Assise dans son Rolling chair, Alice, arrivée récemment chez sa grand mère, méditait au son du grincement des planches de bois du perron. Les voitures passaient les unes après les autres.L'immense champs de mais face a elle bruissait doucement, les tiges ployaient, les feuilles crissaient. Rien ne pouvait mieu faire débuter une journée que les douces caresses du vent sur un visage jeune et beau et les embruns du vieux lac, tout proche, balayé par la brise.

Alice avait la vingtaine, elle vivait près d'un lac en pleine Alabama, un coin pommé entre les champs de mais et les forets de pin. Elle vivait la avec sa grand mère, une petite femme forte et autoritaire qui avait toujours su faire tourner sa maisonnée. Elle disait souvent:" T'aura toujours l' gite et l'couvert, ma p'tite. Un jour l'exploitation t'appartiendra, et là, tu d'vra pas m' faire défaut." Alice avait toujours voulu s'occuper du terrain, la terre et la boue rien ne lui faisait peur. Elle mettrait "les mains dans le cambouis" comme disent le vieux. Son ancienne lui dit alors: "Va m' faire le course, au lieu de rêvasser, ici c'est pas l'hôtel! Nan mais je vous jure..."

Alice se levant en râlant retira son châle, descendit les marches, et prît le vieux pick-up rouillé devant la maison. Elle arriva en ville dans l'après-midi, une petite bourgade a la sortie de l'autoroute 19. Un ou deux marchants de journaux, un bar, plusieurs restaurant et quelque motels délabrés pour les gens de passages. Personne ne s'attardait jamais ici, l'endroit était triste et le village était quasiment abandonné. Appart quelques vieux pec nos, qui s'attardaient, une bonne partie des maisons c'étaient vidées, les familles étaient partie du jour au lendemain, sois pour le travail ou par simple choix.

Alice entra dans la petite superette, coincé entre deux vieux baraquements bétonnés. Elle poussa la porte en bois, dont un des carreaux etait cassé, et pénétra dans une salle sombre. L'eau suintait des murs, des moisissures avaient envahit le mobilier et les étalages semblaient abandonnés au bon vouloir des insectes et du temps. Alice avala sa salive:"Euh... Il..Il y a quelqu'un?". Elle sursauta, un grincement venait du fond du magasin. Elle s'approcha:" Bonjours... Euh... " Une ombre passa derrière le comptoir:"Que désir tu?" Une vieille femme rabougri, aux yeux et la peau tombante, la regarda dans l'ombre . Un léger courant d'air agitait ces cheveux, fins et sombre. Elle répéta: "Que désir tu? Allons mon enfant approche, parle n'est pas peur." Alice la regarda avec crainte et étonnement, elle marcha doucement vers la vieille dame. Soudain la vieille se tendit de tout son corp vers elle, au dessus du comptoir. Elle lui saisit l'oreille de ses doigts décharnés, Alice hurla. L'ancienne lui murmura a l'oreille :"Prend garde, a un trop plein d'hospitalité! Le danger est présent." La vieille disparue. Alice tituba, fit deux pas en arrière et s'écrasa sur le sol, l'oreille sanguinolente. Elle s'en fut sans demander son reste, poussant le bâtant de la porte et roulant dans la poussière devant la boutique.

La jeune femme toussa, secouant ses vêtements plein de terre. Elle monta dans son pick-up, avec précipitation et affolement, et rentra a la ferme.