Chapitre 2
Sur le chemin pour aller au gymnase, je retiens les larmes d'appréhension qui menacent de couler à tout instant. Je n'ai pas envie de ressembler à une enfant que l'on punit ni à une condamnée qui marche vers la potence, mais, soyons sincère, je défie quiconque de se retrouver en face de son bourreau sans paniquer. Alors, tout du long, un pas après l'autre, je me répète que je dois assumer mes paroles et qu'il ne peut pas m'arracher les membres pour une simple petite phrase prononcée par colère. N'est-ce pas ?
Arrivée devant la porte de la bâtisse, je m'arrête pour observer la lampe à huile allumée, signe de sa présence, puis entre la tête aussi haute que je le peux. Je découvre alors Lucifer assit au bureau du professeur, les pieds croisés sur les cahiers, jouant avec une balle de tennis. Contrairement à tout à l'heure, il est vêtu d'un t-shirt blanc, d'un pantalon en cuir noir serré et de bottes noires qui lui remontent jusqu'au genou. Comme s'il n'était pas déjà assez sexy.
— Je dois dire que c'est amusant de te voir si effrayée après ce que tu as osé prononcer, dit-il un sourire joueur sur le visage. Tu as les mêmes mimiques que Némo lorsqu'il comprend qu'il aurait dû écouter Marin.
Surprise de cette référence à Disney, mes lèvres s'entrouvrent et la tension dans mon estomac se relâche quelque peu. Qui aurait cru que Lucifer avait un tel humour ?
— Je...
Il m'arrête d'un signe de la main et m'invite silencieusement à rejoindre le centre de la salle. À mon grand soulagement, il n'y a aucune machine de torture en vue. Je me place au milieu en balayant du regard le moindre indice quant à la sanction qui m'attend, sans succès. Je vois alors le Maître de l'ombre se lever et retrousser ses manches jusqu'à ses coudes. Va-t-il me battre ? Me torturer avec des sorts de soumission ? Mes jambes se mettent de nouveau à trembler, sans parler de mon cœur qui menace de sortir de ma poitrine. Sans se départir de son sourire enjôleur, il se place à deux mètres de moi.
— Si j'ai bien compris ta requête, tu souhaitais que je te prouve ma puissance en te donnant des cours de magie, c'est cela ?
Que dire à cela si ce n'est tenter de plaider ma cause.
— Loin de moi l'envie de remettre en doute votre puissance, grand Maître. Je dirais plutôt que j'ai eu comme un sursaut de crise d'ado...
Il secoue la tête devant ma justification.
— Je ne suis pas là pour entendre tes excuses bidons, jeune fille, mais pour t'enseigner quelques broutilles essentielles à ta survie dans mon monde.
C'est étrange comme une voix peut être aussi douce que de la guimauve et aussi menaçante qu'un fil de rasoir. Lentement, il s'approche de moi jusqu'à ce que son visage ne soit qu'à quelques centimètres du mien. Sa chaleur est semblable à des flammes, son parfum sucré est enivrant, je dois faire un effort surhumain pour empêcher mon corps de céder à la tentation.
— Crois-tu que je suis stupide à ce point ? me chuchote-t-il au creux de l'oreille, son souffle caressant ma nuque. Tu te vantes de ne pas céder à mes ordres de soumission, mais, étrangement, ton caractère se fait plus discret maintenant que je suis devant toi.
Si ses paroles chatouillent ma fierté, je suis consciente de l'épée de Damoclès qui pend au-dessus de ma tête. Je l'ai déjà provoqué une fois, essayons au moins d'avoir un ton moins agressif. J'aimerais si possible garder mes yeux dans mes orbites.
— Je pense juste ne pas mériter un châtiment aussi sévère pour une simple phrase dite sur le coup de la colère, je tente une nouvelle fois la voix plus tremblante que je ne l'aurais voulu.
— Leçon n° 1 : Quand on provoque le Diable, on se doit d'en assumer les conséquences.
Sans me laisse le temps de répondre, il s'écarte et se replace à deux mètres de moi. Une sensation de vide et d'insécurité s'empare de mon être si bien que je tressaille.
— Attaque-moi, ordonne-t-il.
Surprise de sa demande, je le regarde sans comprendre.
— Tu voulais un cours, non ? Attaque-moi.
— Mais... je...
— Attaque-moi, Héléana !
Sans plus me poser de questions, je jette le premier sort d'attaque qui me vient à l'esprit. Aussitôt, un serpent enflammé jaillit de mes paumes et fond sur Lucifer. Loin d'être impressionné, il balaye mon attaque d'une main.
— N'as-tu rien de plus impressionnant ? ironise-t-il.
— Je ne suis qu'une élève de deuxième année, je réponds vexée.
Si je regrette dans l'instant mon audace, cela semble lui plaire. Il faut dire que les proies qui ne se défendent pas ne sont pas les plus intéressantes, pas vrai ?
— Encore.
— Écoutez, je suis désolée, vraiment, je n'aurais pas dû...
— Encore ! grogne-t-il.
Cette fois-ci, je penche pour une attaque un peu plus sournoise en tentant de détourner son attention, mais une nouvelle fois, sa défense est imperméable. À quoi m'attendais-je ? À être plus rusée que le Diable lui-même ? Comme c'est comique.
Son petit jeu met un moment à le lasser et il me force à recommencer jusqu'à ce que la fatigue me submerge, si bien qu'au dernier sort, je m'effondre sur le bureau, haletante.
— C'est vraiment tout ce que tu as dans le ventre ? se moque-t-il.
— Je suis fatiguée...
— Leçon n° 2 : Tant que tu respires, c'est que tu as de l'énergie pour te battre. Ne confonds pas fatigue et faiblesse, continue-t-il pour appuyer un peu plus son propos.
Ces mots me touchent à un point tel que sans m'en rendre compte, je tente de lui asséner un coup de poing en pleine figure. Il l'évite sans mal et je me retrouve plaquée, les seins sur le bois froid, incapable de me défaire de sa prise. J'aurais dû prendre des cours de contrôle émotionnel, cela m'aurait sûrement été plus utile.
— Frapper son Maître ce n'est pas très gentil tout ça... Tu dois vraiment être friande des punitions pour te comporter ainsi, ajoute-t-il avec un petit rire entendu.
À ces mots, et en dépit de la rage qui m'anime face à son humiliation, je sens une douce chaleur s'installer entre mes cuisses. Des images de lui me prenant sur ce bureau défilent alors dans mon esprit, sa langue sur la peau veloutée de mon cou, ses mains agrippant mes hanches.
— Oh..., s'exclame-t-il. Notre élève aurait-elle le fantasme du professeur ?
Amusé par les réactions de mon corps, il me retourne et m'assoit sur le meuble en écartant mes cuisses avec son bassin. Est-il possible de brûler plus d'envie pour quelqu'un que les sensations qu'il me fait ressentir ? Elles sont mal, contraire à ma raison, à mon envie d'évasion, même à l'humiliation qu'il me donne en ce moment, pourtant, à cet instant, alors que ses lèvres ne sont qu'à quelques millimètres des miennes, mon corps n'a jamais été plus enflammé. Lui dire d'enlever ses mains de là serait-ce crédible alors que tout mon être lui hurle de continuer ?
— Tu sais ce que c'est ton problème, Héléana ? Tu es magnifique et tu as une puissance que j'ai rarement vue. Mais... Tu ne sais absolument pas t'en servir.
Sur ces mots, il pose avec férocité sa bouche sur la mienne sans que je puisse l'en empêcher. Elles sont à la fois ardentes et douces comme si nos désirs s'entrechoquaient à chaque contact. Il saisit ma fesse gauche et me ramène un peu plus vers lui tandis que sa main droite maintient ma nuque pour que je n'échappe pas à son baiser. Son entrejambe collé au mien me donne le tournis. Notre étreinte est chargée d'électricité et de tension sexuelle. Plus il me caresse, plus la petite voix qui me chuchote de l'arrêter s'amenuise jusqu'à mourir.
J'ai déjà connu des hommes, mais je dois avouer qu'aucun ne m'a embrassée comme il le fait. Nos respirations s'élèvent, les battements de nos cœurs s'accélèrent, nos gestes se font plus brutaux. Même sa morsure sur ma lèvre inférieure m'électrise. Je ressens un besoin vital de lui comme si son être raisonnait dans le mien. Quelle femme ne rêverait pas d'un homme comme lui ? Beau, dangereux, puissant. Alors que nos corps forment un brasier d'envie, il détache sa bouche de la mienne en restant à quelques centimètres et plante ses yeux rouge sang dans les miens.
— Leçon n° 3 : Toujours se méfier d'une trop belle fleur. Si j'avais voulu te briser la nuque, tu n'aurais pas pu m'échapper, jeune fille.
Un sourire sadique accompagnant ses paroles, il me bascule en arrière, me donne une claque sur la cuisse et s'éloigne quelque peu de moi, laissant mon corps vide. Par instinct, je passe mes doigts sur mes lèvres en me redressant.
— Bien ! Maintenant, voyons voir ce que tu vaux en défense pure et dure. Tu risques d'en avoir besoin dans les minutes à suivre...
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