''following footprints and trails
sunlight shines right through
the trees. see beauty in each
detail please say that you're
just hiding''

i'll wish you back —
our last "goodbye"

Le 7 Août 2023

Aujourd'hui, ça fait sept mois que tu es parti.

J'ai longtemps pensé à t'écrire, t'envoyer un message sur les réseaux, appeler ton numéro pour pouvoir entendre ta voix, mais je n'ai jamais osé. Je sais que ta sœur a encore ton téléphone chez vous, et j'avais peur de remuer le couteau dans la plaie au cas où il serait toujours allumé. Puis, t'écrire me fait peur, parce que je sais que je n'aurais pas de réponse, et ça rend le tout un peu trop vrai.

La fois où j'ai compris que tout ça était bel et bien réel, c'est le jour où tu n'as pas répondu à mon message. C'est ça qui m'a fait prendre conscience que tout était terminé, que tu ne reviendras pas. Ça m'a fait comprendre que toute une partie de ma vie était terminée, que je n'allais pas recevoir de réponse d'une des personnes avec qui j'avais l'habitude de parler. Et ça m'a fait peur, de me dire que quand quelqu'un ne me répond pas, je pense toujours au pire en premier. Je m'imagine les pires scénarios, et ça me fait angoisser, alors que je sais que c'est dans ma tête, et seulement dans ma tête.

Puis il y a eu tes obsèques, et je pense que ça a été le jour le plus dur de ma vie. J'avais peur d'y aller, de devoir me retrouver autour de tous ces gens, de ta famille, de nos amis. Je ne pouvais pas me faire à l'idée que j'avais été la dernière personne à qui tu as parlé et que je n'ai pas pu t'aider, que j'ai rien pu faire, et même si on m'a dit que je n'avais rien à me reprocher, je me sens toujours énormément coupable. Coupable d'avoir été la dernière personne, coupable de savoir que j'avais été ton excuse, coupable d'être le dernier. Mais j'étais aussi terrifié par l'idée que cette journée allait être la dernière, que ce serait la dernière fois que l'on allait se voir, notre dernier « au revoir », mais je ne voulais pas te dire au revoir. Je ne pouvais pas perdre ma moitié, la personne avec qui j'avais vécu presque toute ma vie et avec qui je partageais tout. Je ne voulais pas te dire « au revoir » parce que je ne voulais pas prendre le risque de te perdre, pas encore.

« Je t'aime très très fort. »

Ce sont les derniers mots de la lettre que tu m'as laissé.

Ta mère me l'a donné après la cérémonie et, ce jour-là, j'ai remarqué qu'elle avait ton sourire, et le sourire qu'elle m'a fait à ce moment-là m'a retourné. Je ne sais pas comme elle a fait pour tenir comme ça, pour sourire autant alors que tu venais de nous quitter, et pendant un long moment, je me suis senti horriblement mal pour ça. Parce que comme je pouvais paraître plus dévasté qu'elle alors qu'elle venait de perdre son fils ? Comment je pouvais me permettre de pleurer dans ses bras alors que ça aurait dû être moi à sa place, moi qui aurais dû la rassurer. Pendant longtemps, j'ai eu cette impression bizarre d'être égoïste, puis j'ai repensé aux mots de ta mère ce jour-là : « on ne veut pas que ce soit une cérémonie triste parce que Felix n'était pas quelqu'un de triste », et elle avait tellement raison. Tu étais tout sauf triste, tu étais la personne la plus souriante que je connais, la plus forte de toutes.

J'ai mis beaucoup de temps à la lire, je pense même avoir été le dernier. Hyunjin a attendu d'être de retour en Australie pour l'ouvrir, il ne se sentait pas de le faire ici, il a surtout profité de son retour à la maison pour nous voir Seungmin et moi, mais aussi pour passer du temps avec Changbin. Je crois que Seungmin a lu la sienne en rentrant, mais on n'en a pas reparlé, parce qu'on ne parle jamais de ce genre de chose avec lui. Je me suis beaucoup éloigné de lui, à un moment, et en y repensant, je m'en veux parce que lui aussi avait besoin de quelqu'un, lui aussi t'a perdu et Hyunjin n'était pas là. Et j'ai pas su être là pour lui, j'en ai pas été capable, et je m'en veux tellement parfois. Mais on a réussi à passer au-dessus de ça, on se revoit, et je sais que ça te ferait plaisir de nous voir de nouveau aussi proche lui et moi après ces années à nous être éloignés l'un de l'autre. Et c'est ça qui m'a fait prendre conscience que mon ami me manquait, même bien avant ta mort.

J'ai revu Haesso aussi. Elle aussi ça lui a fait beaucoup de mal, tu sais ? Mais elle est forte, c'est même une des personnes les plus fortes que j'ai eu la chance de connaître dans ma vie avec toi. Elle m'a dit qu'elle allait quitter la ville, repartir à Pohang parce que Seoul a perdu ses couleurs, et qu'elle veut juste retrouver sa ville, s'éloigner de tout ça. Je la comprends, d'un côté ; la seule fois où elle est venue à Jecheon, c'est pour te dire au revoir. On s'est promis de se voir une dernière fois avant son départ.

Il y a des jours où ça va. Il y a ceux où je suis avec Minho, je m'occupe en travaillant ou en voyant les autres. Je passe peu de temps seul, je suis souvent à l'appart avec Jeongin ou bien chez Changbin ou Minho, Bin râle souvent en disant que je devrais commencer à payer le loyer vu le temps que je passe là-bas. Mais je sais que Minho lui en a parlé, qu'il n'aime pas savoir que je suis seul avec moi-même parce qu'il a peur que je pense trop, et il n'a pas vraiment tort.

Et y a des jours où c'est plus dur, ou ça ne va pas du tout, parce que tu n'es plus là, et que, mine de rien, tu étais une grande partie de ma vie, de mon quotidien. Tu me manques à chaque instant : nos soirées films, nos discussions, te voir. C'est dur de devoir s'adapter à ton absence parce que tu étais partout, tout le temps. Il m'arrive parfois de regarder ton compte insta, ton twitter, nos discussions juste pour avoir l'impression que tu es toujours là, mais c'est dur quand on sait que ce n'est pas le cas. Je me suis demandé ce que ça ferait si je te rejoignais, si moi aussi, je passais le pas et je disais adieu à tout, à tout le monde, parce que ça aussi j'y pense. Moi aussi, j'aimerais, parfois, arrêter de penser, de me dire que tout va mal, et j'y ai pensé quelques fois, plusieurs même. Je me suis posé beaucoup de questions sur ta mort, sur comment ça fait d'être enfin tranquille, savoir si j'aurais le courage de le faire moi aussi en sachant la douleur que ça laisse pour les autres. Je sais pas si j'aurais les couilles de le faire, mais j'y pense parfois, et après, je me dis que non, je vais essayer comme on se l'était promis. C'est aussi ça qui m'a poussé à revoir un psy. Toutes ces choses que je n'ai pas forcément eu la force de parler à Minho, mais que Seungmin a sûrement compris, parce que c'est lui qui m'a aidé. Je pense que Seungmin est celui qui comprend le mieux, pour toi et pour moi, même s'il n'en parle pas.

Donc, là aussi, parfois ça va, parfois ça va pas. C'est peut-être même plus dur pour Minho parce que c'est lui qui doit me supporter comme ça, mais j'ai fait des progrès. Beaucoup, depuis ta mort, et je sais qu'il n'a plus aussi peur de me laisser seul qu'il y a quelques mois.

Tu serais fier de lui, il prend soin de moi comme tu le souhaitais.

Il m'a proposé d'emménager avec lui, on a décidé de faire ça avant la rentrée, après nos vacances avec les gars. Changbin a boudé quand Minho le lui a annoncé, lui qui a toujours refusé de vivre avec quelqu'un d'autres, et Jeongin était heureux de voir que j'avançais quand je le lui ai annoncé. Hyunjin aussi est rentré de son année à l'étranger, et sa chambre l'attend toujours chez nous, je crois que Bin va les rejoindre, j'espère qu'il acceptera. Cet appartement est toujours mieux quand il y a du monde.

Depuis que Hyune est rentré, on passe beaucoup de temps ensembles tous les trois, et ça fait bizarre de ne plus t'avoir avec nous, on dirait qu'il y a en permanence un manque, un truc qui ne va pas vraiment. Mais je sais que, même si c'est bizarre, on va s'y habituer. Seungmin a craqué aussi, il a décidé de créer un nouveau groupe avec nous trois, parce qu'il trouvait ça bizarre de savoir que tu ne pouvais plus nous répondre.

On est censé partir dans quelques jours dans le sud pour deux semaines, dans la grande maison de mamie Yang comme le dit Jeongin. On part tous les sept, mais avant ça, on va passer te voir. C'est Hyunjin qui l'a demandé, et qui a prévu de te prendre des tournesols. Changbin doit aller les chercher avant de nous rejoindre avec Hyunjin. On a aussi prévu d'aller voir tes parents ; ta mère prend parfois de mes nouvelles, et je crois qu'Olivia me suit maintenant sur insta.

Je sais que je ne l'ai jamais dit, pas même à Minho, mais je ne t'en veux pas ; j'ai jamais vraiment été en colère contre toi, et jamais je le serais pour ça. Au début, je l'étais, je t'en voulais. Mais après, j'ai compris. Je sais que ça n'a pas toujours été facile, même si on n'en parlait pas, et peut-être que j'aurais dû essayer un peu plus fort, un peu plus souvent d'en parler, d'en parler à ta mère même, mais je ne l'ai pas fait. Je me disais que, si tu voulais, tu le ferais, et c'est arrivé parfois que tu viennes vers moi pour ça, mais c'était rare. Et je ne regrette pas — ou alors un peu moins qu'avant — de ne pas avoir fait plus, parce que c'était ton choix de ne pas vouloir en parler, et j'ai toujours respecté ça. Je sais que ça a été difficile pour toi de prendre cette décision, et même si elle me fait beaucoup de mal, je la respecte.

Le 2 février a été notre dernier au revoir ; je chéris tous nos souvenirs, toutes nos photos, tout ce qui a été ce « nous » jusqu'à la fin, et surtout cette lettre. Je la garderai jusqu'à la fin, parce que c'est la dernière chose que j'ai de toi, mon dernier souvenir le plus tangible. Ce sont tes derniers mots et ils sont pleins d'amour, parce que tu étais une personne formidable, et j'espère que tout le monde le sait.

Je me souviendrai toujours de ton sourire aussi, parce que c'était mon préféré.

Donc, ce jour-là, était notre dernier au revoir, mais c'est pas grave, parce que tu es toujours un peu avec moi. Je te suis reconnaissant d'avoir partagé ma vie, de savoir que j'ai contribué à ton bonheur durant tout ce temps.

Tu as été et tu es toujours l'une des personnes que j'ai le plus aimé . Tous les jours, je pense à toi, et je souhaiterais t'avoir avec moi, mais même si tu n'es plus là, je suis persuadé que, d'où tu es, tu veilles sur moi, et je sais que j'ai le plus bel ange à mes côtés. J'espère que, là où tu es, tu vas bien, et que tout ira toujours mieux pour toi.

Tu me manques terriblement.

Je t'aime très fort aussi.

Ton âme-soeur,
Jisung

''no one, no faith, spacing as i lie awake
when i see you then, i promise, i won't
leave again. facing toward green, outside,
you're all i see. i miss you a lot. one of a
kind, and filled with love.'' 

— footprints and trails, heylog.

merci