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Partie I : L'invitée surprise / 1 - La Reine des contrebandiers (1/2)


Les fantassins hoplites se tenaient côte à côte, chaque bouclier protégeant le flanc de son voisin. Armés de casque à crinière et de longues piques, ils avançaient en front uni. Leurs cuirasses rutilaient d'éclats d'or et d'argent. Derrière la dernière rangée, perché sur un roc, Aitor le Griffon, prince d'Askendiir, galvanisait les troupes. Il brandissait la bannière de Transithème à la Lance Soleil, blason de la Ligue d'Ellar. Sur celle-ci se retrouvait la majeur partie des emblèmes des Cités réunis derrière l'alliance : Le Griffon d'Askhandii, le Requin-Marteau des Iles Cephalors, le Trident de Mycièna, le Léviathan d'Ellari.

En face, dans le défilé de Transithème, s'engouffraient les légions du dernier Roi-Sorcier d'Eldhrassa, Malkiahrus, seigneur de la Couronne de Rubis. La horde de morts-vivants se jetait contre la phalange avec fracas mais les guerriers de Ligue tiendront bon car il s'agissait de leur devoir. Si jamais la passe tombait, plus rien n'empêcherait le Roi-Sorcier Inféri de conquérir à nouveau les Cités Libres. Malkiahrus commandait son armada depuis l'arrière-garde, usant d'un puissant artéfact pour amplifier ses pouvoirs nécrotiques : la Pierre-de-Mort.

Et en fin compte ce fut la Ligue d'Ellar qui fut vainqueur, par le sacrifice d'Aitor les légions morts-vivantes furent annihilés. Malkiahrus battit en retraite et s'enferma à jamais dans Rubis. Tels étaient les faits relatés par la Tapisserie de Transithème, récit de la plus grande victoire de la Ligue lors de l'Hégémonie Mort-vivant, cinq siècles auparavant.

Allongé sur la bordure du bassin central entourée de colonnes de sa pièce d'art, Darla Escandre observait d'un œil attentif la tapisserie accroché au mur. A ses cotés siégeait aussi la Bannière de Transithème. Deux pièces rares et oubliées qui remontaient à l'époque de la fondation de la Ligue d'Ellar. Elle les avait exhumés dans le Mausolée d'Elphias lors d'une fouille archéologique. Comme elle de son vivant, le Prince bâtard de l'Archonte d'Askhandii avait toujours éprouvé une fascination certaine pour les récits anciens de la Ligue. Il s'était fait enterrer avec ses possessions les plus précieuses afin de les garder auprès de lui dans l'Au-delà.

D'après les rumeurs de la plèbe, Darla partageait un autre point en commun avec feu Elphias, celle d'avoir une fraction de sang royale Askand dans les veines, une bâtarde de l'actuel Archonte. La Reine des contrebandières n'avait jamais trouvé d'utilité à infirmer ou entériner cette affirmation, elle contribuait à sa réputation. Pour ce qui était de sa possession la plus précieuse, elle n'aurait jamais eu la stupidité de l'accrocher à son mur. Il s'agissait de bien plus qu'une quelconque œuvre d'art.

Darla se releva, les eaux tièdes du bassin réchauffaient ses chairs. Elle s'assit sur l'un des bancs, profitant des bienfaits de son bain. Ses yeux se posèrent sur l'un des nombreux tableaux de la salle d'art, une peinture de la cité d'Askandii lors d'un coucher de soleil depuis les hauteurs des plateaux d'Akonia. Si elle se donnait la peine de sortir dans le jardin de la villa, elle n'aurait pas longtemps à attendre avant de tomber sur la même vision.

Le tableau qui suivit était de nature bien plus personnelle, un portrait réalisé par un artiste Ellarân de renom des hautes sphères de la Ligue. Pourtant elle ne l'appréciait guère. Elle détailla du regard ses longues tresses brunes, la coloration amande de ses iris, le port altier de son visage, les détails de sa carnation bronzée.

Quel horrible nez crochu... Misère d'Ellarân, si jamais il ose de nouveau se pavaner dans ma demeure...

Darla se laissa glisser contre le banc en marbre pour s'immerger complètement. Étendue ainsi, elle contempla le plafond de la pièce. L'apnée lui permettait d'oublier les tracas multiples de son existence. Avec un peu de pratique, elle arrivait maintenant à tenir plusieurs minutes avant de ressentir le besoin de respirer. Peut-être devait-elle se laisser aller une bonne fois pour toute cette fois-ci

Alors qu'elle sentait l'asphyxie la gagner elle entendit un bruit sourd. On venait de toquer à la porte. La Reine des contrebandière émergea de l'eau tout en prenant une grande bouffée d'air. Elle constata que son visiteur s'était permis d'entrer sans son approbation. Elle reconnut son jeune messager personnel. Celui-ci baissa la tête à la vue du corps dénudée de sa maitresse, ses joues se couvrant de rouges.

— Je suis désolé maîtresse Escandre, je ne voulais pas vous déranger...

Darla enjamba le rebord du bassin et se précipita vers le messager qui ne semblait pas vouloir lâcher du regard ses sandales.

— Keress, peux-tu bien vouloir me donner le peignoir qui se trouve à coté de toi ?

Elle ne lui en voulait pas, elle était du genre à penser qu'il fallait toujours laisser une chance à la jeunesse, et n'éprouvait que peu de pudeur concernant son corps. Le jeune messager lui tendit le vêtement sans oser relever le regard sur elle. Darla s'en empara et se recouvrit.

— Maîtresse Escandre, je suis venue vous...

— Un messager regarde son destinataire dans les yeux quand il annonce son message, Keress, l'interrompit-elle.

— Bien entendu, maitresse. Je disais donc...

Les yeux du jeune homme s'arrêtèrent au niveau du décolletée de Darla, son peignoir à peine noué ne cachait rien de ses formes voluptueuses. Entre ses seins trônait un pendentif orné d'un saphir étincelant.

— Et donc ? s'impatienta-elle, captant la gêne de son messager.

Le regard de Keress atteignit enfin le visage de la Reine des contrebandières, non sans éviter de croiser ses propres prunelles. Sa tête ressemblait maintenant à une grosse tomate.

— Que messire Aliranthe arrivera à la propriété en début de soirée avant le souper, fit le jeune homme d'une traite.

A l'Engeance, les règles de l'hospitalité et ce marchand d'esclaves. Cela lui laissait moins d'une heure pour se préparer.

— Entendu Keress. Peux-tu demander aux domestiques de commencer les préparatifs pour la réception ? Ils ont déjà leurs instructions.

— Ce sera fait maitresse Escandre. Je m'excuse encore de vous avoir déranger lors de votre bain. Cela ne se reproduira plus, fit le messager tout en faisant une révérence.

— Je t'ai déjà dit que tu pouvais m'appeler par mon prénom, Keress. Et la prochaine fois attend ma réponse avant d'entrer. Maintenant file !

Le jeune homme acquiesça puis s'inclina de nouveau avant de partir. Il était si mignon avec ses bouclettes blondes et son pourpoint à rayures pourpre.

Si seulement j'avais dix ans de moins.

Darla passa entre les quatre colonnes de marbre et se dirigea vers le fond de la pièce. Elle parcourut un petit corridor avant de se retrouver dans sa suite privée. Ici elle se prépara pour la réception, réhaussa ses yeux de khôl, rosit ses joues grâce à une poudre de mûres écrasées et teint ses lèvres d'une teinture à base de cochenille. Elle coiffa ses longs cheveux noirs en tresses, qu'elle enfila d'anneaux d'or ornés de perles. Elle aura bien pu faire appel à ses femmes de chambre pour réaliser ce genre de choses mais elle préférait le faire elle-même. Cela lui rappelait le temps où elle ne disposait pas encore d'une armée de domestiques à sa disposition. Elle fouilla ensuite dans sa garde-robe et sortit des sous-vêtements assortis ainsi qu'un péplos dorique écru. La Reine des contrebandiers préférait la longue tunique en laine par rapport aux chitons en lin en vogue chez les Askandii. Elle continua de se préparer avec attention lors de la demi-heure qui suivie. Plus que pour flatter le marchand d'esclaves, qu'elle appréciait peu, c'était pour sa propre vanité qu'elle s'acharnait à être le plus présentable possible. Elle avait une réputation à tenir, et était une Reine, fusse-t-elle des contrebandiers.

L'une de ses dames de compagnie vint l'interrompre alors qu'elle venait tout juste de finir de se préparer. Mythi, l'un de ses plus fidèles et anciennes servantes, l'actuelle gouvernante, lui annonça l'arrivée d'Aliranthe et que celui-ci patientait devant l'entrée de la villa en compagnie de sa suite. Darla lui ordonna de faire entrer ses invités puis se dirigea vers le lieu de la réception. Elle quitta la chambre, retraversa le corridor ainsi que la salle d'art puis passa entre les longues colonnes de marbres écru pour gagner le centre du cloitre.

Une armée de domestiques avaient dressé les tables et les triclinium aux multiples coussins multicolores selon les strictes indications de la gouvernante. Des braseros avaient été allumé tout autour afin de garantir un bon éclairage alors qu'Astalyone entamait la fin de sa descente dans le ciel. Sur la gauche se trouvait une statue d'Améthiel, déesse reine-mère du panthéon Aesfarien. Revêtu d'un drap immaculé, elle allaitait un nourrisson de son sein découvert. Sa chevelure tressé en couronne et sertie de fleurs était surplombée d'un diadème étincelant. Divinité de la fertilité et de l'amour maternel, son culte était de loin le plus populaire au sein de la Ligue d'Ellar. Le bébé dans ses bras, quant à lui, représentait Indulvar, l'enfant des Dons, celui qui sauvera l'Aliasgard, le Monde Connu, de la destruction, le Nimbelling, la collision des Mondes.

Le vacarme produit par le cortège d'Aliranthe rappela à la réalité la Reine des contrebandiers qui mit fin à sa contemplation muette. En hôte distingué, elle alla à la rencontre de ses invités. Aliranthe se tenait en tête de fil, drapé de sa toge de fier patricien Askand aux filigranes argent. Ses sourcils broussailleux et sa barbe fourni lui donnait vaguement l'air d'un bon père de famille. Pourtant derrière son sourire enjôleur et ses grands yeux sombres embellit de khôl, Darla pouvait entrevoir sa véritable nature. Un homme qui n'hésitait pas à requérir à la brutalité ou à la manipulation pour atteindre ses objectifs. Son ascension aux hautes sphères de la société d'Akonia avait été fulgurante pour un non-natif d'Aesfa. Il lui avait fallu moins de la moitié d'une décennie pour pouvoir prétendre à la citoyenneté Askandari. La Reine des contrebandiers éprouvait de la méfiance envers le marchand d'esclaves mais aussi une pointe d'admiration. Elle appréciait ceux qui comme elle, s'acharnaient à s'élever au-dessus de leur condition. Aliranthe remarquant sa présence, la salua d'un sourire carnassier avant de s'agenouiller pour déposer un baiser sur le dos de sa main.

— Khaîré, gente dame Escandre. C'est toujours un plaisir d'être en votre illustre compagnie.

Il y avait autant de couleuvres dans les paroles du marchand d'esclaves que dans le panier d'un charmeur de serpent.

— Khaîré, messire Aliranthe. Moi de même, c'est un honneur de vous accueillir dans mon humble demeure.

— Humble ? J'ai ouïe dire que votre villa était l'une des plus fameuses des Falaises d'Akonia, répondit-il d'un ton insidieux. Je suis impatient de découvrir votre salle d'art !

— Chaque chose en son temps Aliranthe, je préfère garder le meilleur pour la fin. Ces compliments m'honorent — Darla fit une courte révérence tout en souriant au marchand d'esclaves — Pourriez-vous me présenter aux illustres personnes qui vous accompagnent ? J'en reconnais certains mais pas tous.

Le marchand d'esclaves s'exécuta avec entrain, présenter sa suite lui permettait d'affirmer son statut de fier patricien. Il y avait dans la dizaine de soupirants des citoyens de tous horizons, des politiciens, des marchands d'art ainsi que des artistes divers et variés : dramaturge, acteur et même philosophe. Darla reconnu même dans la troupe, Horias, un neveu éloigné de l'Archonte d'Askandii.

Une fois les présentations terminées, la Reine des contrebandières prit la tête du groupe pour présenter la villa aux convives. Ils firent un tour dans le grand vestibule à colonnades puis dans l'arrière-cour du jardin pendant le coucher de soleil. La foule y admira les fontaines en marbres blanc ciselées de bleu encadrées par de longues haies taillés en forme de dragons endormis. Certains d'entre eux s'ébahirent devant les nombreuses statues qui représentaient les Divinités Lunaires : Sélène, Tyrasfel, Sulvyn et Mithrand, reconnaissant le style caractéristique de certains sculpteurs huppés d'Aesfa. Puis afin de mettre fin aux contemplations et aux œillades jalouses de ses invités, Darla clôtura la visite en enjoignant ces derniers de la suivre dans le cloître intérieur pour prendre le deipnon.

Plusieurs minutes plus tard, l'ensemble des convives se retrouvaient attablés, confortablement installé sur les lits de table. La Reine des contrebandiers somma ses domestiques de servir l'apéritif. Une armée de serviteurs s'empressa autour de l'assemblée, des outres d'eau parfumée en main, ils lavèrent les mains et les pieds des invités comme le convenait la tradition. Puis en un claquement de doigts, une farandole de plat se mit à garnir les tables, des plateaux d'escargots et d'huitres accompagnés de mulsum, un vin au miel. Pour la maitresse de maison ainsi que ses invités les plus prestigieux, les femmes de cuisine avaient préparé des tétines de truie marinées à la saumure de thon et pour la boisson, fait livrer un vin épicé originaire d'Estfa. Un homme sur la gauche de Darla leva sa coupe remplie et porta un toast.

— Je lève mon verre à dame Escandre et sa sublime demeure !

Un tonnerre d'applaudissement retendit dans le cloître, les invités semblaient conquis par la villa de la Reine des contrebandiers. A ses côtés, Aliranthe humait tranquillement le vin épicé.

— Je sens des notes de romarin, de laurier ainsi que de... maniguette ? Ai-je bon ?

— Oui parfaitement, messire Aliranthe. Vous avez le nez fort aiguisé.

Le marchand d'esclaves avala le liquide pourpre d'une traite puis se lécha les babines.

— Délicieux. Il provient de l'autre côté du détroit, il me semble bien ?

— Oui, mes servants l'ont importé depuis le Duché Impérial. Il est originaire d'un domaine au sud d'Héliopolis en Illyr. Je connais un bon fournisseur si vous le souhaitez.

— Peut-être, j'y réfléchirai. — Il se fit servir une nouvelle coupe — Comme me l'ont annoncé vos envoyés, je suis venu en compagnie de mes meilleurs marchandises. Ils attendent devant votre villa en compagnie de mes soldats.

— Oui, j'ai ordonné à mes domestiques de leur apporter de quoi se restaurer.

— Votre bonté n'est que trop grande, dame Escandre. Vous souhaitez procéder à la négociation après...

— Non, vous pouvez commencer dès maintenant. J'aime parler affaire lors du repas, l'interrompit Darla.

Une expression de surprise passa sur le visage d'Aliranthe puis il acquiesça. Celui-ci semblait plus habitué à mener ses négociations d'une main de maître, s'appuyant sur son charisme naturel. Son second à ses côtés se leva puis partit chercher les esclaves. La Reine des contrebandiers s'étendit sur son divan et savoura son vin épicé. Tout se déroulait comme elle le souhaitait, elle manipulerait le patricien et en ferait sa créature. 

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