C'est à nouveau moi ! Comment allez-vous ?
Si je vous écris ce chapitre un peu particulier (oui, le titre est perturbant), c'est qu'il s'agit d'une chose assez centrale de ma personnalité. Pas dans le sens où elle influence mon caractère mais parce qu'elle oriente la plupart de mes actions. Je déteste les soirées dansantes, crains les concerts, porte souvent les mains à mes oreilles, je demande souvent si les autres entendent aussi certains bruits, je fais des crises de paniques récurrentes quand j'ai le rhume, quand je vais dans les avions ou dans des endroits randoms.

Mes oreilles sont quelque chose de très sensible. J'ai eu pendant presque une année (2016-2017) des acouphènes et une hyperacoustie : le premier sont des sifflements/bruits qu'on entend en permanence, le deuxième une perception exacerbée des sons. Mes accouphènes s'apparentent à une sorte de bruit blanc assez aiguë, qui revient plus fort quand j'ai le nez bouché, ou suivant les périodes de l'année (j'ai toujours pas compris comment, ni pourquoi). Mon hyperacoustie m'empêchait de suivre un cours où le prof parlait dans une salle : une voix seule qui parlait me faisait mal.

J'ai de la chance, mon hyperacoustie et mes accouphènes lorsqu'ils étaient forts étaient dû à une pression trop grande dans mon oreille interne, et donc pas à des cils brisés : cela part, cela revient mais ce n'est pas absolument constant (en soit si. Ça vient plus fort quand ça va mal, mais généralement c'est plutôt passable et je ne les remarque pas).

A cause d'eux, j'ai porté des bouchons d'oreilles pendant de longs mois, donc je n'entendais plus trop ce que les gens disaient suivant comment, je les mettais partout sauf pendant mon sommeil. J'ai des photos de moi avec des pamires (vous savez, ce que mettent les ouvriers sur les chantiers ou les gens sur les pistes de décollage dans les aéroports). J'ai ma collection de bouchon, ceux qui allaient dans la douche (car oui, le bruit de l'eau en cascade me faisait mal), ceux pour le violon, ceux qui allaient pour tous les jours, ceux que j'ai mis pour me déshabituer graduellement à cet étouffement du son constant, etc.
Vu que cela atténuait les sons, et que je n'entendais en soi pas plus, juste ce que j'entendais me faisait mal, j'ai eu beaucoup de peine à suivre les conversations alentours, ce qui a augmenté mon anxiété sociale qui s'en donnait déjà à coeur joie à cette époque. J'ai appris à lire sur les lèvres, pour m'aider à suivre justement mais j'ai un peu perdu cette habilité (même si je remarque ces derniers temps à quel point elle m'était utile).

C'est à la même époque, que je qualifierai du trou le plus sombre de ma petite existence, que j'ai eu mes pires crises de déréalisation/dépersonnalisation, aussi liées à cette angoisse constante concernant mes oreilles.

De plus, s'y ajoutait le syndrome de l'imposteur : j'avais honte d'avoir ce problème et avait en même temps l'impression de faire semblant (ce qui n'était pas le cas).

Et pendant deux ans, je m'étais raccrochée à la musique, à mon violon, au piano, et là bam! Plus possible de toucher à mes écouteurs, et le violon, j'y jouais avec deux voir trois protections différentes en même temps.

Bref, pas top.

Aujourd'hui, cela va mieux même si ces derniers temps, je retrouve un peu ces anciens ennemis (d'où le chapitre d'ailleurs). Je sais comment essayer de les faire aller mieux, je sais à quoi ils sont dû (ça aide) et je me bourre parfois un peu trop de médocs pour les faire passer plus vite.
J'ai vraiment de la chance que cela ne soit pas plus douloureux, plus constant, plus fort et j'essaie au maximum de faire attention. Donc non, je ne vais pas aux concerts généralement, et non, je n'irai pas en boite non plus.
Mais oui, je profite tout de même de la musique, je suis amoureuse de mon violon et j'ai perdu cette peur constante des bruits.

C'est tout pour aujourd'hui ! Si vous avez des questions, n'hésitez pas. Je vous dirai si je ne veux pas en parler, mais sur ce chapitre, rien ne devrait être tabou.

A très vite!

Klara