Chapitre 46
- Allez, réveille-toi. Il faut se mettre en route.
J'ouvris mes lourdes paupières et trouvais le visage de Jada, plein d'innocence, plein de bonté. Je ne m'étais même pas rendu compte que je m'étais assoupie. Mes bras étaient endoloris, ma tête me faisait atrocement mal.
Jada me demanda:
- Tu te sens mieux?
- Oui, un peu mieux.
- Il ne faut pas t'en faire. Une fois qu'on rentrera à Paris, on trouvera une solution.
- Tu sais très bien qu'il n'y a plus rien à faire.
- Il faut au moins essayer.
- Il me faudrait un remède-miracle pour que je puisse à nouveau marcher.
J'avais perdu tout espoir, et je ne voulais pas en laisser à Jada. Je ne voulais plus qu'elle continue à chercher désespérément à me sauver, et je voulais qu'elle profite de sa vie comme elle était, sans problème.
Alors que nous discutions, Joséphine pénétra dans la pièce, et me dit:
- Je suis désolée.
- Pour?
Elle s'effondra sur le lit et se mit à pleurer. J'essayais tant bien que mal de la calmer, mais en vain, elle ne voulait rien écouter.
Après avoir pleuré toutes les larmes de son corps, elle sécha ses larmes et me dit:
- Je ne sais vraiment pas comment j'ai fait pour tout oublier.
- Ce n'est pas de ta faute.
- J'aurais dû au moins t'écouter, j'aurais dû au moins essayer de comprendre. Mais moi, au lieu de ça, je n'ai fait que crier comme une folle.
- Peu importe ce que tu devais faire, c'est du passé. Alors, tu te sens mieux?
- C'est peut-être à moi de te le demander.
- Moi ça va.
- Hier tu étais si mal au point.
- Ça a été dur pour moi d'enfin admettre que je ne pourrais plus jamais marcher, mais là maintenant, j'ai compris qu'il ne fallait plus pleurer.
- Je serais tes jambes si tu veux, je te porterais n'importe où.
Jada intervint en disant:
- Tu peux simplement lui acheter un fauteuil roulant. Ça serait plus facile.
- Je n'y avais même pas pensé.
Joséphine avait recouvert la mémoire, Jada avait retrouvé le sourire. Toutes les deux avaient dû traverser des choses horribles, toutes deux avaient perdu quelque chose, et maintenant, toutes les deux oubliaient leurs problèmes et s'inquiétaient pour moi.
Elles étaient là, à mon chevet, à veiller sur moi. Elles étaient prêtes à faire n'importe quoi pour moi. Ça me touchait énormément.
Je compris enfin que je n'avais pas tout perdu. J'avais des amis qui m'aimaient, et ça, c'était le plus important. Il était vrai que je n'avais plus mes jambes, néanmoins, ma vie n'était pas entièrement gâchée.
Je voyais les choses différemment, je commençais à comprendre la vraie signification du mot vivre.
Craig étant introuvable, Joséphine dû me porter jusqu'à la maison de location où ne nous trouvâmes aucune voiture. Elle me posa sur un banc, et me dit:
- Qu'est-ce qu'on va faire?
- Je ne sais pas. Et où est passé Craig?
- Il a disparu. D'après le concierge, il n'a même pas passé la nuit à l'auberge.
- Ce n'est pas vrai!!
Jada nous dit:
- Cette voiture rouge n'est pas disponible?
- Elle l'est, seulement elle coûte une petite fortune.
Alors que nous étions en train de discuter, un vieux couple s'approcha de nous en nous demandant:
- Vous cherchez une voiture?
Joséphine répondit:
- Oui, c'est exact, mais il n'y a aucune voiture disponible.
- Euh, si je puis me permettre, où allez-vous?
- Nous nous rendons à Épernay.
- Nous aussi. Si ça ne vous dérange pas, je vous propose de faire le voyage tous ensemble.
- Euh...eh.. bien..
- Vous pouvez discuter entre vous.
La vieille s'éloigna et alla rejoindre son mari.
Joséphine nous dit:
- Vous en pensez quoi?
Je répondis:
- Je pense que c'est un piège.
- Mais enfin tu vois bien qu'ils ne peuvent rien nous faire.
- Et si jamais c'était Edgard déguisé. En voyageant avec eux, nous signerons notre arrêt de mort.
Jada intervint en disant:
- Je suis parfaitement d'accord avec toi. Ces deux là ne m'inspirent pas confiance.
Joséphine soupira et nous dit:
- Mais voyons, vous êtes aveugles ou quoi. Ils veulent seulement nous aider.
- Comment peux-tu en être si sûre?
- Mais enfin, regarde-les.
- Je les regarde et je suis de plus en plus sûr que c'est un piège.
Le vieil homme, accompagné de sa femme, s'approcha de nous et nous dit:
- Nous ne voulions pas causer de dispute entre vous. Nous avions seulement vu que votre amie était handicapée c'est pour cela que nous vous avions proposé notre aide.
Joséphine répondit:
- Oui et nous l'acceptons.
- Sage décision.
La vieille femme me demanda:
- Est-ce que je peux vous aider?
- Non, ça va. Mon amie va me porter.
- Sans vouloir être indiscrète, est-ce que c'est une paralysie médullaire?
- Hein..?
- Une paralysie des membres inférieurs suite à un accident. Ça s'appelle une paralysie médullaire.
- C'est... ça.
- Je suis désolée. Je vois que je vous ai mis mal à l'aise. Seulement, je suis médecin et je voulais simplement vous aider.
- Oh non, ne vous excusez pas!
Joséphine me porta jusqu'à leur voiture et me fit asseoir sur la banquette arrière. Jada s'assit à mes côtés.
Il était 14 heures quand nous commençâmes à rouler. Je contemplais le beau paysage qui s'étendait à perte de vue.
La vieille femme me demanda:
- Vous êtes originaire d'où?
- De Paris.
- Ah, Paris! Quelle belle ville! Je n'ai que des beaux souvenirs! Avec ses boutiques, ses voitures, ses jardins, c'est le paradis.
Son mari lui dit:
- Je trouve que Nice était bien plus belle.
- Non, Paris est bien plus grande, bien plus classe que Nice.
Ils se mirent à débattre avec une ferveur impressionnante, chacun voulant défendre la ville qui lui ait chère.
Je retournais à ma contemplation.
Jada me demanda:
- On est bientôt arrivé?
- Voyons, nous venons de nous mettre en route.
Elle me chuchota:
- J'ai peur. Je veux vite arriver à Épernay.
- Calme-toi. Tout se passera bien.
Nous continuâmes à rouler un bon moment.
Le vieil homme nous dit:
- Épernay n'est plus qu'à dix minutes.
Le voyage se fit sans encombre. Ce couple était vraiment exceptionnel, et surtout, il ne nous voulait aucun mal.
Maintenant, j'avais la preuve concrète qu'il existait encore des gens bons sur cette terre.
Soudain, la voiture s'arrêta. Une fumée noire sortit du moteur. Je me précipitais en demandant:
- Qu'est-ce qui se passe?
- Une panne sans doute.
Le mari descendit et alla ouvrir le capot. Sa femme nous dit:
- Il n'y a pas de raison pour s'inquiéter. Peter est un très bon mécanicien.
- Je n'en doute pas.
Alors qu'il essayait de réparer la voiture, une silhouette noire apparut derrière lui, leva sa main et bientôt le pare-brise devint tout rouge de sang. Sa femme poussa un cri aigu, et voulut ouvrir la porte.
Je m'écriai en lui disant:
- Ne faites pas ça! Je vous en prie.
Elle sortit de la voiture. Un cri de douleur se fit entendre, et puis, rien. Plus rien, un silence s'installa dans cette route déserte.
Jada était blottie contre moi, alors que Joséphine gardait son calme.
Je lui demandais:
- Joséphine, c'était quoi ça?
- À ton avis!
- Ce n'est pas le temps pour les devinettes. Essaie de voir ce qui se passe!
- Tu veux que je sorte?
- Non, je veux seulement que tu ouvre la fenêtre et que tu voies s'il y a encore quelqu'un.
- Non, il n'y a plus personne.
- Ouvre la porte. On ne sait jamais, peut-être qu'ils sont encore en vie.
- Pourquoi je ferais ça?
- Il faut les aider. Allez! Sors et va voir s'ils respirent encore!
- Vas-y, fais-le toi! Ah, j'oubliais, tu ne peux pas!! Tu as perdu tes jambes et tu ne peux plus rien faire. Dis-moi, qu'est-ce que ça fait d'être en position de faiblesse?
Elle me jeta un regard plein de haine et d'aversion. Je ne savais pas ce qu'il lui prenait. La seule chose que je savais c'était que cette personne était totalement différente de la Joséphine que je connaissais.
J'essayais de garder mon calme, et lui dit:
- Joséphine, on n'a pas le temps pour nous amuser. Ouvres la porte!
- Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un qui s'amuse?
- Alors, à quoi tu joues?
- Maître Edgard sera très content.
Elle sortit de la voiture et referma la porte.
Jada, en tremblant, me dit:
- Qu'est-ce qu'on va faire?
- Je n'en ai pas la moindre idée.
Suite dans le prochain chapitre!! <3 <3 <3
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