Chapitre 5
Chapitre 5.
À deux, ils chargèrent Aragorn sur le cheval – le nain se plaignant à quel point il était lourd – et Gimli grimpa derrière lui pour le soutenir, tandis que Legolas tirait les rennes de la monture à la course.
— Une caverne ! cria Legolas. Je vois une caverne ! À quelques kilomètres d'ici ; il ne faut surtout pas s'arrêter !
Gimli tapa l'épaule d'Aragorn.
— Vous avez entendu ? L'elfe a trouvé une caverne ! Il faut tenir bon !
Aragorn se contenta de gémir en frissonnant.
Ils finirent par atteindre la grotte qu'avait repéré Legolas. Ils laissèrent le cheval à l'entrée et s'engouffrèrent dans le flanc de la montagne rocheuse, le blond portant Aragorn dans ses bras. Il s'agissait d'un long couloir sinueux qui débouchait sur une salle plus large.
L'elfe déposa son fardeau contre la paroi du fond et déchira son vêtement pour voir la blessure dans laquelle la flèche était toujours plantée. Gimli restait en retrait, quelques pas derrière.
— Allume un feu ! ordonna Legolas en appuyant les paumes de ses mains sur le torse de son ami et commençant à psalmodier des paroles elfiques. Je pense que la flèche a été empoisonnée...
La magie des elfes n'avait pas son pareil pour la guérison. Il retira la flèche encore coincée dans la blessure et laissa des rites elfiques vieux comme le monde soigner son ami, le vidant lui-même lentement de ses forces. Il fallait beaucoup d'énergie pour utiliser la magie elfique.
Aragorn parut reprendre un peu de ses forces. Ses paupières se soulevèrent péniblement.
— F-f-froid..., murmura-t-il, la voix rauque et enrouée.
Dehors, la tempête s'était levée. Gimli revint à l'intérieur de la caverne avec une pile de rondins de bois qu'il avait coupés à la hache et il entreprit d'allumer un feu. Bientôt, les flammes projetèrent leurs ombres sur les murs de la cave.
Legolas détacha la gourde en cuir pendue à sa ceinture et versa l'eau dans la bouche d'Aragorn.
— Allez, bois un peu, mon ami, l'incita-t-il en lui soutenant la mâchoire.
Le liquide coula au coin des lèvres et sur le menton du roi qui avait du mal à avaler. Aragorn était vraiment dans un sale état. Son corps était gelé, mais la blessure lui causait de la fièvre. Ses cheveux étaient plaqués sur son front couvert de sueurs. Il tremblait.
— Il faut absolument le réchauffer, déclara le blond, gardant son sang-froid malgré la situation terrible. Tu es un nain, Gimli, et je suis un elfe, mais il est Humain... Il va mourir si nous ne faisons rien.
Ils ne ressentaient pas le froid de la même façon que pouvait le faire leur ami.
Legolas en vint aux grands moyens. À l'aide de sa dague elfique, il découpa les vêtements du roi jusqu'à pouvoir le dévêtir entièrement, puis il lutta contre sa propre pudeur pour défaire les nombreux boutons de sa tunique. Il attira Aragorn nu entre ses jambes, contre son torse pâle et le couvrit de sa cape. La tête du roi reposait mollement sur sa clavicule.
— Que puis-je faire ? demanda Gimli, inquiet.
— Alimente le feu et surveille l'entrée de la grotte.
— Foi de ma hache : ce feu ne s'éteindra pas et personne ne mettra un seul pied – que dis-je ; un seul orteil – ici !
Sitôt dit, il repartit chercher du bois pour alimenter ledit feu. Legolas frotta les épaules d'Aragorn pour créer de la friction. Petit à petit, il sentait son corps reprendre un peu de sa chaleur. La respiration du blessé était lente, mais régulière.
Les elfes étaient pudiques de nature. Cela était en lien avec leurs traditions et leur éducation. La monogamie était de rigueur dans les mœurs de leur peuple. On ne se mariait qu'une seule fois et les relations sexuelles prémaritales étaient impensables, de même que l'adultère. De ce fait, les relations intimes avec l'être aimé revêtaient d'une importance et d'une intimité toute particulière. La nudité prenait donc une toute nouvelle symbolique et faisait des elfes des créatures ne souhaitant pas se dévêtir en présence de n'importe qui.
Pour Legolas, la situation était donc tout particulièrement étrange. Rajouté à cela qu'il devait bientôt se fiancer, ce qui mènerait à un mariage dans un minimum d'un an, être dénudé en présence d'Aragorn était le symbole d'une amitié solide éprouvée sur plusieurs années. Il n'aurait pas fait la même chose pour n'importe quel Homme.
— Il te faut tenir le coup, dit-il à voix basse, ton peuple a besoin de toi, de son roi, tu dois lui revenir. Fais un effort. Pour le Gondor.
Il souleva les mèches de cheveux bruns d'Aragorn pour appuyer sa paume sur son front et prendre sa température. La fièvre n'avait pas disparue, mais il avait l'impression qu'elle se calmait néanmoins. L'Humain était coriace et fort : il survivrait.
— Le–... Lego–... las..., souffla Aragorn avec difficulté.
L'elfe réagit au quart de tour en sentant le souverain s'agiter faiblement contre lui.
— Je suis là.
Au même moment, Gimli revint dans la caverne, déposant son fardeau de bois près du feu.
— Il a dit quelque chose ? s'informa le nain.
— Je crois qu'il commence à reprendre conscience.
Gimli s'approcha.
— Aragorn ?
L'Humain souffla bruyamment.
— Est-ce que... Lego–... las... est nu ?
Au moins, ils étaient cachés par la cape.
Le nain éclata de rire. L'elfe rougit jusqu'à la pointe de ses oreilles.
— Si tu ramènes cela sur la table un beau jour, je ne donne pas chair de ta peau, répliqua Legolas sans perdre la face. Et je crois qu'il est bon de préciser que tu n'as guère plus de vêtements...
Aragorn sourit.
— Pas... un mot...
— Si Aragorn commence à se réchauffer, je vais pouvoir reboutonner ma tunique.
— Pas encore, lui dit Gimli, je sais que tu es pressé, l'elfe, mais il ne faut pas prendre de chance avec ces choses-là. Je suis persuadé que le bout de ses orteils est encore froid !
Legolas plissa les yeux :
— Peut-être as-tu envie de prendre ma place ?
Gimli se recula d'un pas, les mains devant lui.
— Oh, non ! Tu sais, nous, les nains, avons le sang froid et il ne serait pas judicieux de déplacer Aragorn maintenant... et je dois encore aller chercher du bois pour le feu ; ça ne va pas se faire tout seul, les rondins ne marchent pas... Et ma taille ! Ce ne serait pas suffisant... Je trouve que tu fais très bien cela...
L'elfe haussa les sourcils.
— C'est ce que je pensais.
Gimli se sauva audehors, prétendant avoir vu un conifère non-loin qui ferait du bon petit bois sec. Legolas le suivit de ses yeux rieurs jusqu'à ce qu'il soit hors de vue.
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