Chapitre 26
Au réveil, je flotte sur un petit nuage.
Les souvenirs défilent.
L'excitation prend racine au creux demon ventre et me pousse à prolonger la connexion qui nous a unis la veille.
Quel n'est pas mon étonnement lorsque ma main ne rencontre que du vide à mes côtés !
Je cligne plusieurs fois des yeux et pivote en chassant de longues mèches sur mon visage.
Il ne reste plus qu'un drap froissé.
Mes pensées coquines s'évaporent d'un seul coup.
Je me lève, rabats la couette et enfile une nuisette abandonnée sur une chaise dans le coin de ma chambre.
J'ouvre la fenêtre, puis je contourne le lit et je sors.
En passant, je remarque que les vêtements de Thomas ont disparu.
Mon peignoir et mon haut pyjama sont posés sur le dossier du fauteuil.
Après avoir jeté un coup d'œil circulaire dans le salon et la cuisine, Thomas semble s'être évaporé, ayant pris soin de ne laisser aucune trace.
Mon cœur manque un battement.
Voilà ce que ça fait de se faire planter.
Non, Thomas n'aurait pas osé prendre sa revanche ?
J'ai mal.
Persuadée qu'une réponse logique explique son départ, je chasse mes idées tordues de mon esprit et je rebrousse chemin vers la salle de bain.
Sous le jet d'eau chaude de la douche, je me calme et procède à deux shampooings consécutifs, pour terminer par un soin réparateur trop souvent oublié dans ma routine capillaire disparue au fil du temps.
Face au miroir, un essuie noué autour de mon corps, à grands coups de peigne, je démêle ma chevelure et les tresses en deux nattes.
Je vais vraiment devoir faire quelque chose, ma tignasse me donne du fil à retordre.
Sauf que j'angoisse à l'idée d'aller chez le coiffeur.
Accroché à la patère au mur de la salle de bain, je me saisis d'un top et d'un leggings noir que j'enfile en vitesse.
Lorsque j'ouvre la porte, une délicieuse odeur emplit mes narines.
Les effluves ont des notes sucrées et salées qui me surprennent.
Mes intestins gargouillent, et mon nez me guide d'abord au salon, où, étonnée, mais rassurée, je trouve Thomas, les mains sur les hanches, devant la fenêtre, sexy au possible.
— Tu devrais éviter de reluquer mes voisins. Certains pourraient t'accuser de voyeurisme, je le charrie en continuant la chasse aux bonnes odeurs vers la cuisine.
— Ah bon ? Pourtant, ça ne semblait pas gêner ta voisine d'en face. Elle m'a fait un signe quand je suis descendu.
Sur la table, deux couverts sont dressés.
D'un côté, un grand plat regorge de crêpes, de brioches, de pains au chocolat et garnis de fruits frais de saison qui attendent d'être dégustés.
À l'opposé, une assiette composée de charcuteries, de fromages et d'omelettes titille une nouvelle fois mes narines.
Du beurre, de la confiture ou de la pâte à tartiner sont disposés çà et là dans de petits contenants en verre.
Et l'odeur du pain mélangée à celle du jus d'orange pressé me font saliver.
Mon estomac gronde une nouvelle fois devant ce petit-déjeuner titanesque et mon cœur bat la chamade un peu plus fort qu'hier.
Aucun mec ne m'a jamais accordé autant d'attention, des papillons dansent dans mon ventre.
J'ouvre le placard du haut et prends deux tasses transparentes.
Pendant que le café coule dans une des tasses, je dépose un morceau de sucre et un sachet de thé dans la seconde, tout en démarrant la bouilloire électrique.
— Merci pour le petit-déjeuner !Je lance à Thomas en me retournant vers lui.
Debout de l'autre côté de la table, il me semble perdu et ses yeux sont rivés sur ma poitrine.
— Ohé ! Mon visage est plus haut, je l'interpelle en agitant la main et en souriant.
Il secoue la tête.
— À t-on idée de mettre un truc aussi... moulant ?
Je lève les yeux au ciel et me moque de son regard trop intéressé, effaçant ainsi le souvenir de nos ébats d'hier soir.
Ce n'est pas le moment pour parler de ça, alors, je change de sujet.
— Tu as rencontré Madame Klapish ?
— Qui ça ?
— La voisine d'en face, je réponds en éteignant la bouilloire.
— Ah oui, j'ai vu cette dame ce matin. Elle m'a adressé un sourire. Enfin, c'était plutôt une grimace et je crois qu'elle a plus de poils au menton que moi ! Il ajoute en prenant de la tasse de café que je lui tends.
Il la dépose sur la table et s'assoit en face de moi.
— J'ai super faim, je m'exclame en prenant une brioche que je tartine de confiture.
— Tu m'étonnes ! Avec ton demi-pain vert, tes deux tranches de jambon douteuses et ton lait caillé, il n'y avait rien de potable dans ton frigo. Est-ce que tu fais les courses ? demande Thomas en portant sa tasse à ses lèvres.
— Ah, tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ! On me le dit tout le temps.
— Qui ça « on » ?
— Bah des gens, je m'entends dire cela plus préoccupé par mon repas.
— Hum... et ils sont nombreux ?
Je me régale en sentant le moelleux fondre sur ma langue, mélangé à la fraise.
— C'est du fait maison ? Où as-tu trouvé tout ça?
— Tu n'as pas répondu à ma question.
Je hausse les sourcils, perplexe, attendant qu'il répète, mais il poursuit.
— L'un de mes restaurants offre une formule brunch le dimanche. J'y suis allé faire un tour.
Après avoir avalé la dernière bouchée de brioche, ma main reste suspendue au-dessus d'une deuxième part, puis se dirige vers une crêpe.
Je la nappe de pâte à tartiner, ravie de me goinfrer d'une orgie de gras et de sucre et lui déclare.
— Tu peux apporter le petit déjeuner quand tu veux, et le souper aussi.
— Je le note. Par contre, je me défends pas mal en cuisine, il m'annonce après avoir dégusté le dernier morceau de son omelette.
Super, je suis tombée sur le cuistot par excellence.
— Je te propose un deal. Pour chaque nuit que je passerai ici, je m'occuperai du petit déjeuner. Tu seras gagnante sur toute la ligne,
— Je risque d'y prendre plaisir.
— C'est sûr et certain et j'y compte bien.
— Eh bien, dans ce cas, tu ferais mieux d'emménager dès ce soir ! Je lance en riant. Au moins, on pourra se voir plus souvent.
À mes mots, Thomas se fige, une expression sévère sur le visage, les yeux fixés sur son café, les poings serrés sur la table.
Quelque chose me dit que ma petite plaisanterie n'a visiblement pas passé, et je me demande bien pourquoi.
Au moment où je veux ouvrir la bouche pour le rassurer, son téléphone se met à sonner, il hésite.
À présent que je sais de quoi retourne ses appels, je ne me fais plus d'idées.
À la place, je le dévisage avec une attention particulière.
Juste avant de décrocher, il me lance avec un aplomb qui me cloue sur place
— Il va falloir qu'on parle.
Quand quelqu'un vous annonce ça comme ça, vous pouvez être certain que la conversation qui va suivre va être rude.
Sur cet échange plus que tendu, je me dirige vers ma chambre en le laissant en plan et gamberge en faisant les cent pas.
Je ne comprends pas ce changement d'attitude, on était bien.
Relax.
Qu'est-ce que j'ai pu dire qui l'a refroidi à ce point ?
Ne le voyant pas me rejoindre, je suppose qu'il est sûrement parti pour un problème de boulot.
Et puis, il reviendra la bouche en cœur, en s'excusant et me sortira qu'on doit se faire confiance pour qu'entre nous ça fonctionne et bla, bla, bla.
Ça me gonfle qu'il souffle le chaud sur le froid
Qu'il aille se faire foutre.
Pour m'occuper l'esprit, je range quelques vêtements qui traînent et redresse des piles de livres qui menacent de s'écrouler à tout moment.
Un peu remontée, je retire les draps de mon lit pour les balancer d'un geste rageur dans la corbeille près de la porte.
Je ne veux pas que son parfum reste ancré dans ma chambre ce soir.
Une fois que tout est en ordre, je jette un œil par la fenêtre avant de la fermer.
— Tu ne devrais pas regarder par la fenêtre. Tes voisins pourraient t'accuser de voyeurisme.
En autre temps, j'aurais ri, mais là...je me fige et pivote.
Dans l'encadrement de la porte, Thomas piétine d'un pied sur l'autre, passe une main dans ses cheveux, ouvre puis referme la bouche.
Tiens, tiens !
Il semblerait que monsieur Apollon ne soit pas à l'aise.
Il y a encore du travail à faire pour qu'on puisse se comprendre et communiquer.
Alors que le silence s'étire, consciente du malentendu qui nous oppresse, je tente de désamorcer une future dispute.
— Ce n'était rien de plus qu'une plaisanterie. J'ai lancé ça sur le moment.
Il se pince l'arête du nez et s'excuse.
— C'est juste que ça a fait resurgir une période pénible de mon passé, il admet, la tête baissée.
— Je vois, je réponds alors que je ne vois rien du tout.
Nous nous regardons tous les deux dans un long silence.
Thomas se dérobe, ses yeux parcourent ma chambre, et je me demande s'il faut insister pour qu'il me parle, comme il l'avait demandé, ou plutôt exigé, avant son appel.
L'atmosphère est aussi lourde qu'un éléphant qui essaie de se frayer un chemin dans un magasin de porcelaine.
La seule solution : la fuite.
Étant donné que je suis chez moi peut-être par la fenêtre que je pourrais de tenter le coup.
En considérant que le buisson du rez-de-chaussée amortira ma chute.
Sauf que le voisin d'en bas me tuerait si j'abîmais ses plantes.
Par la force des choses, je me ferais mal aussi.
Mauvaise idée, très mauvaise idée.
C'est certain, la poisse m'adore.
La voix de Thomas me sort de mes pensées.
— J'ai des difficultés à m'ouvrir aux autres.
Sans blague ?
Je ne dis rien et attends la suite.
— En fait, j'ai eu deux ou trois relations sans lendemain. Tu es la deuxième femme que je fais entrer réellement dans ma vie. Quand, je t'ai vue, j'ai senti un truc. Et avant toi, avec mon ex, on a commis l'erreur d'emménager très tôt ensemble et puis on s'est séparés. Je sais que tu plaisantais, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser que l'histoire allait se répéter. Tout va trop vite entre nous.
Un soupçon de jalousie se forme dans ma poitrine à l'idée de l'imaginer avec une autre, ce qui est absurde.
Moi aussi, j'ai côtoyé des hommes.
S'il a rompu avec elle, il ne m'a pas dit s'il était encore amoureux.
Se pourrait-il que je ne sois qu'un putain de pansement qui l'aidera à passer à autre chose ?
Que le visage de son ex se soit superposé au mien cette nuit ?
Qu'elle hante toujours ses pensées ?
Pourtant, Thomas semble faire des efforts pour que ça fonctionne entre nous.
Il a raison : tout va trop vite entre nous.
Je m'emmêle encore les pinceaux.
— Tu commences à flipper, là ! Il gronde, les sourcils froncés.
— Me dit le gars qui l'était y pas moins de vingt minutes, je réplique les bras croisés en sous ma poitrine, prête à clarifier les choses. Tu veux qu'on se donne une chance, qu'on se fasse confiance mutuellement et, toi, tu te renfrognes dès que je te charrie. Écoute, Thomas, j'apprécie que tu te sois livré à moi. Mais je ne suis pas ton ex. Alors, si tu es toujours partant, laissons nos passés derrière nous et tournons-nous vers l'avenir.
En un clignement de paupières, Thomas a traversé la distance qui nous séparait et se tient maintenant devant moi, détendu et souriant.
Sa main lève mon visage vers lui et je continue de me mettre à nu.
— Maintenant que tu as allumé une étincelle, je lui montre en prenant sa main que je pose sur mon cœur, je ne voudrais pas que tu souffles dessus pour l'éteindre.
Bordel, si, ça, ce n'est pas un aveu.
J'en chialerais presque de m'être autant dévoilée.
Son regard brûlant plonge dans le mien avant de me susurrer.
– Jamais. Maintenant que je sais, tu es la seule.
Je déglutis et réalise que nous sommes sur la même longueur d'onde même si nous n'avons pas prononcé les trois petits mots magiques.
C'est bien trop tôt.
— Là, je vais t'embrasser, annonce Thomas d'une voix rauque, et je recommencerai, encore et encore. Puis, je vais retirer tes fringues et ensuite... Bon sang, il ajoute s'exclamant, surpris, cassant l'ambiance en tirant sur l'élastique du leggings. Tu ne portes pas de culotte.
J'éclate de rire.
— Tu vas me tuer, il enchaîne en me collant contre lui. Par contre, j'ai une mauvaise nouvelle.
Perplexe, je hausse les sourcils.
— Tu n'aurais pas dû changer les draps de ton lit, il m'annonce en me faisant basculer dessus.
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