Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

La pharmacie

Je n'avais jamais eu conscience que le monde était aussi laid et sombre jusqu'au jour où ma jumelle est morte. C'était un samedi. Nous étions toutes les deux en voiture après une fête bien arrosée. Du moins, pour elle. Nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau et nous faisions en sorte d'avoir toujours un SAM entre nous. C'était moi qui était désignée pour la soirée. Elle était à l'avant du véhicule, les pieds posés sur le tableau de bord comme à son habitude.

-Je crois que je vais laisser une chance à Steve. Il m'a parut tellement gentil.

-Tu es saoule Tam'.

-Oui, un peu.

J'avais ri et ce fut à ce moment là que je me perdis le contrôle du véhicule et qu'un camion s'encastra dans ma voiture. J'avais repris mes esprits quelques minutes plus tard, alors que j'avais la tête dans l'herbe et une douleur immense du côté de mes reins. J'avais vu un bras et je l'avais attrapé.

-Tam', Tam !

J'avais réussi à me redresser tant bien que mal et j'avais vu ma soeur, les yeux ouverts, vitreux. Vide. Morte. Son cou était brisé, tout comme ma vie et mon existence. Les semaines suivantes, je les avais passées à l'hôpital, j'avais eu besoin de soins intensifs et les mois de rééducation derrière... je ne voulais plus y penser.

-Elisa ?

Je me tournai vers Alex, il était en train de préparer un guacamole maison et il avait son sourcil levé.

-Pardonne-moi, j'étais loin. Tu disais ?

-Je pense que pour ta prochaine collection, tu devrais partir sur des jupe-culottes.

-Des jupes-culottes ?

-Oui, tu sais c'est.

-Alex, je sais ce qu'est une jupe-culotte.

Après l'accident, j'avais décidé de ne pas suivre la voie tracée par mes parents et j'avais arrêté mes études d'ingénierie. J'étais entrée dans le monde de la mode et nous devions décider de la nouvelle collection automne hiver pour 10-13 ans. Notre patronne nous avait laissé carte blanche et il nous restait deux jours pour la mettre au point.

Nous continuâmes à travailler pendant de longues heures et je finis par indiquer à Alex, que j'allais rentrer chez moi.

-On est samedi soir.

-Je sais, mais j'ai un repas dominical familial demain.

Il leva les yeux au ciel et me laissa partir vers deux heures du matin. Je n'habitais pas très loin de chez lui et je repartis à pieds. J'avais un peu trop bu sûrement et je vis que la pharmacie était toujours ouverte. Le nouveau propriétaire l'avait réouverte et avait changé les horaires. C'était très pratique.Je n'avais pas eu le temps d'aller prendre mon ordonnance avec la folie de la collection. Je poussai la porte de la pharmacie et je vis qu'il y avait quelques personnes. Un homme me fixa et je ramenai mes bras autour de moi gênée. Quand ce fut mon tour, je me rendis compte que le pharmacien était parti derrière. Je posai l'ordonnance sur le comptoir et j'attrapai une boite de pastille à la menthe.

-Je suis à vous dans.... Elisa.

Je redressai la tête et je vis la dernière personne que je m'attendais à voir. Steve. Il n'avait pas beaucoup changé, si ce n'était quelques rides, de ça de là et une légère barbe.

-Salut. Désolé, je ne m'attendais pas à te voir ici.

-Je suis le propriétaire. Qu'est-ce que tu fous dehors à cette heure-ci ? rit-il.

-J'étais en train de travailler et je me suis rappelée que j'avais une ordonnance à aller chercher. Je suis passée en revenant.

Il regarda le papier sur le comptoir et j'eus honte de moi. Son regard passa sur l'en-tête. Il avait compris.

-Je vais voir si j'ai ce qu'il faut en stock, je reviens vers toi dans quelques minutes.

-Prends ton temps.

Il me fit un sourire et attrapa l'ordonnance. J'aurais préféré qu'il ne sache rien, c'était vraiment gênant. La dernière fois que j'avais vu Steve, c'était à l'enterrement de Tamara. Il était en larmes alors que mes yeux étaient secs et vides. Comme les siens.

-Alors, il va m'en manquer un, je vais pouvoir le commander et il arrivera dans environ 5 jours. C'est bon pour toi ? Sinon je vais demander à un de mes confrères et...

-5 jours, c'est parfait.

Je regardai dans mon sac et je me rendis compte que je n'avais pas mon argent avec moi.

-Je prendrai tout plus tard.

-Attends Elisa.

Il posa sa main sur moi et je sentis de la chaleur.

-Est-ce que tu as ce qu'il te faut chez toi ?

-Je vais me débrouiller, c'est bon. Je le fais depuis un moment.

Il ne me lâchait toujours pas et son regard me rappela celui qu'il avait dix ans plus tôt. Il était profondément inquiet.

-Tu es venue en voiture ?

-Non, à pieds.

-Je n'habite pas très loin non plus, je ferme la pharmacie et on marche ensemble ? Prends ça en attendant, tu me paieras quand tu viendras chercher l'autre.

J'acquiesçai et je l'attendis le temps qu'il ferme sa pharmacie. Cela me soulageait. Je n'avais pas apprécié le regard de l'homme qui faisait la queue. Il se changea et je reconnus le garçon amoureux de ma soeur. Il ferma la grille de la pharmacie et je vis un regard posé sur moi. Instinctivement, je me rapprochai de lui et nous marchâmes dans la nuit. Il était silencieux et il finit par s'arrêter.

-Où habites-tu ?

-À environ 10 minutes encore à pieds.

-Ce n'est pas exactement ce que j'appelle, près. Écoute, j'habite ici. On monte, on prend mes clefs de voiture et je te ramène, okay ?

-Je peux rentrer seule.

-Non.

Il ouvrit une porte d'immeuble et attendit que je passe devant lui. Nous montâmes par l'ascenseur et il m'ouvrit la porte de son appartement. Il était magnifique. Il me fit passer dans le salon, un peu gêné.

-Je n'utilise pas beaucoup ma voiture, je vais chercher les clefs du garage, fais comme chez toi.

Mon regard fut attiré par un tableau psychédélique, graphique. Je levai les yeux vers lui et je restai immobile. Tam l'aurait détesté, mais pas moi. Je le trouvais magnifique.

-C'est du Henrike Perez, non ? dis-je en entendant des pas derrière moi.

-Oui ! Tu as l'oeil.

-J'adore.

Je vis qu'il avait retrouvé son bip de garage et il m'accompagna vers une voiture rutilante.

-Qu'est-ce que tu deviens toi sinon ?

-Je travaille dans la mode.

-Tu n'étais pas élève ingénieur ?

-Si, mais j'ai tout arrêté à la mort de Tamara. J'avais jamais vraiment aimé mes études et après avoir loupé des mois de cours, je me suis dit que c'était fini. Je ne pourrais plus revenir à une vie normale. J'avais besoin de suivre ma véritable voie. La petite limace.. heu chenille est devenu un papillon.

-Oui, j'ai remarqué. Ça me fait vraiment plaisir de te revoir. Le hasard fait parfois bien les choses. J'ai beaucoup pensé à toi ces derniers temps. Je ne sais pas vraiment pourquoi.

-J'ai pensé à toi il y a quelques heures à peine.

-Ah oui ? En bien j'espère ?

-Le soir de l'accident, la dernière chose dont on parlait Tamara et moi, c'était de toi. Elle te trouvait gentil et voulait te donner une chance.

Ses mains se crispèrent sur le volant.

-Je m'en suis voulu, tu sais de ne pas vous avoir retenu alors que j'étais le dernier qui vous a parlé.

-C'était un accident, c'était imprévisible. Je n'avais pas bu une goutte et j'ai perdu le contrôle du véhicule. Je n'avais pas bu une goutte et.. j'ai tué ma soeur, accidentellement. J'ai vu son visage, mon visage inerte dans l'herbe. Mais c'était un accident, tu n'y es pour rien. J'habite ici. Je te remercie de m'avoir raccompagné.

Je me fis la réflexion que j'étais une idiote.

-Tu es un gentleman, on se revoit dans cinq jours après tout. Bonne fin de soirée.

Je sortis de sa voiture et je cherchai mes clefs, les mains tremblantes. Je finis par poser mes mains sur la porte de l'immeuble. Trop d'émotions et trop de fatigue.

-Elisa ?

J'avais pourtant entendu sa voiture démarrer. Est-ce que je devenais folle ? Je me retournai, le visage bouleversé.

-Tu as oublié ton sac.

Il me tendit le sachet et je trouvai enfin mes clefs. J'ouvris la porte de l'immeuble et je me rendis compte qu'il me suivait.

-Je peux rentrer, je connais le chemin.

-Je ne laisse pas une personne en détresse. C'est pas dans ma nature.

-Je vais bien, j'ai juste.. une journée dans les pattes, je te jure, ça va.

Il ne semblait pas du tout convaincu et il me griffonna son numéro dans la main. Au cas où. Je me laissai tomber sur mon canapé, en boule et je regardai le numéro. J'étais idiote. Vraiment. Je pris un crayon pour le noter sur mon carnet en écrivant la date de jeudi.

Pendant les jours qui suivirent, j'eus l'impression d'être sur les nerfs. Je dus clairement me forcer à ne pas pleurer et je travaillais pendant cinq jours non stop. Dès la fin de la présentation où ma patronne accepta notre proposition, je sortis de la boîte et je retournai à la pharmacie. Il y avait un peu de monde et je patientai un peu. Je tombai directement sur Steve.

-Salut !

-Salut ! me sourit-il. J'ai eu ta commande ce matin, j'arrive tout de suite. Tu as pensé à prendre ton argent cette fois-ci ? se moqua-t-il.

-Oui oui.

Il me tendit un sachet avec la boîte et je vis un papier coincé dedans. Je le regardai en sortant de sa boutique. Ce soir, je finis à 20h, je passe chez toi. S. Je ne m'y attendais pas et à 20h précise, il était là devant la porte de mon immeuble. Il avait un sac en papier près de lui et me fit comprendre qu'il comptait passer la soirée avec moi. Il était charmant et je me demandai à quoi il jouait. Est-ce que c'était à cause de mon visage si semblable à celui de Tamara ? Nous étions assis dans mon salon à prendre un verre après le repas. Je le laissai un moment pour faire chauffer de l'eau pour un café et je le retrouvai devant l'étagère. Devant la seule photo que j'avais de ma jumelle. Il avait le cadre en main.

-Tu as pas beaucoup changé physiquement. On te reconnait même aisément de Tamara avec un peu d'attention.

-C'est tout l'avantage d'avoir une jumelle morte, plus personne ne te confond avec elle, répondis-je vertement.

Il se tourna vers moi et je vis un peu de remords dans ses yeux. Je sentis une larme couler de mes yeux. Il s'avança vers moi.

-Je suis désolé. Je ne voulais pas te faire pleurer, je te le promets. Je ne voulais pas te rendre mal.

-Oh tu sais... Ça fait 10 ans que je suis mal, c'est pour ça que je prends des anti-dépresseurs et que tu as vu l'ordonnance de mon psychiatre. C'est pour ça que ça fait 10 ans que je continue à aller chez mes parents le dimanche alors que la maison familiale c'est Tamara Nostalgie et que chaque dimanche on m'appelle Tamara. Ça fait 10 ans que j'ai envie de mourir à sa place. Et ça fait 10 ans que je pleure ma soeur si parfaite que tous les hommes aimaient et respectaient alors que moi... alors que moi j'étais toute seule et j'étais son ombre.

-Pour moi, tu ne l'as jamais été, son ombre je veux dire. À mes yeux, c'était elle qui était dans ton ombre. Alors.. je te juge pas pour tes anti-dépresseurs. Si tu savais par quoi je suis passé... je ne te juge pas.

-Mais tu l'as draguée...

-Je vais paraitre pour un gros connard sûrement, mais je ne m'intéresserai pas à Tamara. Enfin... si, elle était vraiment super comme nana, mais c'était plutôt toi qui.. me faisait vraiment rire et vibrer. Le soir de la fête, j'étais.. ivre, on peut clairement le dire et je lui ai fait du rentre dedans en pensant que c'était toi. C'est après coup que je me suis rendu compte de mon erreur. Mais il était trop tard, vous étiez déjà partie en voiture et... voilà. Tu étais ma jumelle favorite.

Il me rapprocha de lui et ses lèvres s'écrasèrent sur les miennes. Il me souleva contre lui et me colla contre le mur.

-Tu l'es toujours.

-Je suis totalement détruite Steve, murmurai-je.

-Tu n'as jamais réellement quitté mon esprit. Je ne veux plus te laisser.Je t'aiderai à aller de l'avant. Tu iras mieux, je te le promets et tu ne t'en voudras plus pour cet accident. Ce n'était pas ta faute. Pas de ta faute, répéta-t-il en m'embrassant.

Cette nuit-là, alors que Steve dormait, nu comme un ver dans mon lit, je me redressai et je me regardai dans le miroir. J'étais le portrait craché de ma soeur morte. Elle me manquait tous les jours, mais parfois, le monde n'était pas aussi laid et sombre et dans les ténèbres les plus noires, une lumière pouvait apparaitre, nous donner de la joie et nous aider à avancer. Tout simplement.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro