirait se faire pardonner un acte répréhensible. Une  chose qui aurait pu m'affecter.

Une infidélité? Je n'en étais plus à les compter, chaque fois qu'il revenait à la maison avec ces parfums féminins sur le col de sa veste.

Ou ces mots doux griffonnés à la hâte. Oubliés dans la boîte à gants de sa voitures.

Non, de tout cela, j'en avais pris mon parti. Je savais à quoi je m'engageais en l'épousant. On n'attache pas les gens avec un contrat. 

Pas quelqu'un comme John.

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Ce matin, j'ai compris. Son alliance dans le creux de ma main, sa liberté enfin retrouvée...

J'ai compris que je l'avais perdu. Qu'il ne ne reviendrait pas. Pas cette fois.

J'ai compris qu'on m'avait remplacée. Que ma vie venait de s'arrêter là.

Alors, j'ai voulu savoir...

Je me suis dirigée vers notre chambre, J'ai ouvert le dernier tiroir de la commode. Celui du bas.

Et, sous une pile de vêtements, j'ai sorti une boîte métallique.

J'ai soulevé le couvercle. J'ai contemplé l'intérieur plusieurs minutes. Mes pensées déjà loin d'ici. Loin de moi...

Comme une automate, je me suis saisie de l'arme.

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Je l'ai attendu. Devant sa Tour. Il devait être midi. Il avait pour habitude de prendre ses repas  dans la brasserie du coin.

Un modeste snack qui occupait tout un angle de la Tour.

Je m'y suis aventurée, à tout hasard. Peut-être s'y trouvait-il déjà?

Il y avait très peu de monde à cette heure de la journée. J'ai décidé de l'attendre à l'intérieur. Dehors, la pluie commençait à tomber.

Je me suis installée le plus en retrait possible. Une table, au fond, faiblement éclairée. J'ai commandé un café crème.

J'étais fébrile.

Il n'a pas mis longtemps pour arriver. Il a balayé la salle du regard. Il semblait chercher quelqu'un.

A un moment, nos regards se sont croisés. J'ai baissé les yeux. Il ne m'a pas reconnue. Mes lunettes noires et ce vieux foulard à fleurs recouvrant mes cheveux, ont rempli leur fonction.

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Il a pris place près de l'entrée. Me tournant le dos. Il paraissait nerveux.

Puis, une femme jeune, élégante est entrée. Il lui a fait signe de la main.

Mon coeur s'est serré. Sa beauté renvoyait à un trouble indéfinissable. Une plastique parfaite, peu commune chez une femme.

Je compris...

Je me suis mise à trembler.

Elle s'est assise à la même table. Lui faisant face. 

Je pouvais voir ses traits réguliers, son maquillage discret. Et ses yeux émeraudes qui le fixaient.

Moi je n'existais pas, à cet instant précis. Reléguée à des années lumières de leur bonheur.

Ils ne disaient rien.

Lui, baissait la tête. Elle, le dévisageait comme pour la première fois. Avec un mélange d'interrogation et de compassion dans le regard.

A un moment, il lui a pris la main. Il l'a caressée.

Elle a paru lui dire quelque chose...

J'ai su que je l'avais perdu.

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Je me suis levée, comme une automate. J'ai fouillé dans mon sac à main.

J'ai sorti l'arme.

Je l'ai pointée dans sa direction.

Il m'aurait sans doute été plus facile de l'atteindre lui, de dos. Pourtant, c'est elle que j'ai touchée en premier. 

Une balle en plein front.

A bout portant...

Comme dans un film au ralenti, j'ai vu sa fine main glisser le long de la table, se détacher de la sienne. Comme un adieu.

J'ai tiré une deuxième balle.

Puis une troisième...

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