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Assemblée





Okunawa Benji monta à la tribune de l'ONU. Il sortit de sa chemise les quelques feuillets qui constituaient son dossier, les étala soigneusement sur le pupitre, puis leva enfin les yeux vers l'assistance.

La salle semblait particulièrement dissipée. Certains parlaient à voix hautes. D'autres consultaient leurs mails, ou téléphonaient. Okunawa crût même déceler deux ou trois têtes inclinées sur le côté, la bouche légèrement ouverte.

Il était toujours difficile de succéder au jeune président français. Ses discours étaient certes brillants,  mais leurs longueurs et sa voix suraiguë finissaient invariablement par lasser l'auditoire.

Il attendit en vain un retour au calme. Il se résolut à tapoter sur le dessus du micro dans l'espoir d'être entendu...

En désespoir de cause, et devant le courroux naissant du président, il se lança.

Sa voix sonnait juste. Elle portait. Elle imposait un respect naturel, sans élever le ton. Petit à petit, le silence revint.

- ... Je ne suis que le simple représentant de mon pays, mais l'heure est grave. Si nous ne faisons rien, dans moins de trente ans, il sera trop tard. Les effets provoqués par l'Homme seront irréversibles. Notre planète est en danger, Je vous le dis.

Il marqua une courte pause, reportant son regard lumineux sur l'assistance. Il sentait monter en lui la chaleur de l'excitation. En fait, il avait toujours oeuvré pour cet instant. Se retrouver au centre de l'intérêt des plus grands. Mais il importait de se contrôler, nuancer ses propos, sinon son message alarmiste pourrait se retourner contre lui. Surtout ne pas braquer ce conglomérat de délégués.

- Je n'accuse personne. Aucune nation n'est la seule coupable, entendez bien. Même si mon pays a sa part dans la tragédie que nous connaissons, la responsabilité est collective. C'est tous unis et mû par un seul objectif, que nous sauverons notre belle planète.

Il crût discerner quelques murmures de désapprobation à son encontre. Surtout venant de certains représentants asiatiques. Il se retrouvait dans une position particulièrement délicate depuis que les dirigeants de son propre pays avaient autorisé la pêche à la baleine dans ses eaux territoriales ( Le Japon venait en effet de se retirer de la Commission Baleinière Internationale, devenant le seul pays avec l'Islande et la Norvège à pratiquer à nouveau la pêche commerciale du mammifère). Défendre un projet futur sur l'écologie marine lui enlevait dès lors tout crédit. D'ailleurs, il se doutait bien qu'on l'avait envoyé en première ligne, lui, modeste fusible, pour essuyer les plâtres le cas échéant.

- J'entends bien vos désaccords. Vos protestations, même. Chacun essaie de tirer la couverture à soi. Mais cessons nos égoïsmes, agissons en nations responsables. Ne regardons pas seulement le court terme, pensons aux générations futures. A ce que nous léguerons à nos enfants.

A ce moment là de son discours, Okunawa tourna son regard vers la gauche, en direction de son fils de dix ans. Il n'était pas rare qu'il l'emmène avec lui à New-York, au siège des Nations-Unis,  privilège parmi d'autres dont bénéficiaient les membres de l'Organisation. Ce dernier ne perdait pas une miette du discours de son père, fièrement campé dans un fauteuil de velours bien trop grand pour lui.

Il était malaisé de maintenir l'attention de personnes qui se comportaient pour la plupart en enfants gâtés. Okunawa sentit que la pression retombait. Aussi, à l'inverse du président français, il enchaîna son second plan d'attaque. Celui qui ramènerait le calme.

- Souvenez-vous de cette terrible année 1989,celle où nous avons pillé les fonds marins. Nous avons pêché cette année-là, quatre-vingt-six millions de tonnes de poissons. Quatre-vingt-six millions en une seule année! Depuis, l'océan ne s'en est jamais remis. Certaines espèces comme le poisson-scie ont quasiment disparu de la surface de nos océans. Nous avons mis en péril tout notre écho-système marin.

Il s'octroya une courte pause, mesurant l'effet produit par ses révélations. A cet instant précis, on aurait pu entendre une mouche voler. Okinawa balaya la salle du regard, satisfait de son effet. Il dévisagea le jeune président français, assis au premier rang. Il paraissait fatigué, pourtant il comptait parmi les plus populaires chefs d'Etats présents. Il avait dépassé la quarantaine et cependant, ses traits étaient tirés. Il était le seul à ne pas écouter, perdu dans ses pensées. Okunawa se souvint alors que le français connaissait quelques problèmes avec une partie de sa populations. Une affaire de "Gilets Jaunes" d'après ce qu'on lui avait rapporté. Ce n'était pas dans son pays qu'un tel phénomène arriverait. L'ordre, le goût de l'efforts, la discipline et une vénération inconditionnelle envers l'Empereur était le garant d'un ciment patriotique inébranlable.

Il secoua la tête. Ce n'était pas le moment de se laisser distraire. Il devait porter l'estocade finale, maintenant que son auditoire penchait de son côté.

Il fouilla parmi ses feuilles avant de trouver ce qu'il cherchait. Une photographie en couleur, qu'il agita bientôt au dessus de sa tête.

Sa voix prit un ton accusateur. Ses yeux se rétrécirent comme ceux d'un félin avant l'attaque décisive.



- Regardez, regardez ce que nous commettons au nom du sacro-saint profit. (Il brandissait la photo à bout de bras, comme un étendard). Nous mettons à mal nos forêts, nous tuons notre planète, nous sommes des assassins. Ce que nous détruisons est irréversible. Mais ce qui est scandaleux, voyez-vous, c'est que seuls trois pays parmi les 193 représentés ici, sont la cause de ce génocide planétaire.

Oui, seulement trois pays...

A ce moment-là de son discours, la tension était palpable. Tous les représentants présents, y compris le président français, avaient les yeux rivés sur lui. Suspendus à ses lèvres.

Allait-il commettre l'affront de citer ces trois pays génocidaires? Le paroxysme était à son comble. Si tel était le cas, nous frôlerions l'incident diplomatique.

Okunawa reposa la photographie, prit une grande inspiration, puis se lança.

Il savait qu'il signait la fin de sa carrière diplomatique.


- Ces trois pays vous les connaissez, vous les craignez à juste titre aussi, tant leur puissance est démesurée. Ces pays qui nous assassinent un peu plus chaque jour, je vais vous révéler leurs noms...

D'abord les Etats- Unis qui polluent notre terre à hauteur de 24%. Un tiers de l'air que nous respirons. Ensuite la Chine, 16%, en constante augmentation. Et enfin la Russie, 6%, qui se désengage de tout traité, mais qui vient faire la leçon à chaque conférence sur le clim...   

Okunawa vit deux gardes du corps fondre sur lui. Ils montèrent à la tribune,le saisirent chacun par un bras et le traînèrent hors de la salle. Son fils assista à la scène, à la fois horrifié et impuissant. Dans le brouhaha ambiant, il eut juste le temps de ramasser la photographie tombée sur la moquette.










                                                                                                               .

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