- Chapitre 29 - Balade
Je sortais petit à petit de mes songes, j'ouvrais lentement les yeux et voyais que tout ceci n'avait pas été qu'un simple rêve, je me réveillais dans les bras chauds et protecteurs de Matthias. Je l'observais, il me regardait en silence. Un léger sourire s'immisçait sur mes lèvres. Je me demandais depuis combien de temps était-il réveillé, et depuis combien de temps m'observait-il dormir.
- Bonjour. Commençais-je en souriant.
- Bonjour, bien dormis ?
- J'ai passé une excellente nuit, et toi ?
Matthias venait caresser mes cheveux, il souriait légèrement.
- Moi aussi, ce soir nous avons réception.
- Alors c'est ce soir ? Lorenzo m'en a parlé l'autre jour.
- En effet, tu veux être ma cavalière ?
- Avec plaisir.
- Parfait.
Je l'embrassais puis sortait du lit en emportant le drap au passage.
- Où vas-tu, mon ange ?
- À la douche.
Matthias hochait la tête puis attrapait son téléphone. Je sortais de la chambre en lui lançant un dernier regard puis je me faufilais directement sous la douche. Je repensais à cette nuit, j'avais adoré, et jamais je n'aurais imaginé que ça se passerait le soir même où nous avions commis un meurtre. Mais quand Matthias avait été en moi, tous nos problèmes s'étaient envolés, plus rien de m'importait à part le moment présent. Maintenant, tout me revenait en pleine tête, nous avions encore des ennemis, certes la menace était toujours présente, mais j'avais l'impression que nous étions invincibles, que rien ne pouvait nous atteindre. Je terminais de me rincer puis je sortais de la douche et m'enveloppais dans une serviette. Je me brossais les dents puis sortait de la salle de bain. Je m'habillais d'une robe à cocktail bleue alors que Matthias entrait à son tour dans la salle de bain. J'entendais l'eau de la douche couler. Je descendais les escaliers afin de commencer à préparer un petit déjeuner plutôt basique, du café et des brioches. Alors que tout était disposé sur la table à manger, Matthias se joignait à moi, il arrivait près de moi et déposait un bisou sur le haut de ma tête.
- D'habitude, je ne mange pas le matin, mais je vais faire une exception pour cette fois. Me confiait-il en s'installant.
- Pourtant le petit déjeuner c'est un repas important !
Je m'asseyais face à lui avant de prendre une brioche aux pépites de chocolat.
- Je ne prends généralement qu'un café.
- Ouais, moi aussi à vrai dire. Lui avouais-je, souriante.
J'étais contente de passer du temps avec lui dans des circonstances plutôt banales de la vie de tous les jours. Je savais très bien que ça n'allait pas durer, mais ça me faisait tout de même plaisir.
- Tu peux me passer le couteau s'il te plaît ?
Je lui tendais le couteau à bout rond.
- Tiens.
- Merci.
- Dis-moi Matthias, qu'est-ce que tu as prévu de faire aujourd'hui ? À part t'enfermer dans ton bureau comme un ermite ?
- J'ai pensé qu'exceptionnellement, je pourrais t'emmener quelque part.
- Oh, trop bien, où ça ?
- Surprise, tu verras le moment venu, d'ailleurs, on va partir dans quelques minutes.
Je finissais de manger et de buvais rapidement le reste de mon café. Matthias m'aidait à débarrasser puis nous nous dirigions vers la voiture. Je m'installais côté passager puis il sortait de la propriété sur un fond musical à la radio. Il prenait une route qu'il n'avait encore jamais prise jusque-là, je ne reconnaissais donc pas le paysage, mais on montait en altitude. Contrairement à d'habitude où on devait descendre de la colline pour arriver au centre-ville, cette fois c'était l'inverse. Il y avait des arbres de chaque côté de la route et très peu de voiture qui circulait.
- Tu veux toujours pas me dire où tu m'emmènes ?
Tantôt je le regardais, tantôt je regardais le paysage défiler, qui était soit dit en passant magnifique. Il y avait de nombreux virages, comme en montagne, et de là, on pouvait voir en contrebas la ville qui s'étendait à perte de vue.
- Non, c'est un endroit spécial, tu verras.
Je souriais légèrement, j'avais hâte de voir cet "endroit spécial". Quelques minutes plus tard, Matthias sortait de la route pour venir se garer sur un petit parking en terre menant à un sentier qui s'engouffrait dans la forêt. Je sortais de la voiture puis allais à ses côtés.
- Tu aurais dû me dire qu'on allait faire une rando, je suis pas du tout habillée en conséquence !
- Panique pas mon ange, on va juste marcher dix minutes et on sera arrivé. Au fait, tu es très belle dans cette robe.
- Merci, je passais mon bras dans son dos et l'enlaçais le temps d'une seconde.
- Allé on y va.
Matthias prenait ma main, m'entraînant vers le sentier, on commençait à marcher entre les arbres et la flore abondante du chemin de randonnée. Heureusement que j'avais mis des baskets.
- Pourquoi être venu si tôt ? On aurait pu venir cet après-midi ?
- Pour éviter les touristes et profiter de ce moment rien que tous les deux dans un calme satisfaisant et reposant, tu vas comprendre.
Je ne savais pas que Matthias connaissait ce genre d'endroit, je ne le voyais absolument pas à faire des pauses dans ses journées de travail pour venir se ressourcer en se baladant en montagne, mais j'avais encore beaucoup de choses à apprendre sur lui. Le sentier était plat et droit, contrairement à ce que je pensais, on n'avait pas à escalader, et ça m'allait très bien comme ça. J'adorais ce moment, c'était magique, il y avait le chant des oiseaux perchés en hauteur dans les arbres qui me faisait me sentir bien, comme en pleine nature, et puis l'endroit était tout aussi magique et reposant, loin de toute cette agitation sanglante. Cette petite marche avait quelque chose de romantique. Le soleil était déjà en train de nous chauffer la peau, malgré les arbres qui l'empêchaient de nous la cramer, tout était en symbiose et parfaitement dosée.
- On est arrivé, m'informait Matthias en se tournant vers moi.
On s'avançait encore un peu, un bruit lourd et léger en même temps me parvenait aux oreilles, il s'agissait d'énormément d'eau qui chutaient. On arrivait au bout du sentier, et je découvrais ce lieu splendide. Il y avait devant nous une cascade qui jaillissait de la montagne pour finir dans un lac en contrebas, on se trouvait à mi-hauteur entre le lac et le début de la cascade. Je regardais avec des yeux ébahit ce magnifique spectacle de la nature. Je lâchais la main de Matthias pour m'avancer sur les énormes rochers, à la limite du vide qui pouvait nous plonger dans le lac. Je sentais Matthias s'approcher de moi, il posait ses mains sur mes hanches et enfouissait sa tête dans le creux de mon cou. Je posais mes mains sur les siennes, c'était un lieu magique.
- C'est magique, comment connais-tu cet endroit ?
- J'y viens parfois, j'y fais le vide dans ma tête, je me sens libre ici.
- Je te comprends, c'est un lieu propice, je m'y sens bien.
Je me retournais pour faire face à lui, je le regardais un instant puis je me mettais sur la pointe des pieds pour venir l'embrasser tendrement.
- Matthias ? J'ai quelque chose à t'avouer...
- Je t'écoute Lucie.
Je baissais le regard, je voulais lui dire ce que j'avais sur le coeur. Ce qui me pesait depuis pas mal de temps même, mais je n'y arrivais pas, je ne voulais pas gâcher ce moment.
- Je crois que...
- Que... ?
Matthias m'entrainait dans ses bras avant que je ne puisse continuer, je lui rendais son étreinte avant de m'écarter un peu.
- Non rien.
- Tu comptes beaucoup pour moi.
Je hochais lentement la tête et souriait brièvement, ça me suffisait de savoir qu'il tenait à moi. Je comprenais à cet instant qu'il ne disait pas ça car je lui était utile, mais parce qu'il le pensait. Ses derniers jours me l'avaient amplement prouvé. Nous avions assassiné son ex ensemble, si ce n'était pas une preuve d'un quelconque sentiment alors je n'avais rien compris à l'amour.
- Maintenant que je suis dans ta vie, je ne veux plus en partir, je me suis habitué à ton caractère de Dudule et à tout ce merdier dans lequel tu m'as entraîné.
Matthias semblait se tendre, son regard déviait sur la cascade.
- Je ne veux pas non plus, t'es à moi et tu resteras à moi. Je suis peut-être égoïste de penser comme ça, mais j'en ai rien à foutre de ton ancienne vie, j'en ai rien à foutre de tes études, de tes amis, de ton innocence. Je t'ai arraché tout ça, et j'en ai rien a foutre de toutes les larmes que tu as versé à cause de moi, tu sais pourquoi ?
Le ton de Matthias avait changé, il était moins doux. J'essayais de le suivre dans son raisonnement, mais j'avais du mal. Je hochais négativement la tête.
- Parce qu'en te voyant à l'œuvre, j'ai su que tu étais destiné à te battre à mes côtés. T'aurais fais quoi après l'université ? T'aurais trouvé un job pourri afin d'acquérir de l'expérience, puis tu te serais trouvé un mari sympa que ton père n'aurait pas accepté simplement parce qu'il n'est pas moi. T'es enfants auraient hérité d'iris à chier parce que ton mari n'aurait pas été moi. Toi t'aurais vécu une vie banale et ennuyante tout en sachant qu'il te manquait quelque chose, mais t'aurais jamais su de quoi il s'agissait parce qu'on ne se serait jamais rencontré. Je ne veux pas que tu deviennes comme moi Lucie, mais je ne peux qu'admettre que tu as ça dans le sang. Alors oui j'en ai rien à foutre d'avoir fais basculer ta vie entière, je suis ce qui te manquais et tu es la personne qui me manquait. C'est comme ça on y peut rien.
Je l'écoutais sortir tout ce qu'il semblait avoir sur le coeur avec étonnement. Je ne savais pas quoi lui répondre, je ne savais pas s'il avait raison ou tord, je ne savais pas si je préférais ça à une vie banale et ennuyante. Je me mentais à moi-même encore une fois, je devais accepter ce que j'étais devenue. Je ne pouvais pas nier que j'adorais avoir ce pouvoir entre mes mains, que j'avais pris goût à cette vie, que je me sentais vivre depuis que j'étais à ses côtés.
Je prenais ses mains dans les miennes, remontant mon regard jusqu'a ses yeux qui scrutait scrupuleusement chaque détails de mon visage.
- Comme tu l'as dis, c'est comme ça et on y peut rien. Ça ne sert plus à rien de ressasser le passer, il est derrière moi et il est bien trop tard pour faire machine arrière.
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