Chapitre 12
Amour naissant
Keysa ouvrit la carte avec curiosité, trouvée une fois de plus sous la porte de sa chambre d’hôtel. Ce rituel commençait à devenir familier, mais chaque fois, son cœur battait un peu plus fort en découvrant ces mots soigneusement écrits à la main. Elle lut les indices avec un sourire :
Sapin, pain d'épices, Casse-Noisette et boules de neige.
Un rendez-vous déguisé, évidemment. Les indices parlaient d’eux-mêmes : il s’agissait sûrement du célèbre marché de Noël de Valdan. Keysa n’en croyait pas ses yeux. Était-ce une invitation de Ryden ? La perspective de le retrouver hors du cadre officiel faisait palpiter son cœur d’excitation.
Sans perdre de temps, elle enfila un manteau chaud, un bonnet en laine et des bottes confortables. L’air glacial de la ville semblait plus vif ce soir-là, mais l’idée de voir Ryden dans un cadre aussi féérique réchauffait son esprit.
Le marché de Noël de Valdan, situé sur la grande place de la ville, était réputé pour être l’un des plus beaux d’Europe. En arrivant, Keysa fut immédiatement enveloppée par la magie de l’endroit. Des guirlandes lumineuses scintillaient entre les chalets en bois décorés, tandis que des senteurs de vin chaud, de cannelle et de pain d’épices flottaient dans l’air. Des familles riaient autour des patinoires, des couples se tenaient la main, et des enfants s’émerveillaient devant les jouets artisanaux.
Elle repéra Ryden près d’un stand vendant des décorations en verre soufflé. Il portait une veste en cuir noir et un bonnet en tricot qui masquait en partie ses cheveux, mais son port de tête et son aura le trahissaient. Il était discret, mais toujours majestueux.
Lorsqu’il aperçut Keysa, un sourire éclatant illumina son visage. Il s’avança vers elle, les mains enfoncées dans les poches pour se protéger du froid.
« Vous avez trouvé les indices, » dit-il en guise de salutation, sa voix basse et chaleureuse couvrant à peine l’animation autour d’eux.
« Comment aurais-je pu manquer une telle invitation ? » répondit-elle en riant doucement, son regard brillant d’enthousiasme.
Il lui tendit un petit gobelet fumant. « Vin chaud ? »
Elle accepta avec reconnaissance, les doigts déjà engourdis par le froid. La boisson sucrée et épicée lui réchauffa immédiatement les mains et le cœur.
« Vous venez souvent ici ? » demanda-t-elle, curieuse.
Ryden secoua la tête. « Pas vraiment. C’est la première fois que je peux m’y rendre comme un simple habitant, sans escorte royale. J’avais envie de partager ce moment avec quelqu’un qui ne me regarde pas seulement comme un roi. »
Keysa sentit ses joues s’empourprer, bien que cela puisse passer pour le froid. « Alors ce soir, vous êtes juste Ryden. »
Il hocha la tête, son sourire se transformant en quelque chose de plus tendre. « Juste Ryden. »
Ils commencèrent à déambuler parmi les stands, admirant les objets artisanaux, goûtant des échantillons de chocolat et partageant des anecdotes sur leurs souvenirs de Noël. Ryden semblait se détendre à mesure qu’ils avançaient, son rire devenant plus fréquent et ses remarques plus légères.
Devant un stand de casse-noisettes, il s’arrêta brusquement.
« Vous savez que ces figurines portent bonheur ? » demanda-t-il en attrapant une version miniature peinte à la main.
Keysa secoua la tête, fascinée. « Non, je ne savais pas. Vous en aviez, enfant ? »
« Ma mère m’en offrait un chaque Noël. Elle disait qu’ils étaient là pour veiller sur moi. »
Un silence se fit. Keysa devina que ce souvenir avait réveillé en lui une certaine nostalgie. Elle posa doucement une main sur son bras.
« Vous devriez en prendre un pour vous rappeler ces moments, » suggéra-t-elle.
Ryden la regarda, un éclat de gratitude dans les yeux, puis acheta la figurine avant de lui tendre. « Celui-ci est pour vous. Pour veiller sur vous aussi. »
Elle accepta le casse-noisette avec émotion. « Merci, Ryden. Je veillerai sur lui à mon tour. »
Ils continuèrent leur promenade jusqu’à atteindre une grande place où trônait un immense sapin de Noël décoré de guirlandes dorées et d’ornements scintillants. Des flocons commencèrent à tomber, ajoutant une couche de magie à la scène.
« C’est magnifique, » murmura Keysa, levant les yeux vers les lumières.
Ryden la regardait, mais elle ne s’en aperçut pas tout de suite. « Oui, ça l’est, » répondit-il, mais il ne parlait pas du sapin.
Lorsqu’elle tourna la tête vers lui, elle surprit son regard, intense et sincère. Leurs yeux se croisèrent, et tout sembla s’arrêter autour d’eux.
« Keysa, » commença-t-il, hésitant.
Elle sentit son cœur s’accélérer, mais avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, un groupe de chanteurs de Noël passa à côté, rompant le moment. Ryden se recula légèrement, un sourire amusé sur le visage.
« Venez, » dit-il en prenant sa main, « il y a encore une chose que je veux vous montrer. »
Sa main dans la sienne, ils traversèrent la place jusqu’à un petit sentier bordé d’arbres illuminés. À la fin du chemin se trouvait une patinoire.
« Ryden, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, » protesta Keysa en voyant les patineurs glisser sur la glace.
« Vous ne savez pas patiner ? » demanda-t-il avec un sourire espiègle.
« Pas vraiment… » avoua-t-elle en rougissant.
Il éclata de rire, un son chaleureux et contagieux. « Alors je vais vous apprendre. »
Quelques minutes plus tard, ils étaient sur la glace, Keysa se tenant maladroitement à Ryden pour ne pas tomber. Il la guidait avec patience, ses mains fermement posées sur ses hanches pour la maintenir en équilibre.
« Regardez devant vous, pas vos pieds, » conseilla-t-il, sa voix douce.
Elle leva les yeux et rencontra son regard. Il était si proche qu’elle pouvait distinguer chaque nuance de bleu dans ses iris. Son cœur battait la chamade, mais elle se força à se concentrer sur ses mouvements.
Après plusieurs tentatives et quelques glissades maladroites, elle finit par trouver un semblant d’équilibre. Ryden la lâcha doucement, mais resta à proximité pour intervenir si nécessaire.
« Vous voyez, vous y arrivez ! » s’exclama-t-il avec fierté.
Elle ria, exaltée par sa réussite. « Je crois que c’est grâce à mon excellent professeur. »
Ils continuèrent à patiner pendant un moment, profitant de cette bulle hors du temps. Lorsqu’ils quittèrent enfin la patinoire, leurs joues étaient rouges et leurs rires résonnaient encore dans l’air froid.
En marchant côte à côte sur le chemin du retour, Ryden ralentit son pas.
« Ce soir, c’était exactement ce dont j’avais besoin, » dit-il, le ton sérieux.
Keysa tourna la tête vers lui. « Moi aussi. Merci pour cette soirée, Ryden. »
Il s’arrêta, se tournant vers elle. « Vous savez, ce n’est pas facile pour moi de m’ouvrir, mais avec vous, c’est… différent. »
Elle sentit son cœur se serrer. « Ryden… »
Il lui prit doucement la main, la serrant dans la sienne. « Je ne peux pas vous promettre que tout sera simple, mais je sais que je veux partager ces moments avec vous, encore et encore. »
Les mots restèrent en suspens, et Keysa sentit qu’un pas venait d’être franchi entre eux. Sous les lumières scintillantes du marché de Noël, leur lien semblait s’intensifier, même si l’avenir restait incertain.
La nuit était tombée sur le palais, enveloppant les lieux d’une atmosphère douce et feutrée. Les étoiles scintillaient à travers les grandes fenêtres du salon, tandis qu’une douce lumière dansait sur les murs, projetée par la cheminée où le feu crépitait joyeusement. Keysa était assise sur un fauteuil en velours, un plaid moelleux drapé sur ses épaules. Elle contemplait le feu, ses pensées dérivant lentement alors qu’elle se perdait dans la chaleur et la lueur dorée.
Ce soir-là, il y avait une anticipation palpable dans l’air, une promesse de quelque chose de plus profond et de plus intime. Keysa avait toujours ressenti une connexion spéciale avec Ryden, mais elle savait que cette nuit serait différente. Ils avaient partagé tant de moments significatifs ces dernières semaines, mais il y avait quelque chose dans l’atmosphère, une légèreté mêlée à une tension, qui laissait présager que leurs cœurs étaient prêts à s'ouvrir l'un à l'autre.
Un léger bruit de pas retentit derrière elle, et Keysa se retourna pour voir Ryden entrer dans la pièce. Il portait un simple pantalon en laine et une chemise blanche, mais même dans cette tenue décontractée, il irradiait une présence royale. Son visage était fatigué, mais un sourire chaleureux éclairait ses traits, et ses yeux brillaient d'une lueur nouvelle.
« Bonsoir, Keysa, » dit-il, sa voix douce et familière. « Je suis heureux que tu sois ici. »
« Bonsoir, Ryden, » répondit-elle, son cœur s’emballant à l'idée de passer ce moment avec lui. « Je pensais que tu serais occupé avec les affaires du royaume. »
Il secoua la tête, s’approchant du feu pour réchauffer ses mains. « J’ai pris un moment pour moi, pour réfléchir. Parfois, je me sens perdu dans toutes ces responsabilités. »
Keysa comprenait profondément cette lutte. « C’est normal de ressentir cela. Les attentes pèsent lourd, surtout pour quelqu’un dans ta position. »
Il la regarda, une lueur d'appréciation dans ses yeux. « Tu es toujours là pour me rappeler que je ne suis pas seul dans cette lutte. Cela m’apporte du réconfort. »
En entendant ses mots, elle sentit une vague de chaleur l’envahir. Elle avait toujours voulu être un soutien pour lui, mais entendre qu’il ressentait cela était réconfortant. Elle l’invitait à s'asseoir à côté d'elle, et il accepta avec un léger sourire, s’installant sur le sofa adjacent, juste en face d’elle, créant une proximité palpable.
La chaleur du feu illuminait leurs visages, et Keysa ne pouvait s’empêcher de noter les détails qui l'attiraient irrémédiablement vers lui : la façon dont les ombres dansaient sur ses pommettes, la courbe de ses lèvres qui s’étiraient en un sourire mélancolique. Tout en lui la captivait.
« Tu sembles préoccupé, » observa-t-elle, sa voix douce comme un murmure. « Qu’est-ce qui te tracasse ce soir ? »
Ryden baissa les yeux, jouant avec le bout de sa chemise. Un silence s’installa, chargé d’une tension électrique. Keysa pouvait sentir qu’il luttait avec quelque chose d’intime, et cela la rendait à la fois curieuse et inquiète.
« Je… je ne sais pas par où commencer, » avoua-t-il finalement, sa voix légèrement tremblante. « Parfois, je me sens comme un imposteur. Je porte cette couronne, mais je doute de mes capacités à être le roi dont mon peuple a besoin. »
Keysa le fixa, son cœur se serrant. « Ryden, tu n’es pas un imposteur. Tu es un roi qui se soucie profondément de son peuple. C’est cela qui compte. »
Il leva les yeux vers elle, son regard plein d'une vulnérabilité désarmante. « Mais que se passe-t-il si je fais des erreurs ? Chaque décision que je prends peut changer la vie de quelqu'un. Ce poids est lourd à porter. »
Les mots de Ryden résonnaient en elle. Elle avait elle-même ressenti ce genre de doute dans sa vie, ce sentiment de ne jamais être à la hauteur des attentes. « Tu es humain, Ryden. Les erreurs font partie de la vie. Ce qui compte, c'est que tu apprennes et que tu grandisses. »
Il s’inclina légèrement, absorbant ses paroles. « Parfois, je me demande ce que je voudrais vraiment si je n’étais pas roi. Ce que cela signifierait d’être libre. »
Leurs yeux se rencontrèrent à ce moment-là, et une compréhension silencieuse s’installa entre eux. Keysa sentait son cœur battre plus fort, une douce chaleur se répandant dans sa poitrine. Elle pouvait voir la douleur et le désir dans les yeux de Ryden, et cela la touchait profondément.
« Qu’est-ce que tu voudrais faire, Ryden ? » demanda-t-elle doucement, sa voix emplie de curiosité.
Il réfléchit un moment, le feu crépitant doucement à côté d'eux. « Je voudrais explorer le monde, voir des endroits que je n’ai jamais vus, rencontrer des gens ordinaires… vivre des expériences simples, loin des obligations royales. »
Un sourire émergea sur les lèvres de Keysa. « C’est un rêve magnifique. Je serais heureuse de t’accompagner dans cette quête. »
Il sembla surpris par sa réponse, et ses yeux s’illuminèrent d’un mélange d’espoir et d’admiration. « Tu ferais cela pour moi ? »
« Bien sûr, » répondit-elle, sa voix douce. « La vie est trop courte pour ne pas poursuivre ses rêves. Et je sens qu’il y a tant à découvrir ensemble. »
Le regard de Ryden se fit plus intense. « Avec toi, je me sens plus léger. Ta présence est réconfortante, et j’ai l’impression que je peux être moi-même. »
À cet instant, Keysa sentit quelque chose se renforcer entre eux, une connexion qui allait au-delà des mots. Elle se pencha légèrement en avant, le feu illuminant son visage d’une lueur chaleureuse, et elle lui dit, « Tu n’as pas à cacher tes doutes ni tes désirs. Je suis ici pour toi, Ryden. Je veux que tu te sentes libre d’être qui tu es. »
Les mots flottèrent dans l’air, et Ryden la regarda avec une intensité troublante. Elle pouvait voir le conflit sur son visage, mais aussi un désir croissant de se libérer.
Il se leva alors, s’approchant du feu, observant les flammes avec une concentration intense. Keysa le suivit du regard, sentant son cœur se serrer. « Qu’est-ce qui te retient, Ryden ? » osa-t-elle demander.
Il se tourna vers elle, ses yeux brillants de passion et de doute. « J’ai peur de te décevoir. J’ai peur de me laisser aller. Je suis constamment sous pression, et parfois je ne sais pas comment être l’homme que je veux être. »
Ses mots résonnèrent dans le silence, et Keysa ressentit une vague d'empathie. Elle se leva à son tour et s’approcha, le regardant droit dans les yeux. « Tu ne peux pas te permettre d’être parfait. Personne ne l’est. Tout ce que je te demande, c’est d’être honnête avec toi-même et avec moi. »
Ryden soupira, ses épaules se relâchant légèrement. « C’est si difficile, Keysa. Je suis tellement habitué à porter ce masque, à être le roi, que je ne sais plus qui je suis vraiment. »
Keysa sentit son cœur se briser en entendant cela. Elle s’approcha encore plus près, atteignant doucement sa main. « Regarde-moi, Ryden. Oublie la couronne pour un instant. Qui es-tu vraiment, au fond ? »
Il la fixa, et dans ses yeux, elle pouvait voir les murs qu’il avait construits autour de lui commencer à s’effondrer. « Je suis un homme qui rêve d’aventure, qui aspire à une vie authentique. Je veux être aimé pour qui je suis, pas pour ce que je représente. »
Les mots de Ryden frappèrent Keysa comme un coup de tonnerre. Elle se rendit compte qu'elle partageait ce désir profond d'être acceptée pour son véritable soi. En ce moment, leurs âmes se rejoignaient, tissant un lien qui les rapprochait davantage.
« Je t’accepte, Ryden. Pour tout ce que tu es, même avec tes doutes et tes imperfections. Je veux te voir, sans les masques, sans les attentes. » Sa voix était douce, remplie de conviction.
Il s’approcha encore, la chaleur du feu les enveloppant dans une bulle d’intimité. « Tu es la première personne à me voir de cette manière, Keysa. Cela me terrifie et m’excite à la fois. »
Elle lui sourit, une lumière de compréhension et d’admiration dans ses yeux. « C’est ce que je ressens aussi, Jalen. Avec toi, tout semble si... intense. Comme si chaque regard, chaque mot comptait. »
Ils restèrent un moment silencieux, capturés par l’intensité de leurs émotions et du feu crépitant qui illuminait leurs visages. Jalen leva doucement la main, hésitant une seconde avant de caresser la joue de Keysa. Son geste était à la fois tendre et chargé de désir. Elle ferma les yeux sous la douceur de ce contact, son souffle s’accélérant légèrement.
« Quand je suis près de toi, » murmura-t-il, sa voix presque tremblante, « je me rends compte de ce que j’ai manqué. Peut-être que... »
Il s’interrompit, cherchant ses mots. Keysa ouvrit les yeux, le regardant avec une intensité qui le désarma.
« Peut-être que quoi ? » murmura-t-elle, son cœur battant plus vite, comme si elle anticipait une révélation qui pourrait tout changer.
Ryden inspira profondément, rassemblant son courage. « Peut-être que j’ai enfin trouvé quelqu’un avec qui je pourrais tout partager... si tu veux bien. »
Un sourire naquit sur les lèvres de Keysa, un sourire sincère, teinté d’espoir et d’émotion. Elle posa sa main sur celle de Ryden, sur sa joue. « Ryden... j’ai déjà envie de faire ce voyage avec toi. »
Leurs regards se rencontrèrent une dernière fois avant qu’ils ne se rapprochent, leurs lèvres se trouvant dans une douceur suspendue, emplie d’émotion et de promesses à peine murmurées. Le monde autour d’eux sembla s’effacer, ne laissant que la chaleur du feu et la magie de cet instant où tout semblait possible.
Et alors que leurs lèvres se détachaient doucement, leurs mains toujours entrelacées, ils échangèrent un regard complice, sachant que ce qu’ils venaient de commencer allait bien au-delà d’une simple nuit d’hiver.
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