Acte II - II
Les deux compères prirent le train depuis la gare de Waterloo jusqu'à la grande et belle demeure de Percy Phelp, où un joyeux individu ventripotent les accueillit.
-Je suis ravi que vous soyez venus, nous dit-il en serrant avec effusions la main de ses invités. Percy n'a parlé que de vous durant toute la matinée. Le pauvre vieux ne sait plus à quel saint se vouer!
-Nous ne sommes encore au courant de rien, lui fit remarquer Holmes. Je crois comprendre que vous n'êtes pas vous-même de la famille?
L'homme paru un instant interloqué, puis baissa les yeux jusqu'à la breloque qui pendait sur la chaîne de sa montre.
-Évidemment ! S'exclama-t-il en riant, ce sont les initiales J. H. qui vont l'ont appris ! Un moment, j'ai cru que vous aviez fait quelque chose de vraiment fort !
Watson esquissa un sourire, partagé entre l'amusement devant la tête de Holmes et un brin d'agacement pour l'individu qui rabaissait ainsi son détective.
-Je m'appelle Joseph Harrison et je serai bientôt de la famille, puisque Percy va épouser ma sœur, Annie. Elle est en ce moment dans la chambre du malade, auquel elle sert d'infirmière depuis presque deux mois. Vous voulez bien monter tout de suite ? Il est tellement impatient de vous voir !
Le dénommé Joseph Harrison leur fit grimper un escalier jusqu'à une petite chambre bien éclairée dans laquelle fleurissait une multitude de bouquets de fleurs. Par la fenêtre on pouvait apercevoir, derrière quelques roses entreprenantes, le paysage calme et ensoleillé de la campagne anglaise.
Deux personnes se trouvaient déjà dans la pièce. La première était une petite femme à la lourde chevelure d'ébène, au teint mat et aux grands yeux sombres. Le deuxième était un homme aux traits tirés, allongé dans un grand lit aux couleurs vives.
Aussitôt qu'il le vit, Watson s'agenouilla à son chevet.
-John ! S'exclama Percy. Sacrebleu, avec cette moustache, j'aurais eu bien du mal à te reconnaître dans la rue !
Il se saisit de la main tendue et la serra avec effusion.
-Vieux sacripant ! Lança-t-il en riant. Que je suis content de te voir !
-Moi aussi, Percy. Mais j'aurais été encore plus heureux de te retrouver en pleine santé.
La femme fit mine de partir, mais le convalescent lui attrapa la main.
-Mon cher Watson, reprit-il d'une voix plus formelle, je suis heureux de te présenter Annie, qui m'a fait l'honneur d'accepter de devenir mon épouse.
-Enchantée, déclara un peu froidement la jeune femme en serrant la main du docteur et du détective.
-Je suppose, reprit Percy, que voici ton ami Sherlock Holmes ?
Le détective confirma l'hypothèse d'un hochement de tête.
-Je ne vous ferai pas perdre plus de temps, monsieur Holmes. Voici ce qui c'est passé. J'espère que vous saurez m'aider... J'étais, il y a seulement deux mois de ça, un homme heureux sur le point de se marier. Mon oncle, ministre des affaires étrangères, me confiait de plus en plus de missions confidentielles, ce qui témoignaient de sa confiance autant que de mes capacités. Il y a deux mois et demi environ - c'était le 23 mai, je crois - il me fit venir dans son bureau et, après m'avoir félicité des résultats que j'avais obtenus au cours des négociations particulièrement délicates que je venais de mener à bien, il m'annonça qu'il avait de nouveau une tâche extrêmement importante à me confier. Il s'agissait d'un traité secret anglo-italien. Je ferais court, mais j'avais la mission de rester le soir, après tout le monde, pour en faire une copie.
-Pardon de vous interrompre, intervint Holmes, mais pendant cette conversation, vous étiez seuls?
-Absolument seuls.
-La pièce était-elle grande?
-Dix mètres sur dix, environ.
-Vous étiez au milieu de la pièce?
-À peu près.
-La conversation était tenue à haute voix?
-Mon oncle parlait très bas. Quant à moi, je n'ai pratiquement rien dit.
-Merci! dit Holmes en fermant les yeux. Continuez, je vous en prie.
Watson encouragea d'un sourire le malade, qui reprit :
-J'ai fait exactement ce que mon oncle m'a dit. J'ai attendu l'heure de la fermeture des bureaux pour commencer mon travail. Je savais que Joseph, le frère d'Annie, était à Londres et devait prendre le train de onze heures. Je me disais qu'en me dépêchant, j'aurais pu faire le trajet avec lui. Au premier coup d'œil jeté sur le traité, je constatai que mon oncle n'avait pas exagéré en me disant qu'il présentait une importance considérable. Sans entrer dans les détails, je puis dire qu'il précisait la position de la Grande-Bretagne à l'égard de la Triplice et laissait prévoir ce que serait la politique anglaise dans l'hypothèse où la flotte française affirmerait une supériorité numérique manifeste sur la flotte italienne dans la Méditerranée.
Watson lui jeta un regard perdu.
-Toujours aussi largué par la politique, hein ! S'amusa Percy en lui donnant une claque amicale sur l'épaule.
-Je vous en prie, intervint Holmes d'une voix glaciale, continuez votre récit.
-Hum, oui... Donc, après avoir parcouru le texte, j'ai entrepris de le copier. Mais le document était en français et ne comportait pas moins de trente-six articles... Autant dire qu'à neuf heures du soir, j'étais loin d'avoir terminé. J'ai donc sonné le garçon sensé veiller en bas, à l'accueil, pour qu'il me fasse du café. À sa place, c'est une femme qui a débarqué. Une matrone à l'air pas commode. Elle m'a expliqué qu'elle était la femme du garçon et qu'elle allait passer mon message. J'ai continué à travailler. Deux articles plus tard, j'étais de plus en plus fatigué, et mon café n'arrivait toujours pas... Alors je suis descendu le chercher moi-même. Avant que vous me le demandiez, tenez : voilà un plan sommaire des lieux.
Holmes prit le papier et l'enregistra d'un coup d'œil avant de le passer à Watson.
-Lorsque je suis arrivé en bas, reprit Phelp, j'ai trouvé le garçon endormis. Au moment où j'allais le réveiller, une sonnette s'est mise en marche pour le faire à ma place. Le garçon s'est excusé de m'avoir oublié puis sa figure est devenue blanche... « Si vous êtes ici, me demanda-t-il, qui a sonné ? ». Catastrophé, j'ai remonté quatre à quatre les marches jusqu'à mon bureau. Et comme vous vous en doutez...
-Le document avait disparu, termina Holmes.
-Oui... La copie que j'étais en train de faire était là, mais pas l'original. Rien d'autre n'avait été touché.
Holmes se redressa sur son séant et frotta ses mains d'un air satisfait. Watson eut un petit sourire devant son enthousiasme enfantin.
-Qu'avez-vous fait ? Demanda le détective.
-J'ai immédiatement deviné que le voleur avait dû s'introduire par la petite porte, sinon, je l'aurais infailliblement rencontré. Mon bureau ne présentait aucune cachette qui aurait pu le dissimuler. Je me suis aussitôt précipité dehors, le garçon sur mes talons, en passant par l'escalier qui donne sur Charles Street. Je me rappelle clairement qu'à cet instant, une horloge voisine a sonné trois coups. Il était dix heures moins le quart.
L'information parue particulièrement importante à Holmes, qui sortit de sa poche un petit crayon pour écrire sur sa manchette.
-La nuit était sombre, continua le malade. Il tombait une petite pluie tiède particulièrement désagréable. Il n'y avait personne dans Charles Street mais à son extrémité, dans Whitehall, la circulation était aussi intense que d'habitude. Nous avons couru jusqu'à rencontrer un policier en faction, qui nous a assuré qu'il n'avait vu passer qu'une seule personne : une dame un peu forte, âgée, qui portait un châle. Le garçon qui m'accompagnait s'est aussitôt exclamé que c'était sa femme, et que le voleur avait dû fuir de l'autre côté de la rue. Vous comprenez bien que son insistance a fini par éveiller mes soupçons. Je lui ai demandé son adresse, et, avec le policier, nous avons vérifié l'autre côté de la rue, au cas où. Mais nous n'y trouvâmes rien.
-Vous avez rendu visite à cette femme ? Demanda Holmes, pas particulièrement indulgent envers la gent féminine.
-Pas tout de suite, répondit l'alité. D'abord, nous sommes retournés au ministère fouiller de fonds en comble l'escalier, le couloir et le bureau, sans résultat. Pas même une trace de pas.
-Avait-il plu toute la journée ? intervint Holmes.
-Depuis sept heures environ.
-Alors comment se fait-il que la femme qui est venue à votre bureau quand vous avez sonné n'ait pas laissé d'empreinte ?
-C'est aussi ce que je me suis demandé, répondit l'autre. Mais on m'a appris que les femmes de ménage avaient l'habitude de retirer leurs souliers en arrivant.
-De la pluie et pas de traces ? Marmonna Holmes. Voilà qui est intéressant... Qu'avez-vous fait après ?
-Nous avons examiné le bureau. Mais il n'existe aucune possibilité de porte secrète, les fenêtres sont situées à dix mètres du sol et le tapis cloué empêche l'existence de toute trappe. Le plafond est d'un plâtre très banal.
-La cheminée ?
-J'y ai pensé aussi, mais un poêle la rend inutilisable. Le voleur est forcément entré par la petite porte. Mais pourquoi diable a-t-il tiré la sonnette ?
-C'est certes peu banal ! Vous avez examiné la pièce ?
-Pas d'autres traces, ni mégots, ni gants, ni épingle à cheveux... rien ! Avant que vous ne le demandiez, je ne fume pas, s'il y avait eut une odeur de tabac, je l'aurais donc détecté.
-Eh bien, s'exclama Watson, Holmes n'aurait pas fait mieux !
Phelp sourit du compliment en même temps que le détective lui adressait un regard assassin. Il était habitué à ce que ce soit lui qui récolte les compliments du docteur, et en ressentait une certaine... jalousie ? Non, quand même pas...
-Le seul indice tangible, reprit Percy, est que la femme de ménage est rentrée précipitamment chez elle. Son mari n'a pu fournir aucune explication, sinon que c'était l'heure habituelle de sa fin de journée. Le policier et moi sommes donc tombé d'accord sur le fait qu'il fallait la rattraper avant qu'elle ait pu se débarrasser des plans, si elle les avait. Scotland Yard alerté, un inspecteur, M.Forbes, s'est joint à nous et à pris l'affaire en main avec la plus grande énergie. Nous avons loué un fiacre, et une demi-heure plus tard, nous étions à l'adresse indiquée. Une jeune fille nous a ouvert la porte, la fille aînée je crois. Sa mère n'était pas encore entrée. Elle nous invita donc à l'attendre dans le salon. Dix minutes plus tard, on a frappé à la porte. Et là nous avons commis la seule faute grave pour laquelle je mérite d'être blâmé...
-Vous avez laissé la jeune fille ouvrir elle-même à sa mère ! Intervint Holmes, avec une petite pointe de joie mesquine à l'idée d'enfoncer un peu celui qui tenait encore la main du docteur.
Watson lui envoya un regard sévère, qu'il ignora superbement.
-Oui, soupira Percy, trop gentils pour percevoir l'hostilité du détective. La jeune fille a dit à sa mère que deux hommes l'attendaient... Nous avons entendu des pas se précipiter dans le couloir, et nous avons couru à la suite de la bonne femme, qui était allée jusqu'à la cuisine. Elle nous a fixé avec des yeux ronds avant de me reconnaître. « J'ai cru que vous étiez des huissiers ! a-t-elle dit. Nous sommes en difficultés avec un commerçant... ». « Piètre excuse ! A répondu l'inspecteur Forbes. Nous avons quelques raisons de croire que vous avez dérobé un papier important et que vous vous êtes précipitée ici pour le cacher. Il vous faut venir avec nous, à Scotland Yard, pour être fouillée ! ». Bien entendu, elle a protesté et essayé de résister avant de se résigner. Nous avons fouillé la cuisine de fonds en comble, surtout la cheminée, au cas où elle aurait voulu se débarrasser des documents compromettant. Mais il n'y avait ni braises ni cendres.
-Je suppose que la femme a été fouillé ?
-Oui... Vous imaginez mon angoisse ! Mais lorsque la policière nous a annoncé que la femme n'avait rien sur elle... Alors, ma position m'est apparue dans toute son horreur. Jusque-là, j'avais agi dans le feu de l'action, mais à présent, je pensais à la honte dont j'allais être accablé, moi, ma famille, ma future femme, tous ceux qui me fréquentaient... Watson vous le dira, j'ai toujours eu une santé particulièrement fragile. J'étais déshonoré, et sans espoir... Je crois que j'ai fait une crise de nerfs. Je me rappelle confusément qu'un groupe d'employés a essayé de me calmer, et que l'un deux m'a amené jusqu'au train, pour retourner chez moi... Par chance, dans le même train se trouvait un docteur, qui m'a pris en charge jusqu'ici. J'étais réellement très mal en point, et le pauvre Joseph a été expulsé de sa chambre, la plus calme et la mieux chauffée, pour me laisser la place, le temps que je me remette. Ma formidable Annie m'a veillé nuit et jour, jusqu'à ce que je reprenne mes esprits. J'ai appris que le couple avait été interrogé à fond, sans que cela apporte la moindre lueur à l'affaire. J'ai acheté toutes les histoires de Watson depuis leurs parutions, et c'est pour ça qu'à ce moment-là j'ai pensé à vous, monsieur Holmes. Vous êtes mon suprême espoir !
Épuisé par son récit, le malade retomba sur son coussin. Watson laissa la place à son chevet à sa fiancée, qui lui fit boire un remède quelconque.
Holmes ferma les yeux, rejeta légèrement la tête en arrière et joignit ses longs doigts sous son menton. La fiancée de Percy haussa un sourcil surprit mais Watson, qui connaissait bien son détective, savait que c'était sa posture habituelle de réflexion.
-Votre exposé a été des plus clairs, dit-il enfin. Il y a toutefois une question à laquelle vous n'avez pas répondu, qui reste tout de même une des plus importantes : avez-vous parlé à quelqu'un de ce traité ?
-À personne.
-Pas même à Madame Harrison ici présente ?
-Non. Je ne suis pas rentré chez moi entre le moment où j'ai reçu le traité et où j'ai commencé à le copier.
-Personne de votre famille ne vous a par hasard rencontré ?
-Personne.
-Est-ce que certains membres de votre famille connaissaient le chemin pour se rendre à votre bureau ?
-Oh, oui, tous sont déjà venu au moins une fois me rendre visite.
-De toutes façons, si vous n'en avez vraiment parlé à personne, toutes ses questions sont superflues...
-Je n'ai rien dit, à personne !
-Soit. Je suis à peu près sûr que j'aurais des détails sur les suspects par Forbes. Les autorités sont excellentes pour collecter les faits. Dommages qu'elles ne savent pas les utiliser...
Tout en parlant, il s'était relevé, et marchait de long en large dans la pièce. Son regard sembla soudain attiré par quelque chose, à la fenêtre.
-Oh, une rose ! S'exclama-t-il en se saisissant de la fleur, qu'il tint entre ses deux doigts pour mieux l'admirer. Le raisonnement déductif, reprit-il, n'est jamais aussi nécessaire qu'en matière de religion. Il peut avoir, bien conduit, toute la rigueur des sciences exactes. Les fleurs sont la meilleure preuve que nous ayons de la bonté divine. Tout le reste, la force qui est en nous aussi bien que la nourriture que nous mangeons, est indispensable à notre existence même. Mais cette rose, c'est du luxe! Son parfum et sa couleur, nous pourrions nous passer deux. Ils ne sont que pour embellir notre vie. Tout le superflu nous est donné par gentillesse et, je le répète, les fleurs nous sont une bonne raison d'espérer.
Watson le fixait avec des yeux ronds. Jamais auparavant son ami n'avait donné le moindre signe qu'il put s'intéresser, de près ou de loin, à la beauté des fleurs.
En vérité, Holmes avait dit la première chose qui lui était passé par la tête. Son attention n'était pas fixée sur la rose, mais plus bas, sur le petit chemin de terre qui serpentait sous la fenêtre.
Là, debout, un homme le regardait.
Ils ne s'étaient jamais rencontrés, mais comme des âmes sœurs, se reconnurent tout de suite.
Holmes lâcha la rose, qui s'échoua sur aux pieds de l'individu. Il s'en saisit, sourit, et la glissa à sa boutonnière avant de disparaître.
-Monsieur Holmes, déclara soudain la voix d'Annie Harisson, faisant sursauter le détective. Voyez-vous un moyen de résoudre cette énigme ?
-L'énigme ? Ah, oui, l'énigme ! Eh bien, il serait absurde de nier qu'il s'agit d'une affaire très compliquée, mais je vous promets d'y concentrer toute mon attention. Je vous tiens au courant.
-Vous avez une piste ?
-J'en ai sept. Mais naturellement, je dois les vérifier avant de me prononcer sur leur valeur.
-Vous soupçonner quelqu'un ?
-Je soupçonne... répondit Holmes avant de s'arrêter, pensif, les yeux fixés sur la fenêtre.
-Qui ? Insista le malade.
-... d'avoir tiré trop rapidement mes conclusions, termina le détective.
-Alors retournez à Londres, s'impatienta Annie, et vérifiez-les !
-Conseil très judicieux, Madame Harrisson, ironisa Holmes. Ne vous bercez pas de trop d'espoirs, monsieur Phelps. L'affaire est assurément très embrouillée.
-Je vivrai dans la fièvre jusqu'à ce que je vous revoie ! S'exclama avec ferveur le diplomate.
-Alors je reviendrai demain, par le même train, abdiqua Holmes, qui avait déjà l'esprit ailleurs. Des nouvelles de votre oncle ?
-Oui, une lettre froide, mais pas rude. Je crois que mes problèmes de santé l'ont empêché de trop me rabrouer. Il me fait savoir qu'il ne jugera pas de mon avenir avant que je sois rétabli.
-Eh bien, voilà qui ne manque pas de gentillesse, souligna Holmes. Sur ce, je vous dis au-revoir... Vous venez, Watson ?
Avant de suivre son colocataire, le docteur se pencha une dernière fois au-dessus du malade et lui sourit gentiment.
-Ne t'inquiète pas, Percy, si quelqu'un peut résoudre cette affaire, c'est bien Holmes. Repose-toi. Prends soin de toi.
-Toi aussi, John ! S'exclama le jeune homme. Je suis vraiment très heureux d'avoir pus te revoir malgré les circonstances...
Sentant les tirs croisés du regard de Holmes et de celui d'Annie, le docteur battit prudemment en retraite.
-Nous en reparlerons quand tu iras mieux ! Lança-t-il en quittant la pièce.
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