Chapitre 49
Cela faisait une semaine que j'étais enfermée dans cette cellule et que j'attendais.
Mon estomac restait noué au point que je ne pouvais rien avaler. Pendant une semaine, je n'avais fait qu'attendre, sans rien voir, sans rien sentir. Je ne pouvais qu'écrire.
Le stylo que je tiens à l'heure où je vous parle ne peut malheureusement pas exprimer ce que je ressens. Les mots sont devenus impuissants face à tant de souffrances.
Les larmes me suffoquaient rien qu'en me rappelant tout que j'avais dû endurer. Je ressentais un certain soulagement quand je me disais que bientôt, tout sera fini.
Je serais délivrée de cette malédiction qui n'avait cessé de me suivre et de me pourrir la vie. Oui, cette vie qui était si belle et que je n'avais pas su en profiter.
Le regret me consumait de l'intérieur telle une flamme, me détruisait tel un venin, et je ne pouvais rien y faire.
Être regardée comme une criminelle, considérée comme une meurtrière, c'était quelque chose que je ne pouvais supporter.
J'étais tombée bien bas.
J'aurais préféré mourir avec honneur et dignité, que mourir tel un animal.
Vous vous demandez ce qui avait bien su passer, chose que je ne tarderais pas à vous révéler.
Après m'être assoupie pendant une bonne heure, l'agent Walkman était venu me réveiller, seulement, il était accompagné par deux autres officiers. Ces derniers me menottèrent et m'enfermèrent dans une cellule, sans pour autant me dire le pourquoi du comment.
J'avais passé deux jours sans aucune nouvelle et c'était seulement au soir de la troisième nuit que l'agent vint et me dit d'un ton sec:
- Vous vous demandez qu'est-ce que vous faites ici?
- C'est exact.
- Eh bien, je ne comprends pas pourquoi une fille comme vous, aurait fait une chose pareille.
- Fait quoi?
- Vous avez non seulement proposé au couple de vous emmener à Épernay mais aussi, vous avez insisté pour qu'il s'arrête. Vous n'avez pas honte?
- Je n'ai rien fait de tout ça.
- Vous avez tué deux personnes âgées et ce sans pitié. Vous leur avez fracassé le crâne avec une telle sauvagerie. Vous ne méritez plus de vivre. Sale monstre!
Un autre officier dit:
- Chef, calmez-vous!
- Me calmer? Comment le pourrai-je? Cette jeune fille a tué sa meilleure amie et après une semaine, elle tue deux autres personnes.
Je m'écriais:
- Puisque je vous répète que je n'ai rien fait de tout ça ! Je n'ai rien à voir avec ce crime.
- Arrêtez de mentir!
- Vous pouvez demander à Jada, elle vous racontera tout, et vous verrez que ce que je vous dis est la pure vérité.
- Nous avons trouvé Jada dans un village aux alentours d'Épernay.
- Et qu'est-ce qu'elle vous a dit?
- Elle nous a affirmé qu'elle vous a vu en train de tuer le vieux couple et que Joséphine était déjà morte.
- Mais... ça n'as pas de sens..
- Ça en a pour la police.
Il se tut un moment avant d'ajouter:
- Vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de Monsieur et Madame Harryston et de Joséphine Bartgyon. Tout ce que vous direz sera retenus contre vous.
- C'est.. pas.. possible....
- Pendant ces deux jours, votre dossier a été étudié. Les juges n'ont pas encore rendu leur verdict.
- Attendez, s'il vous plaît....
Il sortit.
- S'il vous plaît..... Écoutez- moi....
Je ne savais pas pourquoi Jada avait menti.
Tout me paraissait flou, obscur et surtout dénué de tout sens.
J'étais restée enfermée dans cette cage jusqu'à aujourd'hui.
Les officiers qui étaient postés devant la porte ne cessaient de me dévisager. Pour eux, j'étais une jeune fille de dix-sept ans qui avait tué trois personnes de sang-froid. Ils me considéraient sûrement comme une psychopathe.
Le lendemain, des agents vinrent et me m'emmenèrent dans une voiture où on me fit installer.
Je fus conduite au tribunal, une très grande battisse d'une impressionnante majesté. Les officiers me menèrent dans une grande salle où une grande assemblée était réunie. On n'attendait plus que moi, on attendait plus que la coupable.
On me fit asseoir sur une chaise.
Mon avocat, le Maître Robert Fermond, était chargé de ma défense. Il se pencha vers moi et me dit: " L'affaire est dans la poche, nous serons acquittés". Il avait un regard sincère. Je savais que je pouvais compter sur lui. Il était mon seul sauveur.
La porte arrière s'ouvrit. Six hommes en sortirent. C'étaient les magistrats. L'un d'eux s'arrêta devant la chaise du milieu alors que les autres se placèrent à sa gauche et à sa droite.
Un silence impressionnant régnait dans toute la salle.
La Cour s'assied.
Le Président, à l'air austère, ne cessait de me fixer avec un regard dépourvu de tous sentiments. D'après Maître Robert, il était un magistrat de carrière. Il dirigera les débats avec partialité. Son travail était de classer l'affaire et il le fera.
L'avocat général était le magistrat Gustave, un procureur connu dans toute la région. Il était redouté par tous les avocats du barreau. C'était l'accusateur officiel, il n'avait rien d'humain. Avec son corps chétif, ses un mètre quatre-vingt-quinze, sa bosse qui lui sortait du dos, ses deux mains grandes comme un battoir, il ressemblait un à vautour.
Alors que le magistrat qui présidait la séance s'apprêtait à parler, une voix s'écria:
- C'est elle! C'est elle qui a tué ma mère!C'est ce monstre!
Une jeune femme se dirigeait vers moi en me pointant du doigt et en criant:
- Tu as tué ma mère! Tu as tué mon père! Je vais te tuer!Je vais te tuer!
Des officiers la firent sortir. Quant à moi, je ne pouvais plus lever la tête. J'avais honte. Honte de quelque chose que je n'avais pas faite.
Un silence régna à nouveau dans la salle.
Devant moi six magistrats dont un procureur qui usera de toute son intelligence pour m'envoyer soit à la potence soit en prison.
Je devais rester optimiste et surtout ne pas quitter mon objectif des yeux. Sortir de cette salle sans condamnation grave.
Le Président me posa plusieurs questions se rapportant à ma relation avec les victimes. Mes réponses étaient toujours les mêmes. Je ne connaissais pas le vieux couple, Joséphine était ma meilleure amie, donc je n'avais aucune raison de la tuer.
Maître Robert faisait de tout son possible face au procureur. Ce dernier ne tarda pas à me poser une question assez pertinente. Il me demanda:
- Pouvez-vous nous dire quand est morte Joséphine Bartgyon?
- Elle est morte peu de temps après la mort du vieux couple.
- Chose qui contrarie l'analyse de l'autopsie.
- Je ne sais pas comment ça s'est produit. La chose dont je suis sûre c'est que Joséphine était bien vivante pendant tout le trajet.
- Nous avons un témoin qui nie tout ce que vous êtes en train de dire.
- C'est peut-être à moi de nier les paroles de votre témoin.
Il s'adressa au Président:
- Monsieur le Président, cette fille ne fait que nous mentir. Les faits sont totalement contraires à son histoire.
Le Président me regarda et me dit:
- Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense?
- Monsieur le Président, je voudrais vous dire que je suis atteinte de paralysie. Je ne peux pas bouger mes jambes. Alors, comment ferai-je pour tuer trois personnes?
Le procureur dit:
- C'est peut-être à nous de vous poser la question. Vous étiez la seule personne présente sur le lieu du crime. Nous avons un témoin qui confirme notre hypothèse. Les analyses médicales prouvent que Joséphine Bartgyon est morte une semaine avant les deux derniers meurtres. Monsieur le Président, je pense que tout est clair.
Puisque mon avocat n'avait plus rien à dire pour ma défense, le débat venait de prendre fin.
Le Président dit:
- Accusée, levez-vous!
Il avait prononcé cette phrase par habitude.
Il ajouta:
- Accusée, Les Jurés ayant répondu "oui" à toutes les questions. Vous êtes condamnés à...
Il eut un silence dans toute l'assemblée. Tout le monde paraissait intéressé comme s'il était concerné.
- ... La peine de mort.
Un mot dont le sens m'avait longtemps échappé.
Un frisson me parcourut tout le corps.
- Accusée, avez-vous quelque chose à dire?
- Monsieur le Président, oui, j'ai à dire. Je suis innocente. Toutes vos preuves ne sont fondées que sur une machination. Oui, je suis victime d'une machination. Vous me demanderez sûrement le responsable, chose que je ne peux malheureusement pas vous dire. Je payerai quelque chose que je n'ai pas faite de ma vie. Je vous le répète, je suis innocente.
Des femmes qui se tenaient derrière moi commencèrent à rire et à plaisanter.
Sans crier, je leur dis:
- Vous pouvez rire vous qui ne devez pas mourir. Vous ne venez ici que pour goûter des émotions malsaines, que pour rire des malheurs des autres. Vous n'avez pas d'autres choses à faire. À votre place, j'aurais honte.
Le Président dit:
- Gardes, emmenez là!
Les officiers m'emmenèrent dans une autre cellule.
À l'instant même où j'avais entendu ce mot, j'étais morte.
Ce corps que vous voyez là n'était qu'un morceau de chair sans la moindre importance.
Je savais bien que je ne pouvais plus échapper à mon sort maintenant que tout avait été décidé.
Je n'aurai jamais pu imaginer que je mourrais pendue, que je mourrais dans d'atroces souffrances.
Je voulais encore enterrer ma mère, je voulais encore parler avec Charles, je voulais encore vivre.
Durant tout ce temps, j'espérais la mort, mais maintenant qu'elle était venue à moi, je n'en voulais plus. C'était cela l'ironie de la vie.
Cependant, la vraie moi qui espérait seulement trouver quelque chose à se mettre sous la dent, la vraie moi qui voulait sauver sa mère, la vraie moi qui avait des ambitions et voulait vivre dans de meilleures situations, cette personne était morte bien avant ce jour.
Aujourd'hui, je ne me reconnaissais plus. Je n'étais plus cette jeune fille innocente. J'étais devenue une meurtrière aux yeux de tout le monde, un déchet aux yeux de la société.
Ma moitié avait déjà rejoint l'autre monde, et il était temps pour moi de la suivre.
Maman, je voudrais te dire que je t'aime. J'espère que tu me pardonneras. Je n'ai pas été à la hauteur de tes espérances et j'en suis vraiment désolée.
Charles, saches que j'aurais aimé rester à tes côtés, seulement je n'ai pas su faire les bons choix. Je n'ai pas su jouer le rôle de grande sœur. Prends bien soin de toi.
Joséphine, toi qui as toujours été à mes côtés, toi qui m'as toujours épaulée, je voudrais te dire que je ne méritais pas ton amitié. Je me suis montrée faible au point que je ne t'ai pas aidé au moment où tu en avais le plus besoin.
Maître Gloderhel, vous qui avez toujours été à mes côtés, vous qui m'avez soutenu le long de cette mésaventure, sachez que je vous pardonne vos erreurs et que vous restez pour moi un ami que je n'oublierais jamais.
Noha, sachez que je n'oublierais pas tous le bien que vous avez fait pour moi. J'espère que vous trouverez la force de me pardonner.
Jada, je ne veux pas savoir ce qui t'a pris, je veux seulement que tu saches que sans toi, je serais déjà morte et enterrée.
Et enfin, Craig, la personne la plus mystérieuse que je n'ai jamais connue. Tu as disparu au moment où on avait le plus besoin de toi, je ne sais pas ce qui t'est arrivé, mais je veux que tu saches que tu as toujours été un modèle pour moi. Je dirais que je t'admire même si je sais que c'est bien plus que cela.
Je vous ai causé tant d'ennuis et vous m'en voyez désolée.....
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