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5 - La Citadelle des cieux (1/4)


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L'intérieur de la Citadelle des Cieux était chaud et humide, un constat tout à fait étrange pour une forteresse abandonnée depuis si longtemps. Comment il était possible de chauffer une telle demeure ? La chaleur venait-elle des entrailles de la terre elle-même ? Ce fut la première question que se posa Darla Escandre quand elle passa le seuil de l'antre du Roi-sorcier en compagnie de Calixte.

Excitation, impatience et appréhension voilait son cœur. Vivement qu'on en ait terminé et qu'on puisse quitter ce lieu de malheur pour de bon. Une pensée étrange pour une archéologue telle qu'elle. Après tout n'était-ce pas dans ce genre de lieu qu'elle s'épanouissait le plus ? Mais Rubis n'était pas une ruine antique ordinaire, ici tout respirait la mort et le carnage. Un lieu maudit, marqué.

Le couronnement d'une expédition longue de plusieurs mois était proche. En fin de compte, la propre persévérance de Darla avait payé, le plus dure était derrière eux. Elles avaient survécu au périple du Labrinthôs, à l'attaque de la horde de revenants et réussi à ouvrir les portes, les trésors des Inféris maintenant à portée de main.

Et des réponses peut-être

La Reine des contrebandiers releva la tête et prit une grande respiration. Elle devait se concentrer et être au meilleur de sa forme, ce qui n'était pas vraiment le cas. Si physiquement tout semblait aller pour le mieux, grâce aux bons soins de son amie magistère, le passage du démon semblait avoir laissé des séquelles sur son mental. Depuis son réveil au petit matin, son esprit ne pouvait s'empêcher de divaguer, lui laissant entrevoir de fugaces visions cauchemardesques. Un ciel rouge et voilé, une terre noire de cendres, un montagne aux flammes infernales, des monticules de cadavres. Elle n'osait même pas fermer les yeux, par peur d'être la proie de ces songes éveillés.

Darla ne gardait quasi aucun souvenir des évènements qui s'étaient déroulé la nuit dernière, se souvenant juste d'être sortie de sa tente pour exécuter le rituel. Elle n'avait pas osé aborder le sujet avec Calixte, il était encore trop tôt pour qu'elle affronte les faits. La magistère lui avait juste révélé que l'ensemble des mercenaires avaient péris sans détailler le contexte. L'archéologue n'eut aucun mal à faire le lien avec le goût désagréable qu'elle avait eu en bouche à son réveil, âcre et métallique.

Calixte ouvrit la marche. Il n'y avait aucune source de lumière au sein de l'antique citadelle, et les seuls rayons permettant d'apercevoir le blanc immaculé du marbre provenaient de l'extérieur. Elles avancèrent pendant un moment puis quand elles arrivèrent au bord du précipice obscure, la magistère s'arrêta un instant. Elle tendit la main et chuchota une formule dans un langage ancien. Bientôt des sphères lumineuses sortirent de sa paume et se mirent à flotter au-dessus d'eux, éclairant le chemin.

Celles-ci dévoilèrent un hall aux proportions démesurées, garnie de plusieurs rangées de piliers ornés de rubis étincelants. Ces derniers ne ressemblaient en rien à tout ce qu'avait pu voir l'archéologue en termes d'architecture, passé ou moderne. Évoquant la forme d'immenses racines noueuses, ils culminaient à plus d'une dizaine de mètres, semblant soutenir la montagne en personne. Même à l'aide des sphères il était impossible de voir le plafond tant la structure s'engouffrait dans les hauteurs du pic.

Les deux femmes commencèrent à arpenter le hall d'un pas prudent. Qui pouvait prévoir quelle genre de pièges Malkhiarus avait bien pu laisser derrière lui ? Régulièrement elles commencèrent à tomber sur des statues tout à fait particulière. La source dans laquelle elles avaient été taillé ne ressemblait à rien de connu, d'un beige nacré quasi translucide qui tel du cristal pourrait se briser au moindre mouvement. Elles étaient cependant pourvues d'un niveau incroyable de détails, retranscrivant à la perfection les plis de la chair et des vêtements, l'amplitude des mouvements. Il y avait de tout, femmes comme hommes, Inféris ou simple mortels, des guerriers en armure, des sorciers et des courtisanes. L'intégralité d'entre eux semblait figé à jamais dans des postures contorsionnées, en pleine action, tournant le buste, parfois arrêté en pleine course. Parmi eux se trouvaient même un chevalier de Ligue, qui perché sur son destrier, faisait mouliner sa lame vers l'avant. Quant aux visages, ils étaient d'une perfection froide, ne laissant aucune doute sur les sentiments qu'ils éprouvaient. Une ode à la folie et au désespoir. Le monument de la peur et de la terreur. Inspiré par la seul personne du Roi-Sorcier Malkhiarus.

A force, l'archéologue arrêta pour de bon d'observer les statues par peur d'être gagné par le même genre de sentiments, et se préoccupa uniquement du chemin qui se trouvait devant-elle. Quant à la magistère, elle ne s'intéresserait pas plus que ça aux sculptures. Le couloir semblait sans de fin et elles cheminèrent ainsi pendant un long moment. Darla finit par poser la question qui lui brûlait l'esprit afin de briser le silence.

— Comment as-tu réussi à me libérer de l'emprise de l'engeance avant le lever du soleil ?

— Je m'attendais à ce que tu me poses cette question. Disons qu'on a tous nos petits secrets...

— Tu m'en veux toujours de t'avoir cachée l'existence de la marque de Samnaël ? Je ne pense pas que tu m'aurais accordé ta confiance si tu avais su que j'avais pactisé avec un dæmon.

— En effet... Il est périlleux pour les nôtres de frayer avec les engeances. Le Don les attirent comme des mouches autour d'une charogne. L'Académie nous dote donc à notre initiation d'un talisman sacré à usage unique qui contient une parcelle de la lumière de l'Empereur. Celui-ci doit nous servir de porte de sortie en cas de possession démoniaque.

— Tu l'as donc l'a utilisé pour moi... Tu aurais très bien pu t'enfuir.

— Sans toi je ne serais jamais parvenu jusqu'ici, et c'était la manière la plus efficace de se débarrasser de Samnaël.

— C'était pragmatique de ta part. Tâchons alors de ne pas rencontrer d'autres engeances en chemin.

Calixte acquiesça sans un mot. Le long corridor s'acheva enfin pour leur offrir un cruel dilemme en la personne d'un croisement. Quel chemin fallait-il prendre ? Persévérer dans la même direction ? Où s'aventurer vers les ténèbres des halls transversaux ? Chacune des voies étaient en tout point semblable aux autres, ce qui ne les aiderait pas à choisir. Seule la présence d'une fontaine asséchée au centre de la pièce contrastait avec cet apparent dédale de couloirs similaires. Darla l'observa avec attention, elle ne fut pas surprise quand elle constata qu'une autre de ces étranges statues trônait sur celle-ci.

Cependant la sculpture ne ressemblait en rien aux précédentes. Elle dépeignait une femme nue à la longue crinière sauvage, étendue sur le sol dans une position lascive. Un nourrisson à la forme étrange tétait son sein droit tandis que d'autres reposaient à ses pieds. Plus curieuse que prudente, Darla se rapprocha pour frôler la pierre, celle-ci était étrangement chaude.

Elle se sentit peu à peu happée par celle-ci, observa la grâce de son visage, détailla les courbes de sa silhouette. Ne pouvant plus détourner le regard, elle commença à l'imaginer en chairs et en os. Des pupilles puis des iris à la couleur dorée apparurent dans ses orbites autrefois opaques. Sa peau rosit et s'anima d'un souffle, ses cheveux ondulèrent et des lèvres carmin s'étrécirent en un sourire. Les affreux bambins se mirent à gigoter et à gémir comme une myriade de vers affamés. Et quand la mère battit des paupières, Darla su qu'elle était allée trop loin.

Pourtant cela n'arrêta pas pour autant le processus. L'expression de la femme se mua en un rictus cruel, et ses longues jambes commencèrent à se mouvoir. L'archéologue voulu mettre un terme au contact mais son propre corps ne semblait plus vouloir lui obéir. Pire elle s'en rapprochait inexorablement sans pouvoir rien n'y faire, promise à une étreinte mortelle et à un dernier baiser. Puis une main agrippa son épaule et la tira vers l'arrière. Le contact fut rompu.

— Je t'ai dit de ne surtout pas toucher la pierre ! On ne sait pas à quel genre de sortilèges peut se cacher là-dessous, la réprimanda Calixte.

La pierre était redevenue de la pierre et Darla était de nouveau entre les quatre murs de la Citadelle des Cieux. Son imagination venait-elle de lui jouer un mauvais tour ?

— Je ne sais pas... C'est comme si l'espace d'un instant la statue avait pris vie...

— Alors écoute mes conseils à l'avenir. Il ne s'agissait peut-être que d'une simple pierre mémorielle. Elles envoient parfois des ondes négatives.

Non c'était beaucoup trop réelle, et trop sombre. Mauvais, malsain comme le reste de ces ruines...

— Il ne s'agirait pas d'une sculpture de la fameuse Yrel dont font allusion les Portes ? continua la magistère tout en s'approchant de cette dernière.

— Je ne sais pas. Si c'est le cas, c'est bien la première fois que je tombe sur une représentation physique de cette divinité. Eldhrassa n'a jamais été coutumier de l'adoration des idoles.

— Cela restera donc un mystère. Continuons dans la même direction, la salle du trône ne doit plus être très loin. Cette statue me file la chair de poule.

Et moi donc...

Elles continuèrent de déambuler sous les arcades blanches de la Citadelle des Cieux sans se presser. Le grand hall semblait n'avoir aucune limites. Par moment, on aurait cru progresser vers les hauteurs de la montagne, pour ensuite s'enfoncer dans les profondeurs à distance égale. Cela n'avait aucun sens, enfin aux yeux de la Reine des contrebandiers. A quoi pouvait donc servir une telle voie ?

Depuis les statues, les deux exploratrices n'avaient rien découvert de vraiment passionnant dans les longs corridors vides. Ainsi à l'ennui profond qu'éprouvait déjà Darla s'adjoignit les prémices d'un malaise naissant. Outre cela elle ne se sentait pas bien, l'air s'était subitement réchauffé, devenant rapidement presque asphyxiant. Elle allait devoir s'arrêter, l'espace d'un instant, ne serait-ce que pour reprendre son souffle et prendre une gorgée d'eau fraîche. Sa tête se mit à tourner et ses tempes bourdonnèrent.

— Laisse-moi faire une petite pause Calixte, je t'en prie. Je me sens faiblir.

La magistère mit fin à sa marche implacable sans pour autant daigner se retourner. Darla attrapa la gourde accrochée à sa ceinture et avala d'une traite plus de la moitié du contenu de celle-ci.

— Je ne sais pas si tu ressens la chaleur comme moi, mais ça ne fait qu'empirer depuis qu'on a passé la fontaine.

La Sorcière des glaces ne répondit pas. Un grondement sourde retentit et l'espace d'un instant les murs se mirent à trembler.

— Par les Lunaires qu'est-ce que c'était ? On aurait cru que cela venait de la terre en personne. Calixte ?

Aucune réponse Sa camarade s'était volatilisée et Darla était maintenant seule dans l'immense hall de la forteresse. Abasourdie l'archéologue reprit sa marche d'un pas hésitant. Comment une telle chose était-elle possible ? Il n'y avait pourtant ni porte ni trappe pour s'enfuir. Puis les murs se mirent de nouveau à trembler. Déséquilibrée, l'archéologue se rattrapa à la paroi. De celle-ci commencèrent à suinter de petits filets d'eau qui ne tardèrent pas à gagner en intensité. Darla se recula, au même instant la roche se craquelait et des trombes d'eau déferlèrent dans le corridor. Ce fut à partir de ce moment que toute forme de logique disparue de l'esprit de la Reine des contrebandiers.

L'instant d'après elle n'était plus dans les ruines Inféris mais dans un lieu bien plus familier. Au marbre blanc de la Citadelle des Cieux succéda les ténèbres d'une cale aux planches de bois brunâtres à l'odeur rance et moisie, seule chose dont elle était capable de distinguer. Darla se sentait minuscule face à l'immensité de la coque du navire. Sa chemise de nuit était trempée, l'eau glaciale lui arrivant presque à hauteur du genou. Elle continua d'avancer à tâtons dans l'obscurité

D'autres personnes évoluaient autour d'elle, comme d'immenses ombres dont elle ne pouvait discerner les visages, parfois titubant ou rampant, gémissant de peur et de douleur. Mais personne ne se préoccupait de l'archéologue. De temps en temps ces cris étaient entrecoupés d'un autre bruit, bien plus lourd et pesant. Lointain. Les canons d'un navire de guerre.

Darla sentit quelque chose l'attraper par la taille et ses pieds quittèrent le sol. Elle s'affola puis ferma les yeux, une ombre était venue s'emparer d'elle pour la dévorer. Elle se débattit de toute ses forces

— Tout doux chérie, tout doux. Regarde-moi ! Je commençais à perdre espoir de te retrouver ! lui chuchota l'homme à l'oreille

La Reine des contrebandiers rouvrit les yeux et toutes traces de peur quitta son corps frêle. Devant-elle se trouvait le visage chaleureux de son père. Celui-ci la hissa sur son épaule. Le bateau se mit de nouveau à trembler tandis que les vagues se déchaînaient. Le père de Darla remonta tant bien que mal l'échelle pour regagner le pont supérieur. Une Lune d'azur illuminait le ciel marin étoilé. Un grand fracas retentit, le bois se brisa ainsi que plusieurs vies. Un homme se roula à terre, deux flèches plantées dans la panse. Mais Darla ne ressentit aucun effroi. Son père était là pour la protéger.

L'homme s'approcha du bastingage et posa Darla dans l'une des barques. A l'aide d'une corde il la hissa par-dessus bord. La petite fille ne comprenait pas, pourquoi ne se joignait-il pas à elle ? Allait-il l'abandonné ? Le visage de son père s'éclaircit d'un sourire franc mais ses yeux ne pouvaient dissimuler la tristesse de son cœur.

— Ne bouge pas d'ici ma petit chérie. Papa va bientôt te rejoindre. Je dois aller chercher Maman. Sois courageuse, je sais que tu en es capable.

L'embarcation bascula pour de bon et commença à descendre petit à petit le long de la coque. Darla se mit à pleurer mais elle était incapable de bouger, comme prisonnière de son propre souvenir. La silhouette de son père s'éloigna et la barque se mit à dériver dans les eaux sombres. En quelques battements de cœur, le navire devint rapidement une ombre lointaine dévorée par les flammes. Puis elle disparut pour de bon dans les entrailles de l'océan. Darla était la plus malheureuse des petites filles.

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