XXVI. 𝙻𝚊 𝚐𝚛𝚊𝚗𝚍𝚎 𝚋𝚊𝚝𝚝𝚞𝚎
XXVI.
Rasmus subissait assez sa vie et avait décidé de le faire comprendre encore plus qu'à l'habitude par le biais d'un langage corporel particulièrement chiant.
Il avait la sensation désagréable d'être couvert de pommade de sulfamides, tant olfactivement que sensoriellement — dans le sens où sa main gauche poissait et soulevait une odeur de soufre médicinal. On avait immobilisé son doigt avec une attelle en hêtre et comprimé le tout dans un pansement occlusif de gaze, de coton hydrophile et de crêpe. La douleur était encore présente, lancinante et pulsatile, rappelant d'une façon inexplicable une pression d'une demi-tonne d'un pied vraiment lourd et très mal élevé qui viendrait lui broyer la paume. À part ça, ...tout allait bien dans le meilleur des mondes.
Il aurait voulu suivre Charles et Marie chez les Vuillemin. Enfin, ça n'était pas tout à fait exact — à vrai dire il était plutôt le genre à ne pas vouloir grand-chose, mais à cet instant, il était suffisamment remonté contre le multivers pour avoir décidé de façon purement arbitraire qu'il était vraiment triste et n'atteindrait le bonheur qu'en allait rendre de nouveau visite au gamin (ou gamine, quand on y réfléchissait) qui avait failli lui arracher un doigt.
Avec ses dents.
Rasmus réprima un frisson. L'instant précis où les dents d'Ophélie s'étaient refermées sur sa phalange lui retournaient involontairement dans le crâne comme un requin désorienté, parce qu'il n'avait aucun souvenir de la douleur ; seulement du bruit. Et c'était écœurant.
Il s'ébroua, se força à revenir à la réalité. Tout autour, le très léger vrombissement de la carlingue en acier du taxi-cabriolet lui rappelait presque un bizarre nid d'abeilles, mais il n'était plus à ça près ; au lieu de ça il tendit le cou, tentant d'apercevoir Hawthorne qui s'était placé sur l'un des sièges avant. « On arrive bientôt ? »
Le soupir lourd de son chef lui renvoya n'était pas du mépris ; il suggérait plutôt que le chasseur de vampire lui-même en avait sa claque de rester assis et qu'il avait développé depuis longtemps une envie pressante d'aller trotter dans les bois au motif parfaitement valable de ce que la petite citroën-traction commençait légèrement à lui courir.
« Je sais pas. Oui. Non. » Il donna une chiquette vraiment très malpolie dans l'épaule du conducteur, histoire d'attirer son attention sans donner une seule seconde l'impression de réaliser qu'il tirait sur la corde. « On est où, en fait, actuellement ?
— Pont-aux-Verriers, monsieur. » Répondit patiemment le conducteur en écrasant un soupir résigné.
« 'Connais pas du tout.
— Ça dépend de Saint-Phal, monsieur. Un lieu-dit.
— Saint-Phal ou Pont-au-Verriers ?
— Ils sont presque deux cent, à Saint-Phal, » intervint Rasmus qui ne savait pas du tout ce qu'il fichait. « Franchement, c'est pas si mal. À Pont-aux-Verriers, je crois que, le maire, par moments, il doit s'auto-administrer.
— À quel pourcentage a-t-il été élu ?
— Je ne sais plus s'il est parvenu à faire voter ses six enfants mineurs.
— Oh. » Hawthorne fronça le nez, se radossa dans le siège, presque comme par résignation. Il n'avait jamais aimé rester assis et écouter son impuissance ricaner dans tous les coins. À vrai dire, ils n'étaient pas loin d'être deux à bouder dans l'habitacle. « Et c'est encore loin ? » marmonna-t-il.
« Une trentaine de minutes. » Le chauffeur était un homme entre deux âges, un trente-cinq ans crépusculaire et un air plutôt tranquille sur un visage au nez en triangle. Ça n'était pas la meilleure description qui soit mais Rasmus n'avait pas le feu sacré pour trouver autre chose de plus pertinent que des figures géométriques. À côté de lui, une voix masculine, grave et presque douce, dont il avait quasiment oublié la présence, perça soudain le silence :
« Comment s'appelle le café où Colombe nous a donné rendez-vous, déjà ? » demanda Karadec, apaisant la situation d'un ton.
« Le "Café des Granges", » répondit Hawthorne. « Tu sais, parce que, ben,...le lieu-dit s'appelle lui-même "Les Granges". » Il réprima un soupir, tourna le regard vers les champs en patchworks qui défilaient sous la lumière rasante de l'après-midi. Lorsqu'il y avait débarqué après...après certains événements, la Champagne lui avait paru une mosaïque de pièces de tissu multicolores et de vallons qui ondulaient toujours comme le flanc d'une grande bête. Cette impression n'était jamais vraiment partie. Parfois, la lumière rongeait des patches d'orge et de betterave sucrière comme des lignes topologiques, et puis elle s'enroulait autour d'une très rare colline qui généralement n'était qu'à peine un remous dans le paysage ; c'était si loin de Whitby et de là où il avait grandi. Les maisons jetées en vrac comme des cubes d'enfant, l'eau qui se renfonçait sous des jetées de ponts, et puis la sensation de ce que la lande elle-même avait été recousue — et les moors tourbeux et les gros bouquets de bruyères violettes ; c'était des images qui ne vous sortent jamais vraiment de la tête, même après tant d'années. Il soupira, à nouveau, mais c'était plus mélancolique cette fois. Son pâle reflet dans la vitre suggérait un drôle de fantôme alors que les champs couraient à la vitesse de la petite traction.
Il n'avait pas vraiment eu une enfance rêvée, non ; l'adolescence avait été pire, pour être honnête. L'humidité de l'air, ces silences pesants en pleine nuit alors qu'il fixait le plafond, totalement immobile, sous trois édredons épais, à attendre que son père pousse le cri lugubre de sa première terreur nocturne. Quincey Har — Hawthorne n'en était pas fier mais il avait pris plusieurs années par la suite pour réapprendre à s'endormir sans le tic-tac de la grosse horloge et le couvre-feu du premier cri de son père. Même maintenant, ça lui manquait encore. Le silence, c'était danger.
Il y avait l'odeur d'ail, aussi, celle qu'ils accrochaient aux fenêtres en grosses guirlandes et dont il fallait toujours nettoyer les fleurs fanées. Il y avait les non-dits et puis le prénom de sa petite sœur, aussi ; elle n'avait pas eu l'occasion de le porter bien longtemps non plus. La diphtérie avait été intraitable en 1886 et la petite Lucy n'en avait pas réchappé. C'est comme ça. C'était ce que son père avait dit. On en avait plus jamais parlé. Whitby avait cette façon toute particulière d'absorber les mots comme pour les engloutir jusque dans la tourbe.
Quincey avait toujours su qu'il fallait se taire s'il ne voulait pas en entendre trop et que ses cheveux deviennent blancs comme ceux de son père.
Il cligna des yeux, revenant à la réalité, — secoué par un cahot de la petite Citroën qui semblait rallier à légères pétarades la grandes coulure écumeuse de la forêt de Chaource, au loin. Quincey se voûta, un peu comme un enfant qui s'ennuie dans une salle d'attente.
« Je vais mourir de vieillesse avant d'arriver, » marmonna-t-il.
La commune de Les Granges, telle qu'elle apparut aux yeux des passagers du petit taxi-cabriolet, se résumait à une éclaboussure de petites bâtisses éparses et dotée dans les faits d'une seule rue un tant soit peu viable. Ça n'était pas la première fois qu'ils s'y rendaient ; mais l'ennui du trajet rendait la chose d'autant plus triste. Sur la gauche, ils dépassèrent en cahotant une petite ferme brûlée. Il y a toujours des fermes brûlées dans les petits villages. La forêt de Chaource en engloutissait une partie comme de l'écume séchée.
« On y est, non ? » lâcha Hawthorne, presque expéditif, qui n'avait qu'une envie (soit, de toucher le sol à nouveau). « Les Granges. C'est bon, ça sent le foin, terminus, tout le monde descend.
— Je vous dépose devant le café du village, » fit calmement le chauffeur en manœuvrant en direction d'une petite devanture un peu ancienne dont trois guéridons sales débordaient sur la route de terre battue. Hawthorne se renfrogna.
« Ah ! Oui, » marmonna-t-il. « Épargnez-nous une longue marche en-travers de la mégapole, je vous en prie. » Le moteur à soupapes en tête laissa échapper un ronronnement rauque avant de s'arrêter tout à fait dans un léger bruit de tôle et de sifflements. Par la vitre du taxi, on pouvait lire en grandes lettres : "Café des Granges". Hawthorne fit la moue. Ça semblait poussiéreux et humide en même temps.
« On y est, » annonça le conducteur en serrant le frein à main d'un geste sec. « Ça a été un plaisir de vous conduire et ça fait soixante-dix francs.
— Vous m'en direz tant, » grommela le chasseur de vampires.
« Quarante kilomètres, monsieur, vous pouvez vérifier. » L'homme tapota le compteur kilométrique, sur le tableau de bord. Hawthorne balaya l'argument d'un revers de main.
« Ça va, je vous crois, » concéda-t-il. Le chasseur de vampires avait toujours été du genre à se débrouiller particulièrement bien dès que l'argent entrait en jeu et cette fois-ci n'allait pas être une exception ; un certain visage connu attira son regard par la petite fenêtre du taxi et il sauta littéralement sur l'occasion avec autant de scrupules qu'un bidet en émail : « oh ! » nota-t-il joyeusement en ouvrant la portière d'un geste sec, « il semblerait que notre cliente soit déjà sur place. Karadec, tu gères avec monsieur Machin ? »
...Deuxième étape du plan ; sortir si vite de l'habitacle que personne n'aurait le temps de protester. Si l'animal-totem d'Hawthorne était probablement un genre de pékan maigrichon — ou du reste un furet tant qu'on restait dans la zone des mustélidés —, il en tenait au moins sa capacité à s'éjecter d'une voiture à peu près comme une belette pourrait le faire d'un très long rouleau de papier toilette. Le chasseur de vampires s'éclaira d'un grand sourire parfaitement injustifié lorsque le visage impassible, depuis l'intérieur du café, de Colombe Geschwitz se tourna vers lui, et lança avec peut-être un peu trop d'enthousiasme : « on ne vous a pas posé un lapin et je dois admettre que ça n'était pas gagné avec l'enfer qu'était cette journée. Comment allez-vous ? Toujours pas d'eau, des bruits bizarres dans la chambre d'amis, et...
— Un grincement dans le grenier, bravo. Oui, en effet. » Acquiesça Colombe tout en franchissant la porte du petit café ; le battant eut un tintement qui se voulait accueillant derrière eux lorsqu'il se referma derrière elle, quoique — à ces heures moribondes de l'après-midi, la lumière avait quelque chose de presque lugubre. Elle s'arrêta, là, sur le petit trottoir de la route principale des Granges, et son ombre s'étirait sur le pavé comme les fils d'une toile d'araignée. Derrière la vitre de la porte la silhouette pâle et hésitante de Valentine Guscetti faisait le même halo qu'à l'habitude ; elle ne savait pas vraiment si elle était en droit de suivre son amie à l'extérieur.
Le silence qui suivit fut légèrement trop long pour mettre quiconque à l'aise — sauf, peut-être, Karadec, trop occupé à payer comme il le pouvait le chauffeur du taxi. Ce fut donc après presque une minute entière que Colombe lâcha :
« ...Vous me suivez ? Nous nous sommes installées à une table, à l'intérieur. Le tout sera confortable pour y discuter. »
Alors qu'Hawthorne acquiesçait et emboîtait le pas de la jeune femme, Rasmus se résolut à se couler hors de l'habitacle, les yeux très légèrement plissés comme par un genre de méfiance. Ça n'était pas si inhabituel entendu que Rasmus était le genre de personne à se méfier d'un chapeau et lui faire la tête par prévention ; et, malgré tout, alors qu'ils franchissaient tous les trois le pas de la porte du petit café, — au milieu des rares discussions franchement poussives et du léger tintement retour du battant qui se refermait, ...la première chose qui attira son attention, debout à les attendre dans l'ombre du chambranle, fut le visage de Valentine Guscetti.
La jeune femme avait toujours cet air (qui lui était probablement éternel, supposa le médium) de douceur éthérée sur le visage, et pourtant il y avait quelque chose, à l'intérieur, de presque épuisé qui y faisait comme une ombre inquiétante. Dans la façon dont, peut-être, une boucle blonde s'était échappée de la soie du chignon sans que sa propriétaire ne fasse pas le moindre geste pour l'y reloger. Dans le léger indigo sourd sous les yeux très bleus, et la pâleur légère du teint. Rasmus en dégagea une certitude qu'il garda pour lui ; si Colombe se rongeait les sangs, alors Valentine le ferait avec elle, le tout en s'en cachant probablement nettement moins bien.
« Nous sommes ici, » désigna Colombe en jetant un regard à une petit table à l'écart qu'elle rallia en quelques secondes. « Naturellement, je ne vous ai pas appelés pour rien ; il y a du nouveau.
— Quel genre de nouveau ? » demanda Hawthorne, curieux, en tirant une chaise à lui ; Karadec et Rasmus firent de même, peut-être légèrement plus mal à l'aise.
« Les phénomènes...s'intensifient. » Une ombre passa sur le visage de Geschwitz. Elle ne semblait jamais ressentir de réelle crainte, nota le médium ; seulement une inquiétude pratiquement scientifique. « Il y a maintenant de nets appels au secours au niveau du...fantôme » le mot semblait, de mauvaise volonté, lui arracher la moitié de la bouche « de la chambre d'amis.
— Je vois. » Hawthorne tira de la poche de son manteau un petit carnet et le tendit à Rasmus, l'air légèrement inquiet, sans quitter Colombe des yeux. « Et, euh, je crois me souvenir que vous aviez dit que...la maison était abandonnée ? Avant que vous ne l'achetiez. » La jeune femme hocha la tête.
« Oui. Elle a appartenu à un écrivain, si je ne m'abuse. Il voulait la paix, vous vous souvenez ? » Elle croisa les bras sur sa poitrine, le visage indéchiffrable « j'imagine que, même ici, il est possible de se faire déranger.
— Ah oui. Et vous aviez mentionné...
— Hippolyte Gualtieri est mort pendant la Grande Guerre, » fit soudain une voix bourrue sur leur gauche.
Hawthorne se tut net au milieu de ce qu'il allait dire ; un volte-face collectif en direction du petit comptoir suivit immédiatement. La seule cible de leurs regards était un petit vieil homme armé d'un torchon de plonge avec une grosse moustache et l'air de soudainement regretter l'avoir ouverte sans tourner trois fois sa langue dans sa bouche. « Je — je suis désolé, » balbutia-t-il, « je ne voulais pas m'immiscer...
— Trop tard, et puis, non, c'est pas grave, » le rassura Hawthorne avec une mimique qui ne voulait strictement rien dire dans le grand dictionnaire des mimiques. « Vous pouvez venir ? Juste pour discuter, deux minutes. »
L'homme s'exécuta, l'air plus inquiet qu'un lapin de garenne, — avant de se laisser lourdement tomber sur une chaise à côté de leur petite table. Il avait cet épais casque de cheveux gris qui n'arrive pas avant la soixantaine, une barbiche en mouton de poussière, et puis deux petits yeux renfoncés et inquiets qui semblaient trop étrécis pour sa propre tête. « Je ne veux pas déranger... » gémit-il.
« Pas grave » le coupa Hawthorne. « Vous vous appelez comment ? »
L'inconnu jeta un regard de détresse à Colombe, avant d'avouer : « Jules. Jules Perret...je suis le patron de ce café. Je n'ai pas pu m'empêcher...
— Vous avez connu l'ancien propriétaire de la maison de Mme Geschwitz ? » demanda Silas d'une voix douce. Jules lui jeta un regard paniqué avant de décider que celui-là ne semblait pas lui vouloir de mal.
« Euh, oui. » Admit-il. « Pas personnellement, mais c'était un gars bien. Quand il descendait, ici, il passait par le café...c'était mon frère qui le tenait, encore. Émile, qu'il s'appelait. Lui aussi est...enfin, vous savez. La guerre, quoi. »
Karadec eut un hochement de tête compréhensif. Tous les hommes de plus de trente-six ans avaient généralement encore en tête les vacarmes démembrés des tranchées et parfois le parfum qui remontait, par bouillons, depuis le fond de leur cerveau. C'était comme ça. Il fallait compatir et ne surtout pas en parler.
Jules se racla la gorge, un relent de tristesse au fond de ses yeux gris, presque translucides. « Enfin — on discutait, quoi. Un brave homme. Très cultivé. Toujours là pour rendre service. »
Rasmus lui jeta un coup d'œil en biais, comme s'il espérait — peut-être, il ne savait pas trop, un moyen de lire sur son visage les ficelles inextricables de toute cette histoire. C'était un vieil homme au visage long et parcheminé comme une pomme d'api, qui fleurait la sincérité à plusieurs kilomètres à la ronde. Le médium ne faisait pas facilement confiance à quiconque, et pourtant ; celui-là, il lui aurait donné le bon dieu sans confession. L'idée stupide de ce qu'il aurait bien aimé que cet homme soit son grand-père lui traversa l'esprit mais il la repoussa avec toute la force de ses tripes. Il n'allait pas faire dans le larmoyant.
« Et donc — il n'a jamais mentionné des événements étranges, qui auraient pu se passer dans sa maison ? » s'enquit Hawthorne, les sourcils froncés. Jules secoua la tête.
« Non, pas à ma connaissance. Quoique, il n'était pas spécifiquement causant, mais —
— Vous auriez » le coupa Hawthorne « la moindre idée de...de quelconques décès bizarres, ici ? Si ce, euh, Gualtieri » il jeta un regard en coin à Karadec qui, par un subtil geste du menton, le lui confirma — « n'a pas eu le coup de la maison hantée, c'est probablement qu'il s'est passé des choses après, non ? Maison abandonnée, en abord de forêt...ça pue la probabilité qu'un se soit passé des choses assez louches après son départ, si vous voulez mon avis. » Perret grimaça.
À la seconde où il grimaça effectivement, Rasmus sut du fond de ses tripes que le vieil homme savait précisément de quoi parlait Hawthorne.
...Soupçon qui fut confirmé lorsque le tenancier du café lâcha d'une voix sourde, qui tremblait un peu :
« ...Vous a-t-on parlé de la grande battue des enfants Sulkowskyi ? »
Les yeux noirs d'Hawthorne se mirent à briller alors qu'il se penchait légèrement en avant, invitant le vieil homme à continuer.
« ...Allez-y, » souffla-t-il.
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