Même jour que le chapitre d'avant...

«- Je ne veux plus jamais te revoir! me crie t-elle»

Sur ces mots, elle prend son sac et s'en va sans se retourner. Je la regarde partir. Mon cœur se serre . Lucie... Ma meilleure amie, ma sœur de cœur, mon amie d'enfance, s'en va et ne m'adressera plus jamais la parole. Comment a t-on pu en arriver là ? Je repasse tous les moments de joie et de bonheur que l'on a pu partager depuis toute petite. D'abord dans les bacs à sables, puis les parcs, les Disneyland , les colonies, les repas avec nos deux familles, l'école , le collège , la patinoire où on adorait aller l'hiver.... Tellement de bons souvenirs passés ensemble qui s'effacent en quelques secondes. Tous cela c'est ma faute.

Je me lève à mon tour et quitte le parc. Sans faire attention, je rentre dans une personne. Je lève la tête et m'excuse. Je regrette aussitôt de ne pas avoir fait attention, car cette personne est Kevin, accompagné d'Ambre et de ses deux amies.
«- Vas y d'où tu me pousses toi? Tu me cherches ?! ma lance t-il

- Non, non excuse-moi... répondis je

- Ouai c'est ça la prochaine fois fais gaffe.

- Laisse-tomber elle est trop déprimée à cause de sa "meilleure copine ", parce qu'elle l'a abandonnée comme une grosse merde! réplique Ambre

- Comment tu le sais? je demande

- Ha ha!

- C'est toi qui m'a piratée ? lui demandai je

- Chépa, dit elle un sourire au coin des lèvres

- Je te déteste !

- Au moins c'est réciproque !

- Pourquoi vous faites ça, hein? Qu'est-ce que je vous ai fait? Dites le moi une bonne fois pour toute !

- Oh mais qu'est ce qu'elle a celle là ? Elle peut pas se taire cette conne ?lance Adam en me poussant violemment

- Pourquoi tu t'es pas encore pendu ? Ça nous ferait bien des vacances de plus voir ta tronche p'tite pute! dit Kevin

- Grave ! Chui d'accord avec lui . Sérieux t'es qu'une pauvre meuf qu'à pas d'amis ! Mais tu sais quoi ?! Des amis t'en aura jamais . Tu sais pourquoi? Parce que t'es qu'une salope . Alors va te pendre sale gosse!dit Ambre»

Je les regarde longuement un par un.
«- Venez les gars , nous on traine pas avec des putes! » continue t-elle

Ils s'en vont en ricanant . J'ai l'impression d'avoir déjà connu cette scène . Elle se répète, sans s'arrêter. J'en ai assez! Assez d'être un problème. Assez de ne servir à rien. Mais surtout, assez de vivre.

Vivre ou mourir. Vivre en souffrant, ou mourir sereine. Âpres tout, plus rien ne me retient. Personne n'aura de la peine à ma disparition.
Plus les jours passent, plus cette question revient. Je serai enfin libérée de tous les problèmes qui s'accumulent de jour en jours. Je n'ai plus aucune raison de rester.

Je patine le plus loin possible de chez moi. Je passe par un chemin, tel un zombie, sans savoir exactement où je vais. Je longe un torrent jusqu'à arrivé à un pont, à une cinquantaine de mètres du sol. Je vais sur Instagram. J'ai reçu un message, je l'affiche. C'est une photo de moi à côté d'un cochon. Il y a écrit "Il y a comme des ressemblances, non?" .
Soudain mon portable se mets à sonner, mon père veut me joindre. Je ne réponds pas. Je suis tellement triste, ils ne changeront jamais...Je balance mon portable par terre: là où je vais, je n'en aurai plus besoin.

Je regarde autour de moi , pour voir s'il y a quelqu'un mais heureusement, je suis seule. Bientôt, tous ce cauchemar sera enfin fini.

Je pleure, encore une fois. Mais bizarrement, je n'éprouve pas la même sensation que d'habitude. Peut être parce que je me rends compte que je verse mes dernières larmes.
Je pose ma main sur mon cœur, et écoute les battements de mon cœur. Les derniers...

... Toudoum....Toudoum....Toudoum...

Je décide de poser un pied sur le rebord du pont. Un sentiment de vide m'envahit, tandis que je peine à soulever le deuxième. Il y a du courant, je l'entends au bruit de l'eau qui frappe des morceaux de roches.

Mes battements sont à présent si forts et si rapides, que je les entends, sans y prêter attention.

Toudoum, Toudoum, Toudoum

Mon esprit est vide , je ne pense plus à rien . Je dépose mes patins tout en prenant soin de ne pas les abîmer. J'escalade la barrière du pont et tiens fermement mes mains dessus. Le vent se lève peu à peu. Il fouette mon visage et emmêle mes cheveux. Une larme glisse sur ma joue. Mon mascara coule et laisse des trombes noirs sur mon visage . Je dois sûrement ressembler à rien mais tant pis.

Je regarde une dernière fois ce monde si cruel. Les arbres, la terre, puis le ciel. Je décide de fermer les yeux pour garder en mémoire ces dernières images. Je lâche doucement une main. J'hésite à lâchée la deuxième. Mais tous ce qu'il sait passer avant me revient et je n'ai plus aucun doute. Mes dernières pensées seront pour ma mère qui, même si j'aimais l'embêter , était la personne la plus gentille au monde .
Adieu, j'espère que maintenant je ne poserai plus de problème.

À ces mots,
Je lâche ma seconde main, et me laisse tomber dans le vide.