Chapitre 28
Je me levai si doucement que je ne me rendis pas compte que j'étais à l'hôtel. La fenêtre laissait passer de jolies reflets de soleil qui bientôt rechauffaient la pièce bien meublée.
Je sortis du lit si douillé que j'avais eu du mal à m'en arracher. J'entrais dans la salle de bain et me regardais dans le miroir, chose que je n'avais pas faite depuis longtemps déjà.
Mes joues étaient creusées, mes cernes étaient bien tracées, et mon visage tout pâle.
Je me rafraîchis la face avec de l'eau bien froide pour me donner bonne mine. Je coiffai mes longs cheveux en chignon.
Une fois préparée, je descendis à l'accueil où je trouvai Maître Fahey assis, en train de boire du café.
En me voyant, il me dit:
- Une nouvelle journée commence!! Une journée pleine d'espoir de vivre. Asseyez-vous et pensez que vous avez de la chance d'être encore en vie. Pensez au sens de votre existence, pensez fort à vous et à personne d'autre!
- Maître, je pense qu'on a autre chose à faire que ....
- Oui, c'est vrai! De nos jours, on a plus une seule minute pour soi, et on ne fait que penser sans cesse aux autres. C'est vraiment triste, mais c'est la vie. On ne peut rien y faire. Bon, maintenant, il faut que l'on se mette à la recherche de votre amie.
- Vous savez où elle se trouve?
- Sachez que cette nuit, vous étiez la seule à avoir trouvé le sommeil. Craig et moi avons mené des recherches partout dans le secteur. Nous savons à présent où est Joséphine, seulement, nous sommes suivis.
- Suivis? Par les sbires d'Edgar?
- Exactement, mais ce n'est pas bien grave. Ils sont nombreux, mais ils restent très faibles. De plus, ils sont nuls au combat. Ils ne nous poseront aucun problème.
- Je l'espère.
- Maintenant, mettons-nous en route. Joséphine ne se trouve, hélas, pas dans la porte d'à côté. Ils l'ont emmené à Épernay, une ville à proximité de Reims. Nous allons donc prendre le train, nous rendre là-bas, puis nous traverserons les montagnes. Nous n'avons pas une minute à perdre.
- Et où est Craig?
- Ne t'en fais pas pour lui! Mettons nous en route maintenant.
Nous quittâmes l'hôtel et nous nous rendîmes une fois de plus à la gare. Nous achetâmes les tickets et nous attendîmes le train.
D'après Maître Fahey, il nous faudrait quarante minutes avant d'arriver à Épernay. Là-bas, on libérera Joséphine pour nous rendre ensuite dans les montagnes. J'étais en train de penser au trajet que ne devrions traverser quand soudain, Craig sortit de nulle part. Il vint s'asseoir près de Maître Fahey. Ce dernier lui demanda:
- Alors?
- Tout va bien.
- Ah! Enfin une bonne nouvelle.
- Nous devons rester prudents. On ne sait jamais.
- Je ne pense pas que l'on aura des difficultés à atteindre Épernay et sauver Joséphine.
- Au plus tard, demain, nous devons être prêts à traverser les montagnes. Gloderhel ne va pas tenir encore longtemps. Il nous demande de faire vite.
Maître Fahey baissa le ton de sa voix et dit:
- Sommes-nous en sécurité?
- Pas vraiment, non.
Maître Fahey lui chuchota quelque chose à l'oreille, que je ne pus discerner. Je ne savais pas où était passé Craig pendant tout ce temps-là, ni comment avait il fait pour avoir des nouvelles du mage.
J'avais l'impression que je ne servais à rien, et que j'étais un boulet et rien d'autre. Je comprenais pourquoi ils ne me mettaient pas dans la confidence, je ne leur serais d'aucune utilité.
Je ne savais pas me battre, pas plus que me défendre. Si jamais je me trouvai dans une situation difficile, Dieu sait ce qui pourrait m'arriver. J'avais toujours besoin de quelqu'un à mes côtés, car en réalité, j'avais peur.
Certes, j'étais assise là, dans cette gare, mais j'avais peur. J'avais peur d'être enlevée, moi aussi. J'avais peur de me retrouver seule. Je savais bien que Joséphine n'avait rien, car elle, elle était forte. Si j'étais à sa place, je serais morte depuis bien longtemps.
Pendant toute ma vie, j'étais entourée par des personnes courageuses. Ma mère et mon père étaient le symbole même de la bravoure et de la vaillance. Maître Gloderhel était toujours prêt à affronter le danger. Craig était fort et ne craignait rien. Il gardait toujours son sang-froid et sa maîtrise de soi . Maître Fahey savait garder son calme, ce qui lui procurait un pouvoir infini. Joséphine était toujours dotée d'une assurance remarquable en plus de sa facilité à maîtriser les techniques de combat.
Alors que moi j'étais faible. Je voulais devenir forte, mais ceci reste, hélas, impossible. Je n'avais pas assez de courage pour porter une arme, pas assez d'audace pour affronter mes ennemis. La seule chose que je savais faire, c'était trembler devant le danger.
La sonnette retentit. Je montai dans le train. Celui-ci fit son départ.Je ne pouvais arrêter de penser à tout ça, mais la chose qui me préoccupait encore plus, c'était le sort de mes amis. Je n'avais rien fait pour les sauver, rien fait pour les aider, et je voulais qu'ils soient encore en vie. J'étais vraiment pathétique.
J'étais absorbée dans mes pensées quand une jeune femme, assise à côté de moi, me dit:
- Vous, vous n'êtes pas d'ici. D'où venez-vous?
- De Paris.
- Ah, Paris!!! La ville de la mode, la ville des lumières. Vous avez vraiment de la chance de vivre dans une si grande ville.
- Pas tellement. Paris est grande et belle, mais je n'ai jamais eu l'occasion de la visiter. Je me contente de mon petit quartier.
- Ah! Vous êtes comme moi alors! C'est fou comme on se ressemble toutes les deux. Vous n'aimez pas les promenades, je n'aime pas les promenades. Vous aimez les voyages en train, j'aime les voyages en train. Vous voyagez seule, je voyage seule.
- Euh, non! Je ne voyage pas seule. Je suis avec des amis.
- Ah bon? Je voudrais bien voir à quoi ils ressemblent.
- Ils sont justes .....
Je me retournai pour voir en face de moi. Il n'y avait plus personne. Les sièges qu'occupaient Craig et Maître Fahey étaient vides. Je me levais et commençai à les chercher. Je jetais un coup d'œil à tous les compartiments, mais rien. Pas une seule trace d'eux. Je demandai à des contrôleurs, mais personne ne put m'indiquer où les trouver. Ne sachant que faire, je retournai m'asseoir.
- Alors, il y a un problème?
- Mes compagnons de voyage ont disparu.
- Ils doivent être quelque part dans le train.
- J'ai bien cherché, ils ne sont nulle part.
- Tu ne les as sûrement pas vus. Arrêtes de t'inquiéter et profite du voyage.
Ce n'était, hélas, pas possible. Comment pourrais-je profiter du voyage alors que j'ignorais où mes amis étaient. J'espérais seulement qu'ils soient sains et saufs, et que rien ne leur soient arrivé.
Que vais- je devenir toute seule? Je ne savais pas où aller et surtout j'ignorais où se trouvais les montagnes. De plus, si jamais je rencontrais Vollard ou un de ses sbires, qu'allais-je faire contre eux ? Rien! À part les supplier de me laisser en vie.
J'étais en train de penser à tout ça, quand soudain, je vis Craig. Il était blessé au bras et du sang coulait. Les autres voyageurs n'arrêtaient pas de le suivre du regard. La blessure semblait profonde, mais malgré ça, il n'avait pas l'air de quelqu'un qui souffrait.
Il vint s'asseoir calmement. Je me précipitais à lui demander:
- Où étais tu passé? Qu'est-ce qui t'est arrivé?
- Parle moins fort!
- Qu'est-ce que tu as au bras?
- Une question à la fois.
- D'accord. Où est Maître Fahey?
- Pas la peine de le chercher. Il ne reviendra pas.
Vous saurez pourquoi dans le prochain chapitre!!!!!!
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