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3. Le savant


Quatre jours avant la chute de Mecia

Ceux qui prétendent s'élever contre les dieux se trompent déjà de cible. Les dieux se font rares dans cet univers et les limites de leur pouvoir ne cessent de se réduire.

Caelus


Il n'est aucun savoir inaccessible aux mortels.

Il n'est aucun pouvoir réservé aux dieux.

Vous saurez quelles sont les forces qui régissent la matière et quelles sont les énergies du vivant.

Vous construirez votre propre matière.

Vous construirez vos propres étoiles.

Vous construirez vos propres mondes.

Vous franchirez les distances infinies qui séparent les galaxies.

Vous creuserez dans la trame des rêves et vous redonnerez vie aux grandeurs passées.

Le Stathme n'avait été à l'origine que le passe-temps d'un mage zayin. Après un voyage dans le monde supérieur, il avait ramené une inclusion d'espace, une petite bulle métastable, qu'il avait insérée dans le monde physique. Comme un rêve devenu réalité, comme un monde dans le monde, en équilibre instable.

Il n'est aucun savoir inaccessible aux mortels.

Il n'est aucun pouvoir réservé aux dieux.

Vous cesserez d'être mortels.

Ils cesseront d'être vos dieux.

D'ordinaire, seuls l'esprit pouvait aller et venir dans et hors du monde supérieur. Mais ce mage était l'un des plus brillants de sa génération. Sitrim l'avait connu comme son maître spirituel.

La force de votre volonté pourra s'opposer à l'univers.

Jamais plus la tempête n'abattra votre maison, car vous abattrez la tempête.

Jamais plus la mort n'entrera chez vous, car vous tuerez la mort.

Jamais plus les dieux ne vous dicteront leurs lois, car vous dicterez votre loi aux dieux.

Le Stathme, conservé dans une cage de verre sous vide, avait été posé dans la vitrine du laboratoire public de recherches en magie spatiale de Gar'niota. Il avait été oublié pendant vingt ans, jusqu'à ce que des zayin remarquent son évolution. Comme l'eau s'infiltre au fond du puits, le Stathme se remplissait de matière. Ou d'énergie. Ou un peu des deux, une substance provenant directement du monde supérieur.

Sitrim avait fait le lien entre cette substance et la magie dont les peuples de Palm faisaient usage.

Vous construirez vos propres étoiles.

L'univers brillera pour vous.

Les scientifiques sous ses ordres avaient étudié le Stathme avec d'infinies précautions. Ils avaient essayé de mesurer et de quantifier la substance, une sorte de gaz violacé qui allait en se densifiant. Impossible tant qu'un instrument ne pénétrait pas le Stathme. Mais, avant même qu'ils s'y résolvent, le Stathme s'était ouvert. La substance se révélait consciente et intelligente. Elle avait analysé la frontière de son inclusion d'espace et conclu qu'il s'agissait d'une sphère d'un décimètre plongée dans l'univers physique. Elle avait limé les barreaux de sa prison ; elle s'était infiltrée vers l'extérieur. Le Stathme rayonnait.

Il ne s'agissait pas d'une simple source d'énergie. Les membres du laboratoire de Sitrim Gar' niota avaient bientôt rapporté des troubles de la perception, des maux de tête, des ailes tremblantes, des crises de panique. Sitrim en avait fait lui-même l'expérience. L'énergie du Stathme cheminait dans leurs esprits pour y délivrer son message.

Et quel message.

Vous abolirez la mort.

Derrière cette apparence confuse se cachait une conscience protéiforme, satisfaite d'avoir pu s'émanciper, grâce au Stathme, du monde lointain où elle se trouvait exilée. À ceux qu'elle approchait, cette conscience promettait un pacte vertueux.

La race des zayin ne pouvait pas refuser cette association.

Le monde de Palm ne pouvait pas tourner le dos aux opportunités offertes par le Stathme.

Il s'agissait ni plus ni moins que d'abolir la mort et la souffrance, de rendre les conscients maîtres du monde, de l'univers, de les libérer pleinement des contraintes que faisait peser sur eux la roue du destin. Il s'agissait de rendre réel les paradis rêvés par les esprits simples depuis l'aube des temps.

Naturellement, le Stathme exigerait des contreparties.

Une partie de cet univers parfait lui reviendrait de droit.

Les zayin et tous ceux qui les rejoindraient déploieraient tous les moyens possibles pour atteindre ces objectifs, et jamais ne se rebelleraient contre la nécessité, jamais ne regarderaient en arrière ni ne regretteraient les temps d'ignorance.

Une fois acquis, le savoir du Stathme ne pouvait être oublié.

Vous dicterez vos lois aux dieux.

Qu'ils tremblent ! Cette vague qui partirait de Palm emporterait l'univers dans son sillage.

Sitrim Gar'niota avait exposé ce pacte nouveau devant le conseil de Gar'niota, mais les zayin vieillissants et pusillanimes qui lui faisaient face n'en avaient pas saisi toutes les implications. Par faiblesse d'esprit, par manque de courage, ils auraient préféré laisser leur peuple – et tous les autres peuples – dans l'ombre de l'Histoire. Ils avaient trop peur du savoir offert par le Stathme et pour cette raison, ils préféraient l'oublier tout de suite, voire le détruire par précaution.

L'heure n'était plus aux précautions, lorsqu'on pouvait abolir la mort.

Sitrim avait pleinement compris les implications de son pacte ; il avait fait ce qu'il fallait. Le conseil de Gar'niota avait été déchu et un empereur-savant était monté sur le trône. Cinq ans déjà s'étaient écoulés depuis ; mais l'événement avait été gravé dans sa mémoire. Sa décision la plus difficile, la preuve de son attachement au pacte et la première pierre d'un édifice promis à concurrencer les cieux.

Vous dicterez vos lois.

Sa main griffue caressa la sphère de verre qui ne le quittait jamais plus, posée sur un piédestal à la droite de son trône. Il lui intima le silence. Les émissaires des autres cités de Palm ne pouvaient pas comprendre le Stathme ; la terreur les prendrait s'ils entendaient sa voix.

« Faites-les entrer » commanda-t-il.

Il se leva par réflexe et agita ses ailes. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas volé. L'empire-savant du Stathme tardait à être bâti et la politique mobilisait tout son temps, le clouant entre quatre murs. Il ne s'était jamais senti aussi fort, capable peut-être de percer la voûte des nuages et d'affronter seul à seul les dieux primordiaux, mais il devait sans cesse repousser l'objet de ses désirs. Le Stathme était patient et calculateur. Plût aux dieux que Sitrim ait les mêmes qualités !

La délégation de Valinor se comportait de quatre humains : un porte-drapeau, deux générales et une membre du conseil politique de la cité. Sitrim sourit. Par le pouvoir du Stathme, la puissante magie que l'esprit bienveillant avait infusée dans son corps, il voyait leurs esprits s'agiter. La matière et l'information ne faisaient qu'un dans le monde supérieur, selon les adeptes du vol astral – bien souvent des charlatans rémunérés au quintal de mensonges. Or, l'énergie du Stathme provenait de cet univers invisible et gigantesque, aussi Sitrim n'était-il pas étonné des effets de sa nouvelle magie sur le monde alentour.

Atman, murmurait le Stathme.

Tel était le véritable nom de ce que les natifs de Palm nommaient la magie ; telle était l'énergie capable de hisser l'empereur Sitrim Gar' niota et ses sujets jusqu'au séjour des dieux.

Intriguées par son silence, ces pensées étrangères tournaient comme des poissons pris au piège d'une nasse. Sitrim tenait Valinor dans sa main ; l'armée de Gar'niota avait marché jusqu'aux contreforts naturels de la ville avant d'y camper près d'une semaine. Les blindés étaient en position, les dirigeables prêts au lancement, les canons de mortier déjà chargés.

« Vous avez répondu à mon appel, susurra-t-il.

— Nous sommes venus discuter des termes » dit la responsable politique.

Un peu plus petits que les zayin, les humains affectaient les tenues amples et colorées. Leurs bras flottaient dans des robes transparentes et des voiles indolents. Ils avaient tous les attributs des peuples décadents ; l'amour pour les arts pervertis, les apparences aussi soignées que les esprits fétides.

Sitrim Gar'niota, premier empereur de Palm, les méprisait.

Patience, chuchotait le Stathme.

Patience ! Car la constitution de l'empire imposait d'avancer, pas après pas, le long d'un chemin précis. Et pour calmer ses ardeurs guerrières, le Stathme lui faisait entrevoir les légendes d'empereurs défaits par leur propre témérité ; des armées entières, fussent-elles les plus puissantes, enfoncées dans les marais, étouffées dans les sables mouvants, disparues dans les montagnes ! Des flottes entières coulées en une nuit, des trahisons forgées dans l'urgence pour contrevenir au souverain futur.

« J'accepte votre reddition, dit Sitrim. Valinor sera placée sous mon pouvoir. Vous conserverez votre représentation politique actuelle, mais vous deviendrez un protectorat de mon empire.

— Votre empire ? »

Il s'assit en souriant.

« J'ai unifié derrière moi les cités zayin, dit-il. Que reste-t-il sur la face de Palm ? Valinor ? Mecia ? Des peuplades samekhs ? Des villages humains ?

— Votre territoire ne recouvre qu'une infime proportion de ce continent, rétorqua la politicienne.

— Êtes-vous venus me tenter ? Un geste et j'envoie votre belle cité aux enfers. »

La femme croisa les bras. Malgré son calme apparent, son esprit trahissait sa peur ; elle croyait faire face à un fou.

« Nous avons passé un pacte avec le domaine de Ryg.

— Tiens donc.

— Ryg a déployé plusieurs bataillons de défense. Si une ligne de front se créée, le reste de leurs troupes suivra en moins d'une journée. Nous sommes donc venus discuter des termes de notre accord de non-agression mutuelle.

— Pourquoi signerais-je un tel accord ?

— Prendre le contrôle d'une cité après l'autre est une chose ; mais Ryg est à la tête d'une alliance largement plus puissante que votre actuel empire. La supériorité numérique et technique de leurs armées est évidente. Je pense que la raison vous oblige à rechercher l'accord amiable.

— Mais suis-je seulement un zayin raisonnable ?

— C'est une inconnue pour nous. Je vous laisse trancher. »

Le temps s'étendit entre les deux parties. Sitrim n'avait pas encore marché sur les cendres de Valinor, mais il possédait déjà la ville ; il tenait son destin entre ses mains, en témoignent les cœurs que son ouïe fine entendait battre violemment.

« J'accepte, lâcha-t-il. Ce seront des termes simples. Non-agression bilatérale. Disons, pour les cinquante prochaines années. »

Des phrases convenues se succédèrent ; le moment de vérité était passé. La délégation rentrerait chez elle victorieuse, certaine d'avoir ramené sur terre l'empereur de Gar'niota.

Ils se trompaient.

Ils croyaient traiter avec un zayin raisonnable, quoique mégalomane ; ils avaient affaire à un dieu vivant.

Sitrim caressa le Stathme. Il envoya des ordres à ses plus proches chefs de guerre. La délégation ne serait pas encore rentrée que l'armée de Gar'niota abattrait les murs de la cité récalcitrante.


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Yolo.

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