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5. Le dernier Spécialiste

Les yeux du médecin étaient encerclés par des anneaux de fer, agrippés à des verres épais, prolongements hasardeux des branches de lunette qui se tortillaient et s'accrochaient sur le nez, sur les oreilles, derrière les mèches de cheveux désordonnées.

« Vous dites que vous ne vous souvenez de rien.

– C'est plus ou moins cela.

Il soupira.

– Pardonnez-moi, mais c'est tellement banal d'être amnésique. Je vois ça tous les jours.

Le médecin ne semblait maintenant plus accorder aucune attention à son patient. Il évita quelques gouttes d'eau qui tombaient du plafond, en se levant, pour aller jusqu'à la fenêtre.

Dehors, de petites pépites dorées dévalaient le ciel.

– Les grêlons sont gorgés de soleil aujourd'hui, dit-il, c'est bon signe. »

Akin n'avait strictement rien à faire des grêlons et il attendait un peu plus d'effectivité de la part d'un spécialiste.

« C'est tellement commode, d'être amnésique. C'est tellement vulgaire.

– Surtout, soyez honnête, grommela-t-il.

– Tiens, il y a encore un cheval bleu dans la rue, dit le médecin perdu dans sa contemplation.

– Si je suis ici, reprit calmement Akin, c'est parce qu'il me faut retrouver la mémoire. Vous devez m'aider à cela.

– Vraiment ?

– Je crois.

– C'est votre souvenir ? »

Il pivota sur ses talons et revint à sa chaise. L'eau ruisselait de plus en plus vivement du plafond, et elle avait trempé le cannage, de sorte qu'il regarda successivement la chaise, le plafond, avant de simplement s'adosser à la bibliothèque en trompe-l'œil.

« Maintenant que vous le dites, qu'est-ce que je fais ici ?

– Bonne question. »

Le médecin attrapa un bibelot sur une étagère de sa bibliothèque – qui se révélait être un faux trompe-l'œil, et un vrai meuble. C'était une sculpture abstraite en forme de cube parsemé d'entailles profondes, comme lacéré.

« Vous êtes initialement venu ici en me parlant de quelqu'un que vous recherchiez, et de mélancolie.

– Ah, c'est ça. »

L'homme commença à gratter les entailles avec ses ongles jaunâtres.

« Je peux vous donner quelques éléments concernant ce que vous nommez mélancolie. Voyez-vous, notre monde est organisé de manière structurée. Il n'y a pas beaucoup d'attitudes possibles. Vous pouvez être pessimiste, optimiste, fataliste ou non-fataliste. Vous pouvez combiner : pessimiste fataliste, optimiste fataliste, etc. Mais adopter une attitude telle que la mélancolie, qui... qui... qui ne passe par aucune des quatre possibles... c'est contre-nature, en fait. »

Ses lunettes bougèrent, changeant leur prise sur son nez et sur ses oreilles.

« Rien d'étonnant, donc, à ce qu'on arrête les personnes mélancoliques. L'administration est la seule force qui peut rivaliser avec ça. La mélancolie est un mur d'acier pour les esprits, sous des dehors innocents. On ne peut lui opposer qu'un Léviathan immense et froid comme la mort.

– Vous non plus, en fait, vous ne savez pas ce que c'est.

– Quoi donc ?

– La mélancolie.

– Vous avez vu le cheval bleu dans la rue ? »

Il revint à sa fenêtre.

« Ah, il est reparti. C'était une belle bête. »

L'eau ruisselait du plafond et formait maintenant des flaques sur le parquet.

« Il faudrait que le plafond arrête de pleurer, dit le médecin en levant la tête.

– Je recherche une personne. C'est pour ça que je suis parti de l'hôpital.

– Bien sûr. Et elle porte le nom de Mélodie.

– J'ai du mal à me souvenir à quoi elle ressemble.

– C'est normal, voyons. »

Akin se frotta les yeux.

« Vous m'avez déjà vendu pas mal de souvenirs, dit le docteur en reposant son cube massacré. Et comme vous n'en aviez pas beaucoup, c'est tombé en parti sur elle. »

Il compta sur ses doigts pour récapituler.

« J'ai déjà ses sourcils, son nez, son menton, il doit vous rester son teint, ses cheveux, ses yeux, et puis ses mains. Je vous ai pris aussi le plafond de votre chambre d'hôpital.

– Pourquoi...

– Il faut bien payer, Akin, et c'est tout ce que vous avez.

– Payer quoi ?

– Le coût de la vie. Votre loyer. Les requêtes envoyées à l'administration.

– En quoi pouvez-vous m'aider, en fait ? »

Le médecin ne dit mot et se planta à nouveau devant sa fenêtre.

« Il était beau, ce cheval, c'est dommage qu'il soit parti. »


***


Quelle est la différence entre la vie et un rêve ?

Hormis le fait que le rêve s'oublie plus rapidement.

Il était allé faire un tour parce qu'il ne trouvait pas le sommeil, mais son chemin ne l'avait pas aidé à trouver la paix.

Au bout de la rue, il y avait un parc plongé dans la pénombre. Un chemin y serpentait entre des arbres menaçants. Leurs branches noueuses, tortueuses, portaient d'étranges fruits oblongs. De loin, Akin crut y voir des êtres humains pendus pour des crimes oubliés.

La dernière source de lumière était l'éclairage de lampadaires qui, au contraire des arbres, se dressaient comme des soldats au garde-à-vous, piques de fer noires plantées à intervalles réguliers dans le bitume.

Akin arriva jusqu'à un banc où était assis un homme fumant un cigare.

« On n'est jamais tranquille, dit-il en se décalant pour faire une place au nouvel arrivant.

– C'est encore vous, dit Akin en reconnaissant la Mort – ou plutôt, en la devinant.

– Je fais un tour nocturne. Vous connaissez la dernière nouvelle ? Le prix des tombes s'est envolé. Maintenant, il n'y a plus beaucoup de place, la spéculation a fait que les gens s'endettent sur plusieurs générations pour se faire enterrer.

– Toutes ces considérations me semblent bien morbides.

– Ça vous concerne aussi.

– Vous marquez un point. »

Une araignée traversa le chemin, éclairée par la lune. Elle avait de grandes pattes fines et des yeux humains.

« Comme je disais, dit la Mort en écrasant son cigare, on n'est jamais tranquille bien longtemps. »

Une lampe torche les aveugla et une voix beugla avec frénésie et désordre :

« Là voilà ! Le voilà ! C'est le mort ! C'est la mort ! Attrapez– le ! Poursuivez ce cigare ! »

Une multitude de chiens se précipita sur le banc, que la Mort avait déjà quitté, bondit par-dessus, évitant Akin qui les regarda passer avec indifférence.

« Nous y étions presque, dit l'agent en plantant ses talons dans le sol.

– Vous l'aurez, la prochaine fois.

– Je vous ai déjà vu, non ?

– Je n'en sais rien.

– Dans un hôpital.

– C'est vous qui... »

Akin leva la tête. Il ne reconnaissait pas l'officier de police. Il ne savait dire s'il avait déjà vu son visage ou non.

« Vous avez arrêté quelqu'un, murmura-t-il.

– Oui, s'exclama l'officier, l'opération est un succès.

– Vous pourriez me dire où vous l'avez emmenée ?

– Information confidentielle.

– En échange, je vous donne tous les tuyaux sur votre actuelle cible.

– Je vois. Marchandage. Si vous me fournissez un portrait-robot de votre recherche, je peux vous aiguiller. »

Akin se concentra et essaya de visualiser le visage de Mélodie. Mais il avait perdu ses détails ; il était devenu flou, comme si leur cohabitation dans cette chambre d'hôpital remontait à des années.

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