Acte II - Le Traité Naval - I
Un mois plus tard
-Les garçons ! Appela Madame Hudson. Vous avez du courrier !
Holmes se jeta sur le plateau de lettres avec la rapidité d'un fauve sur sa proie.
-Merci Madame Hudson, répondit Watson à la vieille dame qui levait les yeux au ciel.
-Vous avez besoin de quelque chose ? Je vais faire des courses.
-Non, merci, tout est parfait ! Bonne journée !
Elle lui répondit d'un sourire et ferma la porte derrière elle.
-Quelque chose d'intéressant ? Demanda le docteur en bourrant sa pipe.
-Pas grand-chose... soupira le détective avant de se figer, une lettre dans la main.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Une lettre pour vous, Watson ! Un certain Percy Phelp. J'ouvre ?
Watson sauta sur ses pieds et arracha l'enveloppe de ses mains.
-C'est personnel, Holmes ! Vous n'avez pas le droit de... Holmes !
Il venait de s'apercevoir que l'enveloppe qu'il tenait était vide, et que le détective était tranquillement en train de lire la missive, la pipe à la bouche.
-Puis-je au moins savoir ce qu'on m'écrit ? Grinça le docteur.
Holmes releva la tête, le regard pétillant.
-Une affaire, Watson ! Une affaire !
Watson lui arracha la lettre des mains pour la lire.
« Mon cher John,
Je ne doute pas que tu ne te souviennes de «Tadpole» Phelps, qui était en troisième alors que tu étais en cinquième. Nous nous sommes perdus de vue, après notre séparation, ton départ pour les Indes et mon entrée en politique. Tu sais peut-être que grâce à mon oncle, qui est un personnage influent, j'ai trouvé une bonne position au Foreign Office ? Tu n'aurais pas cru ça de moi, hein ? Tout irait parfaitement bien si quelques catastrophes n'avait pas complètement chamboulées ma vie...
Tu sais à quel point je te fais confiance -je suis sûr que les années n'ont pas altérées ta loyauté- mais je ne peux tout t'expliquer par lettre. Tu connaîtras les détails si tu acceptes de me rendre le service que je vais te demander. Je suis en convalescence avec une sorte de fièvre cérébrale qui m'a tenu alité pendant neufs semaines, et je suis encore très faible. Crois-tu que tu pourrais demander à ton nouvel ami, monsieur Holmes, de venir me voir ? J'aimerais savoir ce qu'il pense d'une certaine affaire, même si tout le monde me dit qu'il n'y a plus rien à tenter.
Je t'en pris, essaie de le ramener, et le plus tôt possible ! J'attends ta réponse avec anxiété...
Et dis à M. Holmes que si je ne l'ai pas appelé plus tôt, ce n'est pas parce que j'estimais qu'il ne pouvait pas résoudre l'enquête, mais parce que j'étais trop malade pour le faire. Je t'en pris, il faut m'aider ! Je compte sur toi !
Je suis encore trop faible pour écrire ce mot, et je suis obligé de le faire dicter. Persuade M.Holmes de venir, et crois en moi, comme tu l'as toujours fait.
Ton vieil ami,
Percy. »
Holmes, qui observait distraitement le visage de Watson en train de lire la lettre, vis sur ses traits se dessiner une expression amusée, puis attendris, qui se changea vite en inquiétude.
Pris d'un terrible soupçon, il arracha la lettre des mains de son ami, qui venait de la finir, et le relu en diagonale.
-Holmes, enfin ! Mais qu'est-ce qui vous prends ?
-Vous ne m'avez jamais parlé de ce Phelps, attaqua Holmes.
-Je ne suis pas obligé de vous parler de toute ma vie, et de toutes les personnes que j'ai rencontrées !
-Pour qui me prenez-vous, Watson ? Un ami que vous n'avez pas vu depuis le collège, qui pense à vous alors qu'il est au plus mal, qui parle de votre « séparation », de votre « loyauté », du fait que vous avez « toujours cru en lui »... Ce n'est pas un simple ami qui parle, c'est un amant !
-Ancien amant, corrigea le docteur en souriant.
-Au collège !
-C'était ma première amourette, Holmes ! Dieu du ciel, ne me dites pas que vous êtes jaloux ?
-Ce serait ridicule.
-En effet...
-Mais tout de même !
Watson eut un petit rire et s'approcha de son ami pour poser brièvement ses lèvres sur les siennes.
-Voilà, vous êtes rassuré, maintenant ?
Holmes lui lança un regard coupable.
-L'affaire ? Demanda Watson.
-Je la prends ! S'exclama Holmes en sautant sur ses pieds. Tous ça m'a l'air mystérieux à souhait ! De toute façon, l'homme est certainement sur le point de se marier.
-Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
-L'écriture, mon cher Watson, est indubitablement celle d'une femme !
-Sûrement pas ! C'est une écriture d'homme !
-Hé non, Watson, c'est celle d'une femme, avec du caractère, ajouterais-je ! Dépêchez-vous, cette affaire dont je ne sais rien m'intrigue au plus au point !
Le docteur secoua la tête, faussement incrédule, et se saisit des horaires de train pour préparer leur voyage.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro