Chapitre 25
« Café au lait ».
Voilà juste les trois mots que Thomas a prononcés depuis qu'il est entré chez moi.
La tension est lourde comme le jour où l'on célèbre l'anniversaire de ma mère.
Je cherche à retarder l'instant en m'occupant.
J'attrape une tasse, et j'insère une capsule dans la machine.
Le café coule et son odeur emplit la pièce.
Thomas a déposé ma veste en jean sur l'accoudoir du fauteuil et s'est posté devant la fenêtre.
Comme il est tard, qu'observe-t-il ?
— Ta voisine est bizarre, remarque Thomas. Je pensais que les personnes âgées se couchaient tôt.
Je l'avais presque oubliée, celle-là.
— Madame Klapish n'est pas une gentille petite vieille. Elle est toujours derrière sa fenêtre pour épier tout le monde, je lui réponds en prenant ma tasse de thé.
— Ton appartement est sympa, il lance en jetant des regards par-ci, par-là, les mains dans les poches, visiblement mal à l'aise.
— Thomas, je suppose que si tu es ici, ce n'est pas pour complimenter l'intérieur de ma maison. Tu croyais vraiment que je ne découvrirais jamais rien.
Pour apaiser un semblant de colère qui commence à m'embraser, j'avale une gorgée de thé à la menthe.
Le goût amer et tiède me tire une grimace.
Je me tourne vers l'évier et jette le reste du contenu infâme, et puis je fais couler un peu d'eau pour éliminer les dernières gouttes récalcitrantes.
Au même moment, j'entends les vibrations d'un téléphone.
Comme le mien est éteint dans mon sac à main, ce doit être celui de Thomas.
Tous mes muscles se raidissent en même temps.
Mes doigts se posent sur le bord du plan de travail.
Je le serre, espérant alors évacuer mon énervement.
— Si je l'avais en face de moi, je lui en collerais une, déclare Thomas.
— De qui parles-tu ? Je réagis à voix basse, crispée de tout mon être.
— Celui qui t'a blessée au point où tes doutes ne te lâchent plus.
— Mon ex n'a rien à voir là-dedans. Et c'est plutôt moi qui devrais te mettre un pain après ton attitude dégueulasse.
— Tu tiens à moi, il prononce dans un souffle à mi-mot.
— Je tenais à toi, je réponds cela d'un ton très calme, en soulignant chacune des syllabes.
— C'est toujours le cas. Je le sens.
Son téléphone vibre encore.
À bout de patience, je pète un câble et hurle plus pour moi que pour lui.
— Mon Dieu. Quelle fille sensée d'esprit accepte de laisser entrer chez elle la personne qu'elle aime et qui vient juste de la trahir sous son nez. Comment peux-tu te regarder dans une glace après ça ?
— Tu peux répéter ? demande Thomas, pas du tout impressionné.
— Je te demande de partir de chez moi ! Cette discussion ne nous mène nulle part.
La fureur plaquée sur mon visage, les yeux rivés aux siens, je contourne la table de la cuisine, bien décidée à lui montrer le chemin de la sortie.
— Ce n'est certainement pas cette dispute qui me fera partir ! Il riposte d'une voix calme et assurée en m'attrapant le bras d'une main, tandis que l'autre sort son téléphone de la poche intérieure de sa veste.
Il éteint l'appareil en soutenant mon regard et le balance dans le fauteuil.
— Une dispute ? Je ris et me dégage de son étreinte. Jamais je ne deviendrai ta maîtresse.
— Si seulement tu étais moins butée ! Laisse-moi t'expliquer ce malentendu. La jeune femme qui m'accompagnait était ma cousine.
Silence.
Merde.
Décontenancée, j'ai besoin de quelques secondes pour réaliser.
Tout se mélange dans mon cerveau surchauffé et embrouillé.
Je cligne des cils plusieurs fois, le dévisage en fronçant les sourcils.
Face à mon mutisme, il répète un peu excédé, suivi d'un soupir.
— La blonde, c'était, ma cousine.
— Ça va, j'ai compris et ça prêtait à confusion, je lance en marmonnant.
— Et en plus, tu es de mauvaise foi.
Il éclate de rire.
Vexée, je pousse un grognement, puis je le frappe légèrement sur le torse pour le faire taire.
J'ai complètement merdé.
— Admets que tout aurait pu être évité si tu n'avais pas inventé cette histoire ridicule de batterie déchargée.
Touchée.
Moi et ma capacité à imaginer le pire et mes mauvais choix.
Gênée, je détourne les yeux.
Mon impulsivité me fait signe dans un coin de ma tête, ravie de son coup d'éclat, tandis que la culpabilité la mettrait bien au tapis.
— Je possède un bar et deux restaurants. La gestion de ces établissements me prend beaucoup de temps et, comme, je ne suis pas du genre à déléguer, mon téléphone sonne souvent. J'aurais dû te le dire plutôt. Mais pour nous, je suis prêt à lâcher du lest.
Nous ?
Le mot « nous » fait étinceler mon esprit, ses intentions sont claires et dissipent mes émotions confuses.
La chaleur de son corps près du mien apaise toute la tension accumulée, chassant la colère qui brûlait en moi.
— Je pensais que tu avais quelqu'un d'autre. Tu m'as dit avoir un rendez-vous professionnel, alors...
Je soupire.
— Je comprends que tu t'es imaginé n'importe quoi. En plus, je n'ai pas été très présent récemment. Je suis désolé. Si l'on veut que ça fonctionne entre nous, on doit se faire mutuellement confiance.
Soufflée, je constate que Thomas n'est pas celui que je croyais.
Il est prêt à faire des concessions et envisage une relation sérieuse.
Mon cœur me dit de lui donner une chance, de nous donner une chance.
— Tu as raison sur un autre point : on doit apprendre à se connaître. On a tout fait à l'envers, bien que ça ne m'ait pas déplu, il ajoute, en jouant des sourcils, un sourire coquin sur le visage.
Thomas se rapproche de moi, m'enlace et pose ses mains sur le bas de mon dos.
Dépitée par mon comportement, le front contre son torse, je murmure.
— Je suis désolée d'avoir mal réagi.
— Je sais, je sais, tu étais jalouse. C'est normal, tu es follement amoureuse de moi.
— Je n'ai jamais dit ça, je riposte en m'écartant de lui pour le toiser
Enfin, le toiser, c'est vite dit, Thomas est plus grand que moi.
Sous son air incrédule combiné à un petit rictus, il reprend vite son sérieux.
— On va faire comme si je n'avais rien entendu.
D'un regard brillant, il parcourt chacun de mes traits et s'attarde sur ma bouche tout en effleurant à plusieurs reprises ma lèvre inférieure avec son pouce.
— C'est moi qui ne sais plus me passer de toi.
Mes barrières explosent, je plonge dans ses prunelles qui dardent des brasiers incandescents ; ma respiration se bloque et une étincelle naît au creux de mon ventre.
Je déglutis, passe ma langue sur mes lèvres pendant que ses doigts tracent un chemin jusqu'à ma nuque qu'il agrippe, avec fermeté.
Thomas se penche vers mon visage, nos souffles se mélangent.
Les lèvres de Thomas survolent les miennes, le baiser qu'il dépose à la commissure de ma bouche ne fait qu'accentuer une frustration jusque-là contenue.
Enfin, lorsqu'il m'embrasse, je suis projetée dans un tourbillon d'émotions que je ne peux plus contrôler.
La vérité m'assaille soudainement. Les sentiments papillonnent dans mon ventre et affluent à vive allure.
Mon cœur se déploie comme les rayons du soleil à son zénith.
Jusqu'ici, je refusais de l'admettre, je dois reconnaître que je suis amoureuse de Thomas.
Nos fronts soudés l'un à l'autre, la respiration saccadée, un sourire fleurit sur mes lèvres lorsqu'il murmure.
— Tu as un goût de menthe et de vodka.
Prenant son visage en coupe, je constate que sa légère barbe pique sous la pulpe de mes doigts qui parcourent les contours, comme si je le découvrais sous un nouvel angle.
D'un mouvement rapide, je glisse sa veste et commence à déboutonner sa chemise.
Ses vêtements se retrouvent sur le plancher, bientôt suivis par mon peignoir qu'il prend, soin de m'enlever.
Quant au côté sexy, on repassera.
Ses mains habiles partent à la conquête de mon dos.
Thomas saisit le haut de mon pyjama et le fait voler derrière, lui, puis il me colle tout contre lui.
Comme si la tension n'était déjà pas à son comble, d'une lenteur calculée, il dépose une pluie de baisers en partant du haut de mon front jusqu'à ma mâchoire.
Thomas poursuit son petit jeu pervers et semble prendre un malin plaisir à me faire languir lorsqu'il s'attarde dans le creux de mon cou, là où la peau est la plus sensible.
Je gémis et soupire de contentement.
Il s'écarte et me sonde pour savoir si je suis prête à aller plus loin.
Impatiente, je me jette sur sa bouche dans un baiser passionné.
Avec une légère impulsion sur mes fesses, mes jambes se retrouvent entrelacées autour de sa taille pendant que mes lèvres continuent de dévorer les siennes.
Pendant que nous échangeons des baisers fiévreux, je lui indique où se trouve ma chambre.
Cela a assez duré.
J'ai besoin de lui, de le sentir près de moi.
La pièce est plongée dans la pénombre. La pleine lune perce les rideaux de la fenêtre et forme un halo lumineux autour de Thomas.
Il retire le reste de ses vêtements ainsi que mon pantalon de pyjama avant même que j'aie eu le temps d'allumer la lampe de chevet.
Animé par un désir sans équivoque, il continue d'explorer ma bouche et mordille mes lèvres au passage, signe d'un empressement certain, quoique maîtrisé.
Au fond de moi, je prie chaque seconde pour qu'il passe à la vitesse supérieure et, même temps, je souhaite que rien ne s'arrête.
Une fois rassasié par mes lèvres, chaque centimètre de ma peau est passé au crible.
Rien ne lui échappe, mes épaules et mon cou sont assaillis.
Soudain, il arrête sa descente.
À mon grand désespoir, le corps frissonnant, j'ouvre les yeux pour y croiser les siens.
Un sourire des plus machiavéliques fleurit sur son visage et s'élargit encore davantage lorsque je grogne de frustration après chacun de ses frôlements du bout de ses doigts sur ma poitrine.
Alors que je veux me redresser sur mes coudes, Thomas revient à la charge et m'embrasse profondément, me collant au matelas.
Nos mains entrelacées au-dessus de ma tête, signes de soumission, n'ont pour effet que de m'exciter encore plus : je frotte mon corps contre le sien.
Avec tendresse, son nez et sa bouche caressent mon nez et mon menton : un contact aussi intime fait battre mon cœur une fois de plus.
L'instant d'après, mon corps tressaille, dénudé par la chaleur du sien, mais s'enflamme une nouvelle fois lorsque ses lèvres se posent à l'intérieur de ma cuisse.
Chaque baiser se succède et se rapproche sérieusement de mon épicentre.
Tout près du point culminant, je n'attends que la délivrance, celle qui me fera atteindre la haute sphère de la jouissance.
Compte tenu de la poisse qui règne autour de moi, mourir proche de l'orgasme est un truc qui pourrait bien m'arriver.
Dieu et Satan dirigent ma vie comme on joue à pile ou face.
Pour une fois, pourraient-ils me laisser tranquille ?
Allez embêter quelqu'un d'autre.
Je soupçonne Thomas de le faire exprès.
Guidé par un instinct démoniaque, il prend tout son temps et savoure chacune de mes réactions.
— Allez, vas-y ! Je balbutie, enivrée et irritée de cette lente agonie préorgasmique.
— Petite impatiente, il susurre. Regarde-moi, Ava.
J'obtempère.
En appui sur mes coudes, les paupières mi-closes, je croise ses yeux enflammés ; Lucifer en personne est entre mes cuisses.
— Je vais te faire jouir avec ma langue, puis avec ma queue.
Ses propos indécents, promesse d'un moment décadent, rehaussé d'un sourire démoniaque, me coupent le souffle.
Lorsque son index effleure mon intimité, un petit couinement s'échappe de mes lèvres.
Au moment où ses doigts reprennent la manœuvre avec délicatesse, un soupir d'extase envahit la pièce.
La tête rejetée en arrière, une vague de chaleur se diffuse du sommet de mon crâne jusqu'à la pointe de mes orteils quand il m'embrasse à nouveau.
Ses lèvres effleurent ma peau et je frissonne.
Sous la pointe de sa langue venue chatouiller le point le plus sensible, mes coudes fléchissent et mon corps s'arque pour venir se coller contre lui.
Réactif aux spasmes de mon corps, Thomas pose sa main sur mon ventre pour me maintenir et poursuivre son œuvre.
Comme si la satisfaction de me voir me tordre sous ses assauts n'était pas encore assouvie, il m'offre des baisers et alterne avec des coups de langue, tantôt d'une extrême douceur, tantôt avec ferveur et puissance.
De profonds râles et gémissements jaillissent de ma gorge.
Mes mains empoignent ses cheveux et mes cuisses s'écartent davantage pour l'encourager à continuer.
Les marches à gravir pour atteindre le septième ciel ne sont plus très loin ; j'y suis presque.
Tout près.
Au point que c'est presque insupportable.
Alors, lorsque l'apogée m'assaille à une vitesse effrénée, j'oublie même mon nom.
Après l'orgasme, ses doigts écartent encore quelques mèches rebelles de mes cheveux avec délicatesse.
Les paupières mi-closes, je le contemple souriante.
— Tu es belle, il souffle en déposant un baiser sur mon front. Es-tu prête pour la suite ?
J'opine, impatiente.
Cependant, un éclair de lucidité me traverse.
Même si je suis sous pilule contraceptive, me protéger est vital.
Je n'ai pas de préservatif sur moi, ce qui constitue un obstacle pour la suite.
Foutu karma !
Face à mon air pensif, Thomas, comme s'il avait lu dans mes pensées, me chuchote.
— J'ai des capotes.
Il joint le geste à la parole en s'absentant pendant quelques secondes puis il revient en déchirant l'emballage en aluminium.
Thomas pose la fine barrière de protection sur son membre et me rejoint.
Placé au-dessus de moi, je suis captivée par la couleur vive dans ses yeux turquoise et lorsqu'il entre, enfin en moi, je sais que cette nuit restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Une nuit qui marquera le début d'un nouveau chapitre qui, je l'espère, ne se terminera jamais.
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Petite parenthèse.
Je sais ce que tu te dis : "Enfin, une scène de cul !"
Et peut-être que tu t'interroges en te disant : " Mais pourquoi avec lui ? "
Il y a toujours Jacob le stagiaire-médecin-plus-si connard-que-ça, son ex, Sam, qui traîne dans les parages et puis Ragnar.
Ah le fameux Ragnar rencontré au tout début de l'histoire.
Non, non, je ne l'ai pas oublié. Mais il va falloir attendre encore quelques chapitres pour le revoir. Une nouvelle soirée au club se prépare. Ce sera la meilleure de toute, crois-moi.
Alors, qu'est-ce que tu penses de l'histoire jusqu'ici ?
Est-ce que ça te plaît ?
Est-ce qu'Ava arrivera a briser toutes ses barrières et ouvrir enfin son coeur ?
Si oui, arrivera-t-elle à révéler son secret ou sera-t-elle démasquée ?
Comment vois-tu la suite ?
Dis moi, tout en commentaires.
Merci d'être toujours dans l'aventure et pour tes likes en fin de chapitre.
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