III-2 : Perversion et convergences **
Hélios avait eu beau faire le fier devant Donovan, il n'en était pas moins en piètre posture. Il se retrouvait en terrain inconnu, en plein territoire ennemi, avec un pouvoir qu'il apprivoisait à peine. Aurora lui aurait reproché d'avoir frimé et elle aurait eu raison.
Aurora... Elle devait être effondrée en ce moment. Il ferma les yeux et essaya de remplacer dans son esprit son visage déformé par le désespoir par une image d'elle plus souriante. Elle s'en remettrait. Lucien veillerait sur elle, il en était certain. Il devait tenir le coup. Pour elle. Parce qu'il savait que Donovan ferait tout pour s'en débarrasser puisqu'il n'y était pas parvenu cette fois.
Pourtant, il sentait que sa volonté faiblissait et menaçait de s'effondrer à tout moment. Il avait bien failli en finir pour de bon avec cet idiot de Sirius. Heureusement, il avait réussi à s'en empêcher au dernier moment. Ironiquement, l'intervention de l'être qu'il exécrait lui avait permis de ne pas commettre cet acte qui l'aurait sans aucun doute fait sombrer définitivement.
Hélios crut un instant percevoir des murmures tout près. En observant autour de lui, il se rendit compte qu'il se trouvait dans une forêt lugubre. Tous les végétaux autour de lui paraissaient desséchés ou pourrissants. Ce qu'il avait pris pour un souffle de vent au départ se révélait finalement être des chuchotements bruissant par vagues plus ou moins denses, des échos de supplications et de lamentations. Où était-il tombé ? Tenebrae ressemblait donc à cela ?
Il rechercha la présence du fragment de lumière d'Aurora qu'il avait enfoui tout au fond de son être. Il était toujours là, étincelant au milieu des ténèbres. Cet éclat l'apaisa un peu. Serait-elle capable de communiquer avec lui, de Lumnia? Il en doutait. Sa maîtrise des Illusions lui avait permis de dissimuler cette dernière parcelle de lumière qui l'habitait, bien qu'elle ne fût pas la sienne. Le contrôle des Ombres ne s'avérait finalement pas si différent de celui de la Lumière. Il avait été étonné lui-même de sa capacité à les utiliser, et plutôt facilement pour une première fois. Ses pensées furent interrompues par une voix suave.
– Salut beau gosse, t'as l'air paumé ?
Celle qui venait de lui adresser la parole avait l'apparence d'une femme svelte à la longue chevelure rouge sang. Elle l'observait à quelques pas. Hélios avait oublié qu'il n'était pas seul et qu'il aurait de grandes chances de croiser des autochtones. Il regretta de ne plus pouvoir accéder à son Repère pour être tranquille, mais d'un autre côté, bavarder avec les locaux pourrait être utile à sa quête.
– Disons que je suis nouveau par ici, répondit-il finalement.
– Je m'en souviendrais si j'avais déjà croisé ton joli minois. Et puis, en général, personne ne traîne par ici... Moi c'est Tessa, mais tu peux m'appeler Tess.
– Hé... ça fait longtemps que tu es là ? se rattrapa-t-il, conscient que donner son véritable nom n'était pas la meilleure idée qui fût.
– Plutôt oui... Je connais bien les lieux, j'aurais même pu en être la souveraine... mais que veux-tu, notre monarque n'est pas des plus fidèles.
– Pourquoi ça ne m'étonne pas... laissa-t-il échapper.
Tessa le fixa d'un air amusé. Avec son franc parler, ce genre d'infiltration n'était vraiment pas le fort d'Hélios. Il devait faire plus attention à ses paroles, surtout s'il se trouvait réellement face à une proche de Donovan...
– T'es un p'tit rigolo, hein ?
– Tessa ! Qu'est-ce que tu fiches ? On a été convoqués, et cette fois tu ne peux pas te défiler. Je t'avais prévenue, tu te souviens ? interpella sèchement une voix derrière elle.
– C'est bon j'étais en train d'arriver, grommela-t-elle. À bientôt gueule d'ange... C'est quoi ton petit nom ?
– Phobos.
Elle lui fit un clin d'œil et s'éclipsa avec le nouveau venu, dont tout ce qu'il retint fut l'éclat mauve de ses iris. Phobos... Sérieusement, qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Il avait voulu ne montrer aucune hésitation et c'était la seule idée qui lui était venue immédiatement à l'esprit. Il n'avait plus qu'à espérer qu'elle ne connaisse personne d'autre se prénommant ainsi, parce que chacun savait que tout nom était unique dans leurs Mondes.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro