Chapitre 46
L'atmosphère est aussi lugubre et pesante que dans la série « American Horror Story ».
Ma mère pourrait rivaliser avec l'actrice Jessica Lange.
D'ailleurs, je lui trouve des similitudes.
À elle seule, vous l'aurez compris, ma mère peut faire basculer l'ambiance à tout moment.
Les mains crispées sur l'enveloppe, ses pupilles me vrillent et ne cillent pas pendant plusieurs secondes.
Tout ça ne me dit rien qui vaille.
Être dans son point de mire est habituel.
Là, j'ai plutôt la sensation d'être la cible à abattre et la déflagration qui va suivre va sûrement me percuter de plein fouet.
J'ai un très, très mauvais pressentiment.
— Tout va bien ? Demande Clarisse à ma mère, la mine préoccupée.
Elle n'a que pour seule réaction, celle de revenir sur le contenu, plusieurs documents, qu'elle vient extirper de l'enveloppe.
Ses iris s'embrassent lorsqu'elle passe en revue chaque page.
Le dégoût déforme les traits de son visage devenu rouge, ses lèvres retroussées tressautent et ses narines se dilatent, l'explosion est imminente.
— Maman ? Essaie à son tour Adèle en fronçant les sourcils.
— Augustine ? Que diable, répondez ! s'exclame d'un ton bourru mon père. Que contient cette maudite missive qui nous gâche le repas !!!
— Madame De Courtanel ? intervient Sam suspicieux. Vous vous sentez mal ?
Rien ne semble la sortir de sa torpeur.
Alors qu'Adèle recule sa chaise et la quitte, Clarisse jette un œil sur ce qui retient son attention et pousse un petit cri d'effroi en couvrant sa bouche avec sa main.
Adèle s'arrête net quand, enfin, les lèvres de ma mère se délient.
— C'est un véritable scandale !!! elle explose. La honte s'abat sur notre famille.
Je partage un regard à la fois anxieux et étonné avec ma sœur, suivi d'une autre avec mon frère.
Thomas glisse sa main sous la table et noue ses doigts aux miens.
J'imagine qu'il doit être paumé et se poser plein de questions et, pourtant, il est encore là.
Au moment où je veux lui exprimer toute ma reconnaissance d'être à mes côtés par un sourire, la voix sèche de ma mère me fait sursauter.
— Ava !
Jamais, jamais, je ne l'ai vue dans un état pareil et Dieu sait, si je l'ai maintes fois poussée dans ses retranchements.
Satan vient d'arriver sur Terre.
— Tout ce qui arrive est de ta faute ! elle ajoute en élevant le ton tout en me pointant d'un doigt accusateur. Depuis toujours, tu nous déshonores ! Cette fois, ça dépasse l'entendement. Gaspard ! C'est un scandale, un véritable scandale ! Nous ne pourrons rien faire pour le contrer le cette humiliation sur notre famille cette fois, si ces photos viennent à être publiées.
Des photos !
Quelles photos ?
Debout, entre Sam et Clarisse, Adèle arrache la prétendue photo de la main de ma mère tandis que d'autres parties volent et se retrouvent éparpillées sur la table dans un bordel monstre.
De là où je me trouve, je ne distingue rien, trop focalisée sur la réaction d'Adèle qui ne se fait pas attendre.
La main sur la bouche, elle étouffe un cri puis examine le cliché sous tous les angles.
Lorsqu'elle semble avoir la confirmation de ce qu'elle cherchait, ses yeux se voilent de tristesse.
Puis, décontenancée, elle laisse tomber la photo sur la table, sous le regard de Sam et Clarisse, qui peuvent ainsi l'observer.
— Seigneur, s'indigne Clarisse une main sur le cœur. Comment as-tu pu sombrer aussi bas, Ava ?!
L'incompréhension me statufie.
Ma sœur a retrouvé sa place.
La tête penchée, elle se pince l'arête du nez.
À ses côtés les yeux de Sam me sondent.
Mais enfin, que se passe-t-il ?
— C'est insensé, il murmure en grimaçant.
N'y tenant plus, je desserre mes doigts de ceux de Thomas et quitte sa paume chaude.
Au hasard, j'attrape, l'une de ces photos, qui, de toute évidence, me portent préjudice.
Mon père en fait de même.
L'effroi me glace l'échine.
Une boule se forme dans ma gorge, mes tempes bourdonnent et les battements de mon cœur se livrent bataille dans ma cage thoracique.
Comment cela a-t-il pu arriver ?
Une photographie de Mathias et moi prise pendant le show.
Notre position est compromettante.
Le visage de Mathias est niché dans mon cou, un sourire en coin, ses doigts sont posés sur l'attache de mon soutien-gorge.
Combien de clichés de ce genre jonchent cette table ?
Je ne veux même pas le savoir.
Un tremblement me prend de court, j'essaie de le cacher en me concentrant sur ma respiration que je tente de réguler.
Un fin filet de sueur coule le long de mon dos et mon être entier est totalement dévasté.
L'effort pour dissimuler mes émotions est surhumain, je lutte pour ne pas hurler qu'un plan machiavélique a été monté pour m'anéantir.
Mon plus grand secret a été dévoilé.
Ce que je craignais de pire vient de se réaliser.
Toute ma famille est au courant que je mène une double vie.
Qui a pu me planter un couteau dans le dos ?
Submergée par l'émotion, je laisse tomber la photographie quand ma mère ajoute d'un ton cinglant le visage enfoui dans les mains.
— Ma fille est une prostituée.
Son aveu, me terrasse, mais pas autant que Thomas que j'aperçois se raidir.
Je nage en plein cauchemar.
Aucune phrase tangible n'arrive à sortir de mes lèvres, même l'idée de prendre la fuite m'a lâché.
À quoi bon ?
Toute la tablée semble croire la déclaration de ma mère alors que ces clichés ne reflètent pas la réalité.
— Rien ne prouve que c'est Ava, soutient Pierre-André avec son flegme légendaire, les yeux fixés sur son verre.
— Voyons mon chéri, commence Clarisse avec un ricanement. Même avec ce masque, tout le monde a reconnu Ava. Je crois qu'en tant que famille unie nous devons l'aider. La prostitution fait partie des mœurs et existe depuis des siècles et des siècles, de plus...
— ... J'aimerais que tu arrêtes tes insinuations, Clarisse, hausse la voix de mon frère. Tu parles de ma sœur.
Ne supportant pas que Pierre-André s'adresse à elle de cette façon, Clarisse s'agite sur sa chaise. Les joues rouges, elle inspire et balance avec son air pincé quelque chose à laquelle, je ne m'y attendais pas.
— Ava est mon amie, Pierre-André. Comme tu peux l'imaginer, elle est tout autant surprise et bouleversée. Son secret vient d'être dévoilé. Je n'ai aucun doute. Je l'ai reconnue grâce à son tatouage sur le haut de sa fesse. Nous avions 18 ans lorsque nous nous sommes fait tatouer ensemble.
La traîtresse.
La putain de traîtresse.
À quoi je m'attendais, venant de sa part ?
Tu parles d'une amie.
Elle cherche juste m'enfoncer pour une raison que j'ignore.
La colère monte en flèche, je fulmine intérieurement et contre toute attente, je parviens à la maîtriser.
Le sang brûle dans mes veines et je paie le prix de lui avoir accordé ma confiance ce jour-là.
— Ça ne prouve rien, contre mon frère.
— Tu mets ma parole en doute Pierre-André ? L'attachement que tu voues à ta sœur t'aveugle.
Et puis, je suis certaine que Sam peut confirmer que c'est bien Ava sur ces clichés. N'est-ce pas Sam ?
Le silence de Sam confirme sa réponse.
Soudain, les pieds de la chaise voisine à ma gauche raclent le sol.
Ce bruit sourd me fait frissonner, mais pas autant que l'attitude que dégage celui qui vient de se lever.
— Je... je vais vous laisser, régler cela en famille, dit Thomas.
Si par miracle, il me tendait la main pour partir avec lui, je trouverais le courage nécessaire pour la saisir.
Mais, il n'en fait rien, Thomas choisit la fuite.
Ai-je le droit de lui reprocher ?
Thomas est loin de connaître la vérité et je suis loin de pouvoir l'expliquer.
La lâcheté et la honte sont mes meilleurs amis et me tiennent aux creux leurs bras jusqu'aux portes des enfers.
La distance qu'il vient de mettre entre nous me terrifie.
— Nous sommes désolés que vous ayez assisté à ce déballage familial, s'excuse ma mère en se redressant pour l'accompagner.
— Ne vous donnez pas cette peine... je... sais où se trouve la sortie.
Sans un regard ni un mot, Thomas s'en va.
Ses pas résonnent sur le parquet puis sur carrelage et au moment où la porte claque, une larme perle au coin de mon œil.
Elle n'aura pas le temps d'aller plus loin, je l'essuie d'un geste vif.
Personne ne sera témoin de ma tristesse.
Je dois garder la tête haute.
— Ton silence a assez duré. Tu nous dois une explication, rugit mon père.
Tous les regards sont alors braqués sur moi.
— Ce n'est pas ce que vous croyez, je parviens à articuler.
— Ah oui, se moque ma mère. Deux personnes ici présentes confirment ton identité sur ces images abjectes et tu as le culot de nier. Est-ce ainsi qu'on t'a élevée ? Comment as-tu pu en arriver là ? Mon Dieu, les gens doivent bien médire dans notre dos. As-tu pensé à nous, le jour as-tu franchi ce cap ? C'est immonde. Tu es immoral et tu déshonores ta famille.
Cherchant du réconfort auprès d'Adèle, je ne perçois que la déception teintée de dégoût lorsqu'elle m'accorde un bref regard.
Bizarrement, je sens mes épaules se libérer d'un poids même si je sais qu'il reste des choses à éclaircir.
Visée sur ma chaise, j'ai la sensation de vivre tout de l'extérieur sans pouvoir réagir.
Toute mon énergie s'est envolée.
— Ava devrait se faire soigner, déclare la voix glaçante de Clarisse. Une ex-collègue avait des relations tarifiées. Lorsque je l'ai appris, j'ai, bien sûr, été choquée. Pourtant, elle était l'épouse d'un homme charmant et bénéficiait d'une existence idyllique. Le vice la consumait. Depuis trois ans, elle lutte contre ses démons, elle progresse, mais elle n'est pas prête à sortir. Je peux vous fournir les coordonnées de cet établissement, Augustine.
— C'est gentil de votre part, lui répond ma mère en lui tapotant le bras.
Sam se redresse en fronçant les sourcils prêts à intervenir, mais il est doublé par mon frère à mon grand étonnement.
— Ava n'ira nulle part. Elle ne se prostitue pas et elle n'est pas malade.
Sam opine, mais reste sur la réserve.
— Qu'est-ce que tu racontes ? s'offusque Clarisse. Il faut aider Ava.
— Je partage l'avis de Clarisse, affirme Adèle les mains jointes sur la table.
Un coup de poignard m'aurait fait moins mal.
Comment ma sœur peut-elle prendre le parti de Clarisse et être d'accord avec elle ?
Comment peut-elle croire que cette histoire est vraie ?
— Elle n'ira nulle part, répète Pierre-André d'un ton sec. Vous avez tout faux.
— Tu peux développer Pierre-André. Demande mon père.
— Ce n'est qu'un show dans un lieu qui à l'air raffiné. C'est tout ce que montrent ces photos. Ava a suivi des cours de danse étant plus jeunes, je ne vois pas où est le problème. Qui sommes-nous pour la juger ?
— Tu ne vois pas où est le problème ? Mais bon sang, Pierre André, ouvre les yeux ! insiste Clarisse, les yeux étrécis par la colère. C'est du strip-tease, et plus si affinités, dans un endroit glauque et dégoûtant.
Adèle et mon père ont l'air perplexes.
— C'est toi qui le dis, intervient Sam.
Merci Sam.
Et Pierre-André, d'ajouter sous son air hébété.
— Ton jugement est infondé. Cesse immédiatement d'accuser ma sœur. Tu te tournes en ridicule et ta conduite pourrait se retourner contre toi.
— Comment ! s'écrie Clarisse en s'agitant sur sa chaise. Je suis ta fiancée et tu t'en prends à moi alors que c'est elle qui s'en donne à cœur joie dans un club échangiste et qui fricote avec ce strip-teaseur de bas étage. Tous ces numéros de lape-dance et ce show étaient affligeants. Le Midnight Club devrait fermer !
Ola, olà, une minute !
Comment se fait-il qu'elle puisse fournir tant de détails sans être une cliente ?
Impossible, j'aurais tiqué si son nom avait été dans la liste.
Je réfléchis et les pièces du puzzle commencent à s'imbriquer dans mon esprit, je les pèse et les assemble et je tire des conclusions.
Bordel !
Ma tante m'a dit qu'il y avait une taupe au sein du Club et en voyant le comportement de Clarisse, je me demande si elle ne serait pas impliquée dans cette affaire.
Avec qui ?
Pourquoi ?
Quel est son intérêt, là-dedans ?
L'argent ?
Elle est blindée.
Ou alors, est-ce qu'elle cherche à me piéger, parce qu'elle m'en veut encore pour cette histoire de mec ?
Je suis perplexe face à tout ce qui se passe. La meilleure chose à faire est probablement de rester impassible.
Clarisse est tellement enragée qu'elle va finir par commettre un faux pas tant elle est aveuglée par la haine.
— Je n'ai jamais entendu parler de ce Club, l'interrompt Sam cherchant à comprendre.
— .... Parce que c'est un club clandestin ! Persifle, cette peste de Clarisse au visage cramoisi. Un Club où se déroulent des soirées privées ou des personnalités se laisse aller à un coût de plusieurs milliers d'euros pour assouvir leur désir et leur fantasme avec d'autres personnes. C'est immoral !!!
Après avoir craché son venin, elle reprend son souffle.
Ma mère me regarde comme si j'étais la chose la plus dégoûtante qu'elle ait vue de vie. Elle secoue la tête et le reste de la tablée semble perplexe.
Adèle est la première à s'exprimer.
— Comment expliques-tu que tu en saches autant, Clarisse ?
Sentant que son piège se retourne contre elle, Clarisse perd ses moyens.
A-t-elle oublié que des avocats assis à cette table ?
Ses yeux papillonnent, un instant, puis elle tente de se reprendre en portant son attention sur moi en m'accusant.
— Tu devrais avoir honte, Ava. J'essaie de t'aider et ta sœur et ton frère se liguent contre moi. Vous voyez, Augustine ?
— Tu n'as pas répondu à la question que ma sœur t'a posée ?
— N'as-tu pas confiance en moi, Pierre-André ?
Silence.
Lourd et oppressant.
Clarisse explose.
— Non, mais c'est la meilleure ! C'est Ava qui se retrouve au cœur de cette affaire, tandis que vous me prenez pour cible. C'est ridicule et vous le savez. Mais où va le monde ?
Je serais bien tentée de lui dire dans son cul, mais je crois que de l'humour serait très mal placé.
Et puis, je réalise que tout était sous mes yeux samedi soir et que je me giflerai bien de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Comment ai-je pu me faire avoir par cette garce ?
— Il serait temps pour toi d'arrêter ton manège Clarisse, ça vaut mieux pour toi. Tu ne cherches qu'à m'enfoncer pour me discréditer auprès de ma famille. Je ne sais pas pourquoi tu me voues une telle haine...
— ... Mais c'est la vérité et nous le savons, toi et moi, elle s'écrie en pointant du doigt les clichés sur la table. Des gouttes de sueur perlent sur son front, ses yeux de fouines me détaillent, ses lèvres se pincent.
— C'est vrai, mais....
— .... Vous voyez, elle me coupe triomphante en levant les bras tendus en l'air, les poings serrés. J'avais raison. Tu fréquentes ce club échangiste.
Sûre de moi, je me redresse sur ma chaise et avec un regard des plus hargneux, je lui lance avec dédain.
— Depuis tantôt, tu joues à un jeu dangereux Clarisse. Tu me fais passer pour une personne que je ne suis pas. Je ne sais pas comment tu as fait pour te procurer ces clichés et les balancer à ma famille, mais je te conseille de ficher le camp. Tu risques de tout perdre si tu continues de cette façon.
Elle éclate de rire, ignorant ma menace et c'est alors que je déclare.
— Tu as raison sur un point Clarisse, c'est bien moi sur ces photos.
Ma confession plonge l'assemblée dans un silence glacial. J'entends des soupirs, je vois des yeux remplis d'étonnement, des visages marqués par la rage ou l'amertume.
Tout devient limpide.
— Je ne sais pas comment, tu as réussi à entrer, mais tu étais bel et bien là samedi.
— Peux-tu seulement le prouver ? Elle me nargue avec ses lèvres pincées et ses bras croisés sous sa poitrine.
— Ton ancienne amie te dirait de changer de parfum à l'avenir, il t'a trahi.
La blonde que j'ai bousculée par mégarde, c'était elle et le gars qui l'accompagnait n'était pas mon frère.
— Des foutaises. Mais encore ?
— Aujourd'hui, je ne peux rien ajouter de plus, mais demain, mes avocats, oui.
— Tes avocats ? Elle tique en ayant perdu de sa superbe.
Un sourire machiavélique se dessine sur mon visage alors que celui de Clarisse grimace à la révélation de ce que je vais lui balancer.
— Et bien, ce sont les personnes qui défendent les intérêts du club dont je suis gestionnaire. Tu croyais que j'étais une cliente, mais pas du tout. Laisse-moi, te rafraîchir la mémoire Clarisse, veux-tu ? Tu as signé un contrat avec plusieurs clauses de confidentialité. Ça te dit quelque chose ?
— Tu bluffes.
Et c'est à ce moment précis que je manque de tomber de ma chaise lorsque mon frère intervient.
— Ava dit la vérité. Puisque je représente moi-même les intérêts de cet établissement en tant qu'avocat.
Tous les regards convergent vers Pierre-André.
Clarisse reste médusée devant cette révélation et, moi, ma foi, je ne comprends plus rien.
— Clarisse, ton plan avait l'air parfait en théorie sauf que tu es tombée sur plus intelligent que toi. Je suis un fin observateur et les faits sont là. Ton but était d'entrer dans notre famille, t'attirer les bonnes grâces de ma mère juste pour faire du mal à Ava. Notre rencontre n'était pas le fruit du hasard, tu avais tout planifié. Ton intérêt soudain pour ma personne m'a semblé étrange. Mon quotidien est plutôt routinier, je dois l'avouer. Heureusement, tu es apparue à point nommé pour me divertir. Lorsque j'ai mentionné les tensions dans ma famille avec Ava, tu m'as demandé des explications supplémentaires. J'ai trouvé ça bizarre alors j'ai enquêté sur toi. Tu t'es bien gardée de me dire que tu avais été licenciée récemment pour harcèlement envers une collègue. D'ailleurs, cette femme a à porter plainte contre et j'ai mis un point d'honneur à te faire blacklister sur une bonne partie des cabinets d'architecte de la région, mais attend la suite, car tu n'es pas prête à retravailler de sitôt.
Pierre-André marque une pause et pose un regard meurtrier à Clarisse qui reste statufié sur sa chaise, rouge de honte.
— Un jour, je t'ai suivie, il enchaîne, alors que tout le monde reste suspendu à ses lèvres. Comme je savais que tu ne travaillais pas, j'ai été intrigué par la façon dont tu remplissais tes journées. Ce jour-là, tu es allée chez Ava et tu l'as épiée depuis ta voiture. Lorsque ma sœur est partie de chez elle après avoir salué François, tu es sortie et tu l'as abordé. Attirer l'attention de cet éternel célibataire geek, qui n'a d'yeux que pour ma tante Alix et qui est son bras droit, a demandé beaucoup d'efforts de ta part. Je suppose que ta force de persuasion a été assez convaincante pour que tu arrives à le détourner de son engagement. Cet abruti t'a confié des informations sur l'existence du club et qui était le propriétaire. Tu as saisi cette opportunité pour faire tomber Ava. Et tu es passée à l'étape supérieure. Comme il te fallait un alibi, alors François t'a suggéré de séduire Owen Seinfield, qui avait déjà fait une demande d'entrée.
Voir jusqu'à quel point tu étais prête à aller pour nuire à ma sœur m'a fait considérer à quel point tu es une grande malade. Par ailleurs, Ava, ce benêt n'est autre que Lucas Bertignon, un de tes anciens petits amis.
Et là, je percute.
Lucas et moi avons eu une brève relation.
Ce mec était plus omnibulé par la musculation et le comptage de ses calories que par notre couple.
Pas étonnant qu'il soit devenu coach sportif. C'était donc lui donc le partenaire de Clarisse, samedi soir.
— Le faire tomber dans tes filets n'a pas été difficile Clarisse, poursuit mon frère d'une voix posée. Ce gars est aussi con que les produits pour maigrir qu'il vend. Après plusieurs parties de jambes en l'air avec lui, il était tout disposé pour toi. Bravo. Il n'était qu'une inconnue dans ton équation pour pouvoir passer à la suite. L'accompagner au club, et, ensuite, faire pression sur François pour obtenir ces clichés que tu as toi-même donnés, à ma mère. Et dire que tu te vantais d'avoir l'esprit de famille. Sache qu'à l'heure qu'il est, François est sous les barreaux et que tu vas le rejoindre d'ici peu. Tu risques de tout perdre. Le scandale, c'est toi qui l'as créé, pas Ava. Franchement, Clarisse, autant d'énergie pour un guitariste bobo qui a manifesté de l'intérêt à ma sœur et plutôt qu'à toi, il y a quelques années. Crois-tu que ça en valait la peine ? conclut Pierre-André en se levant de sa chaise. Si vous vous voulez bien m'excuser, il fait en extirpant le portable de la poche de son pantalon en s'éloignant. Je dois m'en aller.
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