- Chapitre 12 - Préparation
Une semaine venait de s'écouler depuis notre virée chez mes parents. Pendant ce temps, je n'avais pas fait grand-chose. Je pensais beaucoup à ma nouvelle vie de détenue et surtout, je venais de réaliser que tout avait réellement changé, il ne s'agissait plus d'un mauvais rêve dons je me réveillerais, mais de la réalité. Je commençais moi-même à changer et mon comportement envers Matthias évoluait. Je savais que je resterais à ses côtés pour une durée indéterminée, je ne voulais pas me laisser marcher sur les pieds, mais je ne voulais pas non plus passer mon temps à le craindre. S'il ne m'avait pas encore tué, c'était qu'il ne comptait pas le faire. J'avais cessé de me demander pourquoi, tant que je pouvais respirer je n'allais pas m'alourdir de tant de questions qui pour le moment, restaient sans réponse. Je ne prenais plus autant ses menaces proférées envers moi au sérieux, contrairement à celles menées envers mes parents et mes amis. Je ne le connaissais pas encore assez, mais je savais qu'il était capable du pire, je l'avais déjà vu à l'oeuvre. Lorsqu'il passait à l'acte, je ne voyais aucune émotion traverser ses yeux, comme s'il n'avait pas d'âme. J'essayais de vivre avec cette idée que j'allais devoir d'une façon ou d'une autre le supporter. J'étais résignée. Je ne baissais pas totalement les bras, j'attendais simplement la bonne occasion. Nos derniers échanges étaient brefs et sans complications. Pour le moment j'essayais de ne pas avoir affaire à lui.
Pourtant, je repensais souvent à ce qui s'était passé lors de notre rencontre avec mes parents, je n'arrêtais pas de me dire que c'était une mise en scène, et s'en était une. Malgré tout, les mots restaient les mots. Et je ne savais pas pourquoi, mais même s'il n'avait pas d'âme, je savais qu'il y avait quelque chose en lui qui le perturbait, qui le rendait unique. Son comportement avait également évolué envers moi, je ne savais pas si c'était en bien ou en mal, seulement que nous en étions venus à nous éviter dans la maison même où nous cohabitions tous les deux. Toutes ses questions qui me perturbaient affluaient toujours malgré mon intention de les faire taire, je devais accepter la situation sans chercher plus loin, mais je n'y arrivais pas. J'étais la victime pas l'agresseur, et pourtant je me sentais de moins en moins comme une victime.
Ces derniers temps je me sentais plutôt comme une coquille vide. J'avais l'envie de faire des choses, mais au fond de moi, c'était comme s'il ne restait plus rien. Je me sentais terriblement seule, si je n'avais pas d'interaction sociale rapidement je sentais que j'allais m'effondrer. Heureusement pour moi, aujourd'hui nous étions jeudi, ça voulait donc dire que je pourrais sortir prendre l'air, voir du monde et changer de cadre. Au point où j'en étais arrivé, j'hésitais même à interpeller des gens dans la rue pour leur demander d'avoir une conversation, le sujet m'importait peu, mais Matthias ne le permettrait probablement pas. Des coups à la porte me réveillais de mes profondes réflexions.
- Entrez.
Matthias apparaissait dans l'encadrement de la porte.
- Tu veux faire quoi aujourd'hui ?
- Je ne sais pas trop...
- On va aller faire les magasins dans ce cas.
Je hochais la tête, ça m'allait très bien comme programme. Je le trouvais étrange, le ton de sa voix était comme à son habite calme et posée, mais pas non plus aggressive ou menaçante.
- Prépare toi, il est déjà 15 heures, je ne vais pas t'attendre jusqu'à 15h30.
Puis il sortait de la chambre sans prendre la peine de refermer la porte derrière lui. Je me levais du lit et enfilais mes chaussures en soufflant, j'étais prête depuis ce matin, j'avais hâte de sortir contrairement à ce que monsieur pensait. Je descendais au rez-de-chaussée, il m'attendait dans la cuisine, un verre d'alcool entre les mains. Soit c'était vraiment un alcoolique, soit il aimait s'adonner à reproduire le cliché des parrains.
- On peut y aller. L'informais-je
- Ce n'est pas trop tôt. Répondait-il en finissant son verre d'un trait.
Il le reposait sur la table puis passait devant moi sans même m'adresser un regard. Je le suivais jusque dans la voiture, il démarrait et sortait de la propriété. Comme d'habitude, nous ne nous échangions aucune parole et ce pendant tout le trajet. Je ne savais même plus si c'était moi qui l'évitais, ou si c'était lui qui m'évitait. Après quelques minutes, il arrêtait la voiture près d'une rue piétonne. Avant que nous sortions, le téléphone de Matthias se mettait à sonner.
- Mélina ? Qu'est-ce qu'il y a ? ... Oui j'y vais... Non c'est bon on se verra là-bas.
Matthias raccrochait puis posait ses yeux bleus sur moi. Il me scrutait pendant une longue minute.
- On va régler ce problème. Avait-il finalement dit en sortant de la voiture, je l'imitais.
- Quel problème ? Demandais-je.
Il s'avançait dans la rue commerçante puis me tendait son bras.
- Le problème de ton apparence. Complétait-il.
Je haussais les sourcils puis prenait son bras avec ma main gauche.
- Je ne comprends pas.
- Tu n'as pas besoin de comprendre, tu as juste à faire ce que je te dis.
Il commençait vraiment à me pomper le système nerveux avec ses paroles de sexistes. Je m'arrêtais de marcher puis me tournais vers lui.
- J'en ai ras le bol que tu me prennes pour ton jouet de compagnie, je ne suis pas un objet et encore moins une esclave. Alors non, je n'ai pas juste besoin de faire ce que tu me dis de faire. Nous avons un contrat signé. Je suis avant tout une personne avec des émotions et qui porte de l'intérêt pour certaines choses. Je ne suis pas non plus totalement conne, s'il y a quelque chose à savoir, je comprendrais.
Nos pupilles étaient encrées l'une comme dans l'autre, comme si nos yeux ne pouvaient se défaire du regard de l'autre.
- Je vois, j'essayerais de te considérer comme quelqu'un dans ce cas.
- J'aimerais bien, oui.
- Tu me portes de l'intérêt, à moi ?
- Je ne sais pas si tu mérites mon intérêt.
- Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?
- Tu veux vraiment que j'énumère toutes les choses que tu as faites et qui ont pu blesser quelqu'un quelque part dans ce monde de pourri ?
- Je t'écoute.
- Ce n'est pas une conversation que nous devrions aborder dans une rue bondée de monde.
- Dans ce cas nous la reprendrons plus tard. Retiens simplement que peu importe si tu es une personne ou un objet, tu te dois de me respecter et de m'écouter. Je me suis bien fait comprendre ?
- Oui, même si j'aimerais que tu prennes en compte mon avis, parfois.
- J'essayerais d'y penser.
On s'avançait encore un peu jusqu'à nous arrêter devant la devanture d'une première boutique de vêtements.
- J'oubliais que t'avais le même salaire qu'Elon Musk... murmurais-je en observant les mannequins en vitrine, ils portaient tous de somptueuses robes, les tissus devaient avoir plus de valeur que sa propres dignité.
- Oui, il te faut une tenue.
Je ne comprenais pas exactement pourquoi il me fallait une tenue, je n'étais pas sa poupée. En entrant dans la boutique, une odeur sucrée d'amande m'emplissait les narines. Il y avait quelques femmes qui regardaient les robes, elles étaient toutes si bien habillées et si bien coiffées qu'à côté je me sentais ridicule. Ce n'était pas une boutique de prêt-à-porter et l'atmosphère nous le faisait bien comprendre. Les robes étaient rangées par couleur, ce qui créait un alignement ensorcelant.
- Choisi celle que tu veux, je te dirais ce que j'en pense.
Je hochais la tête puis m'avançais dans la boutique avant de me retourner.
- Et si je ne veux pas d'une robe ? Je n'en ai pas l'utilité.
- Si crois moi tu vas en avoir l'utilité. Choisi-en plusieurs et essaie-les.
Tout cela n'avait aucun sens. De toutes les choses qui s'était passé depuis que j'étais dans sa vie, celle-ci était la plus absurde. M'enfin, je n'allais pas me plaindre, après tout, j'avais besoin de sortir, de m'amuser et de me sentir un peu plus en liberté.
- Je ne sais laquelle choisir.
- Du moment que ça te plait, on s'en fous.
Je m'avançais dans l'allée principale et regardais les robes une à une, je prenais avec moi toutes celles qui étaient à mon goût. J'avais l'impression de vivre un conte de fées, chose plutôt ironique au vu de ma situation actuelle, les circonstances qui m'avait mené là étaient loin d'être un conte de fées, mais plutôt un film d'horreur. Voir toutes ses robes somptueuses et hors de prix me faisait fondre. J'avais choisi quatre robes, deux rouges, une bleue foncée et une rose pâle.
- Je vais essayer.
- J'arrive.
Il s'asseyait sur un fauteuil en velours bleu se trouvant face à la cabine ou j'entrais.
J'essayais en premier celle rose pâle, elle était assez modeste, il y avait un noeud à la taille qui retombait sur toute la longueur de la robe. Je sortais de la cabine.
- Elle ne te va pas, ça fait petite fille.
Je hochais la tête puis partait essayer la seconde. Je mettais la bleue foncée, elle était vraiment très belle, avec des ornements dorés sur le haut et sur le bas de la robe, elle était très classe et sobre en même temps.
- Elle est beaucoup mieux celle-ci, met là de côté si on ne trouve rien d'autre.
- D'accord.
J'essayais l'une des robes rouges, sur celle-ci il n'y avait pas de manche, c'était une robe assez simple d'un rouge bien vif, je me sentais un peu mal à l'aise dedans, elle était bien trop voyante et collait bien trop à mon corps. Mais je la montrais quand même à Matthias.
- Elle te met bien en valeur, mais je ne suis pas sûre que cette robe fasse l'affaire, essayes-en une autre.
J'essayais donc la dernière robe. Celle-ci était un peu plus élaborée que les autres, d'une belle couleur bordeaux elle se maintenait en épaule tombante, il y avait des roses et différents ornements brodés sur le haut de la robe. Je sortais de la cabine pour montrer cette dernière robe à Matthias. Il m'observait avec son habituel visage sans émotion et ce regard de glace. Il paraissait pourtant être plus détendue quand je lui avait montrer les autres robes.
- Tu es... Elle te vas bien. On prend celle-là.
- Sûr ? Et la bleue ?
- On s'en fou.
- Ok... Je peux au moins savoir pourquoi on est là ?
- Va te changer je te dirais ça plus tard.
Je m'exécutais puis donnais les robes que je ne prenais pas à l'employé. Je rejoignais Matthias qui était déjà à la caisse.
- 546 dollars s'il vous plait.
Matthias avait déjà sorti son porte-monnaie, il ne sourcillait même pas à l'entente de ce prix exorbitant. Il en sortait une liasse de billet qu'il comptait avant d'en donner un peu plus de la moitié à la caissière. Sûrement de l'argent sale, pensais-je.
Sac en main, nous sortions de la boutique en silence.
- Merci.
- Ce n'est rien.
Nous avancions vers la voiture, je mettais le sac dans le coffre puis montais à l'avant au côté de Matthias.
- On ne va pas rentrer maintenant quand même, si ? Demandais-je dans l'espoir de rester encore un peu en ville.
- On a encore un truc à faire.
Il prenait son téléphone et mettait le GPS en direction d'une seconde boutique avant de redémarrer le moteur et de rouler à pas jusqu'à notre destination. Il se garait juste devant une grande boutique de parfums, de maquillage et de coiffure. Nous entrions dans la boutique ensemble, mais Matthias me laissait seule pour aller parler à l'une des employées. Après un bref échange, l'employée s'avançait vers moi et m'examinait.
- Je peux en faire quelque chose, venez.
Je lançais un regard en direction du brun, d'un hochement de tête il m'intimait de la suivre. J'avais de plus en plus le sentiment de devenir sa poupée.
- Essayez-vous. Me demandait-elle.
- Vous en aurez pour combien de temps ? Intervenait Matthias.
- Trente minutes feront l'affaire.
- Parfait, je reviendrais dans vingt-neuf minutes dans ce cas, prenez bien soin d'elle.
L'esthéticienne hochait la tête en souriant avant que Matthias ne sorte de la boutique.
La maquilleuse commençait son travail sur moi, elle commençait par le teint en m'appliquant toutes sortes de crèmes et de sérum puis un fond de teint et j'en passe. Ensuite, elle s'attaquait aux yeux, je les fermais quand elle me le demandait puis les rouvrait pour regarder le résultat dans le miroir. Ainsi, j'avais l'air d'être une meilleure version de moi-même malgré le fait que j'aurais largement préféré me maquiller, seule. Je ne savais pas quel était les pervers désirs de cette vicieuse créature et ça commençait à m'inquiéter sérieusement.
- Qu'est-ce que vous en pensez ? Me demandait-elle subitement.
Je me contemplais dans le miroir, elle avait fait un beau travail.
- C'est très beau, merci.
- Dites-moi, vous êtes de quelle origine ?
- Je suis Américaine du côté de mon père et Japonaise de ma mère, pourquoi cette question ?
- Vous avez un très joli visage.
Je la remerciais, un peu gênée par son compliment bien que j'en avais grand besoin.
- Vous venez, votre ami à également souhaitez un parfum, on va les essayer ensemble.
Je me levais du fauteuil et la suivais dans le rayon des parfums.
- Vous voulez quelque chose de plutôt fruité ? Épicé ?
- Je sais déjà ce que je veux.
Je m'avançais, confiante. J'observais les parfums exposés puis m'arrêtais devant celui qui m'était familier. S'il fallait choisir un parfum, autant prendre le même que j'avais auparavant, je le connaissais et son odeur était incomparable.
- Celui-ci.
- Piquant et sucré à la fois, très bon choix de chez Dior, il a également une très bonne tenue.
- C'est pour ça que je l'aime tant.
La vendeuse hochait la tête dans un sourire entendu puis récupérait la boîte contenant le flacon avant de se diriger vers la caisse.
- Vous comptez payer maintenant ou attendre votre ami ?
- C'est lui qui va payer. Répondais-je confiante.
Je me tournais vers la porte, Matthias n'était pas encore là. Je regardais la sortie avec envie, je pourrais sortir de la boutique et marcher sans jamais me retourner. Je n'écoutais plus ce que me racontait l'esthéticienne, je m'avançais lentement jusqu'à la porte. Arrivé devant elle, elle s'ouvrait automatiquement et l'air chaud d'été venait caresser mes joues, je pouvais m'enfuir. Je m'avançais encore de quelques pas. À ce même moment, le visage de Matthias apparaissait dans l'encadrement. Et merde. Il m'empoignait rapidement le bras et s'approchait de mon oreille.
- Alors tu ne penses plus au bonheur de ta famille, mon ange ? Avait-il susurré d'une voix taquine.
- Ce n'est pas ce que tu crois, je regardais ce qu'il y avait sur les étagères.
Il me lâchait le bras et me jugeait d'un air désintéressé.
- Bien sûr. Je ne suis pas née de la dernière pluie.
Il prenait ma main et se mettait à marcher vers la caisse. Il payait le tout puis sortait en me traînant derrière lui, toujours ma main dans la sienne.
- Tu peux me lâcher c'est bon je ne vais pas m'enfuir.
- En même temps tu n'as aucune raison de fuir.
Je me taisais, j'en avais marre de parler avec lui, j'avais l'impression de m'adresser à un bloc de granite. Nous rejoignions la voiture sans attendre, il démarrait le moteur puis prenait la route en direction de sa villa, ou de la nôtre... Je ne savais plus vraiment. Une fois arrivée, je récupérais le sac dans le coffre puis montais directement à l'étage avec l'intention de me démaquiller. Matthias me rejoignait rapidement, à mon plus grand désespoir.
- Ce soir nous sortons.
- Où ça ? Je ne paraissais même pas étonnée.
La voilà la raison de toutes ses attentions. Il n'avait pas d'envie perverse finalement.
- Une soirée organisée par des collaborateurs, il y aura des acheteurs, des clients et d'autres personnalités.
- Pourquoi m'emmener moi ? Je croisais les bras sous ma poitrine.
- Parce que j'ai besoin d'une petite amie au regard intense. J'ai besoin que tu séduises pour moi, je vais me servir de toi pour avoir des contrats.
Je m'attendais à tout, sauf à cette réponse.
- Et si je refuse ? Je ne veux pas être complice de tes trucs.
- Tu ne peux pas refuser, c'est dans le contrat ; règles numéro une : tu m'es loyale.
Son espièglerie m'avait eu. Ma bouche s'entre ouvrait, je n'avais qu'une parole et jusqu'ici, lui avait tenue la sienne. Je devais en faire autant malgré qu'elle aille à l'encontre de mes principes.
- D'accord. Mais j'ai une question.
- Je t'écoute.
- Est-ce que ça veut dire que nous sommes complices ?
- Je suppose que tu es plutôt ma coéquipière.
Je hochais la tête, je venais de passer de prisonnière à coéquipière malgré moi. En y réfléchissant bien, j'avais déjà commencé à être sa coéquipière depuis le moment ou j'avais volé ce sac de munitions. Ça voulait dire qu'il avait besoin d'une personne dans l'ombre pour accomplir certaines choses, et à ses yeux, j'étais la personne idéale. Je réalisais son stratagème, il avait tout prévu depuis le début en appuyant sur ma seule source de motivation : ma liberté.
- On part après manger, vers 20h.
Puis il me tournait le dos pour s'en aller dans sa chambre. Suite à cette soirée, je serais officiellement la complice d'un malfrat, je pourrais aller en prison... Le fait d'être retenue captive aurait pu jouer en ma faveur s'il n'avait pas fait en sorte de prétendre être mon petit copain, s'il ne m'avait pas convaincue de signer un contrat et si aux yeux de la police et des médias je n'était pas retenue contre mon gré. En signant je consentais et devais répondre de mes actes. J'avais été manipulée et je venais de tout comprendre. C'était comme si mon destin avait été scellé depuis cette nuit-là.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro