III-1: Altercation et dégénérescence **
À peine eurent-ils franchi le portail qu'Hélios embrocha l'épaule de Sirius contre un tronc d'arbre avec une dague de flammes noires, le plaquant pour l'empêcher de faire le moindre geste.
– Tu ne peux pas faire ça !
– Ah oui ? Et pourquoi donc ?
Sirius était terrorisé par son adversaire qui arborait un rictus carnassier. Il était aussi effrayant avec sa Lumière qu'en tant que Manipulateur des Ombres. Comment pouvait-il manier les Ombres ainsi, d'ailleurs ?
– Je te l'ai dit, m'agresser ne conduirait qu'à la guerre...
– Est-ce que tu vois encore une once de Lumière devant toi, Sirius ?
Il n'avait plus aucun recours. Il était à la merci d'Hélios qui le maintenait toujours immobile. Ses yeux, désormais couleur ébène, le glaçaient d'effroi. Son patron ne daignerait certainement pas lever le petit doigt pour lui venir en aide. Il était foutu.
– Pourquoi martyrises-tu ainsi mon acolyte ? Quel manque de politesse après qu'il t'a accompagné ici si gentiment...
Cette voix... Cette voix immonde. Hélios l'avait déjà entendue. Ce souvenir oublié le percuta violemment.
« Ta volonté est mienne, désormais. »
Il n'était que souffrance à cet instant. Souffrance d'avoir été trahi. Souffrance par la blessure profonde qui venait de lui être infligée. Cependant, par un dernier effort désespéré, il était parvenu à rétorquer avant de s'enfuir :
« Ma volonté n'appartient qu'à moi. »
C'était lui. Enfin il allait le rencontrer. Enfin il pourrait agir pour l'empêcher de nuire. Il tourna rapidement son visage vers son interlocuteur et ressentit sa puissance. Une attaque frontale en l'état serait indubitablement inutile. Il trouverait un autre moyen. Donovan lui sourit, un rictus qu'il exécra immédiatement.
– Juste pour donner un avertissement, conclut-il en retirant sa dague d'un coup sec, arrachant un cri de douleur à Sirius qui resta pantelant.
– Bienvenue dans ta nouvelle demeure, Hélios... ou peut-être devrais-tu changer de nom, désormais ?...
– Les ombres sont à la merci du Soleil, rétorqua-t-il en lançant d'un geste abrupt sa dague vers le visage de son ennemi.
Donovan attrapa l'arme enflammée avec aisance entre deux doigts, puis la transforma en un corbeau qui s'envola au loin. Hélios le fit disparaître aussitôt d'un simple mouvement de la main, avant de reprendre sur sa lancée.
– Tu n'es qu'un sadique égocentrique et mégalomane, Donovan. Cela faisait longtemps que je rêvais de te le dire en face.
– Lucien ne t'a pas appris les bonnes manières on dirait, petit insolent.
– On me l'a souvent reproché.
Donovan était contrarié. Tandis que le sien avait déserté son visage, le sourire en coin de cet avorton l'irritait. Comment pouvait-il avoir conservé son libre arbitre et exercer un tel contrôle sur les Ombres ? Il avait beau le scruter, aucune trace de sa Lumière ne subsistait. Il était inadmissible que ce disciple lumineux de pacotille puisse lui tenir tête ainsi sur son propre domaine. Peu importait. Il ne prendrait que plus de plaisir à briser son insignifiante volonté. Cette pensée lui rendit quelque peu sa bonne humeur.
– Je m'occuperai bientôt de finir le travail avec ta petite copine, et rira bien qui rira le dernier.
– Premièrement, ce n'est pas ma petite copine, et deuxièmement, tu ne toucheras pas un seul de ses cheveux tant que je serai capable de t'en empêcher. Tu vois, Donovan, tu as fait une erreur en m'amenant ici. Parce que je vais devenir ton pire cauchemar, nargua-t-il en disparaissant dans un nuage de fumée sombre.
Le regard de défi qu'il lui avait lancé avant de s'éclipser eut le don de mettre Donovan en rage. Il se défoula sur l'arbre distordu qui trônait toujours devant lui, l'arrachant brutalement avec une masse sombre de sa création. Sirius s'était assis non loin de là, observant toute la scène. Il ne savait même plus dire lequel des deux il trouvait le plus effrayant.
– Comment ce type peut-il maîtriser les Ombres ainsi ? laissa-t-il échapper.
– Silence ! Apprends à tenir ta langue si tu tiens à ta misérable existence ! Tu as déjà bien de la chance qu'il ne t'ait pas achevé. Les lumineux sont trop couards pour tuer de sang froid, et sa volonté n'a pas été brisée. Il faudra que je remédie rapidement à ce petit inconvénient. Je t'ai déjà dit que ta mission était terminée. Hors de ma vue !
Sirius ne se fit pas prier et disparut immédiatement. Quant à Donovan, il laissa la haine l'envahir tout en réfléchissant à ce qu'il pouvait faire de pire pour s'amuser avec cet impudent qui s'était approprié ses chères Ombres.
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